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| | Tristan Egolf | |
| | Auteur | Message |
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Tchipette Animation
Nombre de messages : 3927 Age : 61 Date d'inscription : 19/11/2007
| Sujet: Tristan Egolf Mar 04 Déc 2007, 08:07 | |
| Le seigneur des porcheries ou le temps venu d'aimer le veau gras et d'aimer les justes.
Dans le fin fond d'un nulle part blanc alcoolique et violent, l'histoire exceptionnelle de John Kaltenbrunner, le génie rebelle.
On ne peut résumer ce livre effrayant et effoyablement drôle. Ni l'écriture magnifique et dense (ne vous laissez pas arreter par la première phrase digne de Joyce). On se laisse emporter par cette traversée puissante et dévastatrice de l'Amérique rurale, bigote, homophobe et raciste.
Ce livre, émeut, écrase, essouffle. Une dénonciation impitoyable et plus qu'un réquisitoire, un constat.
Une fois lu, reste la question : sont-ils plus bêtes que méchants?
Pas de réponse.
Plus que bêtes, abrutis, crétins. Plus que méchants, humains. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Tristan Egolf Mar 04 Déc 2007, 10:49 | |
| ah je ne connaissais pas cet auteur qu'on dit ressembler à Toole( la conjuration des imbéciles) il s'est suicidé à 33 ans. Il est publié chez Folio clic ! | |
| | | Tchipette Animation
Nombre de messages : 3927 Age : 61 Date d'inscription : 19/11/2007
| Sujet: Re: Tristan Egolf Mar 04 Déc 2007, 19:54 | |
| - Citation :
- La vérité, comme le savent plus de gens qu'il n'en est de disposés à l'admettre, c'est que John Kaltenbrunner était un indigène, et qu'il y avait le poids d'une vie entière d'outrages accumulés derrière ses actes. Jusqu'au moment où il finit par forger son véhicule/cheval de bataille, il végéta dans un tréfonds de Baker dont la plupart des habitants de la région rechignent à reconnaitre même l'existence. Il récura les basses-cours et les salles d'abattage depuis le porc-frites jusqu'au réseau d'égout. Il subit plusieurs supplices qui auraient tué net la plupart des gens du cru. Sa vie entière resta par définition un incroyable enchaînement de coups de poisse. Et cela continua ainsi des années durant, au delà de l'absurde jusqu'à friser l'impossible, jusqu'à ce que tous les fruits avariés, la misère et la crasse, l'interminable beuverie -tous les carburants à haut indice d'octane de la corne d'abondance- trouvent enfin un déversoir et balaient toute la campagne. Alors cela fit du bruit. Alors cela fit des dégâts.
A rapprocher très certainement de Toole qui s'est suicidé quant à lui à 32 ans...mais on est ici dans le 'white trash' (1), rien ne nous sera épargné. - Citation :
- Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui
Swift, cité dans la quatrième de couverture de 'la conjuration des imbéciles'. (1)pour ceux qui auraient une traduction correcte du terme j'abandonne mes anglicismes | |
| | | senecal neophyte
Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: Re: Tristan Egolf Sam 08 Déc 2007, 18:29 | |
| A priori, je suis preneur. J'aime beaucoup Toole, mais le parallèle me paraît plus tenir de l'argument promotionnel, non ? Un peu comme pour le réalisateur d'Azul, intronisé nouvel Almodovar simplement parce qu'il est espagnol, alors que leurs univers sont à des années-lumière. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Tristan Egolf Sam 08 Déc 2007, 18:43 | |
| à Tchipette 'white trash' : moi je traduis par "petit blanc du sud" à Senecal "sénécal", ça serait pas dans l'education sentimentale ? les promotions s'autorisent tout | |
| | | Dindon pilier
Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008
| Sujet: Re: Tristan Egolf Lun 01 Juin 2009, 19:36 | |
| Je suis en train de lire ce classique (car il faut appeler les choses par leur nom) recommandé par tout lecteur qui se respecte. Je suis sidérée par la puissance du style, qui emporte comme la tornade d'ailleurs décrite à un moment du livre. Des moments éprouvants à lire, avec l'acharnement sur John en classe ou son travail en abattoir par exemple. Un désespoir et une solitude qui fendent le coeur, mais comme dit Tchipette, un portrait sans complaisance de la vraie ignorance humaine, l'ignorance crasse, aveugle, étriquée d'un bled de bouseux incurables. D'où l'injustice et le mal. Je viens de passer un temps à lire l'histoire de l'auteur lui-même. Elle vaudrait un roman ! Sa venue en France, sa rencontre avec la fille de Modiano, son prénom wagnérien, sa façon d'écrire quasi clandestine (chapeau à la famille Modiano d'avoir vu ce qu'il fallait voir), et enfin cette sortie de vie christique, à 33 ans. Franchement, aurait-on imaginé un tel auteur finir autrement ? Sa vie fait écho à la scène où John devient littéralement fou de douleur et songe au suicide. Impressionnant. | |
| | | ignatius pilier
Nombre de messages : 416 Localisation : Sud est Date d'inscription : 18/12/2010
| Sujet: Re: Tristan Egolf Sam 18 Déc 2010, 17:06 | |
| - Tchipette a écrit:
- Le seigneur des porcheries
ou le temps venu d'aimer le veau gras et d'aimer les justes.
