Des visages. David Lebreton.

des visages de David Lebreton chez Métallié sciences humaines

Ce livre suscite beaucoup d’interrogations et de thèmes : peut-on voir ou représenter le visage de Dieu ou de ses prophètes ? Quelle est l’histoire du visage ?

A l’interdiction première succède la célébration du visage : les grands de l’Église entourés de personnages célestes, les papes, puis les riches donateurs à côté de la Vierge et de l’Enfant, les médailles, les bustes.

Les portraits des puissants, l’invention des miroirs, les photographies, les gros plans du cinéma, autant de supports qui montrent l’intérêt pour le visage.

Le livre est bien construit, et on se repère facilement : je peux lire ce qui concerne le portrait anthropométrique, sauter les théories physiognomoniques, à moins que, par égard pour Balzac, j’y jette un coup d’œil…(à suivre)

C'est la question fréquente des petits garçons à leur maman, jamais à leur père !

David le Breton dans son livre "des visages" montre la différence entre grimacer, se grimer et se maquiller.

les deux premières activités sont occasionnelles, l'autre est quotidienne, plus ou moins longue d'ailleurs !

Mais pourquoi

Citation :

hydrater, vivifier, régénérer,, rajeunir, nettoyer, embellir

,

les produits vous promettent tout !

Au départ, l'Eglise était hostile au maquillage :

c'etait modifier et pretendre embellir la creation de Dieu. D'autre part le maquillage laissait planer des doutes sur la moralité de celles qui s'y voulaient s'y adonner : séduction... le diable est aussi un Séducteur qui détourne du droit chemin.

Au XVIème siècle, Gabriel de Minut dans son traité établit un lien direct entre beauté , fard, et chasteté. La beauté et lapureté sont synonymes. Donc si les femmes selon lui se maquillaient pour se vendre au jeunes gens « femme plus rouges pour l’un, plus pâle pour l’autre, rien ne va plus !!
Ce discours moralisant encouragé par l’église fait naître un discours opposant au maquillage. Il sera le discours dominant au 18 ème et 19 ème siècle en occident.

Je ne pense pas que tu souhaites des témoignages personnels
Sinon je pourrai écrire :
Au départ, mon père était hostile au maquillage pas pour des questions religieuses


Sinon, je pensais aux maquillages/masques africains, indiens et autres.

Comme ces dames ne souhaitent pas dévoiler leurs pratiques secrètes, je me fais l'echo de David Le Breton

Pour lui, le maquillage est censé favoriser la reconnaissance de son identité et la relation à autrui.

C’est pourquoi il est ressenti comme important par les gens en marge du lien social ; Pour réinsérer les gens, on les "arrange" : un brin de coquetterie et une meilleure apparence, rien de tel pour redonner confiance en soi.

Quant aux petites filles, le maquillage est un investissement ludique. Elles franchissent ainsi les premières étapes de leur sentiment d’identité.

Voila ce qu'il dit, le David Le Breton

Voyez comme je m'instruis sur le maquillage !

Citation :

Les Grecs faisaient la différence entre la cosmétique qui désignait l’hygiène et la commotique, une mise en scène pour accroître la séduction

.

pas facile à glisser dans une conversation courante

Le Breton rajoute cette idée :

La femme crée ainsi d’elle une image de soi qui correspond à son imaginaire.

Socialement, il faut paraître belle surtout lorsqu’on a des soucis ou des signes de dépérissement pour maintenir la participation symbolique à une société qui veut faire de l’esthétique une éthique du bonheur.

J'ai cru remarquer qu'après versé quelques larmes, le principal souci de la femme, qui s'était fait consoler, était de se precipiter vers une glace : pourvu que ça ne se voie pas !

Elle

moi

rotko a écrit:

J'ai cru remarquer qu'après versé quelques larmes, le principal souci de la femme, qui s'était fait consoler, était de se precipiter vers une glace : pourvu que ça ne se voie pas !

Mais pourquoi diable fais-tu pleurer les femmes

Un avis ? non ? si ! Je trouve que les hommes se regardent beaucoup plus !

Citation :

Je trouve que les hommes se regardent beaucoup plus !

qui a une petite glace dans sa poche avec un petit nécessaire de maquillage ?

Le breton a dit : mais j'arrange un peu ses paroles

Les impératifs de la société entraînent chez les femmes une angoisse constante : suis-je bien comme cela ? Puis-je encore séduire ? N’ai-je pas trop mis de rouge, de poudre, ce bouton est-il visible ?

Dis, comment tu me trouves ?

La jouissance initiale a laissé la place à l’inquiétude. Les publicitaires axent leur discours sur la nécessité d’une défense contre les risques de l’âge et de la banalité.

Après la conquête, la stratégie défensive....

Citation :

Moi, je regarde les livres et des disques d’occasion […] et elle, pendant ce temps […] trouve un chemisier d’une forme et d’un tissu délicieux, un chapeau qu’elle ajuste sur son front et qui donne immédiatement à son visage une espèce de grâce des années du jazz.

