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| | Robert Benchley | |
| | Auteur | Message |
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Merwyn Animation
Nombre de messages : 5375 Date d'inscription : 05/06/2009
| Sujet: Robert Benchley Mar 08 Déc 2009, 14:33 | |
| Robert Benchley Grand ami de Dorothy Parker, je me devais d'annoncer cet illustre Monsieur... peu connu outre Atlantique... Et pourtant... Robert Charles Benchley (né le 13 septembre 1889 à Worcester, Massachusetts et décédé le 21 novembre 1945 à New York) était un humoriste, scénariste et acteur américain. Il a écrit de nombreux essais et articles humoristiques pour Vanity Fair et The New Yorker. Son petit-fils l'écrivain Peter Benchley fut notamment l'auteur du roman Les Dents de la mer. Œuvres traduites * L'Expédition polaire à bicyclette, Le Dilettante, 2002. * Psychologie du pingouin, Le Dilettante, 2004. * Démence précoce, Rivages, 2007. * Pourquoi personne ne me collectionne ?, Rivages, 2008. * Remarquable, n'est-ce pas ?, Monsieur Toussaint Louverture, 2008. * Benchley (The Benchley roundup), collection "Humour secret", Julliard, 1963
- Spoiler:
Filmographie:
- Comme acteur:
* 1928 : The Treasurer's Report * 1928 : The Sex Life of the Polyp * 1928 : The Spellbinder * 1929 : Lesson No. 1 * 1929 : Furnace Trouble * 1929 : Stewed, Fried and Boiled * 1932 : The Sport Parade : Radio Announcer * 1933 : Your Technocracy and Mine * 1933 : Rafter Romance : H. Harrington Hubbell * 1933 : Headline Shooter : Radio announcer * 1933 : Le Tourbillon de la danse (Dancing Lady) : Ward King * 1935 : David O. Selznick: 'Your New Producer' : Master of Ceremonies * 1935 : How to Break 90 at Croquet * 1935 : La Malle de Singapour (China Seas) : Charlie McCaleb * 1935 : How to Sleep * 1936 : How to Behave : Mr. Benchley * 1936 : How to Train a Dog : Lecturer / Dog Owner * 1936 : Piccadilly Jim : Bill Macon * 1936 : How to Vote : Mr. Robert Benchley (the speaker) * 1936 : How to Be a Detective : Mr. Benchley * 1937 : The Romance of Digestion * 1937 : Le Règne de la joie (Broadway Melody of 1938) : Duffy, Raleigh's P.R. Man * 1937 : How to Start the Day : Lecturer * 1937 : Live, Love and Learn : Oscar * 1937 : A Night at the Movies : Husband * 1938 : How to Figure Income Tax * 1938 : Music Made Simple : Lecturing Music Expert * 1938 : An Evening Alone * 1938 : How to Raise a Baby : Lecturer / Father * 1938 : The Courtship of the Newt : Zoology professor * 1938 : How to Read * 1938 : How to Watch Football : Football fan / voice of announcer * 1938 : Opening Day : City Treasurer Benchley * 1938 : Mental Poise : Psychoanalyst / Mr. Ostegraf * 1939 : How to Sub-Let : Joseph A. Doakes * 1939 : An Hour for Lunch : Lecturer / Joe * 1939 : Dark Magic : Joseph A. Doakes * 1939 : Home Early : Joe * 1939 : How to Eat : Lecturer / Joe Doakes * 1939 : The Day of Rest : Joe Doakes * 1939 : See Your Doctor : Lecturer / Joseph H. Doakes * 1940 : That Inferior Feeling : Joe Doakes * 1940 : Home Movies * 1940 : Correspondant 17 (Foreign Correspondent) : Stebbins * 1940 : Hired Wife : Roger Van Horn * 1940 : The Trouble with Husbands : Joe Doakes * 1941 : Nice Girl? : Prof. Oliver Wendel Holmes Dana * 1941 : The Forgotten Man * 1941 : Crime Control : Sgt. Benchley * 1941 : L'Amour vient en dansant (You'll Never Get Rich) : Martin Cortland * 1941 : How to Take a Vacation : The Husband * 1941 : Three Girls About Town : Wilburforce Puddle, hotel manager * 1941 : J'épouse ma femme (Bedtime Story) : Eddie Turner * 1942 : Nothing But Nerves : Mr. Benchley * 1942 : The Witness : Joe Doakes * 1942 : Mon secrétaire travaille la nuit (Take a Letter, Darling) : G.B. Atwater * 1942 : Keeping in Shape * 1942 : The