Aimez-vous les romans noirs ?

Au début un brave type nous raconte ses difficultés dans la vie. Il porte beau encore que son ventre commence à bedonner, et son portefeuille à s’amincir. Mais il fait une rencontre qui va bouleverser sa vie : une femme bien évidemment, une Ève bien sous tous rapports, sauf sous ceux de la moralité.

Comment résister à la tentatrice ? Elle est fatale et invite à la transgression, il quitte donc la route de la vertu qu’il suivait sans trop y croire, et se lance à l’exploration du royaume du Mal qui promet de l’argent à volonté. Suffit de quelques petites entorses à la légalité, et ce sera le gros magot et la vie de nabab. On y va ,et c’est l’enfer en pente douce et progressive.

L’amusant est que le lecteur s’identifie au personnage, tremble quand celui-ci se sent menacé, sursaute quand il a peur, s’indigne quand il est trahi. A croire que nous avons un sacré criminel qui faisait la sieste en nous et que le cauchemar vécu du personnage matérialise les appréhensions qui nous ont fait rester dans le droit chemin.

Les auteurs de ce type de romans bricolent des engrenages ingénieux et irréversibles qui broient les naïves victimes.
Ils s’appellent James Hadley Chase ou Charles Williams, entre autres.

De Charles Willliams on connaît fantasia chez les ploucs, mais il en a écrit d’autres comme le pigeon.

Charles Williams, le pigeon, Gallimard carré noir.

L’ancien footballeur tombe dans la combine d’une créature de rêve : un trésor est caché quelque part dans une maison, qu’il s’y introduise nuitamment et le trouve, sa fortune sera faite;
- Combien ?
- 60.000 dollars ! Part à deux.
- D’accord, j’y vais.

Là bas, il découvre la propriétaire de la maison. Autre créature de rêve que certains veulent éliminer. Une femme chasse l’autre, la course continue, le magot est au bout de la route...
Pas question de se laisser décourager par de "petites" difficultés telles que coups de feu au domicile, agressions en forêt, poursuites…

FRISSONS GARANTIS

De Williams, j'ai beaucoup aimé Fantasia chez les ploucs et, assez différent, Vivement dimanche! transposé au cinéma par Truffaut avec un certain brio! Mais selon mes critères (que j'aurais bien du mal à définir, soit dit en passant), ce ne sont pas des romans noirs.

De Hadley Chase, j'adore Pas d'orchidées pour Miss Blandish (ça, c'est glauque à souhaits!) et Miss Shumway jette un sort, un roman à la frontière des genres, un vrai inclassable*, délirant et inventif... Je les ai tellement aimés que j'ai lu plusieurs autres Chase, qui m'ont peu marquée (d'ailleurs, je ne me souviens plus des titres).

En noirnoirnoir, j'aime les hard-boiled (Chandler, Hammett, Ross MacDonald), les romans poisseux et désespérés de Goodis, les romans romantiques et pervers d'Ellroy... Bref, les grands classiques du genre!


*Tiens, il y a un fil "Inclassables" quelque part sur le forum?

De charles Williams , aux urnes les ploucs Carré noir Gallimard raconte les tournées (au sens propre!) élécctorales de l'oncle Sagamore qui pourrait chanter "whisky et petites pépées".

Pas de rayon "inclassables" sur GDS*, on arrive à mettre toutes les chaussettes dans un tiroir specifique

Sur Chandler, Hammett et autres hard boiled, n'hesite pas à poster, on suivra

Toujours de Charles Williams, je viens de finir Bye-bye, bayou.

Jack Marshall, adjoint sans envergure d'un shérif corrompu, s'en va pêcher dans le bayou après avoir ramassé quelques pots-de-vin. Dans le bayou, un couple étrange vit dans une cabane. La femme est belle, bien sûr. Jack tombe amoureux, bien sûr. Les ennuis commencent, bien sûr.
Dos au mur, Jack se découvre de bienheureux talents, pour l'arnaque comme pour l'amour. Mais qui sème des indices récolte des balles, et les romans noirs finissent mal, en général...

C'était donc mon troisième Williams. Il me permet de définitivement classer Williams parmi mes auteurs de noir chéris. Et de lui reconnaître une classe supplémentaire: il n'écrit jamais le même roman.

Bonjour,

Je m'amuse à donner un petit avis personnel sur les livres que j'ai le plus aimés (surtout des romans noirs). Cela n'engage que moi. C'est ici :

http://www.grenault.net/gout_liv.htm (3 pages pour l'instant)

Mes auteurs favoris sont Michael Connelly, Maxime Chattam, Fred Vargas, James Ellroy.

J'espère ne pas être hors charte ?

