Amin Maalouf I

rejouis-toi, Aristarque, de la présence à l'académie française de cet auteur franco-libanais que tu aimes bien.

Ce ne peut être pour nous que l'occasion d'un regain d'interêt pour ses oeuvres et en particulier pour son dernier ouvrage, le dérèglement du monde (livre de poche).

Maalouf à l'académie française !
Ca, c'est une excellente nouvelle !
Je l'ai écrit lors de mon inscription, c'est un de mes auteurs préférés !
Je n'ai pas encore lu le dérèglement du monde.

un prix vraiment mérité, je vais voir si je peux trouver "le Léon Africain" en Français

Amin Maalouf, ses vacances - et les nôtres (à le lire )

Amin Maalouf, l'écrivain franco-libanais qui vient d'être élu à l'Académie française, se prépare à l'immortalité dans sa petite maison de l'île d'Yeu où il passe plusieurs mois chaque été.

"Cette île, c'était un coup de foudre immédiat, je cherchais un endroit calme pour trouver la sérénité", explique l'auteur de "Léon l'Africain", "Le Rocher de Tanyos" (Prix Goncourt 1993) ou "Samarcande".

Il trouve là "comme un lieu familier", une ambiance qui lui évoque le village du Liban [...]

"Aujourd'hui, je suis inquiet pour le monde arabe qui est en train de piétiner mais aussi pour l'Europe", parce qu'elle "régresse", qu'elle "est en train d'abandonner son rôle, de le jouer de manière nonchalante, sans conviction", dit-il.

Pour lui, "on va plutôt vers un monde arabe qui va être pendant quelques années dans les soubresauts avant de trouver un point d'équilibre".

"Je ne crois pas à une contagion en direction du Liban, on va plutôt assister à un attentisme généralisé de la part de toutes les factions qui vont attendre de voir ce qui va se passer ailleurs dans le monde arabe, surtout en Syrie", analyse-t-il.

Celui qui s'est exilé avec sa famille en 1976 à cause de la guerre civile, espère néanmoins voir une "modernisation politique" de son pays, selon lui marqué par "une sorte d'archaïsme politique, avec des chefferies politiques qui se perpétuent et qui pèsent sur le système".

l'article de l'AFP loue le souci de l'écrivain pour la langue française et l'éthymologie (sic).

Les Echelles du Levant



Quatrième de couverture

Spoiler:

J’ai beaucoup aime ce roman d’Amin Maalouf malgre qu’il est ecrit d’une maniere plus simple et plus intimiste que certains autres livres de cet ecrivain que j’ai lus – « Identites meurtrieres », « Samarcande », « Leon l’Africain ».

Par le recit d’un homme ordinaire originaire d’une famille musulmane domiciliee au Liban, l’auteur a su aborder et developper plusieurs themes – la tolerance entre les representants des differentes nations, religions, cultures ; la xenophobie meurtriere qui loin d’etre propre aux peuples de n’importe quel pays vis-a-vis des peuples despays limitrophe ; l’amour entre homme et femme, l’amour filial et paternel qui est souvent un incroyable source de bonheur, mais aussi, tres souvent manipule par le destin ; la liberte – personnel et de masse ; la folie, c’est par la folie de la grand-mere Iffet du personnage principal que l’auteur nous ouvre la porte de l’histoire, cette folie qui touche Ossyane (heros principal) suite aux bouleversemnts sur son chemins et finalement la folie collective qui mene a tant de meutres et genocydes. (La folie dans ce livre a revetu a un moment donne une forme de merite – Ossyane, le musulman tombe amoureux et se marie avec une juive, leur fille Nadja vient voir son pere a l’asile des fous... ; les origines comme fardeau et l’honneur de les porter, cela impreigne tout le roman sous une lumiere d’en profiter pour faire naitre des amites, des amours, des relations. (Meme la jeune Nadja se sent riche et fiere a cause de ce melanges de nationalite, de cette lignee multicolore qui aboutit a sa naissance...phrase brillane duroman « Elle n’avait aucune envie de faire le tri de ses gouttes de sang, de ses parcelles d’ame »).

Un theme ou procede litteraire – la sagesse, comment elle mene a des decisions salutaires, a des fins apaisees. Ces grands sentimentaux que sont les habitants du Levant (des Balkans aussi) devraient s’efforcer a retenir leurs emotions debordantes, a reflechir avant d’agir.

J’ai egalement aime un autre procede de l’auteur – l’histoire a tendance a une certaine lenteur, mais on s’apercoit tout le temps des signes avant-coureur, bien dissimules, d’une chute importante, d’un incident decisif, d’un acte consequencé, bref, dans le roman j’ai senti une suspense.

