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| | Patrick Grainville | |
| | Auteur | Message |
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Quetschup pilier
Nombre de messages : 1739 Localisation : Tachkent Date d'inscription : 24/08/2011
| Sujet: Patrick Grainville Dim 16 Sep 2012, 16:30 | |
| Patrick Grainville est un romancier français né le 1er juin 1947 à Villers-sur-Mer (Calvados). Professeur agrégé de lettres, il obtient le prix Goncourt 1976 à 29 ans pour son quatrième roman, Les Flamboyants.
Patrick Grainville a beaucoup écrit sur l'Afrique, où il a effectué une mission de coopération. La main blessée (2005), confronte l'auteur à la fameuse crampe de l'écrivain. Grainville y fait part également de sa perception du métier de professeur du secondaire. Dans la vie, il est professeur de français au Lycée Évariste Galois à Sartrouville. Patrick Grainville est également critique au Figaro littéraire.
Romans
1972 : La Toison 1973 : La Lisière 1974 : L'Abîme 1976 : Les Flamboyants, prix Goncourt 1978 : La Diane rousse (variations sur le mythe d'Orion, le chasseur géant de l'antiquité). 1981 : Le Dernier Viking 1981 : L'Ombre de la bête 1982 : Les Forteresses noires 1984 : La Caverne céleste 1986 : Le Paradis des orages 1988 : L'Atelier du peintre 1990 : L'Orgie, la Neige, prix Guillaume le Conquérant, décerné par la Société des auteurs de Normandie. 1992 : Colère 1994 : Les Anges et les faucons 1996 : Le Lien 1998 : Le Tyran éternel 2001 : Le Jour de la fin du monde, une femme me cache 2002 : L'Atlantique et les amants 2004 : La Joie d'Aurélie 2005 : La Main blessée 2008 : Lumière du rat 2010 : Le Baiser de la pieuvre 2011 : Le Corps immense du président Mao
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| | | Quetschup pilier
Nombre de messages : 1739 Localisation : Tachkent Date d'inscription : 24/08/2011
| Sujet: Re: Patrick Grainville Dim 16 Sep 2012, 16:33 | |
| Le baiser de la pieuvre
C’est la plus célèbre des estampes érotiques japonaises d’Hokusai : Le rêve de la femme du pêcheur. Une femme nue s’abandonne aux caresses d’une pieuvre monstrueuse. Patrick Grainville raconte l’histoire de ce couple impossible. Sur une île japonaise, un village de pêcheurs vit au pied d’un volcan menaçant. Le bel adolescent Hanuo est aveuglé par la nudité d’une femme. Secrètement amoureux, il l’épie chaque soir et surprend son union voluptueuse avec la pieuvre.
Onirique, érotique, alchimique, allégorique, fantastique, volcanique, unique, philosophique, mélodique, hypnotique.
Autant d’adjectifs, nulle phrase superfétatoire pour qualifier cette œuvre admirable.
Remarquable.
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Grainville Dim 16 Sep 2012, 16:50 | |
| clic ! bonne idée, Quetschup, de parler de patrick Grainville, sans doute trop négligé sur GDS*. 248 p. Editeur : Points. La pieuvre est souvent associée à l'érotisme torride des Japonais, pas chez nous (plutôt l'horreur). | |
| | | Quetschup pilier
Nombre de messages : 1739 Localisation : Tachkent Date d'inscription : 24/08/2011
| Sujet: Re: Patrick Grainville Dim 16 Sep 2012, 18:08 | |
| Oui je trouve ^^ Mais j'en lirai d'autres c'est une certitude pour en reparler encore et encore ! | |
| | | Quetschup pilier
Nombre de messages : 1739 Localisation : Tachkent Date d'inscription : 24/08/2011
| Sujet: Re: Patrick Grainville Lun 17 Sep 2012, 05:11 | |
| Extrait:
La nuit venue, l’adolescent s’approcha comme d’habitude de la maison de Tô. Il guetta la jeune veuve, surprenant sa silhouette qui passait devant la fenêtre dans le halo de la lampe. Il ne distinguait rien de précis malgré le clair de lune, mais un bruissement, un mouvement de lignes, un volume ondoyant, une ombre de délice. Il écouta la jeune femme aller et venir, toucher des objets familiers, boire une dernière fois, avant de se coucher. Il entendit un froissement léger d’étoffe, de pagne défait. Puis le craquement de la couche. Et la lampe s’éteignit.Une forte chaleur submergeait encore le village. Un parfum de vase et de roseaux venait de la lagune. On n’entendait plus que les clapotis, la soie de l’eau. Et l’adolescent resta ainsi suspendu à écouter encore la maison de Tô endormie. Soudain le sol tressaillit. De