ne vous laissez pas arreter par la première phrase digne de Joyce. Comment peut-on être rebuté par cette première phrase??? C'est selon mes (forcément) trop maigres connaissances, le plus bel incipit de roman. Cette première phrase vous prend par la tignasse et vous enfourne tout cru dans l'histoire de John Kaltenbrunner dont on se demande avec des picottements dans les pieds -je suis un rien lyrique quand je parle de ce livre- pourquoi "chacun dans le comté de Green savait qui il était et ce qu'il avait fait" (je cite de mémoire). Qu'a-t-il donc fait? Souvent je lis à des amis cette première phrase en démonstration de ce que je pense être l'introduction parfaite dans un roman... (j'ai d'ailleurs fait un article sur ce livre, article que je commence en plagiant cette fameuse première phrase; pour ceux que ça intéresse, c'est en ligne sur mon blog...) | |
| | | ignatius pilier
Nombre de messages : 416 Localisation : Sud est Date d'inscription : 18/12/2010
| Sujet: Re: Tristan Egolf Dim 19 Déc 2010, 18:52 | |
| Bon allez: j'ose. Désolé de pourrir votre forum de mes articles! mais celui sur Kennedy Tool n'a pas lassé tout le monde alors voilà...
(25 mars 2010) Porcheries célestes
Il arriva un jour où, après que son père, ex-star de foot américain devenu journaliste d'extrème droite se fut suicidé, après avoir conditionné des couches en usine et promené dans des rues rectilignes les plus antipathiques clebs des plus grosses mémères de Washington, joué de petits rôles au théâtre afin de se payer sa bière alors qu'il rédigeait l'un des romans américains les plus puissants, blasphémateurs, anarchisants, séditieux et drôles que la fin du vingtième siècle avait encore à offrir au monde, et que les dizaines d'éditeurs contactés en eurent rejeté le mansucrit par la magie de leur dramatique inaptitude à reconnaitre un réél talent, bien que sauvé temporairement par une muse providentielle alertée par son mélodieux désespoir gratté sur le Pont des Arts à Paris, enfin révélé comme auteur et publié, puis retourné dans ses Etats-Unis nataux pour y combattre et dénoncer l'homophobie, l'obscurantisme, l'inculture criminelle et Georges Walker Bush junior -dont la politique inhumaine et belliqueuse, magnifiée dans la prison d'Abou Ghraib, en fut une incarnation dantesque- il arriva ce jour où, une cartouche de fusil qu'il avait lui-même tirée vint d'un trait définitif interrompre la luxuriante violence qui s'exprimait dans le crâne de Tristan Egolf. Ceux qui ont lu "le seigneur des porcheries" verront qu'il s'agit là d'un odieux plagiat de sa première phrase, dont je rends à peine le dixième du souffle foisonnant et pénétrant qui nous saisit à sa lecture. J'eusse aimé que ce bon Vialatte en fît la chronique. Hélas. Les morts ne dressent pas l'éloge de leurs suicidés posthumes. On sait cela.
John, le personnage du "seigneur des porcheries" vit au milieu des monstres de la profonde Amérique. Il est un monstre lui-même, mais à part des autres: monstre de misanthropie, d'intolérance, d'intransigeance, légèrement paranoïaque et de tempérament fanatique qu'Egolf oppose avec une triste jubilation à la méchanceté veule, gratuite et criminelle de ses contemporains. Cette histoire est celle d'une tempête organisée, d'un chaos méticuleux, de l'effondrement cataclysmique d'une petite ville de péquenauds post Allemands, bigots et arriérés, suite à la vengeance de son plus infortuné et persécuté autochtone.
Le roman porte ce sous-titre: " Le temps venu de tuer le veau gras et d'armer les justes", et je préfère me taire après cela, car tout est suggéré dans la flagrance d'une orchestration prodigieuse.
Mais pourquoi ce con s'est-il suicidé en mai 2005, alors auréolé de succés? Quelle question idiote, je ne vous remercie pas de l'avoir posée. Surement que Mr Egolf avait quelque chose d'urgent à faire dans l'autre monde, ou que la somme des atrocités perceptibles à ses yeux et à sa chair s'agglutina en un tel amalgame de souffrance proteiforme et obsédant que la perspective d'une éternité plate et homéostatique dans le néant lui parut plus raisonnable. Il ne faut pas oublier que Georges Walker Bush venait d'être réélu.
L'avènement d'Obama ne semblant aujourd'hui plus guère une consolation, on la trouvera dans la parution chez Gallimard du troisième roman, posthume donc, de Tristan Egolf, à savoir "Kornwolf". Que les vivants entendent.
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