Dominique Bona

Dominique Bona est née en 1953 à Perpignan, elle est la fille d'Arthur Conte, homme politique, historien et écrivain. Journaliste et critique littéraire, elle a écrit plusieurs ouvrages, dont certains ont été distingués.

Citation :

Elle reçut le Prix Renaudot en 1988 pour "Le Manuscrit de Port Ebène", le Prix Méditerranée pour "Gala" en 1994, le prix Interallié pour "Malika" en 1992. wikipédia

Je ne vous parlerais pas beaucoup plus de son oeuvre, que je ne connais pas. J'évoquerais juste le seul ouvrage qu'elle a écrit et je viens d'achever Berthe Morisot : le secret de la femme en noir.
Voilà un livre que je me suis procurée il y a plus de 3 ans, lors d'une visite au Louvre. J'apprécie depuis longtemps les peintures de Berthe Morisot. Son oeuvre m'interpellait car le choix de ses sujets la distinguait de ces confrères impressionistes : essentiellement des jeunes filles à l'heure de la lecture, de la leçon de piano, dans le jardin... des sujets en apparence toujours très légers mais des visages empreints de mélancolie.
J'avais envie d'en savoir plus.
Et je me suis enfin plongée dans la biographie écrite par Bona.
Quelle surprise ! Quel mariage magique entre la vie et l'oeuvre de berthe Morisot et l'écriture sensible, mais pas mièvre, de D. Bona.
Sans romancer, mais avec sensibilité elle retrace la vie de Berthe seule parmi ces confrères masculins impresionnistes, s'appuyant sur ses peintures et sa correspondance.
Berthe, fragile, sensible mais capable d'une force extraordinaire. Sacrifiant tout à la peinture, alors que rien ne destinait cette jeune fille bourgeoise à une telle destinée.
Sous la plume de Dominique Bona, Berthe prend vie, on la voie tenir ses pinceaux en compagnie de sa soeur Emma, copier des chefs d'oeuvre au Louvre. On sent sa determination à mourir vieille fille plutot que se sacrifier au mariage s'il doit signer la fin de sa carrière. On ne peut qu'être ému en découvrant tout l'amour que Berthe porte à sa fille unique Julie.
Et tout à coup toutes les oeuvres de Berthe Morisot prennent une nouvelle dimension.
Je suis rarement touchée par un ouvrage comme j'ai pu l'être par ce livre.
Je ne sais pas si je retrouverais cette magie dans d'autres écrits de Dominique Bona, cela me semble peu probable mais j'ai bien envie de tenter l'aventure.

je te rejoins tout à fait sur la bonne appréciation que tu donnes de ce livre

"Le secret de la femme en noir".

L'incipit donne pratiquement la teneur du "secret", que l'ouvrage mentionne ensuite avec des allusions transparentes. Là n'est pas l'essentiel. Dominique Bona, respectueuse de son sujet, présente une artiste à part entière dans l'univers de son époque.

Proche de sa soeur Edma et de sa mère, Berthe développe dans le cocon familial une forte personnalité, une volonté de fer qui lui fait poursuivre sa carrière dans une époque agitée, peu bienveillante pour les femmes peintres et les "Refusés" des Salons officiels.
Elle fait partie des "chercheurs de Vérité", - plus que de beauté académique, qui ont voué leur existence à la peinture (ou à la littérature).

Son idéal ?

Citation :

"fixer quelque chose de ce qui passe [..] la moindre des choses.. un sourire, une fleur, une branche d'arbre, et quelquefois un souvenir plus spirituel des miens, une seule de ces choses..."

Dominique Bona dresse des portraits d'artistes contemporains, des notices individuelles, et esquisse des parallèles avec une maîtrise qui évite le ton des "manuels".

Toute une époque revit, avec ses turbulences politiques - guerre de 1870 et Commune..., ses opinions, et ses figures emblématiques.

On y voit vivre l'intéressée, mais aussi ses proches, et on glane des renseignements intéressants sur les oeuvres - ainsi pour le "cerisier", p 261 et 313.

L'ouvrage se lit avec intérêt, encore que, facilité du genre, l'auteur dessine fortement, a posteriori !, les lignes directrices d'une vie qui dut avoir hésitations et détours.

Berthe Morisot : le secret de la femme en noir.

Berthe Morisot devient à l'heure de sa propre vieillesse, la peintre des jeunes filles en fleurs, dont elle montre les débuts dans l'existence, avec leur fraîcheur parfois ingénue.

