Mircea Eliade...BASILE !

Parler de d ‘Eliade? Ah, mais non, tu m ‘accable, il n’y a pas de mots pour te remercier effectivement ! Tu sais, on est un petit peu orientaux, trop « chaleureux » comme discours, nos excuses ! Passe-moi le le link, je t’en prie, on fera de notre mieux…docteur Pasquier, blague ? Si sérieux, détails, merci ! Bonne nuit, cher ami !

Tu viens d'ouvrir le fil.

Restera à l'alimenter. J'ai cru comprendre que le docteur pasquier - qui est un grain, connaissait l'auteur et ses thèses.

je mets le fil en sciences humaines ?

A propos de M.Eliade , j 'ai découvert un commentaire écrit par Ioan Petru Culianu, un Roumain né Jassy, Roumanie, son meilleur étudiant aux ETATS-UNIS, professeur a l 'Université de Chigago, un savant a son tour concernant l 'histoire des religions , asassiné en 1991 par.... ??? Le FBI décline sa compétence !
En voila un fragment :

" L’homme, dans la conception d’Eliade, subit ce qu’Erich Neumann appelait « le rituel du destin », ce qui équivaut à dire que, dans le monde d’aujourd’hui, le sacré n’est pas seulement « camouflé » dans le profane, mais que le profane est le sacré. On a reproché à cette interprétation son caractère « minimaliste », puisque l’exemple de Stéphane Viziru de Forêt interdite semble indiquer qu’au dernier moment, vu que la prémonition de Stéphane se réalise, on assiste à une vraie et propre irruption du sacré dans le profane. Mais il s’agit ici de la mort du personnage, qui rentre, en effet, dans une autre catégorie : « Il n’y a que deux expériences privilégiées, qui mettent directement l’homme au contact avec le “mystère de la totalité” : l’amour, comme quête de la totalité, et la mort comme “signe de lumière”, fusion dans le tout » (ib. 207-. La conclusion que, pour l’homme moderne, le profane est le sacré n’apparaît que plus légitime lorsqu’on la compare avec le mécanisme éliadien de la création du mythe dans le monde moderne, ce mythe qui n’est que fonction de décalage entre la simplicité de la réalité et le labyrinthe de l’interprétation. Certes, l’œuvre si touffue d’Eliade, l’horror vacui que manifeste son activisme frénétique, semblent infirmer l’idée qu’au fond son espoir le plus profond repose sur rien. Or, on peut justement interpréter l’effort grandiose du mystagogue, sa vocation pédagogique, son impérieux désir de venir à la rencontre des souffrances de ses congénères, comme une tentative pleinement réussie d’occulter cette vérité. C’est pourquoi, d’ailleurs, comme l’observait récemment le philosophe roumain C. Noica, Eliade est si peu philosophe dans toute son activité. Dans la conviction de bâtir sur rien, l’accent tombe, chez Eliade, sur « bâtir », celui de la philosophie occidentale sur « rien ». Bâtir sur rien c’est aussi la définition la plus convenable de la mystagogie éliadienne, de ce mythe qui, en son essence, est malentendu, contradiction entre le fondement de la maison (« rien ») et le bâtiment énorme qui ne se soucie nullement de reposer sur le négatif de tout fondement."
Ioan Petru Culianu

j'ai retrouvé les aspects du mythe !


l'auteur y étudie les structures du mythe, le temps des mythes et s'interesse particulièrement aux mythes des origines. Ce serait bien sot de mapart de vous priver d'une si belle lecture, aussi je vous invite à une promenade entre Mircea Eliade et Colette dans Sido !

Sido, c'est le récit de l'enfance, comme une genèse, un début mythique, perdu dans le temps primordial

Citation :

Il y avait dans ce temps là de grands hivers, de turbulents étés

avec la narratrice Colette :

Citation :

Je célèbre la clarté originelle.

