Richard Powers

Richard Powers, La chambre aux échos (au Cherche-Midi),



La couverture fait allusion au vol des grues dans les premières pages.

Citation :

Par une nuit d'hiver, sur une petite route du Nebraska, Mark Schluter est victime d'un grave accident de voiture. Sa soeur aînée, Karin, revient dans sa ville natale pour être à son chevet. Mais lorsque Mark sort du coma, il semble ne plus la reconnaître. Karin fait alors appel à Gerald Weber, un célèbre neurologue, spécialiste des troubles singuliers du cerveau.

les critiques de "Tout arrive" sur france-culture en ont fait un compte rendu très élogieux, insistant sur une lecture à plusieurs niveaux sans que le premier niveau en souffre.

Powers, auteur du Temps ou nous chantions, élu meilleur livre étranger 2006 par Lire,

Citation :

La Chambre aux échos, National Book Award 2007, aborde la question de l'identité et de la condition humaine, sans jamais se départir d'un remarquable sens du récit et de l'intrigue.

dit l'éditeur.

Cécile a écrit:

Richard Powers, La chambre aux échos (au Cherche-Midi),

j'en ai entendu parler en termes tout aussi élogieux dans l'émission "le bateau livre" sur france 5, mais bon, les journalistes-chroniqueurs sont parfois très hystériques quant à leurs suggestions, et tout aussi fougueux quand ils détestent, c'est vrai aussi ...

Dans ce cas précis, j'ai entendu une argumentation qui m'a bien plu : l'accident a semé le désordre dans l'esprit du protagoniste qui décide d'y voir clair, le neurologue vient pour rétablir les bonnes connexions de ses neurones, et l'ecriture de l'auteur serait une tentative pour remettre de l'ordre dans le chaos du monde.

Ces trois niveaux de lecture m'interessent, et comme tous les présents étaient d'accord avec l'argumentation (et non des expressions de jugement hâtifs et péremptoires), je lirai cet auteur dont les livres précédents ont été généralement bien appréciés :

Trois fermiers s'en vont au bal -- Richard Powers ; traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean-Yves Pellegrin
par Powers , Richard
2004 le Cherche Midi

Le Temps où nous chantions -- Richard Powers ; trad. de l'anglais (Etats-Unis) par Nicolas Richard
par Powers , Richard
2006 le Cherche Midi

j'ouvre donc le fil, puisqu'il y aura des "suites".

J'ai fini de lire, il y a une dizaine de jours, "Le temps où nous chantions".
Je veux préparer un article sur ce bouquin, et je ne sais pas comment l'aborder. J'ai été complètement touchée par sa lecture.
J'hésitais à rentrer dans ce pavé de plus de 1000 pages, et une fois lancée je ne l'ai plus lâché.
Il y a tout l'humain là-dedans, la musique et la science, la vie et nos choix.
Lisez-le !

Je trépigne pour pouvoir lire "La chambre aux échos", mais le porte-monnaie est un peu dégarni en ce moment !

caroline a écrit:

Je trépigne pour pouvoir lire "La chambre aux échos", mais le porte-monnaie est un peu dégarni en ce moment !

tu peux peut-être tenter du côté des bibliothèques

Ah oui tiens, je n'y avais pas pensé. Sans doute parce que c'est une nouveauté. Comme ça j'ai voulu emprunter "Versus" de Chainas, la médiathèque l'avait pas encore.

caroline a écrit:

J'ai fini de lire, il y a une dizaine de jours, "Le temps où nous chantions".
J'ai été complètement touchée par sa lecture.
J'hésitais à rentrer dans ce pavé de plus de 1000 pages, et une fois lancée je ne l'ai plus lâché.

763 pages, l'édition du cherche midi.

Ne lisez pas la quatrième de couverture, elle révèle des données que l’auteur a soigneusement évité d’ indiquer au début du récit.

Le Temps où nous chantions commence par cet état d’innocence primitive caractérisé par l’harmonie familiale.
Plus tard, ce seront les fissures, voire le procès des parents et des différents membres de la famille.

Cinq bonnes raisons de lire ce beau livre :

- Il est sous le signe de la musique sous toutes ses formes, depuis la musique ancienne, ou classique, jusqu’aux différentes formes de Jazz, boogie woogie, hip hop etc.

- La narration « polytonale et polyharmonique » laisse chaque protagoniste s’exprimer, comme le souhaite Joey, le pianiste, fils cadet de la famille.

- Le récit n’est pas platement linéaire, mais se livre par tranches thèmatiques, mais bien datées, selon une conception du Temps qui vient du père, scientifique proche d’ Einstein.