Man's Angle : Joe Doakes * 1942 : Uniformes et jupons courts (The Major and the Minor) : Albert Osborne * 1942 : Ma Femme est une sorcière (I Married a Witch) : Dr. Dudley White * 1943 : Young and Willing : Arthur Kenny * 1943 : L'Aventure inoubliable (The Sky's the Limit) : Phil Harriman * 1943 : Obsessions (Flesh and Fantasy) : Doakes * 1943 : My Tomato : Joseph A. Doakes * 1943 : No News Is Good News * 1944 : Song of Russia : Hank Higgins * 1944 : See Here, Private Hargrove : Mr. Holliday * 1944 : Her Primitive Man : Martin Osborne * 1944 : Important Business : Joseph A. Doakes * 1944 : Why Daddy? : Joseph A. Doakes * 1944 : Janie : John Van Brunt * 1944 : National Barn Dance : Mr. Mitcham * 1944 : Practically Yours : Judge Robert Simpson * 1945 : Pan-Americana : Charlie * 1945 : La Cinquième chaise (It's in the Bag!) : Parker * 1945 : Boogie Woogie : Frederick Stumplefinger, Father * 1945 : L'Apprentie amoureuse (Kiss and Tell) : Uncle George * 1945 : Week-end au Waldorf (Week-End at the Waldorf) : Randy Morton * 1945 : Snafu : Ben Stevens * 1945 : Le Club des cigognes (The Stork Club) : Tom P. Curtis (Bates' laywer) * 1945 : Duffy's Tavern : Robert Benchley * 1946 : En route vers l'Alaska (Road to Utopia) : Narrateur * 1946 : Amazone moderne (The Bride Wore Boots) : Uncle Todd * 1946 : Janie Gets Married : John Van Brunt
- Comme scénariste:
* 1928 : The Treasurer's Report * 1928 : The Sex Life of the Polyp * 1928 : The Spellbinder * 1929 : Lesson No. 1 * 1929 : Furnace Trouble * 1929 : Stewed, Fried and Boiled * 1932 : Sky Devils * 1933 : Your Technocracy and Mine * 1933 : After Tonight * 1933 : Dancing Lady * 1934 : The Gay Divorcee * 1935 : How to Break 90 at Croquet * 1935 : Murder on a Honeymoon * 1935 : How to Sleep * 1936 : How to Behave * 1936 : How to Vote * 1936 : How to Be a Detective * 1937 : The Romance of Digestion * 1937 : Top of the Town * 1937 : A Night at the Movies * 1938 : How to Figure Income Tax * 1938 : Music Made Simple * 1938 : An Evening Alone * 1938 : The Courtship of the Newt * 1938 : How to Read * 1938 : How to Watch Football * 1938 : Mental Poise * 1939 : How to Sub-Let * 1939 : Dark Magic * 1939 : How to Eat * 1939 : See Your Doctor * 1940 : That Inferior Feeling * 1940 : Home Movies * 1940 : Correspondant 17 (Foreign Correspondent) * 1940 : The Trouble with Husbands * 1941 : The Forgotten Man * 1941 : Crime Control * 1941 : Les Secrets de Walt Disney (The Reluctant Dragon) * 1941 : How to Take a Vacation * 1942 : Nothing But Nerves * 1942 : The Witness * 1942 : Keeping in Shape * 1942 : The Man's Angle * 1943 : No News Is Good News * 1944 : Important Business * 1945 : I'm a Civilian Here Myself * 1998 : Robert Benchley and the Knights of the Algonquin
Source Wikipédia
Vont être réédités Le supplice des week-ends et Pourquoi personne ne me collectionne ? ; Les crimes fascinants, au format poche pour la mi-janvier... Je compte me les procurer et me faire une idée de cet intime de Miss Parker... | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Robert Benchley Mar 08 Déc 2009, 15:16 | |
| Ah ! Voilà l'entrée en scène de mon ami Benchley ... Humour corrosif poussé jusqu'à l'absurde mais, à bien y regarder, son analyse de la situation financière internationale pourrait s'appliquer à la situation actuelle ... ... analyse dramatique pour les ceusses qui, en son temps, ont souffert de la crise, et pour les ceusses qui en souffrent aujourd'hui, néanmoins sa démonstration est hilarante ... - Spoiler:
Il était grand temps que quelqu'un fasse un exposé clair et précis de la situation financière internationale. Des semaines durant, les spécialistes se sont rués d'un endroit à un autre, faisant des conférences, tenant des conseils et posant pour les photographes sur des marches d'escaliers devant des monuments. Après quoi, à l'issue de chaque conférence, les journaux ont imprimé un tas de chiffres représentant les dernières rentrées sur la dette que l'Allemagne a envers la banque. Et rien de tout cela ne signifie quelque chose. Eh bien voilà. Il y a un certain nombre de principes auxquels on devrait se référer dans toutes les discussions financières portant sur des sommes de plus de cent dollars. Tout d'abord il n'y a probablement pas aujourd'hui plus de cent dollars d'argent liquide en circulation. Ce qui signifie qu'en rassemblant tous les billets de banque, tout l'argent et tout l'or du pays et en les mettant en tas sur la table, on s'apercevrait que le total se monte à peu près à cent dollars, avec peut-être en plus quelques pennies canadiens et quelques bonbons à la menthe. Tout le reste de l'argent dont on entend parler n'existe pas. C'est une monnaie verbale. Lorsque vous entendez mentionner une transaction de cinquante millions de dollars, cela veut dire qu'une société a écrit : "bon pour cinquante millions de dollars" sur un bout de papier, qu'elle l'a donné à une autre société, laquelle est rentrée le soir chez elle en disant : "Regarde, Maman, on m'a donné cinquante millions de dollars !" Mais lorsque la maman veut lui emprunter un dollar et quart pour payer la femme de ménage, la Société est obligée de répondre qu'elle n'a malheureusement que 70 cents d'argent liquide. Tel est le principe de la finance. Tant que vous êtes capable d'énoncer un chiffre supérieur à mille, vous possédez la somme d'argent correspondant. Certes, cette combine ne marche pas avec le marchand de chaussures ou avec le patron de restaurant ; par contre, à Wall Street ou dans les cercles financiers internationaux, elle fait fureur. Une fois ceci compris, on s'aperçoit qu'en demandant 132 milliards de marks-or à l'Allemagne, les alliés savaient fort bien que personne n'a vu ni ne verra jamais 132 milliards de marks-or dans ce pays. Vous ne pourriez imaginer plus grande consternation que celle de tous ces gens du Conseil Economique Suprême si l'Allemagne venait à leur envoyer un mandat représentant la totalité de la somme demandée. Ce qui signifie simplement que, l'un dans l'autre, l'Allemagne doit au monde 132 milliards de marks-or plus le prix du transport. Cette somme comprend également : la casse, les repas servis dans la chambre, la bonne volonté et le reste. Mais, bien entendu, il va de soi que si on prenait les choses au pied de la lettre, l'Allemagne ne pourrait même plus prendre une carte dans le paquet. Le principe sur lequel tout ceci repose est par conséquent le suivant : (faites bien attention ; il y a une attrape là-dedans) Vous alignez un tas de chiffres - n'importe quel nombre fera l'affaire, pourvu qu'on ne puisse pas le lire facilement :
132 000 000 000 de marks-or 53 000 000 000 de dollars au cours ordinaire 21 000 000 000 de dollars de dommages de guerre plus une taxe annuelle de 12,5 % sur les exportations allemandes 11 000 000 000 de poissons rouges 1,95 dollar de taxe d'amusement 109 000 000 de kilomètres. Diamètre du soleil. 2 000 000 000 27 000 000 000 31 000 000 000
Puis vous additionnez le tout et vous retirez du total le premier chiffre qui vous vient à l'esprit. Il reste 11. Et la carte que vous tenez dans la main est le sept de carreau. N'est-ce pas exact ? (in Le Supplice des Week-ends)
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| | | Merwyn Animation
Nombre de messages : 5375 Date d'inscription : 05/06/2009
| Sujet: Re: Robert Benchley Mar 08 Déc 2009, 16:45 | |
| - Spoiler:
Seriez-vous une habituée de la table ronde... de l'hôtel Algonquin?