la mer montèrent un grondement sourd, un roulement des fonds. Puis la terre palpita en deux pulsations vives. Le toit de la maison pencha, une partie bascula. Après un moment de saisissement et d’angoisse, l’adolescent se précipita pour porter secours à la jeune veuve. Elle n’avait pas poussé un cri mais il perçut un court gémissement. Il se saisit du panneau à demi effondré, le souleva, le déplaça. Dans le phare de la lune, il découvrit la nudité de Tô. La vision le frappa : toute la peau blanche et l’angle noir. Elle demeura un instant sur sa couche, dans la stupeur de la lune éclatante et du toit béant. Des appels retentissaient dans le village alentour, les gens jaillissaient des maisons. Il l’aida à se lever. L’épanouissement des cuisses traversa son regard, la rondeur des mamelons, leurs bouts foncés. C’est plus tard qu’il se souvint de ces détails. Mais, tandis qu’il s’empressait, il n’avait eu l’impression de ne fixer aucune image de Tô. Elle se ceignit d’une étoffe et sortit avec lui. On avait entendu un souffle, une grande rumeur de l’autre côté de l’île, derrière la masse du volcan. Des bébés pleuraient dans les bras de leur mère. Les vieux s’appuyaient sur leur canne sans rien dire. Des garçons couraient de tous côtés à la recherche des porcs et des buffles qui s’étaient enfuis de panique. Mais le village n’avait pas subi de dégâts sérieux. On connaissait les caprices et les colères du volcan Gû. La lagune brillait, à peine plus agitée de vagues. On voyait les halos des lampes se balancer sur les pontons et le long du rivage parmi les exclamations des pêcheurs. Ce furent la première surprise et la vision blanche qui s’incrustèrent dans l’esprit de l’adolescent, entaillant son être même. L’onde de la peau laiteuse, le sombre pubis.Les perceptions plus précises des cuisses, des seins, de l’ovale sinueux des fesses qui lui revinrent plus tard ne parvenaient pas à faire corps avec l’éblouissement initial. Elles en étaient désaccordées. Elles-mêmes restaient isolées les unes des autres. Elles surnageaient avec un relief poignant. Mais il ne réussissait pas à les composer dans une vision unique et harmonieuse de la femme qu’il avait désiré voir nue depuis l’enfance, son premier trouble. Ainsi il resta la proie de la fulgurante hallucination de la nudité de Tô qui l’avait subjugué quand il avait soulevé le couvercle du toit. Toute la substance de son cerveau, de ses nerfs fut livrée à ce velours de lumière. Il en fut violemment pénétré, pétri. L’empreinte de Tô immaculée, immobilisée d’effroi, son signe nu, le vaisseau de sa chair tatouée de noirceur.
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| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Patrick Grainville Lun 17 Sep 2012, 11:56 | |
| Très joli extrait Quetschup Je le note dans ma LAL, car ma bibliothèque a 4 titres dont celui-ci | |
| | | Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
| Sujet: Re: Patrick Grainville Mer 19 Sep 2012, 17:50 | |
| ça fait peur, non ? Quetschup.... j'ai horreur des pieuvres, mais d'un autre côté, je suis séduite par l'écriture, la délicatesse du style. Je vais voir si il est à la médiathèque. | |
| | | Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
| Sujet: Re: Patrick Grainville Mer 19 Sep 2012, 17:59 | |
| Bien sur, il n'est pas à la médiathèque ! | |
| | | Quetschup pilier
Nombre de messages : 1739 Localisation : Tachkent Date d'inscription : 24/08/2011
| Sujet: Re: Patrick Grainville Mer 19 Sep 2012, 18:28 | |
| Non ça ne fait pas peur Ysandre , c'est juste un livre sublime. | |
| | | Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
| Sujet: Re: Patrick Grainville Mer 19 Sep 2012, 21:09 | |
| l'extrait que tu en as donné m'a beaucoup plu. Mais... je sens que je vais encore acheter des livres chez Gibertjoseph ! hou !!!! bonne nuit Quetschup, je vais dodo | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Grainville Mer 03 Oct 2012, 09:35 | |
| je le commence, il y aura des choses à dire bon choix, je crois. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Grainville Lun 22 Oct 2012, 15:31 | |
