Cosmic Erotica - recueil de nouvelles

Quoi de mieux lorsque l'on veut appréhender un genre littéraire ou découvrir de nouveaux auteurs que de se plonger dans un recueil réunissant des auteurs de tous horizons.

C'est ce qui m'a poussé à lire Cosmic Erotica : un recueil tourné vers la SF, le fantastique et la fantasy qui a la particularité de ne proposer que des textes écrits par des femmes, et tournant autour du thème de l'amour.

Bon, je ne dirai pas que tous les textes m'ont plu. Mais une chose est sûre, il m'a permis de faire de très belles découvertes, et j'espère bien pouvoir un jour me plonger plus intensément dans l'oeuvre de certains écrivains croisés le long de ces pages.

Le thème de l'amour est traité parfois avec romantisme, d'autres fois avec crudité, violence, ou encore avec complexité, distance et questionnement.

Les auteurs choisis sont des femmes de différents "stades" dans l'écriture. il y a bien sûr les confirmées (Poppy Z. Brite, Connie Willis), celles qui font déjà parler beaucoup d'elles grâce à leur publication de nouvelles dans des revues spécialisées et des premiers textes d'auteurs qui se révèlent.
Beaucoup de pays sont également représentés : Etats-Unis, Angleterre, Italie, France.

Je ne suis pas férue de fantasy, pourtant je me suis laissée séduire par le texte de Tanith Lee - la démone (histoire d'une démone enfermée dans une tour, un chevalier passe par là, il resiste à son attraction, elle le poursuit pendant des km et des km, ne pouvant survivre sans obtenir l'amour de cet homme - un amour qui mènera obligatoirement l'homme à sa mort). J'ai été surprise de m'être laisser conquérir par cette histoire assez classique, par le genre auquel je suis en général hermétique. Il se dégageait de ce texte une forte sensualité, un désir passionnel irraisoné, destructeur qui m'a laissé captive.

je me suis laissée surprise par des nouvelles extrèmement sombres - comme celle de Carol Ann Davis, prix coûtant - et surtout la description d'un "bordel" inhumanisé. Les femmes n'y existent que par partie du corps : vous voulez une fellation, direction la salle des "bouches", une pénétration, allez à celle des "vagins"... etc... les femmes toutes la journée sont enfermées, ne laissant apparaître que les parties du corps désirées par le client.
J'ai trouvé le style de Davis, son histoire, extrèmement troublant, et amenant énormément d'humanité dans ce monde hyper rentabilisé, matérialiste - grâce au regard d'un jeune homme innocent découvrant ce commerce du corps et désirant y mettre fin.

Il y avait aussi des textes très érotiques, dont celui de Anne Duguël (plus connue dans la littérature enfantine sous le pseudo Gudule) - où un homme fait l'amour avec une fauve. Les descriptions y sont telles qu'elles ne peuvent vous laisser de marbre et vous passerez les quelques minutes de lecture avec l'étrange impression d'assister à une nuit torride.

Bon je ne vais tout de même pas vous résumer toutes les nouvelles.
Mon impression générale, est que la femme écrivain de sf et fantastique n'hésite pas aller loin, à créer des univers souvent sombres et défaitistes mais y trouvant toujours une place pour le langage du corps, les sentiments, la passion, l'amour.
Chaque texte est différent de l'autre même si certains se recoupent par leurs univers, et ils m'ont permis de découvrir des mondes et des écrivains insoupçonnés.

Malheureusement, peu d'auteurs de ce recueil sont traduits en France ou publiés. et il en ressort une certaine frustration lorsque l'on veut découvrir un peu plus un monde que l'on a entrevu en quelques pages...

Queeneinlove et moi nous sommes partagés le travail. Elle a pris le meilleur, et je me suis tapé le reste

j’ai lu seulement trois nouvelles sur dix-sept.
Soit la nuit de la Saint-Valentin de gloria Barberi, le vin de l’âme de Poppy Z. Brite, et Carnaval à Lapêtre de Sylvie Denis.

Quel est donc le menu ? Vampirisme et cannibalisme chez Barberi. Même si l’amour jaloux sous-tend ces horribles actions, pas de quoi se réjouir.

Poppy Z. Brite joue sur les beaux garçons amoureux qui planent à Amsterdam avec des substances toxiques. Rien pour moi là-dedans.

Le carnaval ?