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| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Robert Benchley Mar 08 Déc 2009, 17:11 | |
| Il se pourrait que ce fût le cas, mais alors dans une autre de mes multiples vies ... | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Robert Benchley Mer 09 Déc 2009, 09:06 | |
| Sous son apparence légère, avec un sens aigu du détail, ce texte de Benchley nous plonge au plus profond de ces inévitables moments que nous avons quasiment tous vécus; heures de vacuité morne où le dérisoire le dispute à l'ennui ... du grand art ! Le péril dominical- Spoiler:
Je ne suis pas un homme taciturne, et je ne suis pas non plus sujet aux dépressions. Pourtant comme je le dis souvent, le soleil peut bien avoir l'air de briller définitivement, il y a quand même toujours une bonne averse à proximité et un bon rhume en réserve pour ceux qui se donnent la peine de le chercher. Mais, sincèrement, je ne vois aucun moyen de résoudre le problème du dimanche après-midi. Il y a des siècles que le dimanche après-midi est maudit entre tous les jours de la semaine. Avec sa tasse de café supplémentaire et ses masses de journaux, le dimanche matin peut avoir son charme ; l'inquiétante menace du "trois heures de l'après-midi " plane néanmoins, avec son soleil qui se met à briller aux fenêtres de derrière, et la vie qui s'arrête pile dans sa lancée. Où que vous soyez - en Chine, en pleine mer ou dans un nid d'oiseaux -, vers trois heures de l'après-midi un drap funéraire s'abat sur le monde et partout les gens essayent en vain de trouver quelque chose à faire. Autant essayer ça dans une chambre à gaz de Sing-Sing, parce que même si vous essayez, où cela va-t-il vous mener ? C'est toujours dimanche après-midi. Le cafard commence à s'insinuer vers la fin du déjeuner dominical. Les trois ou quatre dernières cuillerées de bombe glacée perdent, on ne sait comment, leur saveur, et vous vous mettez à émietter votre gâteau au lieu de le manger. Lorsque vous êtes venu à bout de votre café, vous avez une prémonition certaine qu'avant peu - quarante ou cinquante minutes environ -, vous allez recevoir de mauvaises nouvelles : la mort de plusieurs personnes parmi celles qui vous sont chères, probablement, et peut-être même la vôtre. Puis la résignation succède à ce sentiment. A quoi bon vivre, après tout ? Arrivé là, le dessert commence à vous donner la nausée. En sortant d'un air morne de la salle à manger pour passer au salon, tout le monde se met à bâiller. Les montagnes de journaux qui avaient un air si intime avant le déjeuner n'évoquent plus que l'idée déprimante de la nature éphémère de la vie humaine. L'oncle Ben se dirige vers le sofa où il tombe rapidement dans une répugnante somnolence. Les enfants commencent à se chamailler et finissent par entraîner les adultes dans la promesse d'une assez vilaine rixe. " Pourquoi n'allez-vous pas jouer dehors ? " demande quelqu'un. " Jouer à quoi ? " demandent-ils à bon escient. Ce qui soulève toute la question du programme de l'après-midi ; les membres les plus éveillés de la compagnie essayant sans beaucoup de conviction d'y penser. Quelqu'un s'approche de la fenêtre et regarde au dehors. Il regagne sa chaise et quelqu'un d'autre se dirige vers une autre fenêtre pour regarder dehors, en appuyant son nez contre la vitre qu'il ternit de son haleine. Ceci n'a pratiquement pas d'effet sur la situation. " Nous sommes bien peu de chose ! " dit un bavard pour essayer de faire la conversation. Cela tombe à plat, et il s'ensuit un long silence au cours duquel vous parcourez la pile de journaux pour voir si vous n'auriez pas laissé passer quelque chose en les lisant le matin. Vous allez jusqu'à regarder les nouvelles maritimes et la publicité des livres nouvellement