- C’est une fresque des Etats-Unis de 1933 à 1971, avec des indices musicaux et sociaux, une diversité géographique (de Boston à Oakland ou Atlantic city), avec des incursions européennes, sans aucun didactisme.

- Les thèmes et variantes de ce livre permettent de vivre et de comprendre dans leur complexité des données actuelles, américaines et françaises, qu’elles soient culturelles dans leur contexte, ou sociales.

On saisit mieux les liens de la culture avec la société comme la position d’Obama !

Le livre est certes long, mais moi qui suis réticent aux « pavés », je l’ai lu avec gourmandise et en me délectant.

Certains propos ne nous surprennent pas :

Citation :

« A la fac, personne ne sait sur quel pied danser avec moi. Il ya les bandes de petites boulottes, les Italo- Irlando-Suédoises, qui me parlent tout doucement avec des sourires d’un km de large, et me jurent qu’elles ont été tellement proches de leurs domestiques.

Mais dans les meetings afro, il y a toujours une frangine qui se plaint à voix haute de l’infiltration d’espionnes au faciès suspect qui causent comme des blanches ».

Profitez de l'été, d'avoir du temps, pour lire ce livre magnifique ! J'ai une chronique à préparer dessus, ce roman m'a tellement touchée que je ne sais pas trop comment parler de sa magie.

J'ai fini hier Trois fermiers s'en vont au bal, premier roman de Powers.
On trouve les prémices de sa patte, les thèmes qu'il va continuer d'explorer. C'est à partir de cette photo d'August Sander en couverture que Powers va imaginer son roman, l'histoire de ces personnages, et l'Histoire (première Guerre, Henry Ford, Sarah Bernardt) qui se déroule derrière. Labyrinthique, le roman n'est pas forcément facile à suivre. Drôle, ironique, érudit, il se dévore cependant rapidement, mais manque un peu d'envergure sur la fin. Un poil en dessous du Temps où nous chantions, selon moi.
Me reste à lire La chambre aux échos, en attendant que les maisons d'éditions françaises se décident à traduire les 5 ou 6 autres romans de Richard Powers déjà sortis en Amérique...

Apparemment, tout le fil sur Richard Powers a disparu dans le bug de forumactif.

Et pourtant nous avions échangé sur le temps où nous chantions, un très beau livre qui raconte l'histoire d'une famille americaine dont les enfants suivent un parcours différent, marqué par l'histoire des USA et la discrimination raciale.

Un livre merveilleux qui fait des références à la science nucleaire et surtout à la musique.

La chambre des Échos, de Richard Power, au Cherche-Midi

Un livre passionnant, je suis en cours de lecture.

A la suite d’un accident de voiture, Mark est atteint du syndrome de Capgras il ne reconnaît plus sa sœur, pas plus que son chien, même s’il paraît reconnaître ses drôles de compagnons.

Sa sœur Karin, très proche de lui, souffre évidemment de cette situation, et fait appel à Gerald Werber, un célèbre neurologue, dont les certitudes acquises sont fortement ébranlées par le cas de Mark.

Citation :

(Karin ) - Tu croyais que ta sœur ne prendrait pas soin de toi ?
(Mark) - «Ma sœur ? Tu te prends pour ma sœur ? » Il la poignardait du regard; « Si tu te prends pour ma sœur, c’est qu’un truc ne tourne pas rond dans ta caboche. »

Citation :

Weber commençait à comprendre […] qu’il avait observé Mark Schluter pour apporter la preuve, fût-ce à lui seul, que si le symptôme de Capgras se laissait entièrement décrire en termes modulaires, comme la conséquence de lésions, une rupture de connexion entre certaines parties d’un niveau distribué, il se manifestait néanmoins à travers des processus psychodynamiques (réactions individuelles, histoire personnelle, refoulement, sublimation, accomplissement du désir) irréductibles à de simples phénomènes de bas niveau.

Ouh ouh ! Rotko ! Ils sont là, je les vois, pas toi ?

oui, je confesse tout : erreurs, aveuglement, panique.

merci de m'avoir éclairé.

Plusieurs niveaux de lecture, assemblés comme des étages superposés, caractérisent « La chambre des Échos » :

- un roman traitant du cerveau et des neurones,
- un roman policier avec des mystères à élucider,
- un roman écologique où les grues (oiseaux) jouent un rôle poétique et symbolique déterminant.