| le baiser de la pieuvre, J’y vais en douceur pour commencer l’échange sans imposer mon point de vue. Pour moi ce récit s’apparente à un conte japonais qui renvoie à des estampes bien connues dans le registre : celle d’Hokusai qui donne le titre, mais on pourrait penser à d’autres thèmes, tels « les femmes au bain », ou « le couple face à face », « l’entrevue avec le moine », ou « le franchissement de la vague par le "bel adolescent" ». Le tout baigne dans l’érotisme, soit diffus, soit très explicite : il concerne la pieuvre lubrique, mais aussi, Allan, le naturaliste qui convoite l’adolescent Haruo, la jeune et jolie veuve, Tô, objet de regards concupiscents, Satho la libertine, très aguichante, fréquentée par Allan et fort intéressée par Haruo,.. Tous ces personnages se couvent du regard, avec des scènes de voyeurisme ( de la part d’Haruo, et aussi du naturaliste) pour se mettre en appétit, ce qui convient aussi au caractère visuel du récit dans le sillage des estampes japonaises. Le paysage se prête au désir : les créatures marines sont attirées par les terriennes, le volcan a de brusques poussées de fièvre, et sa silhouette verticale sur l’horizontale féminine de la mer pourrait bien être symbolique : l’éruption succède à l’érection, le mécanisme fonctionne bien. La culture de cette "île aux délices" s’appuie sur d’anciens cultes phalliques : le naturaliste s’y intéresse lui qui, de plus, est chasseur la nuit. La connaissance pousse à l’action, le thème de la chasse n’est pas seulement individuel, le navire traque aussi la pieuvre, croit-on un moment. Il faut dire que la réalité et fantasme se confondent, si bien que les scènes regardées peuvent être imaginées. Rien d’étonnant puisque la sensualité travaille les personnages. Le lecteur ordinaire ne verrait rien d’érotique dans une scène de labour en terre boueuse, pourtant ces animaux, et ces femmes dont les jambes nues s’enfoncent dans la vase, allument les désirs d’Haruo. Une odeur de vase fraîche de lait de buffle, de musc, de cochon sauvage montait de la matière fécondée. Et toutes ces immixtions entre les lèvres et les ourlets troublaient les femmes et les hommes. Cette dilatation de tous les sexes de l’eau sur le flanc de Gû. Haruo bandait dans l’odeur de son désir. Ce qu’il a vu dans la journée lui revient le soir. Objet du désir, il convoite lui aussi… | |
| | | Quetschup pilier
Nombre de messages : 1739 Localisation : Tachkent Date d'inscription : 24/08/2011
| Sujet: Re: Patrick Grainville Mar 23 Oct 2012, 08:09 | |
| très beau commentaire Rotko !
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Grainville Jeu 25 Oct 2012, 07:47 | |
| je fais pourtant quelques réserves :
trop de sensualité étouffe le texte, on sature par moments, d'autant que l'auteur, soucieux de nous éclairer, explique le lien entre des scènes : tel épisode rappelle "comme la pieuvre avec Tô", ce qui ne me paraît pas necessaire.
j'ai cru remarquer l'ambiguité de certains "il", representant soit l'ethnologue, soit l'adolescent.
Enfin ce passage relève de l'exhibitionnisme, conscient ou non...
Allan voyait miroiter la totalité du dos d’Haruo lisse et fin comme une cire.
Et un moment plus tard, pendant qu’Allan de face, sondait l’horizon, l’œil du garçon se fixa sur lui et aperçut la grosse veine bleue qui se tordait le long de l’abdomen sorti du short jusqu’à la limite du pubis dont grouillait la frange bouclée, dorée, criblée de goutte. Cet espèce de serpentement musculeux que la pointe du ventre allongeait en s’extirpant du short - un peu comme un mollusque émerge de sa coquille - l'hypnotisait.. | |
| | | Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
| Sujet: Re: Patrick Grainville Jeu 25 Oct 2012, 08:02 | |
| Je suis entrain de le lire, ton Excellence. Il y avait quelque chose qui me gênait... je le trouve, néanmoins magnifique par le style, mais tu viens de dire : - Citation :
- rop de sensualité étouffe le texte, on sature par moments,
et voilà ! je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus ! Il y a une délicatesse dans l'écriture, une impression d'entrer dans un décor étonnant et beau, chaque chose est empreinte de sensualité ... mais c'est peut-être trop ? | |
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| | | | Patrick Grainville | |
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