Patrick Rambaud et nicolas Ier

S'agit-il d'un document historique ? sans doute que non !



Chronique du règne de Nicolas 1er de Patrick Rambaud chez Grasset.

Entre farce et chronique, précise Rue89 qui cite ce passage :

Citation :

"Toujours dans l’esprit de rompre avec les coutumes d’avant, l’Impératrice se chargea du portrait officiel, mandant pour cela un spécialiste des starlettes qui devait apporter du neuf.

Eh non! Là aussi, on renoua avec la tradition en posant le Souverain devant la même bibliothèque que le roi Mitterrand qui, lui, tenait à la main un livre de M. Montaigne. Sa Majesté ne tenait aucun livre car ne savait comment cela se tenait."

Citation :

« Même parvenu, Notre Précieux Souverain ne trouva point la paix en lui-même, tant il restait secoué en continu par des nervosités.
Qui l’a vu fixe et arrêté ? Il ne bougeait que par ressorts.

Si vous le retardiez dans sa course, vous démontiez la machine. Il marchait des épaules avec une façon personnelle de se dévisser le cou, remuant par courtes saccades comme s’il était engoncé dans un costume que lui taillait pourtant à sa mesure un artiste italien de renom. (…)

Quand il parlait en public, plusieurs fois dans une même journée, il se rengorgeait ainsi qu’un pigeon et se livrait à de curieuses contorsions pour animer ses dires… »

on parle de notes à la "la (lalère) bruyère", l'ironie fait penser à Montesquieu.

patrick Rambaud a ecrit plusieurs livres sur l'Empire

voici la présentation de radio france :

Citation :

Spécialiste du pastiche littéraire, Prix Goncourt 1997 pour "La bataille", Rambaud raconte l'arrivée du nouveau monarque à l'Elysée et les petits secrets de la cour dans le style des chroniqueurs de l'épopée napoléonienne.

Son portrait de "Notre Bien Aimé Monarque", "Notre Splendide Souverain", hésite entre l'impertinence érudite et la franche moquerie. "Sa taille était à ce point médiocre qu'il lui fallait par tous les moyens se rehausser", écrit-il.

Et "les courtisans" du gouvernement passent bien sûr à la moulinette: de la baronne d'Ati, "une Mauresque des bords de scène", au cardinal de Guéant à "la cervelle en forme de classeur". Quant au duc de Sablé, François Fillon, il avait, écrit-il, "l'humilité des dévots et la mise d'un chef de rayon".

Rien n'échappe à Patrick Rambaud, ni l'entrée de sa majesté en short, "exhibant de gros mollets comme si elle rentrait du camping", ni l'arrivée du "Bédouin qui régnait à Tripoli... fort en gueule et fantasque".

Sa "Chronique" ne serait pourtant qu'un exercice de style s'il n'épinglait la politique du "Tout Frais Souverain" et les valeurs actuelles de la France: "au lieu de promettre, il affirmait, et en affirmant des choses différentes aux différents groupes auxquels il s'adressait, il pratiquait un brouillage fort déconcertant".

C'est pas tous les jours qu'on rigole, parole, alors esbaudissons-nous avec un memorialiste qui a de la verve :

Citation :

Les choses qui précédèrent et suivirent aussitôt le jour de l’An méritent une sorte de panorama, parce qu’elles servirent de fondement à un chapelet de faits considérables.

Sa Majesté devait avant tout effacer la tonitruante visite du Bédouin de Tripoli qui s’était attardé dans Paris, provoquant mille embarras par ses caprices, jusqu’à cette partie de chasse d’un quart d’heure, à Rambouillet, où notre invité ne réussit point à tuer même de très près les faisans malades et le dindon empaillé qu’on lui lança sous le fusil.

Selon un principe que nous avons précédemment étudié, un événement éclatant devait recouvrir cet événement pénible, et le ridicule qu’il nous fit subir. Ce fut l’apparition de la comtesse B.

Visitez la suite imperiale .

La revue Lire de ce mois-ci donne un extrait d'où j'isole ce court passage :

Citation :

"Notre splendide souverain penchait pour un slogan adapté aux temps nouvaux : Travail, Famille, Patrie.
Alors les mots s'inversèrent, l'ambition devint la sincérité, la compétition devint la conviction, et l'autosatisfaction, la joie de vivre".

Est ce quelqu'un a lu Marguerite Duraille, Mururoa mon amour,pastiche de patrick Rambaud sur Marguerite Duras ?

le sacrilège est une autre forme d'abordage

Non je ne connais pas, j'avais vu un concert de Font et Val avec une satire de M. Duras, bon j'avais trouvé ça un peu au raz des pâquerettes... cela manquait de finesse

Patrick Rambaud a été élu nouveau juré Goncourt ainsi que Tahar Ben Jelloun, en remplacement de François Nourissier et de Daniel Boulanger qui ont démissionné en début d'année.

