Robert Olen Butler

l' extraterrestre de mon coeur chez Rivages.

cette nouvelle titre est, à la demande, légère, amusante, voire pince sans rire.

Une jeune coiffeuse rencontre un extraterrestre au charme fou ( ses bras se terminent par des ventouses caressantes), et à la politesse exquise. C'est ce qu'elle raconte au lecteur, ainsi qu'à ses collègues, qui lui conseillent d'en parler aux journaux.

petit récit pour découvrir un auteur qui piquera votre curiosité.

Mots de tête chez Rivages, repose sur un jeu de mots et des propos inatttendus :

En 1883, un savant décrète qu' " une tête demeure consciente pendant une minute et demie suite à la décapitation ".

Quelles sont donc les paroles des dernières têtes décapitées ?

soixante-deux textes de deux cent quarante mots chacun vous tiendront au courant de ces ultimes propos.

Ce que tu dis (peut-être sur un mode humoristique) rejoint ce que montrait l'expo "Crime et châtiment" d'Orsay, en 2010. Eprouvante comme tout, mais certains spectateurs des meurtres à la guillotine soulignaient bien le fait que la mort n'était pas instantanée.

Et certains peintres ont fixé sur la toile les derniers rictus d'épouvante de la conscience qui se sait mourir.

Ah que j'en avais été secouée, de cette sale expo !

On ne m'y reprendra pas !

Désolé de te rappeler de mauvais souvenirs.

Je crois que Olen Butler a écrit un livre drôle, faudra vérifier.

En tout cas Robert Olen Butler a reçu le prix Pulitzer pour son roman Un doux parfum d'exil dont je reparlerai... c'est mon intention.

Sud Viêt-nam, Nord Viêt-nam ? Certes, mais les Viêt-nam sont multiples dans ces quinze nouvelles de Robert Olen Butler. Si l'on y trouve évoqués, très peu, celui des combattants, un peu plus, celui des coutumes et des souvenirs d'une époque et d'un monde révolus, il y a surtout, et c'est là une surprenante découverte, celui des émigrés d'une " diaspora vietnamienne "

Robert Olen Butler, l' extraterrestre de mon coeur chez Rivages.

Le début du concours de pâtisserie montre le ton mi-amusé / mi-tragique de la narratrice, et cette hésitation se retrouve dans tout le texte, au point qu’on s’interroge sur la fin du récit.

Le jour où mon mari est mort, j’ai préparé une fournée de petits gâteaux. Des Serre-moi-Fort au chocolat. Des petits pavés qu’on met une éternité à manger, dont on ne se débarrasse pas malgré tout le temps qu’on passe à les mâcher qui vous collent aux dents et aux gencives, vous donnent la tremblote et l’impression que votre langue est sur le point de se dissoudre.

J’ai mis deux mesures de sucre. C’était une autre époque de ma vie.

prix Pulitzer pour Un doux parfum d'exil.

322 p. chez Rivages

Un doux parfum d’exil met en scène en quinze nouvelles des Vietnamiens du Sud et du Nord regroupés en Louisiane, près du Mississippi , double du Mékong .

La première, les bras ouverts, au titre en antiphrase, montre le malentendu entre la fausse mais exubérante chaleur américaine, et la douleur secrète du Vietnamien du Nord, passé au Sud à la suite d’un drame familial.

Ce malentendu, vu, pressenti, et raconté par un Vietnamien du Sud, évite tout pathos pour une description clinique sobre, d’autant plus choquante.

Telle est l’approche de Butler, se situer à une petite distance du point d’impact pour en montrer les ondes-ricochets.

Ainsi procède-t-il dans Monsieur Vert, où la souffrance d’une jeune femme en rapport avec son grand père, trouve son écho avec un perroquet traumatisé : il arrache ses plumes, met à vif une plaie, tout en toussant comme faisait le grand père, en fin de vie.

Un doux parfum d'exil.

Avec les fantômes et la neige, c’est la rencontre des Vietnamiens et des Américains qui est en jeu. Elle se traduit par une gêne des Asiatiques, soucieux de n’être ni intrusifs ni indiscrets.

Le contact se fait par une histoire racontée par le Vietnamien dans les fantômes : on voit que les morts peuvent protéger les vivants, un jour, et les entraîner un autre dans la mort.

Quant à la neige, si elle surprend la jeune vietnamienne, elle incite l’Américain aux confidences, dans ce qui pourrait devenir un colloque sentimental.

Ce sont des nouvelles courtes qui analysent finement les personnages, leur réserve, et leurs cultures respectives.