Ishmael Beah est né en1980 en Sierra Leone. Il mène une vie tranquille entre le collège, les copains, sa famille. Il a 12 ans lorsque la guerre civile le rattrape, alors qu’il s’était rendu à la ville voisine avec son frère ainé et deux amis pour un concours de rap ; nous sommes en janvier 93. Pendant des mois, sans aucunes nouvelles de leur famille, les enfants vont fuir à travers le pays. La peur, la faim, la débrouille. Ils doivent tour à tour se cacher des rebelles qui tuent sans merci et détruisent tout sur leur passage ou enrôlent de force les plus vaillants, mais aussi des villageois qui les prennent pour des rebelles et veulent les battre ou les tuer. Ishmael se retrouvera séparé du reste de la bande et continue son errance seul. Il rencontrera une autre bande errante dont des anciennes connaissances du collège et les garçons poursuivent ensemble. Et, alors que Ishmael apprend que ses parents et son frère sont réfugiés dans un village voisin, ce dernier est attaqué par les rebelles : cendres et fumées, aucun survivant. Puis des soldats les rattrapent, les emmènent à la ville voisine où ils se retrouvent avec de nombreux autres orphelins, démunis, tout juste nourris, oisifs et seuls . Quand la ville sera attaquée par les rebelles, les soldats les enrôlent dans l’armée.
Ce récit couvre la moitié du livre. Ecrivant dans une langue sobre et simple, Ishmael Beah relate les faits bruts d’une façon un peu sèche mais entrecoupés de ses souvenirs, de contes ou valeurs culturelles. Et l’on ressent avec lui les sentiments de ces enfants qu’il évoque sans pathos ni
misérabilisme. Et on comprend ce que lui n’arrivera à comprendre et à accepter que bien plus tard, la montée de la haine, le désir de vengeance.
Le livre se poursuivra avec quelques chapitres, très peu en fait, où il résume sa vie d’enfant soldat ; mais un condensé de toutes les horreurs et de la dépersonnalisation, et d’autant plus percutant que bref.
Ayant été vendu avec d’autres par son lieutenant à des membres de l’Unicef, Ishmael se retrouvera dans un centre pour « rééducation » ; et toujours avec justesse et sobriété Beah nous rapporte l’état physique et mental de ces jeunes qui ne savent plus vivre que dans la violence.
Ishmael a retrouvé un oncle qui l’intègre à sa nouvelle famille et lui procure quelques brèves années de paix ; lorsque la guerre civile arrive à nouveau, il parviendra à fuir en Guinée et aux USA. Mais certains de ses amis n’ont eu d’autres choix que de réintégrer l’armée !
Un excellent témoignage juste et poignant.
Après de brillantes études universitaires, Ishmael Beah est ambassadeur de L’UNICEF, fait partie du Human Rights Watch Children’s Rights Division Advisoty Committee et donne de nombreuses conférences sur les enfants victimes de la guerre.