Guy

J'ai lu tous les romans que tu exposes (à part les 2 derniers Chattam) mais je suis très loin d'avoir la même tolérance que toi.

vieux_renard a écrit:

J'ai lu tous les romans que tu exposes (à part les 2 derniers Chattam) mais je suis très loin d'avoir la même tolérance que toi.

J'ai plus noté les bons moments passés que la qualité de l'écriture. Il est vrai que je deviens de plus en plus difficile et Michael Connely me plait de plus en plus, mais j'ai encore beaucoup d'autres auteurs à découvrir (Menkell, Burke, Hiaasen, Pelecanos, Block, etc...) Je vais m'"affiner" aussi ;-)

Si je puis me permettre, parmi les derniers auteurs qui m'ont le plus marqué, je te conseille vivement C.J Samson et Jo Nesbo.

vieux_renard a écrit:

Si je puis me permettre, parmi les derniers auteurs qui m'ont le plus marqué, je te conseille vivement C.J Samson et Jo Nesbo.

Tu peux te permettre, bien au contraire. J'ajoute ces 2 auteurs à ma petite liste. Pour l'instant je commence "La blonde en béton" de Michael Connely.

Merci.

tu es au bon endroit .

L'habitude veut qu'on commence par contribuer puis qu'on indique son site. Mais GDS* n'est pas trop regardant sur le protocole si les objectifs du forum sont respectés :

Citation :

Une table conviviale pour parler des livres, des spectacles, et goûter aux plaisirs des mots

.
au plaisir de te lire.

Le mieux serait que tu donnes un bref aperçu des auteurs que tu aimes sur ce fil aimez-vous les romans noirs ? .
Je mettrais à la suite (Nestor fait les déplacements gratis ) les billets que tu as echangés avec vieux-renard. Ainsi votre echange viendrait enrichir le fil déja commencé.

Nestor a écrit:

Je mettrais à la suite (Nestor fait les déplacements gratis) les billets que tu as echangés avec vieux-renard.

Je proteste ! Je me suis fait arnaqué, Nestor m'avait fait un prix d'ami pendant les soldes : 5 euros les 2 déplacements + le 3ème gratis. Et encore "Parce que c'est toi !" avait-il ajouté.

grenault, jette un coup d'oeil aussi à Dennis Lehane. Shutter Island est l'un des très bonne surprise 2006. Au vu de tes lectures, tu devrais aimer.

Bonjour,

Je suis un petit nouveau et le Chef m'a demandé de poster ici.

Mes auteurs favoris sont, entre autres : Michael Connelly, Maxime Chattam, Fred Vargas, James Ellroy et pour certains romans, Jean-Christophe Grangé.

Sur mon site j'ai mis quelques commentaires ici :

http://www.grenault.net/gout_liv.htm (3 pages).

Voilà.

vieux_renard a écrit:

grenault, jette un coup d'oeil aussi à Dennis Lehane. Shutter Island est l'un des très bonne surprise 2006. Au vu de tes lectures, tu devrais aimer.

Lehane, c'est celui qui a écrit mystic river n'est-ce pas ? j'ai vu l'adaptation cinématographique, je l'ai trouvé superbe. j'imagine que le roman vaut le détour du coup

Oui, c'est lui.
C'est un roman très sombre où la psychologie des personnages prime sur le reste. J'ai préféré de loin le livre mais je ne sais pas si cela vaut le coup de le lire après avoir vu le film...

Le fil Denis Lehane est ICI

Si ce n'est déja fait, lisez 1275 âmes de Jim Thompson. un livre inoubliable qui a inspiré d'autres auteurs et un film célébre : coup de torchon.
une oeuvre qui montre la noirceur d'un univers et qui vient de l'homme lui-même. Quel délectable cynisme dans ce livre !

Je viens de finir "Avant le gel" de Henning Mankell et j'ai beaucoup aimé. Je ne me suis pas ennuyé du tout. C'est bien écrit et se lit facilement et on est tenu en haleine en permanence.

J'ai lu aussi "La blonde en béton" de Michael Connelly. Excellent roman même si on devine le coupable avant la fin.

Guy

Chester Himes avec la reine des pommes plonge le lecteur dans le loufoque et le burlesque, sans pour autant le sortir du noir.

Les magouilles sont pittoresques : comment decupler sa fortune par la multiplication des billets de banques, opération illégale bien entendue

Mais tout s'enchaîne, une arnaque chasse l'autre, et les peripéties rebondissent tout en réjouissant le lecteur.

Imbroglio negro est aussi un modèle du genre. Lisez les premières pages, vous êtes faits ! l'intrigue rebondit comme roue volée sur rue en pente

David Goodis ! l'inoubliable auteur de tirez sur le pianiste réalisé par Truffaut ! j'aime beaucoup le debut de Vendredi 13

Citation :

Amenée par les deux fleuves, la froidure de Janvier enfermait Hart entre quatre murs de glace qui l'enserraient inexorablement. Il fallait absolument, songea-t-il qu'il se procure un pardessus.