Au total, une artiste qui s'est acceptée en tant que femme et a fait de la peinture un hymne à la jeunesse et au bonheur, même si la sérénité n'était pas le trait dominant de sa personnalité.

emportée dans mon enthousiasme j'ai créé un fil sur Berthe Morisot

Oui, tu as tout à fait raison, la biographie de Bona donne une image très rectiligne de la vie de B. Morisot. Mais en même temps, difficile d'apréhender cet aspect sans fortement romancer. Les matériaux sur lesquels s'apuyer manquent très certainement.

Et si je devais lire un autre ouvrage de D. Bona, vous me conseillez quoi ?

Tu as bien fait, il fallait créer ce fil !

je n'ai pas lu d'autres livres de Dominique Bona .

je serais assez tenté par le manuscrit de Port-Ebène chez grasset, journal d'une jeune Vendéenne à Haïti entre 1789 et 1793.

je viens de commencer une femme de Anne Dolbée sur la vie de Camille Claudel, et je découvre de Dominique Bona a écrit elle aussi sur cette femme ou plutôt sur le frère et le soeur : Camille et Paul, la passion Claudel.

Je garde un très bon souvenir de la lecture du "manuscrit de Port-Ebène". Belle écriture, histoire captivante. Lecture trop ancienne pour en parler plus, mais ce livre fait partie de la liste de ceux que je recommande quand on me demande des idées de lecture

Berthe Morisot : le secret de la femme en noir est un livre voyageur

le manuscrit de Port-Ebène achevé.
J'aurais peut être du attendre un peu avant de le lire. J'étais encore toute habitée par le mystère de la femme en noir, et je reste un peu sur ma faim cette fois ci.
L'écriture de Dominique Bona est tout aussi belle dans ce récit : légère, empreinte de poésie, de grâce dirais-je. Comme ses héroines d'ailleurs.
Comme Rotko le précisait, le roman retrace la vie d'une jeune vendéenne à Saint Domingue, lors de la révolution française.
Ce grand événement de l'Histoire est abordé par le petit bout de la lorgnette, du point de vue d'une jeune femme qui se décrit elle même comme légère et insouciante.
Mariée à un planteur, elle découvre la vie dans les plantations, l'esclavage, la culture noire. Elle se découvre également...
Le manuscrit relatant les mémoires de cette femme arrive dans les mains d'un éditeur, de nos jours.
Le récit de l'héroine et les réflexions de l'éditeur alternent. Ce qui permet lors des passages se rapportant à l'éditeur d'apporter quelques précisions historiques.
Mine de rien, Dominique Bona à l'air d'avoir fait pas mal de recherches pour ce sujet, mais la façon dont elle divulgue les infos est bien plaisante.
Ce que j'ai un peu regretté, c'est peut être l'impression que le style restait le même, que l'on lise les mémoires de l'héroine ou les reflexions de l'éditeur. Ce qui enlève du relief aux personnages.
Et puis cette héroine m'apparait un peu trop lisse. Malgré tous les évenements qu'elle traverse, elle semble si peu atteinte.
Quant à la fin... hélas, je m'y attendais depuis un bon moment, donc pas d'effet de surprise
Et puis, il y a un ou deux évenements relatifs à l'éditeur dont je ne comprends pas tout à fait le rôle dans le récit.
Mais cela va peut être venir ?

Camille et Paul, la passion claudel


Comme pourla biographie de Berthe Morisot, Bona fait preuve d'érudition, avec une écriture toujours aussi légère. On lit cet ouvrage comme un roman.
Mais toujours le souci de l'honneteté. L'auteur n'invente pas et certaines questions restent en suspend.
Ne connaissant que très peu le parcours de Paul Claudel, j'ai trouvé le parallèle entre le parcours de Paul et Camille enrichissant.
Quelques questions qui étaient restée en suspend au cours de mes lectures précédentes trouvent des élements de réponses;
Notamment comment interpreter les 14 visites de Claude à Camille en 30 ans d'internement ? Certes les fonctions du frêre ne facilitait pas ses visites, mais une certaine souffrance/culpabilité entrait également en ligne.
J'ai appris queques détails : il semble avéré (de l'aveux à peine voilé de Paul) que Camille ait subit un avortement, peut être plusieurs . le chiffre de 4 grossesses sont annoncées.
Bien évidemment, concernant Paul Claudel, j'ai découvert beaucoup plus !

