Dinaw Mengestu

Les Belles Choses que porte le ciel
de Dinaw Mengestu chez Albin Michel

les tribulations du narrateur emigré ethiopien qui tente de faire son trou dans le rêve americain.

De l'avis général, un livre émouvant et drôle.

un entretien avec l'auteur

Mengestu, les belles choses que porte le ciel, chez Albin Michel.

Citation :

Par un pertuis rond je vis apparaître
Les belles choses que porte le ciel.

Nous avançâmes, et une fois encore, vîmes les étoiles.

Ces vers de Dante expriment les attentes de Sépha , qui tient une épicerie à New York, ainsi que celles de deux de ses compagnons immigrés africains.

Sépha l’Éthiopien ne cache pas son attirance pour Judith, l’Américaine blanche qui s’installe dans le quartier, avec sa fille Naomi. Il passe de beaux moments, derrière sa caisse, à lire à Naomi les frères Karamazov. Une vraie période de bonheur.

Dinaw Mengestu écrit tout en finesse : de légers indices laissent deviner de futures désillusions : aura-t-il tout ce dont il avait rêvé comme ascension sociale, intégration dans la société américaine et bonheur privé ?

On apprend progressivement dans quelles circonstances il est parti d’Éthiopie, comment il se sent toujours entre deux mondes, ni de là-bas, ni d’ici. Il dit sa susceptibilité, ses aspirations, ses tentations, sur un ton familier qui montre une vive sensibilité.

Un très beau livre.

Citation :

Chaque regard que vous croisez semble contenir une question ou une accusation, il faut prendre une décision. Soit je suis parti pour me créer une nouvelle vie de contraintes et des limites culturelles soit j’ai tourné le dos à tout ce que j’étais et à tout ce qui m’avait constitué.

Chaque visage familier attendant devant l’ascenseur semble vouloir poser les mêmes questions : qu’as-tu fait de ta vie, où es-tu allé, et pour qui te prends-tu ?

Je sais qu’il y aurait une bonne dose de plaisir derrière la pitié qui me serait accordée, si jamais ma vie était mise à nu devant eux.

Citation :

En arrivant chez moi, après avoir fait mes achats de Noël, les bras chargés de cadeaux, je trouvai une note qui m’attendit sur le palier.

Cher Sépha,

Merci pour votre lettre. C’était très gentil à vous de penser à nous. Malheureusement, Naomi et moi partons de bonne heure, ce soir, pour aller passer les fêtes avec ma sœur et sa famille, dans le Connecticut. Je suis sûre que nous vous verrons très vite à notre retour. Je vous souhaite un joyeux Noël.

Je suis désolée.

Bien à vous

JM

J’apportai tous les cadeaux dans le salon et les posai par terre, un à la fois. Je ne savais plus quoi en faire maintenant.

prix Guardian pour les belles choses.

Il le mérite

Il est tentant ce livre, tu pouvais pas nous en parler ...

Euh ce n'est pas parce qu'il a un prix mais je n'avais pas eu le temps de voir tes messages
J'imagine que tu l'as eu à la biblio et donc qu'il ne peut voyager ...

Après une petite recherche, il se trouve dans la mienne

vas y ! il se lit vite et on ne regrette pas de l'avoir ouvert !

rotko a écrit:

vas y ! il se lit vite et on ne regrette pas de l'avoir ouvert !

vraiment aucun regret de l'avoir lu

300 pages chez ALBIN MICHEL

« Sentiment d être étranger, brutalité sourde de l intégration au rêve américain, frontière poreuse entre mensonge et fiction, le deuxième roman de Dinaw Mengestu offre une nouvelle variation, à la fois plus ample et plus intime, autour des thème qui traversaient déjà Les belles choses que porte le ciel, son épatant premier roman... Le New Yorker l' a inclus l' année dernière dans sa liste des vingt écrivains américains de moins de 40 ans les plus prometteurs. » --Livres Hebdo

Dinaw Mengestu, Ce qu'on peut lire dans l'air, Albin-Michel,370 pages

Jonas est un affabulateur. Il rêve ce qu'il ignore. Ses parents, Yocef et Mariam, ne s'aimaient pas et sont restés des inconnus pour lui. Alors qu'il se retrouve seul, Jonas remonte le temps et invente la vie de son père, qui fuit la guerre en Éthiopie pour émigrer aux États-Unis, après avoir connu le malheur et la prison au Soudan.