Écrivain à la plume alerte, à tel point qu’il l’a mise au service d’autres scripteurs moins doués, Patrick Rambaud livre avec la chronique du règne de Nicolas 1er (Grasset) un pastiche qui sent le Saint-Simon réincarné.

On y voit des « portraits » hardiment brossés, certes celui du Monarque capricieux, brouillon, et agité, on s’en doute, mais aussi celui de la Baronne Dati, pondeuse compulsive de textes répressifs, du Comte d’Orsay, ancien médecin humanitaire, transfuge converti au pragmatisme et à Johnny walker Bush, de la Marquise de la Garde, grande prêtresse de la Phynance et de la Bourse réunies, de l’Impératrice au sourire contraint et aux humeurs imprévisibles…

Car c’est une fresque déjà passée, que bien des épisodes cocasses ont actuellement enrichie, car le règne est fertile en personnages : On goûte les traits et turpitudes de M. de la Porte, théoricien et praticien du fair play tous azimuts etc.

On aurait aimé que Rambaud entonne un couplet sur la nouvelle Impératrice, offrant son dernier album à des ministres émus qui en assurent la promotion, et prenant le toit de l’Elysée comme piédestal de son ascension.

Néanmoins la lecture de cette chronique insolente permet un retour sur les premiers temps du quinquennat, tout en caractérisant ce qu’il implique : un souci du « résultat » à obtenir par tous les moyens - y compris les trucages, une culture « populaire » et sans subventions, une traque sans relâche des sans papiers assortie de mille tracasseries pour les obtenir etc..

Quelle époque ! Attendons la suite…

L'humour, l'ironie, les situations farcesques et les traits cruels constituent l'agrément de cette lecture.

Rambaud met aussi le doigt où ca fait mal :

- le tout génétique, qui permet de reconnaître un "malfaisant" dès les premières années, inquiète le lecteur, et Rambaud devient alors un moderne moraliste qui a lu et mis à profit la dénonciation voltairienne.

- A propos de la loi sur la récidive, il pointe des abus évidents :

Citation :

" Quand on vit les premiers résultatsde laloi sur la récidive acceptée par le parlement en août, ce fut consterant car il sembla que nous retournions dans l'univers malsain que décrivaient MM. Zola et Hugo, lorsque celui-ci qui était condamné pour un premier larcin se retrouvait au second envoyé au bagne".

Et Rambaud de citer avec les "Gazettes" des cas odieux :

Citation :

"un jeune garçon s'acharnait avec un tournevis sur un distributeur de boisson, non parce qu'il avait soif, mais pour récupérer les pièces...Il n'en était pas à son premier méfait. Un an plus tôt, il avait été appréhendé en flagrant délit parce qu'il avait dérobé une barquette de fraises dans un marché.

La peine plancher, comme on disait alors, s'appliqua de suite et il fut envoyé en prison pour deux ans."

.

Citation :

"On vit la confusion et le dérèglement de cette loi qui frappait à l'aveugle le jeune perdu et le gros voyou".

Vraiment, tu recommandes ces chroniques ? J'ai quelques réticences à les lire pour trois raisons :

1) J'ai lu le mois dernier L'Idiot du village et j'ai trouvé ça très pauvre et sans intérêt. C'est le premier livre que j'ai lu de Rambaud dont une amie m'avait parlé avec enthousiasme et j'ai été très déçue. Peut-être suis-je tombée sur son plus mauvais livre...

2) Je lis toutes les semaines avec avidité les chroniques de Jacques Julliard dans Le Nouvel Observateur. Evidemment, il parle souvent de Sarkozy. Julliard est un homme brillant, très cultivé et qui propose le plus souvent des analyses très fines de l'actualité dans un style que j'admire.

3) J'ai lu les extraits des Chroniques que l'on trouvent sur ce fil et à part un bon passage sur la "culture du résultat", rien n'a retenu mon attention (et encore, le passage prend un peu de fond grâce à une citation de François Mitterrand : "Je suis le dernier. Après moi, il n'y aura que des comptables"). Rien n'est mis en perspective, les enjeux ne sont pas mis en évidence, le narratif l'emporte sur l'analytique. Peut-être est-ce le genre choisi que veut cela mais cela ne me convient guère. Et je trouve que le style de Rambaud manque de sel, surtout avec de telles intentions satiriques. Je ne peux m'empêcher de comparer Rambaud à Julliard même si le contexte d'écriture, le genre et le registre (comme on dit maintenant) sont différents et je trouve que Rambaud n'apporte rien, ne tient pas la distance, ne soutient pas la comparaison.

