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| | Annie Proulx | |
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+3Monique Rannou rotko Dindon 7 participants | Auteur | Message |
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Dindon pilier
Nombre de messages : 2737 Date d'inscription : 20/07/2008
| Sujet: Annie Proulx Ven 09 Jan 2009, 21:28 | |
| Les Pieds dans la boue, Rivages 2001 Une suite de nouvelles, servies par une virtuosité littéraire remarquable, évoquant un milieu mal connu, de l'intérieur : celui des cow-boys. Première nouvelle : une histoire d'hommes qui vire à l'histoire d'amour entre deux cow boys, traînant des enfances d'humiliés (pédérastie honnie dans ces milieux là), qui vont s'aimer follement, jusqu'à la tragédie, l'assassinat de l'un d'entre eux pour cet odieux péché. Un monde brutal, sans concessions, avec des rites de "mâles", dont les fameux rodéos, qui ramènent une gloriole sans éclat et quelques sous à ces voyageurs intrépides, ces héros vivant en vase clos, entre eux, et avec l'animal. L'écriture est âpre. Pour un monde qui ne l'est pas moins. Deuxième nouvelle : un jeune homme ébloui par le rodéo et voulant en faire sa carrière. Des descriptions admirables de sa cruelle passion, impliquant blessures et combats. Cette lutte recherchée avec l'animal cache une mère oublieuse de son premier devoir : aimer son enfant. Des personnages qui boivent, ont un rire gras ou une délicatesse de jeune fille, traînant de ranch en ranch, dans une Amérique rugueuse : celle de la terre et de la poussière. Si vous aimez le Wyoming et ses paysages agressifs, les moeurs à l'état brut, cachant pourtant des coeurs brisés et des fêlures inavouables, lisez-le. Le rodéo est une tradition violente pour les chevaux (dénoncée aujourd'hui). Mais les hommes qui s'y adonnent masquent d'une virilité apparente des aspérités profondes. Une exploration psychologique, sociale et historique magistrale. Annie Proulx est unanimement saluée comme une grande dame des lettres Américaines. (Elle est en réalité franco-canadienne) Ses personnages vous collent à la peau... | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Annie Proulx Sam 10 Jan 2009, 07:35 | |
| ah ! oui, ça me revient !
Brokeback Mountain, Grasset, 2006 (extrait du recueil Les Pieds dans la boue), nouvelle parue pour la première fois dans The New Yorker en 1997 pour laquelle elle a aussi obtenu un 2e Prix Pulitzer. | |
| | | Monique Rannou pilier
Nombre de messages : 670 Date d'inscription : 21/04/2008
| Sujet: Re: Annie Proulx Sam 10 Jan 2009, 09:55 | |
| De la dame, j'ai lu aussi "Nouvelles histoires du Wyoming", et offert dans la foulée son dernier recueil de nouvelles "C'est très bien comme ça ! ", qui a eu des critiques plus que bonnes dans la presse. Elle a le talent de nous faire aimer l'amérique profonde, loin des grandes villes, des bribes de vie de gens normaux qui n'ont rien d'exceptionnel... Et chez elle, toujours l'omnipresence de la nature, aussi bien végétale qu'animale ... à un tel point qu'elle me donnerait envie d'aller voir tout cela par moi-même ! | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Annie Proulx Sam 10 Jan 2009, 10:49 | |
| son dernier recueil de nouvelles C'est très bien comme ça 2008 Grasset : à nouveau les habitants du Wyoming - Citation :
- Appartenant à des mondes où les traditions s'effondrent, les cow-boys à peine sortis de l'adolescence, les femmes des ranchs, les vieux pionniers font preuve d'une résignation toujours teintée de fierté et d'orgueil.