Malgre que je suis une femme des Balkans, j’ai du me renseigner encore sur les evenements dans l’Empire Ottaman, l’histoire du Liban, la suite des conflits arabo-israeliens. La freaque du roman est large en temps et espaces – a partir dela fin du XIXe siecle jusqu ‘a l’an 2002 et l’action qui passe de Turquie au Liban, de France a Israel. L’Orient et l’Occident se marient parfaitement a travers le sujet, les actes et les caracteres des personnages.

Amin Maalouf a mis pour le personnage d’Ossyane un homme qui n’a pas recu de riches descriptions par l’auteur, le plus souvent il n’y a pas de garndes analyses et explications sur les autres personnages. Ils sont, dirais-je, un peu impersonnels, et je crois que c’est pour que les lecteurs les voie comme des ressortissants, representants des enormes masses populaires du Levant, guides par le destins.

Un roman sur un homme normal, un « faux heros, heros malgre lui-meme», dans le tourbillon de la vie qui est attendrissant en tant que porteur de l’idee maitrise de l’auteur – faire une eloge de l’entente, la tolerance, la fraternite des hommes, tant revees, tant aspirees.

Maya a écrit:

Les echelles du Levant

J’ai beaucoup aime ce roman d’Amin Maalouf malgre qu’il est ecrit d’une maniere plus simple et plus intimiste que certains autres livres de cet ecrivain que j’ai lus – « Identites meurtrieres », « Samarcande », « Leon l’Africain ».

Par le recit d’un homme ordinaire originaire d’une famille musulmane domiciliee au Liban, l’auteur a su aborder et developper plusieurs themes – la tolerance entre les representants des differentes nations, religions, cultures ; la xenophobie meurtriere qui loin d’etre propre aux peuples de n’importe quel pays vis-a-vis des peuples despays limitrophe ; l’amour entre homme et femme, l’amour filial et paternel qui est souvent un incroyable source de bonheur, mais aussi, tres souvent manipule par le destin ; la liberte – personnel et de masse ; la folie, c’est par la folie de la grand-mere Iffet du personnage principal que l’auteur nous ouvre la porte de l’histoire, cette folie qui touche Ossyane (heros principal) suite aux bouleversemnts sur son chemins et finalement la folie collective qui mene a tant de meutres et genocydes. (La folie dans ce livre a revetu a un moment donne une forme de merite – Ossyane, le musulman tombe amoureux et se marie avec une juive, leur fille Nadja vient voir son pere a l’asile des fous... ; les origines comme fardeau et l’honneur de les porter, cela impreigne tout le roman sous une lumiere d’en profiter pour faire naitre des amites, des amours, des relations. (Meme la jeune Nadja se sent riche et fiere a cause de ce melanges de nationalite, de cette lignee multicolore qui aboutit a sa naissance...phrase brillane duroman « Elle n’avait aucune envie de faire le tri de ses gouttes de sang, de ses parcelles d’ame »).

Un theme ou procede litteraire – la sagesse, comment elle mene a des decisions salutaires, a des fins apaisees. Ces grands sentimentaux que sont les habitants du Levant (des Balkans aussi) devraient s’efforcer a retenir leurs emotions debordantes, a reflechir avant d’agir.

J’ai egalement aime un autre procede de l’auteur – l’histoire a tendance a une certaine lenteur, mais on s’apercoit tout le temps des signes avant-coureur, bien dissimules, d’une chute importante, d’un incident decisif, d’un acte consequencé, bref, dans le roman j’ai senti une suspense.

Malgre que je suis une femme des Balkans, j’ai du me renseigner encore sur les evenements dans l’Empire Ottaman, l’histoire du Liban, la suite des conflits arabo-israeliens. La freaque du roman est large en temps et espaces – a partir dela fin du XIXe siecle jusqu ‘a l’an 2002 et l’action qui passe de Turquie au Liban, de France a Israel. L’Orient et l’Occident se marient parfaitement a travers le sujet, les actes et les caracteres des personnages.

Amin Maalouf a mis pour le personnage d’Ossyane un homme qui n’a pas recu de riches descriptions par l’auteur, le plus souvent il n’y a pas de garndes analyses et explications sur les autres personnages. Ils sont, dirais-je, un peu impersonnels, et je crois que c’est pour que les lecteurs les voie comme des ressortissants, representants des enormes masses populaires du Levant, guides par le destins.