Enfin, je suis peut-être trop critique... Il est vrai que je n'ai lu que quelques extraits de son livre.

Citation :

le narratif l'emporte sur l'analytique

c'est en effet le postulat de base.

Il s'agit d'un divertissement littéraire qui requiert la complicité du lecteur. Celui-ci lit des nouvelles qu'il connaît déjà, dans un style suranné "grand siècle", et non plus comme chez Jullliard une chronique journalistique qui veut instruire/éclairer le lecteur.

Ici la dérision l'emporte sur l'analyse, et on ne tombe pas dans le réquisitoire.

Au lecteur de poursuivre les pistes esquissées, d'autant que le règne continue, avec son lot *d'inconséquences, ou de *scandales, ou d'*énormités ou de ce que vous voudrez : le lecteur choisit.

le livre l'invite à rire des puissants du jour et de leurs "grands faits et gestes". Là s'arrête son ambition.

Deuxième Chronique du règne de Nicolas Ier Patrick Rambaud, Grasset – 2009

La deuxième chronique est parue et sur le blog d'Alain Mabanckou, on s'amuse de ce pamphlet aux allures de grand siècle.

Citation :

Le porte-plume Guaino, assurément immense lecteur de Tintin, est ignare en penseurs anciens. Au garde-à-vous, se tient le baron Bertrand, « rond de partout et surtout des chevilles ». On peut compter sur lui, car il « dispose d’une collection de canines taillées pour mordre.»

Le duc de sablé, M. Fillon, le sait. Résigné au rôle d’avaleur de couleuvres, il rase en chanoine dévoué les murs de son propre ministère, craint le renâcleur comte Copé tapi à la chambre basse, et redoute les courtisanes : La poudrée comtesse d’Albanel, la capricieuse princesse Sénégauloise Rama, la baronne d’Ati qui garde « les sceaux et les robes prêtées par M. Dior.» Toutes sont éberluées par le comte d’Orsay, habile dans « l’art de verser de la vaseline par pots entiers dans les oreilles du prince. »

Pendant que le parti social étrillé s’étripe, le parti impérial et Notre Leader munificent s’écrient : « La politique, c’est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. »

Notre frénétique Souverain, déguisé en marchand du nucléaire et en parapheur de contrats, nous rappelle l’augure funeste d’un expert Florentin, Mitterrand : « Je suis le dernier. Après moi, il n’y aura que des comptables. »

Quatrième chronique du règne de Nicolas 1er.

"ce pastiche se dévore d'une traite" dit Ouest-France :

Citation :

Dans ce quatrième récit de vie à la cour, le lecteur replonge avec délice dans « la ruineuse affaire des vaccins de la baronne Bachelot », se souvient du chariot de la rentrée scolaire UMP de Luc Chatel, des roucoulades auvergnates et malsaines de « M. d'Hortefouille », des amours tunisiennes du « Transfuge Besson »...

Autant de colle aux basques de notre « Nerveux Souverain ».

bibliobs invite à relire la visite de kadhafi, reçu en grande pompe à paris :

Citation :

Les jours qui précédèrent aussitôt l’an 2008 méritent une sorte de panorama, parce qu’ils servirent de fondement à une suite de faits considérables. En hiver survint une calamité qui s’abattit droit sur Notre Foudroyant Monarque, et il faut ici détailler cette plaie dès son origine pour ne point rester sots.

A l’époque vivait dans le désert de Libye un calife redoutable de la tribu des Kadhafa ; on le connaissait partout sous le nom de Mouammar le Cruel. Grand au-dessus du commun, le teint jaunâtre, empâté des joues et parfaitement mal rasé, le museau flétri d’un rocker de Liverpool, avec l’air bédouin au possible dans son burnous en laine de chameau, il possédait un don particulier d’intrigue, de souterrains et de ressources de toute espèce.

la suite de cet extrait savoureux.

le Monarque décide de libérer la Libye. Bref, préparer l’avenir partout sauf ici, car le chômage guette, et les juges travaillent ; DSK, alias duc de Washington, est en robe de chambre.

quel titre pour la sixième chronique ?

Patrick Rambaud, l'auteur des Chroniques du règne de Nicolas Ier, travaille actuellement au sixième et dernier tome de son irrévérencieuse saga, à paraître en janvier 2013 chez Grasset.

Dans l'attente des résultats du second tour de la présidentielle, selon que son héros soit perdant ou gagnant, Patrick Rambaud envisage deux titres : Tombeau de Nicolas Ier, avènement de François IV, ou Comment Nicolas Ier sauva son trône.

Prochain opus annoncé : Fin de règne.