parus. " Cette vie de Susan B. Anthony doit être un livre intéressant ", dites-vous. " Ah oui, pourquoi ? " demande Ed avec irritation. Ed est venu déjeuner parce qu'il était seul là-bas en ville, et maintenant il le regrette. Il pense déjà au prétexte qui lui permettra de prendre le train de bonne heure et de rentrer chez lui. Comme vous n'avez aucune preuve à donner à l'appui de votre thèse, vous ne répondez pas. De toute manière, vous ne pensiez pas réellement que la vie de Susan B. Anthony puisse présenter un intérêt quelconque. On propose une promenade, ce qui suscite les grognements de tout le reste du groupe. La perspective de faire un bridge ne reçoit l'adhésion que de deux personnes sur les quatre dont l'enthousiasme, même très approximatif, est requis. Le soleil pénètre dans la pièce et vous vous apercevez que les chaises vertes ont besoin d'être recouvertes à neuf. Le tapis a l'air passablement miteux, lui aussi. Mais à quoi bon ? Quel sens cela aurait-iI de remettre à neuf alors que tout le monde sera mort avant longtemps, de toute façon ? La qualité de ce soleil du dimanche après-midi a quelque chose de très spécial. Les autres jours de la semaine, c'est un rayon de soleil comme un autre, avec une bonne gaieté bourgeoise. Mais le dimanche après-midi, il prend une acuité pénétrante qui ne fait que mettre le mobilier en vue. Que vous soyez en train de déjeuner à Hong-Kong au Busy Bee Lunch, de faire briller les cuivres d'un yacht sur la mer du Nord, ou de vous promener dans la propriété du vice-président d'un gros trust, ou d'apprendre à lire aux Indiens de l'Arizona, le soleil du dimanche après-midi vous dégoûte de tout ce qu'il touche. Il faut absolument arrêter ça. Lorsqu'on inventa l'automobile, on aurait pu croire que le problème du dimanche après-midi était résolu. Vous pouviez vous installer sur le siège arrière d'une vieille guimbarde et pétarader dans la campagne, où vous n'étiez pas forcé d'écouter les gens jouer "Narcissus" au piano dans une maison voisine. (Les gens des maisons voisines jouent toujours "Narcissus" au piano le dimanche après-midi. S'il y a un bruit typique du dimanche après-midi, c'est bien celui du piano sur lequel on tape dans une maison voisine.) Mais voilà, même en pleine campagne à des kilomètres de tout, on est obligé de prendre conscience du dimanche après-midi à cause du comportement bizarre des oiseaux ; malgré tout, en auto, on pouvait quand même repérer un espace libre et se mettre à faire des sauts périlleux (sans oublier de vider auparavant la monnaie restée dans ses poches), ou bien foncer dans un chêne, de manière à s'insensibiliser. Du moins, c'était possible durant les premiers temps de l'automobile. Mais dès l'instant où tout le monde s'est cru obligé d'avoir son automobile, le premier souci des gens a naturellement été d'essayer d'échapper aux dimanches après-midi ; de sorte que dans un rayon de cent cinquante kilomètres autour de toutes les villes, les routes ont remplacé les marchés et les expositions de confiture locales. Aujourd'hui, la seule différence qu'il y a entre un dimanche après-midi à la ville et un dimanche après-midi à la campagne est que dans le second cas, vous ne connaissez pas les gens qui s'asseyent sur vos genoux. Outre le désagrément d'être coincé sur une route départementale avec un tas d'inconnus, et de ne pas savoir quoi dire pendant les heures d'attente interminable avant de pouvoir avancer, il y a le réel danger d'une épidémie. Supposez qu'une personne emmène un enfant faire une promenade à la campagne le dimanche, et que pendant qu'ils sont pris dans une file de centaines de milliers d'autres automobilistes du dimanche, l'enfant attrape la rougeole. Le voilà donc porteur de germes et en contact avec au moins les deux tiers de la population. Il