Dominique Bona, qui a lu attentivement « le Livre de comptes » et «Nos vingt ans» de Clara, mais aussi « la Voie royale » et « l'Espoir», raconte avec beaucoup de délicatesse la vie de cette femme peu commune qui se décrivait elle-même comme «une sale môme de riches ». Elle livre le portrait d'une passionnée qui avait ressenti le nazisme « comme la lèpre», mais ne s'est jamais résignée à rien

Clara Malraux, par Dominique Bona, Grasset

l'itinéraire de la compagne de l'écrivain vue par bibliobs

la-petite-normande a écrit:

, le manuscrit de Port-Ebène il y a un ou deux évenements relatifs à l'éditeur dont je ne comprends pas tout à fait le rôle dans le récit.

le manuscrit de Port-Ebène chez Grasset.

j'ai la même impression ! Je ne saisis pas trop bien l’effet de mise en profondeur de l’éditeur Camus : celui-ci aurait trouvé le manuscrit d’une jeune femme du XVIIIe siècle. Quel intérêt ?

Or le récit de la jeune Vendéenne commence bien, et il se suffit à lui seul : mariée par correspondance ou relation, comme on voudra, elle prend le bateau pour Saint-Domingue où l’attend son époux.

Que de découvertes ! Paysages, plantations, faune, flore, parfums, et cette population de blancs expatriés, de mulâtres, d’esclaves et d’affranchis.

La documentation dont on sait l’importance pour Dominique Bona n’alourdit en rien un récit qui garde la fraîcheur de la découverte : Julien avait donc une compagne noire, des enfants bâtards non reconnus, et qu’il va retrouver à Port-au-Prince ?

Et dans cette île, où tout prolifère : végétation, insectes, animaux, noirs et blancs, elle n’enfante pas ?

On sera sensible à la population blanche locale : totalement désuète par l’habillement et les coutumes, ou comme Julien l’époux, progressiste dans les idées, mais détenteur d’esclaves, soucieux de dialogues mais autoritaire,

« Finalement il était à la fois, par son goût de l’ordre et le choix de la société dans laquelle il vivait, un homme de traditions. Et par son aspiration à une société plus juste et plus large, qui prenne en compte les différences de chacun par sa curiosité, son goût pour les idées nouvelles, une espèce de rebelle […] Autoritaire, mais tolérant, impérial et libre penseur, ami des peuples et tyran domestique… »

il est bien complexe pour une jeune épousée, assez sensible aux beaux corps dénudés de son quotidien.

Le « manuscrit » donne un son authentique qui dépayse en même temps qu’il instruit.

Rappel : Dominique Bona a écrit en 1996 Stefan Zweig, l’ami blessé.

Saint-Domingue était le nom de la colonie française dont est issu l’actuel État d'Haïti en 1804.

Dominique Bona excelle à rendre la voix de la jeune femme face à des univers inconnus, et même inquiétants :

Citation :

« La peur avait une présence, et presque une chair. On la sentait, on la devinait là, tout près comme la femme noire mystérieuse trophée empaillé de notre ami naturaliste : à la fois légende et vérité. Il me semblait qu’à certains moments où les étoiles donnaient à la nuit une clarté presque blanche, j’aurais pu la frôler ».

Mais il y a aussi cette attirance vers le mystérieux, le magique, voire le tabou. Il se manifeste sous la forme de contes locaux, de « superstitions », de cérémonies secrètes, de relations humaines dont les vrais enjeux ne sont pas connus.

Oui, le livre est intéressant et bien raconté, mais je fais deux réserves :

- l’histoire de l’éditeur contemporain, j’ai sauté les pages, elles ne m’intéressent pas, et cassent le rythme du roman.

- L’autre réserve, c’est de savoir qu’il s’agit d’un regard européen, d’une écriture agréable certes, mais léchée, soignée, et connue. Je préfèrerais une écriture locale. Je me permets aussi une remarque en forme de regret : les écrivains haïtiens nous sont connus et même familiers, mais ceux de l’actuelle république dominicaine, dont la langue est l’espagnol, ont beaucoup moins de notoriété.

Bonjour: je suis arrivée sur cette auteure que je ne connais pas à la suite de la page sur Stefan Zweig: lu de nouveau tout le fil; je ne peux m'en soustraire: Mon souvenir de tous ses livres (de stefan Zweig) sont gravés dans mon esprit et j'ai les larmes aux yeux car je suis sensible à son écriture et à sa vie fascinante et maheureuse.

"lettre d'une inconnue" je l'ai vue à la télévision, un film memorable et le dernier que j'ai lu "Le monde d'hier" sa vie, tout ce qu'il a vécu et perdu, livre autobiographique, nourri dans ses frustrations.

Dominique Bona, Deux soeurs, chez Grasset 382 p

Rien de moins banal que le destin de ces deux "muses" de l'impressionnisme, grandies dans une famille bourgeoise, libérale et passionnément éprise d'art. Autour d'elles gravitent les plus grands génies de l'époque, proches amis de leur père, le peintre Henry Lerolle.