La grand prêtresse : "Sido" la mère, divinité du lieu par le nom, les appellations et les actes

c'est une pythonisse qui "lève l'index", prévoit les évènements car "Avertie par ses antennes" et pare au plus pressé, par un marchandage avec les dieux primitifs :

Citation :

Elle vouait à des génies subalternes invisibles, une fraîche offrande. Fidèle au rite, elle renversait la tête, consultait le ciel

Elle déchiffre les Signes

Citation :

Trois robes sur l’oignon c’est signe d’un grand hiver

elle négociait d'Egale à Egal, car elle avait fait un pacte avec l'Est

On trouverait facilement, mais ce n'est pas le but d'une promenade, des Rites, des Signes et des Célébrations, avec le voisin comme prophète enrhumé car les personnages ont leur importance dans ce coin d'univers, que dis-je !, cet univers en gestation marqué par les points Cardinaux et leurs Collatéraux

On reconnait La bourrasque d’Ouest ! , La bise d’Est, l’ennemi, le beau froid sec et son cousin du Nord , le vent du Sud qui se levait à l'appel de Sido etc.

L'enfant y est parfaitement à sa place avec ses promenades à l'Aurore, elle qui goûte à l'Aube de sa vie, ce qu'elle voudra conserver jusquà la fin.

Ah les belles sensations paiennes

Colette nous introduit musicalement et avec humour dans ce paradis originel

Citation :

- nous entendions au Sud Miton éternuer

(le prophète enrhumé )

Citation :

- Au Nord la mère Adolphe chantait un petit cantique

Citation :

- A l’Est une sonnette triste annonçait

(le notaire !)

je ne crois pas que Colette ait lu Mircea Eliade, mais elle l'avait bien compris !

Une sorte de « réponse » aux théories d’Eliade, visant particulièrement « in illo tempore », son concept essentiel ! Je voudrais ne pas y croire ! Votre opinion ?


"La confusion des mots et des concepts est la principale cause des malentendus. Donner une définition claire de ce que représente chaque idée, et derrière elle, chaque mot, est partie intégrante du savoir (mais pas de la Connaissance Transcendantale). Non seulement le temps nʹéchappe pas à cette nécessité de définir ce dont nous parlons mais, selon Ludwig Wittgenstein « le mot nʹa pas un sens qui lui soit donné pour ainsi dire par une puissance indépendante de nous, de sorte quʹil pourrait ainsi y avoir une sorte de recherche scientifique sur ce que le mot veut réellement dire. Un mot a le sens que quelquʹun lui a donné ». Cʹest pourquoi, en Relativité Absolue, le temps a pour grandeur physique...lʹénergie ! De ce point de vue, nous pourrions dire que le temps nʹexiste pas. Inversement, nous pourrions dire que cʹest lʹénergie qui nʹexiste pas et que cʹest notre conscience du temps qui donne aux autres densités temporelles lʹillusion dʹêtre de lʹénergie. Dʹailleurs,
pourrions‐nous recevoir de lʹénergie si nous étions sur la même fréquence que celle‐ci ? Les effets nʹexistent que par les écarts vibratoires. Notre sentiment de séparation dʹavec les autres ne vient que de la croyance que seule notre vibration nous définit. La séparation est une croyance, même si elle est tenace. La science pratiquée actuellement est une croyance puisquʹelle prétend sʹextraire de lʹobjet observé tandis que ceux qui la font appartiennent à un horizon défini."

Eric Julien - "La science des extraterrestres"

La réponse est dans les textes ci-dessus avec le besoin de mythe, de fiction originelle. Les écrivains, les ethnologues, ceux qui étudient les religions, pratiquent le "in illo tempore".