Un roman sur un homme normal, un « faux heros, heros malgre lui-meme», dans le tourbillon de la vie qui est attendrissant en tant que porteur de l’idee maitrise de l’auteur – faire une eloge de l’entente, la tolerance, la fraternite des hommes, tant revees, tant aspirees.

voilà que j'ai un doute... il me semblait pourtant l'avoir lu, mais je me demande si je ne confonds pas avec un autre livre. Je vais vérifier...

J’ai lu Les jardins de lumière, Le rocher de Tanios et j’ai entamé Le premier siècle après Béatrice,.
Avant que tout se mélange dans ma tête je commence par ce post :

Le rocher de Tanios

Dans ce roman c’est le narrateur qui au fil de ses pérégrinations cherche a connaître l’origine de l’interdiction faites aux enfants par les anciens de ne pas monter sur le rocher de Tanios, un de ces lieux, à kfaryabda, qui porte un nom mystérieux. Il farfouille dans les archives du village et ailleurs, écoute les paroles passionnées de Gebrael, un vieil homme, compare les faits et nous raconte :
- la venue au monde d’un enfant, Tanios,
- la vie dans ce village.
- La présence d’un chef en la personne du cheikh, sa relation controversée avec les villageois, craint et respecté
- Gérios l’époux de Lamia, qui mettra au monde Tanios mais dont la paternité est contestée dans le récit, issu d’une union illégitime, il est supposé être le fils du Cheikh.
- Le fils du Cheikh, Raad, un jeune homme impétueux, coléreux et qui connaitra un destin tragique.
- Les relations qu’entretiennent les villages entre eux,
- 1830 est l’année ou se déroulent les faits, l’époque des réformes en Egypte, l’éternelle compétition entre l’Angleterre et la France sur des territoires jugés stratégiques malgré leurs pauvretés, la présence de l’empire Ottoman.

Tanios est venu au monde insoucieux, comme tous les enfants, aimant vivre parmi les siens, heureux en somme jusqu’au jour ou éclate un incident, de la bouche d’un innocent, il comprendra les insinuations faites quand à sa naissance.
Son comportement a changé vis-à-vis de ses aînés et même de ses camarades, il commence a s’isoler. Il fait entre temps une rencontre fortuite avec l’ancien intendant banni du village pour avoir soit disant trahi la confiance du Cheikh. Le Patriarche, en solidarité avec la belle famille du Cheikh et ayant eu vent de son aventure et de l’enfant illégitime a tenu par ses agissements a marquer son mécontentement.

Pour faire plus court,

Tanios tombe amoureux de la fille de l’ancien intendant qui refuse de la lui marier. Gérios tue le Patriarche, qui a commis la bourde de sa vie.
Il prends la fuite avec son père et partent vivre pour quelques temps dans une ville neutre. Recherchés, ils tombent dans un piège. Tanios est épargné par miracle mais Gérios est exécuté. Utilisé par les Anglais, Tanios réintègre son village en héro libérateur. Mais de retour chez lui, il réalise qu’il est toujours mal à l’aise dans sa peau.
Vu pour la dernière fois -avant de disparaitre- sur le rocher qui portera son nom, il contemple la mer et rêve de voyage.

comme à l’accoutumée, Amin Maalouf réalise un travail de recherche bien documenté en vue d'aboutir a une sorte de mosaïque où se mélangent histoire, mythe, passé, présent, rêve, exil, recherche d’une paix intérieure, d’une paix entre les êtres, entre les peuples, une fuite voire une disparition dans la nature car la terre de dieu est vaste.

Samarcande



Samarcande, c'est la Perse d'Omar Khayyam, poète du vin, libre penseur, astronome de génie, mais aussi celle de Hussan Sabbah, fondateur de l'ordre des Assassins, la secte la plus redoutable de l'histoire. Samarcande, c'est l'Orient du XIXè siècle et du début du XXe, le voyage dans un univers où les rêves de liberté ont toujours su défier les fanatismes. Samarcande, c'est l'aventure d'un manuscrit né au XIe siècle, égaré lors des invasions mongoles et retrouvé six siècles plus tard. Une fois encore, nous conduisant sur la route de la soie à travers les plus envoûtantes cités d'Asie, Amin Maalouf nous ravit par son extraordinaire talent de conteur. A la suite d'Edgar Allan Poe, il nous dit : "Et maintenant, promène ton regard sur Samarcande ! N'est-elle pas reine de la Terre ? Fière, au- dessus de toutes les villes, et dans ses mains leurs destinées


Quelle magnifique plume pour nous conter la perse, la sagesse de l’esprit et la poésie d’Omar Khayyâm , hédoniste croyant mais critique envers les religieux, reflétant par le vin la vie et ses délices, ,poésie si chère à l’Iran que l’on retrouve un peu plus tard chez Alisher Navoi , poète Ouzbek (1441-1501).