Outre Renoir, Maurice Denis fait leur portrait. Debussy dédie son Jardin sous la pluie à sa "petite Mélisande", Yvonne, pianiste de talent avec qui il jouait. Leur oncle Ernest Chausson veille sur elles. "M. Degas", enfin, arrange leurs mariages avec deux frères d'une autre famille éprise d'art : Ernest et Louis Rouart.
Parce qu'ils sont malheureux à l'extrême, ces mariages forment le noeud du livre de Dominique Bona.

l'article du Point.

Dominique Bona - c'est bien elle qui a ecrit le livre sur Gala que je trouve traduit en bulgare? Tout ce que vous avez ecrit et ces "Deux soeurs' dont Rotko parle, c'est tellement passionnant!
En fait, j'aime beaucoup les romans biographiques, mais je me suis dit que je m'y consacrerai une fois libre, c'est-a-dire en retraite.

Ne me souhaitez pas, s'il vous plait que cela m'arrive vite, mais que suis plutot, une fois y arrivee, en bonne forme pour faire tout ce que j'ai note dans mon carnet fourre-tout.

cher ami rotko: je suis en veine ces derniers jours, je peux me procurer plusieurs livres de Dominique Bona( en français.)

1 Nous étions deux- la biographie de Clara Malraux.
2
Le manuscrit de Port-Ébène, prix renaudot1998
3
Il n'ya qu'un seul amour, l'histoire de trois femmes de différends pays, différentes elles mêmes ,qui ont en commun avoir été aimées pau un seul homme, l'écrivain français Emile Herzog, devenu "André Maurois"

si un jour GDS me demande l'un de ceux, je pourrais participer

Ce matin j'ai failli m'acheter de Bona Berthe Morisot mais ( heureusement ) j'avais oublié ma carte bancaire Ceci dit je l'ai noté pour un futur achat

«Deux Sœurs», de Dominique Bona, Ed. Grasset, ; «Camille Claudel, la femme blessée», Ed. Huitième jour

Quand Renoir peint les deux sœurs [Yvonne et Christine Lerolle, muses de l'impressionnisme] de 18 et 20 ans, c'est le tableau du bonheur. Elles ont la sécurité, la fortune, la beauté. Autour d'elles des gens exceptionnels: Yvonne joue Rimski-Korsakov à quatre mains avec Gide et aussi avec Debussy. Degas les photographie à tour de bras, Maurice Denis les peint jusqu'au plafond du Théâtre des Champs-Élysées… On est en 1897. Berthe Morisot est morte depuis deux ans et l'Académie s'ouvre aux femmes.

Renoir peint une fausse promesse, à l'aube de leur vie qui par leur mariage, basculera dans le drame. La société du XIXe - même la bourgeoisie éclairée - a des préjugés et des lois draconiennes sur les femmes : prisonnières d'un cocon doré, elles dépendent de leur père puis de leur mari. Yvonne aurait pu faire une carrière de chanteuse ou de pianiste, ou divorcer comme sa tante. Elle se suicidera. La bourgeoisie n'aime pas que ses filles aient des carrières artistiques. Berthe Morisot et surtout Camille Claudel l'ont mesuré.

un entretien de Dominique Bona sur le Figaro

Tiens, j'ai acheté Camille et Paul, la passion Claudel, un peu par hasard cet aprèm..........la lecture du fil me rassure et me donne envie d'en acheter d'autres de l'auteur. J'en parlerai prochainement de ce livre.

Je confirme que c'est une bonne biographe. J'ai beaucoup aimé Camille et Paul. Elle a un réel talent de conteuse tout en restant fidèle aux faits réels. Beaucoup de passages cités des œuvres de Paul que je découvre.
Je pense que maintenant Paul est tombé dans l'oubli et que Camille est devenue aussi célèbre que Rodin.

Une bonne biographie. On se rend compte du choix difficile des parents de Camille de devoir interner leur proche. Paul aurait pu la sortir plus tard mais bon personne n'est parfait..........Rodin ne l'avait jamais oublié et payait même ses œuvres avec des noms d'emprunts pour qu'elle puisse survivre.
Un beau livre.

Entrée à l'Académie Française, après s'y être présentée trois fois.

Elle est l'invitée La Grande Table (2ème partie)Entretien avec Dominique Bona écoutable en différé sur France culture.

Tout à fait le genre de livres que je recherche !    
J'avoue que je ne la connaissais pas ces romans de Dominique Bona
je pense commander Le secret de la femme en noir - la ville d'hiver - et les deux sœurs