Elle met le chapeau et sourit en se regardant dans un miroir, assortissant subtilement l’expression de ses lèvres, l’angle du nez et du menton, alors son visage aux pommettes légèrement et aux traits si dessinés ressemble à celui d’une publicité de cigarettes ou à l’illustration d’un couverture d’un roman, d’un magazine de mode des années trente.

Molina, fenêtres de Manhattan, Seuil.p. 135

Et le visage voilé ?

Le Breton distingue essentiellement deux cas :

- pour l'homme de pouvoir, considéré souvent comme d'origine divine, le voile est une sorte de protection du dignitaire contre le risque d'individuation : il le met ainsi à l'abri de la jalousie de ses sujets et des mauvaises influences. Car le visage est considéré comme vulnérable. En même temps, ce voile protège les sujets contre la force qui émane du pouvoir.

- pour la femme, spécialement au Maghreb, le voile est une limite symbolique entre le domaine privé à usage familial, et le domaine public où on s’abrite de la société masculine.

Ce voile religieux est antérieur à l’Islam et on en trouve des traces dans les traditions hébraïques et chrétiennes comme le montre Germaine Tillion dans le harem et les cousins.

Le Coran par contre reprend ces traditions à son compte (sourates XXXIII-53 et XXIII-57 idem XXIV.31).

L’occident y voit surtout un signe d’oppression : l’allégeance au groupe des hommes de la famille, mais paradoxalement c'est aussi, dit Le Breton, ce qui permet à la femme de se dérober à leur contrôle.

Citation :

Elle acquiert ainsi une sorte d’anonymat et de clandestinité qui lui permet de réaliser sans peine ce qui lui serait reproché si elle était a visage découvert.

Le voile est aussi un vêtement troublant qui attise le désir des hommes et suscite sa rêverie érotique. Il favorise l’érotisation de la relation homme -femme, mais il écarte le danger du passage à l’acte.

Ce qui revient à dire qu'il situe la femme sous contrôle.

S'il fait travailler l’imaginaire, son espace d’enchantement tient entre le moment où le voile couvre le visage et le moment où il est ôté....

Le Breton cite essentiellement l'ouvrage de Noria Allami, voilées, dévoilées. Les femmes dans le monde musulman, chez l'Harmattan.

Merci d'avoir placé le lien de ce fil, Rotko ... hors les différentes significations du maquillage (reconnaissance ethnique, symbolique religieuse, illusion théâtralisée de la jeunesse), il me semble que "l'occidentalisation" du maquillage ne tendrait plus à porter que sur le visage en privilégiant trois zones : celle des yeux pour la spiritualité, celle du teint avec accent sur les joues pour exprimer la santé, et celle des lèvres pour jouer sur la sensualité ... mais peut-être me trompé-je ...

On parle de femmes... des femmes mais... n'oublions pas que, fut un temps, les hommes étaient plus fardés que les femmes...^^ (notamment au 18ème siècle...)

tu parles des hommes de cour, bien sûr, car les aristocrates qui étaient essentiellement militaires n'avaient sans doute pas le souci de trop se soigner, tandis que les femmes du XVIIIe siecle consacraient de plus en plus de temps à leur toilette.

Leur boudoir rempli de miroirs et de pots divers devenait un lieu intime, rien que pour elles et de très proches.

Les Goncourt dans la femme au XVIIIe siecle sont d'une erudition admirable sur le sujet, détaillant les mouches, les sous-vêtements etc.

Yves Simon cite David Lebreton

Citation :

"Le visage est le lieu du sacré par excellence"

Yves Simon montre bien que le visage est la personne elle-même, celle qu'on se rappelle quand elle a disparu, celle qui montre ses sentiments, sa joie (ou son déplaisir) de nous voir, ses humeurs, ses sentiments.

Je suis mon visage et tu es ton visage. Lorsque le hasard nous fait nous rencontrer, je t'offre et tu m'offres, dans le même temps, ton image car cette partie de nous se partage à égalité, en fraternel étonnement.

Ce sont eux, les visages, qui restent enfouis dans nos mémoires pour restituer la personnalité de nos morts. Alors on les enchâsse, on encadre leurs portraits, on leur parle et on les embrasse, on les étreint comme des personnes et on verse des larmes rien qu'à les retrouver le soir, de retour chez soi : on chérit ces icônes de nos vies qui nous restituent l'homme, la femme, l'enfant que nous aimions.

Comme dans un hologramme où un seul des points de l'ensemble représente l'image dans son entièreté, chaque visage est l'émissaire d'une personnalité, d'un corps tout entier, il est l'ange messager qui annonce, sans un mot, les bonnes et mauvaises nouvelles, l'ambassadeur de nos troubles et de nos humeurs : le visage est la personne, et il étonne

Citation :

Le masquer est "une intolérable atteinte" à l'histoire des femmes et des hommes.

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