Après avoir lu Alamut, c’est avec plaisir que j’ai pu joindre historiquement ces deux histoires, Omar Khayyâm et le vieux de la montagne Hassan Sabbah , la naissance de cet ordre des assassins ayant construit la plus redoutable des machines à tuer, les fidais ou fédayins, soit les martyrs d’aujourd’hui…

Quelle richesse culturelle que ce livre qui nous fait voyager dans le temps, du prestigieux empire Perse à la plus grande invasion menant au plus vaste empire mondial, les mongols : Gengis khan et Kubilaï Khan, jusqu’au XXème siècle, date à laquelle le premier Parlement de la perse vit le jour (1909) mais sous quelles conditions…

La philosophie n’est-elle pas dans le temps l’arme la plus formidable de l’histoire ?
Quoiqu’il en soit, au-delà de toutes les batailles et tous les empires conquis par les plus redoutables guerriers , seuls des vers philosophiques ont traversé le temps pour nous les conter.

Citation :

Cette roue sur laquelle nous tournons est pareille à une lanterne magique. Le soleil est la lampe; le monde, l'écran. Nous sommes les images qui passent. »Omar Khayyâm

« Ne vous reprochez pas que mon vin soit amer, cette amertume est celle même de la vie »Omar Khayyâm

Un vrai plaisir de lecture qui nous fait bien mieux appréhender l’Orient , sa culture et son histoire.

Samarcande de Omar Khayyâm ; un manuscrit perdu lorsque le Titanic a sombré ?
Voici un des Robaiyats de Khayyâm :

Citation :

" Tu demandes d’où vient notre souffle de vie
S’il fallait résumer une trop longue histoire,
Je dirais qu’il surgit du fond de l’océan,
Puis soudain l’océan l’engloutit à nouveau."

Un vrai bijou littéraire à ranger précieusement dans sa bibliothèque.

Samarcande dans le collimateur turc !

A la suite de la plainte d'un parent d'élève contre un prof qui avait recommandé la lecture de Samarcande, le roman sur Omar kayyam est l'objet d'une enquête de la part de l'education nationale turque et accusé d'être

« vulgaire et insultant envers l'islam ».


Des souris et des hommes de John Steinbeck et Mon Bel Oranger de José Mauro de Vasconcelos ont été accusés d'immoralité. L'éditeur du roman érotique de Guillaume Apollinaire, Les Onze Mille Verges, a été condamné il y a deux ans à une peine d'amende convertible en jours d'emprisonnement pour publication « de nature à exciter et à exploiter le désir sexuel de la population ».

La Cour européenne des droits de l'Homme avait alors condamné la Turquie pour violation de la liberté d'expression. Un jugement qui est loin d'avoir été pris en compte : encore 20 000 livres sont toujours officiellement interdits de publication en Turquie.

et ils voudraient entrer dans la communauté européenne ?!!! ils rêvent ou quoi ?

"Les désorientés", j'ai adoré. En lisant ce roman, j'ai vu le Liban d'avant, j'ai senti les odeurs de la maison qu'il évoque, j'ai passé des soirées avec les protagonistes sur la terrasse, j'ai partagé leurs repas... Vraiment, voilà un livre que je recommande.

Leon l'Africain est le premier que j'ai lu, et c'est sans doute pourquoi c'est mon préféré ; mais tous les livres d'Amin Maalouf méritent d'être lus.

on a un fil sur le Liban, pays fabuleux qu'on voit dans l'Argent d'Emile Zola, et qui connaît un destin incertain...

"Les désorientés" un très beau roman, une fin inatendue..j'ai apprécié le récit, le titre le dit bien, chacun des amis est parti au 4 coins du monde pour se retrouver 20 ans après dés-orientés, suite au décès d'un de leurs amis resté au pays, retrouvailles organisés par Adam qui tient une correspondance et annotations dans un carnet.
Chaque récit est unique, la rencontre avec le frère Basile est le passage que j'ai préféré, puis une remise en question par le parcours du labyrinthe.

Amin Maalouf sait bien décrire l'atmosphère tendue entre lui et le frère de Bilal convié à la réunion, un révolutionnaire.
La guerre a laissé des ravages, nul n'en est sorti indemne, meme ceux qui avaient fuis.
Les clichés de religion n'empêche pas l'amitié profonde qui règne entre eux.
L'image de Dolorès correspond bien à la femme que Adam avait rencontré dans sa jeunesse, indulgente  aimante et bienveillante jusqu'à la fin.