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| | | Bernique pilier
Nombre de messages : 2029 Localisation : complètement à l'Ouest Date d'inscription : 03/01/2008
| Sujet: Re: Annie Proulx Sam 10 Jan 2009, 17:28 | |
| Nœuds et dénouement (1993) m'a laissé un excellent souvenir, à la fois drôle et grave. Le début est assez sordide, dans une ville laide et un univers glauque. Le héros, Quoyle est un journaleux abonné aux chiens écrasés. A la mort de sa femme, il se retrouvé chargé de famille : deux gamines et une vieille tante. En désespoir de cause, il accepte un poste à Terre-Neuve où il sera chargé de rédiger les chroniques des entrées et sorties des bateaux du port. Terre-Neuve est la terre de ses ancêtres. Il faut croire que le vent du nord peut arriver à chasser le mauvais sort. Il va découvrir la vie frustre des habitants, y trouver son compte et tout mettre en œuvre pour reconstruire la maison familiale en ruine. Annie Proulx a obtenu le Pulitzer pour ce roman. - Spoiler:
Récit de quelques années de la vie de Quoyle, né à Brooklyn et élevé ici et là dans des bourgs lugubres du nord de l'État.
Pustuleux, les tripes bruyamment parcourues de vents et de crampes, il survécut à son enfance; à l'université, une main plaquée sur son menton, il masqua ses tourments sous les sourires et ' le silence. Cahin-caha, il passa le cap de la trentaine, apprenant à dissocier ses sentiments de sa vie, sans rien en attendre. Il mangeait prodigieusement, adorait le jarret de porc, les patates au beurre. Ses jobs : représentant de distributeurs automatiques de bonbons, employé de nuit dans une épicerie de quartier, journaliste de troisième catégorie. À trente-six ans, désespéré, débordant de chagrin et d'amour déçu, Quoyle mit le cap sur Terre-Neuve, le rocher qui avait vu naître ses ancêtres, un pays où il n'avait jamais envisagé de mettre un jour les pieds.
Un pays noyé d'eau. Et Quoyle redoutait l'eau, il ne savait pas nager. Cent fois le père l'avait forcé à lâcher prise et l'avait balancé dans les étangs, les rivières, les lacs et les vagues. Quoyle connaissait le goût de l'eau saumâtre et des algues.
Hormis cette inaptitude à barboter, le père avait vu d'autres déficiences se multiplier chez son plus jeune fils, telle une prolifération de cellules malignes : incapacité de parler distinctement; de se tenir assis correctement; de se lever le matin; des aptitudes limitées; une ambition limitée, des talents limités; à dire vrai, des limites en tout. Le reflet de sa propre incapacité.
Quoyle traînait les pieds, dépassait d'une tête les autres enfants, était du genre mollasson. Il le savait. « Ah, quel lourdaud », disait le père. Pas vraiment pygmée lui-même. Et le frère Dick, le favori du père, faisait mine de vomir lorsque Quoyle entrait dans une pièce, sifflait : « Gros lard, morveux, morfal, gros plein de soupe, crétin, bombe puante, sac à pets, pot de graisse », le bourrait de coups de poing et de pied jusqu'à ce que Quoyle se roule sur le linoléum, la tête dans les mains, pleurnichant. Tout ça à cause de la principale incapacité de Quoyle, celle d'avoir l'air normal.
Une espèce de grosse miche de pain ramollie, voilà ce qu'il était.
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Annie Proulx Ven 16 Jan 2009, 07:06 | |
| Je suis conquis par les pieds dans la boueLa première nouvelle, Brokeback mountain; à l'origine du film, montre une passion qui dépasse ceux qui l'éprouvent. S'il fallait une seule image pour vanter ce récit, je choisirais celles des chemises : - Citation :
- La chemise lui parut lourde et il découvrit qu'il y en avait une autre à l'intérieur, les manches soigneusement enfilées dans celles de Jack. C'était sa propre chemise à carreaux, perdue depuis longtemps, avait-il cru, dans une putain de blanchisserie, sa chemise sale, la poche arrachée, les boutons en moins, volée et dissimulée par Jack à l'intérieur de sa propre chemise, comme deux peaux.