Je ne suis pas sûr que tous les critiques qui en ont parlé l’aient lu entièrement : ça se sent dans leurs papiers ; le livre fait près de 500 pages et demande un bon rythme de lecture.

La chambre des Échos (traduction Jean-Yves Pellegrin) est en effet un livre passionnant puisqu’il interroge sur l’interprétation neurologique de nos comportements :

les cas cliniques évoqués par le Docteur Weber séduisent le lecteur comme ils stupéfient ses étudiants :

Citation :

« Un mécanicien de quarante-huit ans avait expliqué à Weber que le bras paralysé, couché à côté de lui dans snobinette était celui de sa femme...
- Elle a eu une attaque. Elle a perdu le contrôle de son bras. Du coup …le voilà. J’en prends soin pour elle, j’imagine.
- S’il s’agit de son bras, avait demandé Weber, où est le vôtre ?
- Eh bien, juste ici, évidemment !
- Pouvez-vous lever votre bras ?
- Mais c’est-ce que je fais docteur.
- Pouvez-vous battre des mains ? »

Seule la main droite, valide, battait l’air.

« Vous battez des mains ?
- Oui
- Je n’entends rien. Et vous ?
- Bon d’accord, ça ne fait pas beaucoup de bruit. Mais c’est parce qu’il n’y a pas franchement de raison d’applaudir. »

Pourtant la science du neurologue se heurte au cas de Mark, et ses livres de vulgarisation subissent de sérieuses attaques dans la presse. Lui-même, déstabilisé, en vient à se demander s’il ne pratique pas une « neurologie romancée »…

Ce ne serait pas plutôt "La chambre aux Echos"?

Sinon pour ma part j'ai "Le Temps où nous chantions" dans ma PAL. Je ne pense plus tarder longtemps pour le commencer tant les critiques en sont excellentes.

missparker a écrit:

Ce ne serait pas plutôt "La chambre aux Echos"?

Sinon pour ma part j'ai "Le Temps où nous chantions" dans ma PAL. .

"La chambre aux Echos"?, oui ! merci.

j'ai préféré "Le Temps où nous chantions".

La « chambre aux Échos » se présente comme une sorte d’enquête :

Comment l’accident est-il survenu ? se demande Mark qui ne se souvient de rien.
Quel traitement faire suivre à Mark pour guérir son symptôme de Cap Gras ? demande Weber.
Quelle attitude adopter envers ce malade qui ne reconnaît ni ses proches ni son domicile et flaire un complot contre lui ? s’interrogent ses proches.

En même temps, des faits et de personnages restent mystérieux :
- Un billet écrit par un « sauveur  » non identifié,
- une aide-soignante, Barbara Gillespie, particulièrement compétente, que chacun apprécie et admire. L’un croit connaître son visage, l’autre, sa voix. Elle intrigue.

La chambre aux Échos : un roman écologique

Je note pour moi quelques réserves personnelles sur les personnages et l’ intrigue. Je ne veux pas les donner maintenant pour ne pas influencer la lecture des grains ; on pourra en discuter si vous lisez le roman.

J’ai trouvé de très belles pages sur les grues (les oiseaux) bien insérées dans ce paysage du Nebraska et dans l’intrigue du livre.

L’auteur élève le débat et se demande si le cas de Mark n’aurait pas une portée universelle :

Citation :

cette vérité le frappa en plein fouet : l’humanité entière souffrait du symptôme de Capgras.

J'espère que vous avez tous inscrit le 16 avril prochain sur vos tablettes.
C'est la sortie de L'ombre en fuite, dernier roman de Richard Powers (dernier traduit en France mais qui date en fait de 2000 sous le titre Plowing the dark).

caroline a écrit:

J'espère que vous avez tous inscrit le 16 avril prochain sur vos tablettes.
C'est la sortie de L'ombre en fuite, dernier roman de Richard Powers (dernier traduit en France mais qui date en fait de 2000 sous le titre Plowing the dark).

oui, mais procédons dans l'ordre

As-tu lu la chambre aux échos ?

Non, il est toujours dans la PAL... Je me dis que je me le réserve, et à force de le réserver je ne l'ai toujours pas lu ! Tu fais bien de m'y faire penser.

j'ai gardé certaines réflexions que je te soumettrai quand tu l'auras lu, pour avoir ton avis.

c'est prévu

Voilà, fini ! Première impression : des passages redondants, moins de force que Le temps où nous chantions, mais toujours cette maîtrise pour mêler différents sujets dans une histoire originale. Maintenant, je digère.
Parée pour tes remarques, je suis curieuse de savoir ce que tu as pensé de ce roman.