Daniel Mendelsohn

Les disparus.

Traduction de Pierre Guglielmina.


Si vous n'en lisez qu'un cette année, que ce soit le Médicis étranger...
Daniel Mendelsohn, enfant d'une famille juive dont le grand-père a émigré aux Etats Unis au début du 20è siècle, va parcourir le monde avec un de ses frères photographe, pour chercher comment ont "disparu" son grand-oncle, sa femme et ses quatre filles de 16 à 24 ans, exterminés durant l'holocauste. Extraordinaire travail de mémoire qu'il accomplit en rencontrant les derniers survivants juifs ou pas, de Bolechow, petite ville de Galicie (qui pourrait être celle où se passe l'histoire de Diane Meur, Les Vivants et les ombres, étrange coïncidence !) où vivaient avant la guerre 6000 juifs dont 48 seulement ont survécu.
Nourri de références bibliques, mais aussi de la mythologie grecque (Mendelsohn est tout sauf intégriste et il a une immense culture "humaniste"!) le livre, mené comme une enquête policière, veut redonner aux disparus leur dignité en reconstituant leurs dernières heures, en dressant leur portrait, en les sortant de l'horrible anonymat des victimes de l'horreur, dont chaque histoire individuelle s'est noyée dans le décompte atroce des millions de leurs frères de souffrance.
L'auteur fait preuve d'une humanité extraordinaire, il offre aux siens une sépulture littéraire qui les rend quelque part à la vie, sans crainte de montrer l'horreur mais avec une immense tendresse et une retenue admirable.
C'est vraiment un très très grand livre.

Ça me fait penser au livre d'Agata Tuszinska paru en 2006.

maïa a écrit:

Extraordinaire travail de mémoire qu'il accomplit en rencontrant les derniers survivants juifs ou pas, de Bolechow, petite ville de Galicie (qui pourrait être celle où se passe l'histoire de Diane Meur, Les Vivants et les ombres, étrange coïncidence !) où vivaient avant la guerre 6000 juifs dont 48 seulement ont survécu.

Coincidence où tu penses à autre chose ?

Un livre que je note dans ma liste ... je pense qu'il sera à la biblio

D'accord pour moi, c'est réservé

C'est bien "coïncidence", utopie : parce que ce sont mes deux coups de coeur récents
Avant de lire Les Disparus, je vous ai tannés (sans succès d'ailleurs ) pour que vous lisiez Les Vivants et les ombres :yes:

Merci, Seuguh, pour la référence de l'autre livre.

Il sera l'objet d'un émission ce samedi 12 janvier sur France culture :

à 15:00 > CA ME DIT L'APRES-MIDI
Daniel Mendelsohn
par Frédéric Mitterrand, Reportage : Tristan Thérond
Avec : Daniel Mendelsohn, écrivain, Lecture : Alice Mitterrand

émission qu'on peut écouter en différé pendant qq jours

Merci, rotko ! J'en ai écouté un bout dans la voiture...

Et en plus il parle très bien français...

va sur le site indiqué et clique sur "écoutez". Je le ferai aussi, mais les journées sont chargées !!

Avec les Disparus, Daniel Mendelsohn n’a pas fait un livre sur l’holocauste mais sur sa famille, avec ses souvenirs personnels, et dans la tradition de l‘enquête américaine.

Il se situe dans la lignée de Marcel Proust, et dans le sillage de l’Énéide et d’écrivains grecs comme Hérodote et Homère : ils pratiquaient « la composition en boucle » une histoire en entraînant une autre, pour revenir enfin au point de départ.

C’est ainsi que le grand père de Daniel Mendelsohn racontait l‘histoire de sa famille.

Citation :

« L’âme des mort dont nous sommes sortis vient nous jeter à poignées leurs richesses et leur mauvais sorts »

Mendelsohn lui aussi fait avec les disparus une recherche des noms de la famille.

Le livre comporte des photographies prises pendant l’enquête.
par le frère de Daniel Mendelsohn.

Rotko je t'ai répondu et je ne sais pourquoi on l'a rejetée on me dit :désolé ce nom d'usitilateur n'existe pas .C'est sùr et certain que j'ai commis une gaffe mais j'ignore laquelle'quel nom d'utilisateur il faut mettre?Il faut ètre vraiment gentil et patient pour supporter et expliquer toutes les bètises que je fais
Merci mille fois
Amadak
Louba

Qu'est-ce que ce post d'Amadak vient faire dans le fil des Disparus ????