Le pur-sang bai, une nouvelle de deux pages, amusante et cocasse, où les personnages sont bien respectés dans leur essence. Certains auteurs ne finissent pas leurs nouvelles ou tentent à peu de frais de leur donner un prolongement avec des points de suspension. ce n'est pas vrai pour Annie Proulx, elle vous donne en viatique une petite maxime (d'humour noir parfois) : - Citation :
- Quand vous habitez loin de tout, il faut savoir s'amuser tout seul
. in Cinquante-cinq miles jusqu'à la prochaine pompe. | |
| | | fontelle pilier
Nombre de messages : 2068 Age : 77 Localisation : Anjou Date d'inscription : 15/06/2006
| Sujet: Re: Annie Proulx Ven 07 Aoû 2009, 20:27 | |
| Je vois que " C'est très bien comme ça" a déja été découvert par d'autres Je dirai donc simplement que le style d'Annie Proulx est toujours excellent, son sens de la nouvelle fabuleux, et que j'ai trouvé qu'elle avait su , dans ce recueil, renouveler son genre puisqu'on y trouve deux nouvelles "fantastiques" fort drôles et grinçantes: - J'ai toujours adoré cet endroit-La farce du marais
Et une autre fantastique/épouvante à la manière de stephen King, mais tellement plus amusante par son côté décalé: - L'enfant armoise | |
| | | Nymphéa pilier
Nombre de messages : 1480 Age : 70 Localisation : Nord Date d'inscription : 28/12/2008
| Sujet: Re: Annie Proulx Mer 12 Aoû 2009, 08:47 | |
| Nouvelles histoires du Wyoming
Onze nouvelles plus ou moins longues. Les plus courtes sous formes de fables avec animaux bavards et cocasses. Celles se situant dans le village de Elk Tooth, 80 habitants, trois bars ; tragi-comiques. Celles plus longues évoquant différents personnages habitant le Wyoming et les raisons et déraisons qui leur font aimer ce monde. Mode de vie dans cet endroit sans devenir. Sécheresse, difficultés de l’élevage, ranchs morcelés, exploitation du méthane, pollution et contamination des eaux, arrivée du tourisme ou des riches citadins en quête de dépaysement…Tout est évoqué sobrement, avec lucidité, et une pointe de dérision, mais une grande sensibilité et un amour profond de l’auteur pour ce pays. La magnificence des paysages, leur beauté sauvage. Les personnages sont croqués avec justesse et les pourquoi et les comment de leur vie amenés par petites touches simples et sans pathos ; relations familiales, relations de travail, relations à la terre, solitude, errance, alcoolisme et paupérisation…Diverses facettes de ceux qui essaient de vivre ou survivre dans cette région rude. Mais encore si belle ! Pour combien de temps ? | |
| | | mimi54 pilier
Nombre de messages : 550 Age : 55 Localisation : nancy Date d'inscription : 11/03/2010
| Sujet: Re: Annie Proulx Sam 16 Avr 2011, 18:45 | |
| Brokeback Mountain
Dans cette courte nouvelle il faut savoir passer outre le langage osé, et abrupte, qui colle bien à la rudesse des cow-boys, pour se laisser emporter par la magie des montagnes du Wyoming, et des grands espaces. Derrière la rugosité verbale de nos deux personnages, il se dégage une sensibilité à fleur de peau, une amitié et un amour que rien ou presque ne viendra détruire. Parce qu’il n’est pas facile, dans cette partie de l’Amérique, d’aimer différemment. Parce là aussi, il faut encore faire semblant pour pouvoir glaner ici ou là quelques moments, rares mais intenses de bonheur. Ce récit est émouvant, apaisant. Son adaptation au cinéma m’avait laissé, à sa sortie, un excellent souvenir, m’avait enchantée tant par la beauté des paysages, que par la beauté cette l’histoire intime de Jack et Ennis. Je ne suis pas une grande adepte de nouvelles, cependant, celle-ci étant extraite d’un recueil Les pieds dans la boue, je me laisserai volontiers tenter pour faire plus ample connaissance avec Annie Proulx.
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| | | | Annie Proulx | |
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