Mécontente d’avoir été choisie comme grande Courtisane pour l’occasion, Mira qui est amoureuse n’a guère envie de culbutes sinon avec Lorik. Or en ces temps futurs et galaxies lointaines, il est encore des terriennes qui voyagent dans l’espace...

En voici justement une mais dans quel état ! Excisée, infibulée, voilée, et surveillée par des mouchards électroniques sous forme d’implants. Ne pourrait-elle, pour rendre service à Mira jouer ce rôle de Courtisane ?

Citation :

La Courtisane, vois-tu est un de personnages les plus …remarquables d notre Carnaval. C’est une enjôleuse, une ensorceleuse : elle séduit les hommes et partage avec eux les plaisirs de la chair les plus raffinés… L’implant qui permet d e jouer ce rôle est une merveille. Il facilite l’expression de la sensualité. Il ouvre l’imagination, désinhibe ceux qui en ont besoin et permet de considérer les rencontres amoureuses du Carnaval avec légèreté…[…]

Citation :

- je n’ai rien contre, dit la jeune fille […] Et je ressens des choses…J’ai lu des livres - en cachette bien sûr […]

Tout est donc pour le mieux

Dommage quand même que le traducteur ignore conjugaisons, et accords. Quant au style, il s'alourdit au milieu des délices :

Citation :

Les seins étaient splendides, deux fruits mûrs dont les pointes soulevaient le tissu de la fine chemise dont elle avait déchiré le bas pour confectionner un bandage maintenant trempé de sang.

c'est en effet le souci majeur de cette anthologie : elle est très irréguliere.
Cette anthologie a pour "but" de survoler les différents genres fantastiques, de regrouper des auteurs d'univers éloignés. Alors évidemment il peut y avoir de grosses déceptions.

Sans compter qu'une nouvelle ne permet pas toujours de se rendre compte du style habituel de l'auteur.

En général, les nouvelles les moins sombres et glauques, sont les fantasy et les science-fiction. Même si le propos est pessimiste, l'écriture est moins dure, moins violente.
Peut-être devrais-tu te pencher du côté de
"la femme est l'avenir de l'homme" (Wintrebert)
"Inversion, jeu de miroir" (Rabisch ) : histoire très troublante, très touchante aussi - d'un frère devant garder sa soeur cachée parce qu'elle ne correspond pas aux critères de la beauté établis. critères qui sont en réalité des lois. Reflexion autour du clonage.
"Paris en juin" : un robot qui sert à emmagasiner des informations sur l'humanité qu'il retransmet à une entité supérieure et inconnue. Reflexion sur notre destiné, le libre arbitre.

C'est vrai que moi j'aime bien quand c'est "crade" parfois. J'y opère sûrement une sorte de catharsis. Et du coup, les mots crus, les côtés malsains et extrèmement glauques de certaines nouvelles ne m'a pas choquée, ni dérangée. Ce qui ne m'a pas empêché d'apprécier les textes que je viens de te citer, bien au contraire.

J'avais aussi bcp aimé Des anges amoureux de Kathe Koja, je me souviens de ça mais je ne me souviens ni pourquoi ni comment, et ne suis donc pas sûre que ce soit de bon conseil pour toi.

queenieinlove a écrit:

Peut-être devrais-tu te pencher du côté de
"la femme est l'avenir de l'homme" (Wintrebert)

j'y suis donc allé

La femme est l’avenir de l’homme

Cela devait arriver ! Les femmes ne pouvaient plus compter sur les hommes devenus stériles pour assurer la reproduction. D’où la parthénogenèse.

Mais le sexe ? Il n’y avait plus d’hommes, sauf quelques rares spécimens congelés. Peu affriolant de s’ébattre avec un mâle sorti du frigo.
La solution ? Une machine à fantasmes qui enregistre vos désirs et les communique à des palpeurs stimulateurs…

La femme du récit en fait une expérience, peu jouissive, attachée qu’elle est à l’homme, au vrai de vrai.
Mais j’y pense dit un personnage, il en reste un dans le frigo, suffit de le réchauffer un peu.

Cela marchera-t-il ? s’inquiètent les autres femmes, toutes les femmes…

Oui, ça m’a amusé, cette nouvelle-là passait bien, en plus sérieux que mon compte-rendu

queenieinlove a écrit:

J'avais aussi bcp aimé Des anges amoureux de Kathe Koja, je me souviens de ça mais je ne me souviens ni pourquoi ni comment, et ne suis donc pas sûre que ce soit de bon conseil pour toi.

Celle-là, je la mets sur le fil érotique ICI