Quant à ce que tu en écris, rotko, cela me rend assez perplexe.
L'as-tu lu ???

je voudrais savoir si le reportage que l'on a fait á mendelshon à la télévision pourrait etre vu en Argentine sur TV5 et si ce livre que
j'aimerais lire arrivera dans mon pays.Je demande pardon à tous
ceux qui trouvent les gaffes que je fais j'admire votre talent pour écrire ,vos réflections vos intelligentes critiques,mais n'oubliez pas
que je suis étrangère et je m'efforce pour faire le mieux.
Merci
Amadak
Louba

Impossible de te repondre pour la television. En revanche tu vas sur ce site et tu cliques sur écouter en haut à gauche.
c'est une bonne émission sur Mendelsohn. france-culture samedi 12 janvier, emission à 15 h.

Il faut l'ecouter avant vendredi

Citation :

En 1959, Long Island dans l'état de New York est un champ de pomme de terre sur lequel on décide de construire trois mille maisons identiques. Un an plus tard, Daniel Mendelsohn naît dans cette banlieue typique, au degré zéro de la culture selon ses propres mots. Particularité dans ce monde de platitude et d'égalité ou rien ne se passe en dehors du centre commercial, quand ses aïeux débarquent de Floride chaque été avec leurs mets et leure langue inconnus, ils pleurent devant le chérubin, il est le sosie de l'oncle Shmiel etc.

bonjour à tous Rotko j'ai déjà le livre de Mendelshon, j'en suis á la page 135 et j'avoue que c'est très intéressant il a fait un travail de recherche qui lui a pris des années avec obstination et sans répit,c'est indispensable pour ne pas oublier et il me rapelle Lanzman avec la shoa Quand j'aurai fini la lecture je donnerai mon modeste avis En mème temps je suis consacrée à traduire un conte bouleversant d'un écrivain Argentin que j'adore Abelardo Castillo contemporain je pense que tous vous l'aimerez
à bientòt
Amadak
Louba

bonsoir Maia: quand je vois ta surprise de voir les bètises que j'ai mis sur le fil de mendelshon et que seul Rotko a eu la patience de màider je te dois une explication et que tu me pardonnes Je suis de l'Argentine je suis tombée sur le forum par hasard je ne savais rien de rien ni comment m'intégrer ni répondre ni que c'etait un fil ce forum maintenant remplie ma vie me donne l'occasion de lire d'avoir des sujets à connaìtre et mème si je ne réponds pas
par méconnaissance je lis tous et j'apprends sans l'appui de Rotko
je serais perdue comme on dit chez nous"como turco en la neblina"
celà veut dire :perdu comme un turc dans le brouillard
pour celà je suis reconnaissante por toujours à Rotko et je dois avouer que se n'est pas ma langue maternelle il pourrait y avoir des fautes d'ortographes
merci
Amadak
Louba

maïa a écrit:

Quant à ce que tu en écris, rotko, cela me rend assez perplexe.
L'as-tu lu ???

Mes sources sont un entretien de Mendelsohn que j'ai écouté à la radio. Je n'avais pas vu ton post, Maia. Mais si j'ai dit des bêtises, il faut les corriger, c'est la règle du jeu

Un livre passionnant très érudit et tellement humain
avec une tendresse qui fait de l'auteur presqu'un ami qu'on aimerait serrer dans ses bras.

A lire absolument

A force vous me tentez, je vais voir si ils l'ont à la biblio, sûrement

(tu lui mettrais un grain ? à ce point )

Moi aussi, vous me tentez ; je vais aller voir du côté de la Médiathèque

Utopie a écrit:

(tu lui mettrais un grain ? à ce point )

oui et je vais l'offrir autour de moi !
un des avantages de la lecture = idée cadeau

Mendelsohn, les disparus, Flammarion.

Deux extraits pour illustrer le sort des Jäger - et les turbulences de l’Histoire.

Citation :

Pour eux, l’allemand restait la langue supérieure, officielle […] une langue qu’ils avaient apprise dans une grande et unique salle de classe où était accroché (je l’ai appris) un grand portrait de l’empereur austro-hongrois, François Joseph Ier, qui serait ensuite remplacé par celui d’Adam Mickiewicz, le grand poète polonais, puis par celui de Staline, puis par celui d’Hitler, et puis par celui de Staline, et enfin -bon,- arrivé à ce point, il n‘y avait plus de Jäger pour aller à l‘école et voir quel portrait s‘y trouvait accroché.

Citation :

Il y a une plaisanterie que les gens de cette partie d’Europe de l’Est aiment raconter, qui explique un peu pourquoi les prononciations et l’orthographe ne cessent de changer : c’est l’histoire d’un type qui est né en Autriche, qui est allé à l’école en Pologne, qui s’est marié en Allemagne, qui a eu des enfants en Union Soviétique, et qui meurt en Ukraine. Pendant tout ce temps, dit la plaisanterie, il n’a jamais quitté son village !

