Ghassan Kanafani [Palestine]

Ghassan Kanafani est un célèbre artiste palestinien, journaliste, auteur de romans et de nouvelles, dont l’œuvre est profondément enracinée dans la culture arabe palestinienne. Il a inspiré une génération entière de son vivant jusqu’à aujourd’hui, par ses actes et ses écrits.

Né à Acre (nord de la Palestine) le 9 juillet 1936, il a vécu à Jaffa jusqu’en mai 1948, quand il a été obligé de partir avec sa famille d’abord au Liban puis plus tard en Syrie. Il a vécu et travaillé à Damas, puis au Koweït et, à partir de 1960, à Beyrouth.

En juillet 1972, Ghassan et sa jeune nièce Lamis sont assassinés par des agents israéliens dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth.

Sa notice et sa bibliographie

Ghassan Kanafani, Retour à Haifa, Sindbad, Actes Sud.

Il s'agit d'un recueil de douze nouvelles, traduites par Jocelyne et Abdellatif Laabi.

J'ai lu la nouvelle-titre, Retour à Haifa, dont le thème comme la forme ne peuvent laisser indifférent.

Un couple palestinien revient à Haifa, 20 ans après leur expulsion, en 1948. Ils veulent revoir leur maison, maintenant occupée par une juive d'origine polonaise.

Inutile de trop en dire sur ce résumé, sinon que l'histoire, dense et complexe, frappe le lecteur. D'abord par les bruits de guerre, les paniques suscitées, et surtout par les situations engendrées. L'auteur dans son style ferme témoigne de la souffrance des expulsés revenant au pays.

Citation :

« Elle pleurait en sourdine. C’est alors qu’il se rendit compte de sa souffrance ; il ne pouvait l’évaluer de façon précise mais il savait que c’était une grande souffrance. Elle s’était tapie là depuis vingt ans et se dressait aujourd’hui comme un incroyable géant dans ses entrailles, dans sa tête et son cœur, dans sa mémoire et ses songes, et elle pesait jusque dans son avenir.

Il s’étonna de ne pas s’être demandé en quoi cette souffrance pouvait le concerner, dans quelle mesure elle s’était engloutie dans les rides de son visage, dans ses yeux, les méandres de son esprit. Comment elle l’accompagnait dans chaque bouchée qu’elle avalait, partout où elle avait vécu, dans chaque regard qu’elle jetait sur ses enfants, sur lui, sur elle-même. Aujourd’hui, tout cela jaillissait des décombres, de l’oubli et du chagrin… »

Le face-à-face des anciens et des nouveaux occupants de la maison est dramatique, et si l’auteur laisse voir de quel côté va son adhésion, le lecteur, devant la position et les réactions des personnages ne sait quel parti prendre.

Outre qu’elle est parfaitement écrite - et bien traduite, avec justesse et sobriété, cette nouvelle fait ressentir le déchirement des personnages et les souffrances de leurs choix.

Oh! J'ai cherché et ce titre est indisponible...

oui, c'est dommage car par l'intermediaire d'une nouvelle, on prend conscience d'un problème, sans pour autant être convaincu par la position personnelle de l'auteur.

C'était le cas avec l'Hôte d'Albert Camus : le personnage, confronté à une situation, adopte une attitude, c'est son droit, mais on peut en imaginer une autre.

Au moins, ces situations, concrètes, alimentent bien la réflexion.

Bonjour,
J'avais pas vu ce fil (pas très sérieux, l'animateur )
Ghassan Kanafani fut un très grand auteur palestinien, et on peut le dire, un nouvelliste au talent universel.
Hélas, son oeuvre traduite en français n'est presque plus accessible. Les éditions Stock (collection Arabesques) avaient également publié un petit recueil de nouvelles sous le titre Contes de Palestine, qui est un vrai bijou...