Il refait le chemin de ses parents vers Nashville et fantasme leur drame. Jonas ment aussi à Angela, l'avocate qu'il épouse. Il se ment surtout à lui-même. Et tout ça donne une belle fiction mélancolique sur la quête des origines d'un Noir en Amérique (in Ouest-France).

depuis les belles choses, je suis très attentif à ce que publie Dinaw Mengestu.

Je suis ravi d'avoir le livre sous la main ! je retrouve le ton Mengestu avec cette histoire qui commence par la lune de miel des parents (après trois ans de séparation !) et la vie amoureuse idyllique du narrateur (juste avant le divorce !).

Le narrateur fait des petits boulots à New-York, notamment dans un cabinet d'avocats chargé de défendre des dossiers d'intégration pour immigrés récents.

Le problème : sentant qu'ils ont peu de chance d'être acceptés, ils s'évanouissent dans la nature.

Aussi le narrateur doit-il forcer la note pour que le bon dossier ait des chances d'acceptation.

petite leçon de style

Les récits avaient besoin d'être "retouchés" ou "étoffés" [...] pour les rendre plus vraisemblables aux yeux de l'agent des services de l'Immigration qui les lirait un jour.

je transformais

Citation :

nous sommes arrivés de nuit

en

Citation :

Nous étions tous allés dormir, ma femme, ma mère et mes deux enfants. Tous les feux du village étaient déjà éteints, mais la lune brillait et, malgré l'obscurité, on pouvait distinguer la silhouette de toutes les maisons. C'est pour ça qu'ils ont attaqué cette nuit-là.

Arriver à nous faire rire des situations désespérées, et pour la bonne cause, tel est le talent de Dinaw Mengestu

Il fait partie de ma longue liste...
Mais je ne l'ai pas.
tss ^^

Dinaw Mengestu, Ce qu'on peut lire dans l'air, Albin-Michel

« Il voyait le monde comme une succession de pièges devant lesquels il fallait qu’il se montre vigilant, parce que la menace, il en était convaincu, pouvait venir de n’importe où ».

L’auteur évoque ainsi l’attitude de son père, il parle aussi du couple parental agité dont il est issu, et cet examen lui permet de faire le point sur ses propres attitudes, façons d’agir et de mener des relations amicales ou sentimentales avec autrui.

Avec Mengestu on comprend de l’intérieur les craintes, les hésitations, et les préjugés du nouvel arrivant, partagé entre la volonté de s’intégrer, par la langue ou la connaissance du pays, et le repli sur soi.

L’humour et le mensonge président à différentes versions de sa propre histoire, celle qu’il délivre à son auditoire de l’Académie (le collège privé huppé où il enseigne), en développant les clichés et stéréotypes attendus sur l’Afrique, celle qu’il reconstitue pour le lecteur, sans pour autant en certifier l’exactitude.

Je vois quelque chose de touchant dans l’attitude du narrateur qui ment pour se faire accepter, pour sauver son couple qui bat de l’aile, etc.

La lecture de ce récit est aisée, amusante, mais derrière cet aspect attrayant, on perçoit un fond de inquiétude : le charme de l’écriture de Dinaw Mengestu est difficile à analyser, (quand l’analyse est trop facile ne craindrait-on pas de mettre à jour des« procédés » ?) ;

j’aime beaucoup cet auteur et j’ai toujours autant de plaisir à lire ses histoires.

J'ai lu Les Belles Choses que porte le ciel et j'ai beaucoup aime! C'est la poesie du quotidien avec toute sa beaute et ses petites fetes de tous les jours. La realite dans ce livre est triste serieux, politique, epouvantable, drole, c'est un livre-ame.

Je vais certainement le lire ce mois-ci. pour voir ce qu'il peut y avoir de comparable ( du point de vue de l'histoire que les immigrés racontent ) avec Shumona Sinha Assommons les pauvres

Tu fais bien de mettre le lien vers Shumona-Sinha et vers le documentaire les migrants de Patrice Chagnard.

Pas facile d'accueillir des gens qui ont subi des traumatismes divers, il leur faut du temps pour les dire et les surmonter, et je ne suis pas sûr que les employés de l'ofpra aient reçu la formation qui conviendrait.