Chaque nation le fait pour ses (prétendues) origines, et les amoureux, pour le récit de leur rencontre

J'aime beaucoup les comparaisons que tu donnes, entre Colette dans Sido (et bien d'autres oeuvres d'elle), et Mircea Eliade, Rotko. Et les réponses de Basile m'éclairent sur ce que je n'avais pas remarqué ou compris.
Je pense que la poésie rejoint ici la science. La promenade à l'Aurore est un pur enchantement, elle met en exergue également la fascination de l'enfant pour sa mère. Oui, elle est "parfaitement à sa place". L'innocence, la fraicheur, le bonheur de découvrir, là laissent ouverte aux enseignements .
"Un mot a un sens que l'on lui a donné", mais qu'en est-il de la compréhension par l'autre ? Le mot a un vécu chez chacun, une connotation différente, toute en nuances...
Si j'aime autant Colette, c'est peut-être parce que ses "mots" me parlent, qu'ils évoquent les mêmes images pour elle et pour moi. Je ne la lis jamais d'une traite, à cause des images qui surgissent, il me faut le temps de les admirer, de les goûter. Il me semble qu'elle est "écrivain-alimentaire-d'âme", tant elle s'adresse à la sensualité, à la vision et à l'olfactif.

Bravo ! No comment !

Merci Basile. J'ai essayé de dire ce que je ressentais, mais je n'ai pas tes connaissances !

Citation :

Résumé de "Le temps d'un centenaire ; Dayan"

Et c'est maintenant que vous commencez à devenir un "cas intéressant", dit-il en s'asseyant sur une chaise, à côté du lit. Je pense que vous comprenez pourquoi. Jusqu'ici, personne n'a trouvé une explication plausible, pas plus ici qu'à l'étranger. À la manière dont la foudre vous a frappé, elle aurait dû vous tuer sur le coup ou, sinon, vous auriez dû mourir asphyxié en dix minutes ou un quart d'heure ; dans le meilleur des cas, vous devriez être paralysé, muet ou aveugle. Les énigmes auxquelles nous sommes confrontés dans votre cas ne cessent de se multiplier. »
Un soir de Pâques, un vieil homme est frappé par la foudre. Contre toute attente, il y survit, développe un don d'hypermnésie et, surtout, rajeunit de jour en jour. Médecins et savants accourent à son chevet, la rumeur publique enfle, et ce qui était un cas médical sans précédent devient rapidement un dossier politique...
Eliade poursuit une interrogation sur le temps à travers ces deux récits fantastiques où la subtilité s'entrelace à l'humour, et compose deux fables entraînantes autour d'un vieux rêve : arrêter les horloges, et enraciner la trop brève existence des humains dans les silences infinis du cosmos.

Je l'ai terminé hier, je n'ai pas encore lu Dayan la deuxième nouvelle.
Mircea Eliade est un homme plein de talent. C'est élégant, caustique, plein d'humour. Son histoire est basée sur le désir de l'homme d'arrêter les horloges. Mais plus qu'un roman fantastique, qui aurait été banal, parce que tant de fois écrit, il glisse de l'humain, une philosophie qui lui est propre, son désir fou d'apprendre, sa culture.
Sa vie, après son "accident" (juste avant la guerre de 39/40) est une fuite quotidienne pour n'être pas reconnu. Son cas intéresse les nazis.
Il pourrait jouir pleinement de son rajeunissement : il a 70 ans et l'apparence d'une homme de 30 ans. Non, il déguste avec délice les possibilités que lui donnent sa fabuleuse nouvelle mémoire et sa compréhension immédiate des langues.
C'est une belle histoire, bien écrite et construite avec élégance et soin.

Pour moi, Le temps d'un centenaire tient à la fois du court roman fantastique et du conte métaphysique. En peu de pages presque envoûtantes, M. Eliade explore des thèmes qui lui sont chers, le rôle du mythe, la fuite et le sens du temps, la régénération, voire l’ésotérisme, l’origine du langage. J’ai tendance à penser que son héros c’est beaucoup de lui-même qui rêve à un retour aux origines pour mieux se percevoir comme être unique, « hors » Histoire.
Reste, après lecture, une impression de fluidité extraordinaire dans l’art de conter et de troubler le lecteur.

c'est bien ce que j'ai ressenti.
Mircea Eliade s'était beaucoup penché sur le mythe de l'éternel retour au cours de ses voyages d'études. Je n'avais encore rien lu de lui mais comme il était conseillé sur GDS* je l'avais noté (brave petite ! va !). C'est le premier ouvrage de lui que je trouve à cette médiathèque de mes deux... mains !