Hanan El-Cheikh [Liban]

Née en 1945 dans une famille chiite du Sud-Liban, Hanan el-Cheikh vit aujourd'hui à Londres après avoir étudié au Caire et séjourné dans les pays du Golfe. Son oeuvre, traduite en plusieurs langues, est disponible en France chez Actes Sud.

Bibliographie :
- poste restante Beyrouth, 1995
- femmes de sable et de myrrhe, 1997
- le cimetière des rêves, 2002
- Londres mon amour, 2002
- histoire de Zahra, 2005
- toute une histoire, 2010

Toute une histoire



"Dans ce récit tendre et drôle à la fois, Hanan el-Cheikh rapporte avec une scrupuleuse fidélité les confessions de sa mère analphabète, Kamleh, née au début des années 1930 dans une famille chiite extrêmement pauvre, au Sud-Liban.
Après la mort prématurée de sa grande soeur, Kamleh est promise à son beau-frère alors qu'elle n'a que onze ans. Dans le quartier populaire de Beyrouth où elle s'installe avec la famille de son futur mari, elle est placée comme apprentie chez une couturière et tombe amoureuse du cousin de cette dernière, Mohamed, un jeune lettré féru de poésie. Forcée à quatorze ans de se marier avec son fiancé, Kamleh a une fille l'année suivante, puis une seconde, Hanan, trois ans plus tard, mais reste follement éprise du beau Mohamed. Elle échange avec lui des lettres enflammées qu'elle se fait écrire et lire par ses amies, s'identifie aux héroïnes du cinéma égyptien, se grise des paroles ardentes des chansons à la mode. Elle va surtout, bravant tous les usages, tenter d'obtenir le divorce, au risque d'être séparée de ses filles...
Portrait finement dessiné d'une femme du peuple, rusée, truculente, enjouée, ce récit a été salué à sa parution, en arabe puis en anglais, par une presse unanime."

Le récit passionnant de l'histoire de sa mère.
Kamleh était pleine de vie et de caractère, généreuse. Elle tenait absolument, puisqu'elle ne pouvait le faire elle-même étant analphabète, à ce que sa fille Hanan écrive son histoire, elle qui écrivait l'histoire de bien d'autres femmes.
Comme elle avait raison ! Mariée de force à son beau-frère alors qu'elle avait à peine 13 ans, violée légitimement donc, elle s'entête à chanter, à plaisanter, à courir au cinéma, sa seule source accessible de connaissances et de rêves, à vivre sa vie à toute force.
Elle y arrivera, au prix d'un lourd tribut - ses filles, le désenchantement face au grand amour de sa vie, voire la dépression, mais au moins elle aura choisi sa vie.
J'ai vibré avec cette petite fille forcée à grandir trop vite et vous recommande chaudement la lecture de ce livre !

Le cimetière des rêves

Iza a vibré d'émotion avec son livre.
Même punition pour moi !

Le titre annonçait de l'amertume. Pas tant que cela. De la nostalgie, plutôt.

C'est un recueil de nouvelles, qui ont tout du charme oriental, c'est à dire ensorcelant et sensuel.

Les histoires de passent tant en Orient (Yémen, Liban, Maroc) qu'en Europe, essentiellement à Londres.

Les héroïnes sont des Arabes vivant ici ou là, à la mode de chez elles ou à la façon moderne occidentale, mais portant toujours en elles cette chaleur méditerranéenne si unique.

Un mélange de sensations colorées, bruyantes qui évoquent un coin de paradis écrasé par le soleil, l'immensité du sable, le vide même d'un horizon sans débouché, mais si énigmatique qu'on a envie de prendre l'avion pour aller se reposer au fond des villages blancs et déserts.

Le livre ne constitue pas une comparaison simpliste entre le modernisme fade de nos mégapoles laïques et l'authenticité des croyances orientales, imbibées de merveilleux, de djinns, de culte lunaire et des consignes du prophète.

Pas de fanatisme chez les gens ordinaires, qui perpétuent leurs traditions tout en rêvant pourtant à l'eldorado du Nord, le nôtre, celui où on fait des études et où on est libre (paraît-il).

Car c'est là que la démonstration de HEC est spectaculaire. Toutes ces femmes sont libres ! Elles tiennent têtes aux pères, aux maris, aux belles-mères (ces teignes incontournables), aux règles multiséculaires...

On est loin de l'image habituelle qu'on nous sert tous les jours dans les médias : soumission, esclavage et maltraitance. L'auteur ne les nie pas, mais elle veut montrer les autres, celles qui osent résister à la famille, aux mâles, etc...

La femme Arabe dans la grandeur de sa féminité et de son intellect.

De fiers tempéraments préférant l'état de vieille fille au mariage ou l'époux étranger à l'autochtone, pour partir.

Un Orient archaïque mais magnétique, inoubliable, un Occident menteur et pourtant séduisant.


C'est magnifique de sensibilité, d'intelligence et de beauté.