Suit une scène d'action, d'humour et d'atmosphère qui introduit bien dans ce roman de rues. Goodis, le romancier urbain qui fait sentir la dureté du pavé...
ce livre a inspiré la course du lièvre a travers les champs de rené Clément.

A citer aussi Cauchemar (1949) chez Folio et dont rend compte ce blog pertinent et documenté

grenault a écrit:

J'ai lu aussi "La blonde en béton" de Michael Connelly. Excellent roman même si on devine le coupable avant la fin.

Je l'ai lu il y a assez longtemps mais je ne me souviens pas que l'on devinait le coupable avant la fin. Au contraire, il me semblait même que Connelly, comme à son habitude, brouillait les pistes en orientant le lecteur sur plusieurs coupables possibles.

l'ideal pour le roman noir n'est pas, je crois, d'entretenir une enigme mais du suspens, à coup de peripeties, quasi physiques, alors que le roman policier classique joue sur le cérébral avec des coups de théâtre qui sont de pseudo-révélations.

Des auteurs de polars classiques comme Elizabeth George insistent maintenant sur le comment et non plus sur le pourquoi, ils
raisonnent, alors que le roman noir donne des chocs et des sensations.

Finalement on aurait plus de chances - ou de risques, de tomber dans la vie courante sur du roman noir (sous forme d'insultes, d'agression ou d'accident) que sur un casse-tête incorporel à résoudre, dans un salon rural devant une tasse de thé - même made in china ?

Le roman noir tourne de plus en plus autour de la peinture sociale. Il n'y a plus guère de frontière entre roman noir et roman tout court, d'ailleurs, ou elle est très artificielle. Sauf que (à mon avis, hein ! et au vu de ce que je lis en ce moment ) le roman noir est souvent plus puissant que le roman dit "traditionnel" ou "blanc" (quel racisme se cache là-dessous ? )
Ceci dit, la reconversion n'est pas possible à tous. Tu cites l'exemple d'Elizabeth Georges : personnellement, je n'ai pas du tout aimé ses derniers livres, je la préférais dans la bonne vieille tradition du "whodunit" !
Et je reste fortement attachée à la recherche cérébrale du coupable, qui ne se passe pas forcément autour d'une tasse de thé ni dans la bourgeoisie anglaise ! La Voix, d'Indridasson, par exemple, qui suit cette démarche d'investigation, est un très grand roman tout court, non ?

Le roman noir n'est il pas à l'origine des films policiers américains en noir et blanc des années 50, 60, avec en figure de proue ce sacré Bogart, la clope au bec et le whisky à la main?

Il a évolué, le premier roman noir que j'ai lu ce doit être "de sang froid" de Truman Capote. Puis , à la télé, passait la série "Serpico" (vous vous souvenez? ). Et j'ai lu "Nécropolis" d'Herbert Lieberman.
Je rejoins l'avis de maïa sur l'ancrage des sujets dans une ambiance sociale peu réjouissante et souvent violente.
Enfin, j'aime les romans noirs quand il y a de l'humain derrière et sans céder totalement au désespoir. Le dernier Grangé est noir, mais assez peu réaliste finalement, pas terrible.

ahahah ! le noir vous réveille

Elizabeth George vient de publier Anatomie d'un crime aux Presses de la cité.

Elle a bien dû le disséquer, car il fait 600 pages.

En gros, c'est l'histoire d'enfants abandonnés par leur grand mère, parents defaillants sans doute. Ils tournent mal, fallait s'y attendre...

je vois Cécile fréquenter les gangsters, au moins au cinéma !

mais Bogart, il a de la classe. J'aime bien aussi les vieux films avec EG Robinson, un petit gros, pas si mou que ça

On sent qu'il ne faut pas trop plaisanter avec lui.

Par contre Serpico, connais pas, j'aurais pensé à un jus de fruit !

je ne mettrais pas de sang froid dans le roman noir, car il s'agit d'une affaire réelle, alors que pour moi le noir est une oeuvre de fiction, et souvent un cauchemar, où on joue à se faire peur.

j'ai hérité d'un lot de polars noirs avec Goodis, Hadley Chase, Burnett, etc... mais du coup je suis en retard d'une génération ! j'ai lu un seul robin cook (l'Anglais) : quelque chose de pourri au royame d'Angleterre mais pas Ted Lewis ou des contemporains.

les Amila me plaisent bien, lui qui a tenté de faire intervenir les gros durs ("tough guys") dans la campagne normande