Rien d’étonnant à ce que les disparus commencent par l’évocation des rites funéraires. Mais en même temps constat d’une impossibilité :

Citation :

Il est impossible de prier pour les morts si vous ne connaissez pas leurs noms.

Aux silences des assemblées funéraires, s’ajoutent les silences familiaux : ceux sur des personnages dont on ne parle pas.

La tradition juive qui donne à un nouveau-né le nom d’un ancêtre, et la ressemblance physique de l’auteur avec le visage d’un disparu, poussent l’auteur à rassembler indices et témoignages pour mener une enquête à la fois personnelle, familiale, et universelle.
Voyages au pays d’origine, le village de Bolechow en Pologne, rencontres de survivants en Amérique, en Australie etc. sont l’occasion de méditer sur les relations humaines, le problème du mal, la destinée des êtres et des peuples.

Citation :

C’est un fait bien établi que la plupart des actes de sauvagerie les plus violents perpétrés contre les Juifs de l’Europe de l’Est l’ont été, non par les Allemands eux-mêmes, mais par les populations locales de Polonais, d’Ukrainiens, de Latviens, par les voisins, les intimes, avec qui les juifs avaient vécu côte à côte pendant des siècles, jusqu’à ce qu’un délicat mécanisme des grippe et qu’ils se retournent contre eux. Il y a des gens qui trouvent çà étrange - à commencer par les Juifs eux-mêmes. Plus d’un survivant que j’ai pu interviewer, dans les années qui ont suivi ce premier voyage à Bolechow a exprimé sa sidération, sa colère ou sa rage devant le fait que des gens qu’ils avaient considérés comme ses voisins ont pu tout à coup, devenir des tueurs.

et encore, d'une façon plus personnelle, l'auteur ayant relaté sa jalousie d'enfance vis à vis de l'un de ses frères, jalousie qui le conduit à la violence : il lui casse le bras ...

Citation :

Ceux sont ceux qui ont été trop intimes avec vous, vécu trop près de vous, vu trop de votre douleur ou de votre envie ou, peut-être plus encore, de votre honte, que vous pourriez au moment crucial, facilement rompre, exiler, exclure, tuer.

J'en suis à la moitié de l'oeuvre, il a été question du bras cassé, mais cet épisode est sans doute développé plus loin.

Je me pose la question d'une "écriture juive". (1)

Comme chez Amos Oz, on s'intéresse beaucoup à la langue. Cela peut venir de plusieurs facteurs historiques et culturels.

Les Juifs, dans ces romans, viennent de plusieurs pays, et la langue qu'ils emploient est un creuset de langues diverses. Ils sont tous polyglottes, et la langue varie très vite avec les générations, comme le dit Amos Oz.

D'autre part, je retrouve cette étude linguistique dans l' examen des textes sacrés - Mendelsohn entrecoupe son histoire de commentaires de la Bible à différentes époques, sur les thèmes des frères ennemis, de l'apparition du mal, de Dieu face à sa création.

(1) je sais bien qu'il s'agit d'un concept douteux. A l'exposition Soutine l'idée d'une "peinture juive" - pour l'essentiel d'origine antisémite !, était réfutée. Je pose quand même la question.

mona a écrit:

et encore, d'une façon plus personnelle, l'auteur ayant relaté sa jalousie d'enfance vis à vis de l'un de ses frères, jalousie qui le conduit à la violence : il lui casse le bras ...

C'est étonnant l'importance que des lecteurs donnent à ce fait sur lequel les critiques de france-culture avaient aussi insisté dans l'entretien ci-dessus avec l'auteur.

C'est l'occasion de voir pourquoi on a pu rapprocher Mendelsohn de Proust : ampleur des phrases musicales, jeu de comparaisons sur plusieurs strates temporelles, hypothèses diverses envisagées, goût de l'analyse etc.
Chez Proust, la chute est souvent humoristique, ici le contexte ne s'y prête guère.

Citation :

"Je pense à d'autres choses dans l'histoire de ma famille, des choses qui appartiennent à un passé plus lointain, et d'autres plus récentes.
Je pense à la façon dont, quand j'avais dix ans et lui huit, j'ai cassé le bras de mon frère Matt, cassé comme çà dans un accès de rage au cours d'une bagarre, un jour, dans le jardin derrière la maison de mes parents, cassé comme on casse une branche, et maintenant je sais que, quelle qu'ait pu être la raison immédiate de ma violence, les raisons véritables étaient plus troubles : la couleur de ses cheveux, le fait qu'on lui avait donné comme deuxième prénom Jaeger, que je croyais mériter plus ; le fait qu'il aimait le sport et avait des copains à l'école, le fait qu'il était né trop vite après moi."