Gilles Legrand

Tu seras mon fils

Paul de Marseul, propriétaire d’un prestigieux vignoble à Saint-Émilion, mène son petit monde de main de tyran. Une terrible haine semble le relier à Martin, son fils, qui travaille avec lui sur le domaine familial mais qui lui sert surtout de souffre douleur. Lorsqu’il apprend que son régisseur est mourant, il doit le remplacer mais se refuse à l’idée de laisser une chance à ce fils qu’il rejette. Arrive alors le fils du régisseur, que Marseul prend sous son aile « bienveillante ». Commence alors une partie d’échec qui se jouera à quatre : deux pères, deux fils, sous le regard impuissant des femmes qui les entourent.

Je voulais surtout voir le film pour Niels Arestrup, grand acteur trop rare au cinéma. Et je n’ai pas été déçue : il campe avec brio un magnifique spécimen de perversion narcissique. Mais j’ai aussi découvert un grand Patrick Chesnay. Les deux acteurs font la beauté du film mais ne parviennent pourtant pas à faire oublier une certaine lourdeur.

En fait, tout est un peu trop… Le vin (un des personnages central du film) est un peu trop « pochtronnant ». Marseul-le-méchant est un peu trop monolithique, même si quelques aveux par-ci par-là, ainsi que tout le talent d’Arestrup, tentent de le rendre plus humain, donc plus complexe. Son fils (Lorànt Deutsch) est un peu trop fragile et malheureux (j’avoue qu’il ne m’a pas convaincue). Sa femme (Anne Marivin, belle et émouvante) un peu trop compréhensive. Le fils prodige (Philippe Bridet) un peu trop tête à claque. Valérie Mairesse un peu trop Valérie Mairesse (avec, par exemple, un lapsus œnologue/oncologue qui surgit comme un cheveu sur la soupe et tombe à plat)… Finalement, seul le rôle de Patrick Chesnay est suffisamment riche et nuancé, et interprété avec une justesse et une sobriété bouleversantes.

Bande annonce.

j'en ai eu de très bons échos, notamment sur la prestation de Lorànt Deutsch ...

(evidemment Arestrup, mais un personnage dur et cynique attire moins la sympathie).

rotko a écrit:

j'en ai eu de très bons échos, notamment sur la prestation de Lorànt Deutsch ...

Je pense que le fait de l'avoir vu peu de temps après Melancholia n'a pas aidé : Van Trier donnant la part belle à la suggestion et à l'implicite, Legrand à l'explicite (ma préférence allant déjà naturellement à la première tendance).