va propager ses microbes à droite et à gauche, déclenchant peut-être une épidémie qui envahira le pays avant que la population n'ait eu le temps de regagner ses foyers et ses gargarismes. On a accusé le métro et les logements surpeuplés d'être un bouillon de culture pour les maladies du nez et de la gorge. Va-t-on donc négliger de s'occuper des routes départementales du dimanche après-midi ? A vrai dire, je ne connais aucun remède au dimanche après-midi, du moins aucun qui m'inspire confiance. Le seul qui pourrait être efficace serait de mettre le feu à la maison vers une heure et demie. En alimentant le feu, on pourrait aboutir à une excitation suffisante pour oublier quel jour on est, du moins jusqu'à l'heure où il faut allumer la lumière. Ou bien vous pourriez descendre à la cave tout de suite après déjeuner et démonter la chaudière, en vous promettant de la remonter avant l'heure du dîner. Vous pourriez aussi louer un costume de bain, vous rendre au point d'eau le plus proche, et passer l'après-midi à patauger sous la surface de l'eau, en cueillant des anémones de mer et en ramassant des débris d'épaves. La méthode que j'ai moi-même utilisée avec le plus de succès et le moins de frais est la suivante : achetez une petite quantité de véronal chez le pharmacien le plus proche, mélangez-le habilement à votre café le samedi soir, et allez vous coucher. Peut-être qu'en vous réveillant le lundi matin vous ne vous sentirez pas très frais, mais en tout cas vous aurez évité le dimanche. Ce à quoi il fallait arriver.
(in Le Supplice des Week-ends)
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| | | Merwyn Animation
Nombre de messages : 5375 Date d'inscription : 05/06/2009
| Sujet: Re: Robert Benchley Dim 04 Juil 2010, 15:33 | |
| Figurez-vous que j'étais tranquillement assis sur mon vaste balcon (1m sur 60cm), finissant de lire La Curée tout en ne bronzant pas mais entretenant savamment ma pâleur (Oui, on oublie souvent que la pâleur s'entretient au risque de finir translucide, on appelle cela "l'Effet Casper"...) quand, ayant tourné la dernière page, je replongeais en mes questionnements.
Ah oui, mince, je peux pas terminer mon billet sur une telle note, donc reprenons.
Perdu en mes pensées, je fus soudain surpris de voir un être vaporeux et flottant qui me faisait face (en fait, j'étais pile en face de lui)... Et non, non, cela n'est pas un effet secondaire d'une overdose de gin fizz, c'était hier que j'avais confondu la quantité d'eau et de gin et que j'ai voulu finir tous mes citrons, les divisant en autant de verres...
Donc, revenons à notre apparition qui n'était autre que Mr. Benchlez.
- Lui: Tu as ouvert un fil sur moi mais tu ne postes pas beaucoup!
- Moi: Excusez-moi mais j'ai pas que vous en tête.
- Lui: Alors que je fus l'un des auteurs les plus connus aux Etats-Unis.
- Moi: Ben justement, ici t'es sur le Vieux Continent et à part quelques pelés, on te connait pas. De plus, je te lis en français dans le texte car mon anglais est une farce et que du coup, certains traits d'humour doivent m'échapper.
- Lui: Bon, bon, d'accord, mais essaie au moins de faire un effort, tu sais, de là où je suis, le temps est long, très long...
Et il disparut.
Comme je me laisse facilement émouvoir, je vais donc poster ici et là quelques autres extraits de ses textes.
Un premier sur les effets fascinants des jeux oculaires:
"Il y en un autre qui consiste à cligner très lentement d'un seul oeil en regardant, au restaurant, la jeune femme assise à la table voisine: avant que vous n'ayez eu le temps de comprendre, votre autre oeil devient tout bleu, bouffi et très douloureux, grâce à l'intervention du galant de la dame qui vous démontre ainsi que l'illusion d'optique n'est pas tout"
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