Un roman qui se  lit comme une lettre qui nous est adressée.

LE DEREGLEMENT DU MONDE

J'ai lu ce livre il y a quelques mois. C'est une vraie prise de conscience du monde que l'on laissera à nos enfants si nous ne réagissons pas. Il expose les faits tels qu'ils sont mais ne peut hélas trouver de solution en l'état actuel de notre monde.


Cet adepte des Lumières, amoureux de la vie, s’interroge douloureusement : ceux qui après nous vivront, quel monde allons-nous leur transmettre ? Allons-nous assister « à l’épuisement simultané des civilisations, et notamment des deux ensembles culturels dont [ il se] réclame, l’Occident et le monde Arabe. Le premier peu fidèle à ses propres valeurs ; le second enfermé dans une impasse historique. »



Avec d’infinies précautions de style, car il ne veut ni passer pour un barbon nostalgique ni pour un spéculateur incompétent, il explore, « en veilleur de nuit dans un jardin au lendemain d’une tempête » le champ clos des passions exacerbées, de toutes les passions.



L’Europe qui jubile au lendemain de la Chute du Mur, sait parfaitement d’où elle vient mais ne sait pas où elle va… Désorientée, désemparée, son triomphe lui a fait perdre ses repères. Calamiteux succès. Car les clivages qui étaient idéologiques (face au bloc soviétique) sont devenus des clivages identitaires : « Chacun proclame ses appartenances à la face des autres, lance ses anathèmes, mobilise les siens, diabolise ses ennemis ».Il ne regrette pas la guerre froide mais déplore que l’on en soit sorti par le bas : « moins d’universalisme, moins de rationalité, moins de laïcité »…



« Ce glissement a eu des effets ravageurs sur l’ensemble de la planète mais nulle part autant dans l’aire culturelle arabo-musulmane où le radicalisme religieux qui avait longtemps été minoritaire et persécuté a acquis une prédominance intellectuelle massive au sein de la plupart des sociétés »… «La manière dont la religion est vécue en pays d’islam reflète l’impasse historique où les peuples se trouvent ; qu’ils en sortent et ils retrouveront les versets qui conviennent à la démocratie, à la modernité, à la laïcité, à la coexistence, à la primauté du savoir, à la glorification de la vie ».



Nous devons selon lui sortir « d’une trop longue préhistoire ». Mais comment, sachant que les textes sacrés ne sont ni le problème ni la solution ? Le problème est qu’ils sont le seul recours dans un océan de défaites idéologiques et historiques, le seul motif d’identification positive pour des millions de fidèles, « l’ultime territoire où survit leur estime de soi » ou du moins essaie-t-on de le leur faire croire. Ce qu’il nomme « les certitudes imaginaires », d’une fatwa bienveillante à une fatwa grincheuse, un pas en avant, deux pas en arrière. » «L’aboutissement d’un long processus historique qu’aucun évènement ni aucune date ne suffisent à résumer. C’est l’histoire d’un peuple qui a connu un grand moment de gloire suivi d’une longue déchéance ».

Face à lui, un Occident menteur qui piétine ses propres valeurs partout où ses conquêtes portent le fer et le feu. Un monde gouverné de fait par les choix de 5% de sa population (les USA) .



… « Est-il déjà trop tard pour mettre en place un compromis historique qui prenne en compte à la fois la tragédie du peuple juif, la tragédie du peuple palestinien, la tragédie du monde musulman, la tragédie des chrétiens d’Orient, et aussi l’impasse où s’est fourvoyé l’Occident ? »



« Saura-t-on, dans les années qui viennent, bâtir entre les hommes, par-delà les frontières, une solidarité d’un genre nouveau –universelle, complexe, subtile, réfléchie, adulte ? Indépendante des religions sans être aucunement antireligieuse ni insensible aux besoins métaphysiques de l’homme, qui sont aussi réels que les besoins physiques ? Une solidarité qui puisse transcender les nations, les communautés, les ethnies, sans abolir le foisonnement des cultures ? qui puisse rassembler les hommes face aux dangers qui les guettent, sans se complaire dans un discours d’apocalypse ? »



« Il importe peu aujourd’hui de savoir s’il faut blâmer l’aveuglement séculaire des sociétés arabes ou bien l’avidité séculaire des puissances occidentales. » Il faut que cessent les convergences tactiques meurtrières pour laisser une chance aux démocrates de se faire entendre partout.