Anthony Trollope

Miss Mackenzie


A Londres, au 19è, l’histoire de Miss Mackenzie, vieille fille de 35 ans, qui a passé sa vie à soigner son frère. Il décède et elle se retrouve à la tête d’une fortune, et face à un monde qu’elle ne connaît pas du tout, car elle a vécu claquemurée toute sa vie.

Elle n’a pas un physique avantageux et l’auteur ne la présente pas comme intelligente. Plutôt comme une recluse, qui doit tout apprendre !

Sachant que, évidemment, l’argent attire tous les rapaces masculins qui l’ignoraient jusque là.

Il y a une première partie assez introspective, qui est une sorte de « naissance » de l’héroïne. Elle découvre les gens et les lieux.
Miss Mackenzie déménage…

La voilà arrivée dans une petite ville de province, avec sa nièce. Ville occupée par des clans : les gens pieux, prêts à l’accueillir pour la guider, et les autres, qui aiment s’amuser, jouer aux cartes. Les dévergondés…

Elle hésite alors sur la voie qu'elle doit adopter : mondaine ou plutôt austère. Il y a un débat intérieur que nous avons tous connu : doit-on choisir un monde d'apparences, de réseau social ou passer plus de temps en méditations spirituelles ?

On sent qu'elle est tentée par les deux, qu'elle ne sait pas et le destin va la jeter des 2 côtés tour à tour.

Notamment, avec son revirement de situation : elle perd toute sa fortune et se retrouve démunie !

Entre-temps, 3 hommes l’ont courtisée pour son argent.

Sans le sou, elle affronte son destin et passe, aux yeux du lecteur, de la femme timorée à un personnage résistant, probe et profond.

D'ailleurs, c'est toute sa force : elle sait tenir tête aux événements et aux préjugés d'une époque étriquée pour le féminisme.

S’ensuit une étude de mœurs victoriennes et une fabuleuse chronique sociale, très drôle, très incisive et très rythmée.

L'auteur étrille les faux bigots et le fanatisme de ceux qui se prétendent vertueux, pour mieux mettre en relief les vertus de sincérité et de charité de Mrs Mackenzie.

On s’attache alors beaucoup à elle, qui évolue avec lucidité et sensibilité.

Elle était une souillon, l’auteur en fait une grande dame, une noble âme, éprise de liberté et de rectitude.

En un mot, elle devient BELLE…





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A LIRE ABSOLUMENT

Le genre d'humour de Trollope : avoir appelé les notaires de Mrs Mackenzie : Mr SLOW et Mr PATIENCE (s'ensuit une belle tirade contre les escrocs assermentés que sont les notaires, qui m'a ravie... )

Quelle époque !

Comme toujours, quand j'admire profondément, je ne trouve pas les mots pour le communiquer.

Une histoire centrée autour d'un personnage énigmatique : Melmotte, dont on se demande d'où il vient, vu qu'il arrive à Londres nanti d'une immense fortune gagnée on ne sait comment.

C'est un business man, façon 19è siècle, qui investit partout, y compris dans les chemins de fer en Amérique.

D'abord admiré, puis absorbé dans la très sélecte communauté aristocratique de l'époque, il devient vite député au Parlement.

Mais certains doutent de son origine. Serait-il escroc ? Manipulateur ? Bref, le héros est une sorte de Bernard Tapie, sans le côté play boy. Il subjugue certains personnages.

Pas tous.

Les plus lucides fustigent les méthodes de commerce opaques du moment.

Une galerie d'hommes et de femmes à la psychologie magistralement décrite par un auteur racé.

Femmes et hommes, dans le secret de leur coeur et de leurs intérêts, sont saisis dans leurs moindres nuances.

On passe en revue les préjugés de l'époque (les Américains ? Des sauvages ! Les Juifs ? Des sous-hommes. Les femmes ? Des êtres faits pour obéir, etc...). Je ne vous dis pas comment Trollope s'amuse à donner des gifles cinglantes à toutes ces idées reçues ancrées dans la bonne société Londonnienne.

Pourtant, il ne schématise jamais.

De nombreux secteurs sont étrillés : le journalisme, l'édition... Il traite aussi le rapport ville / campagne.

Et surtout le rapport (toujours tumultueux) : argent / sentiments.

Et on retrouve ce qui le caractérise : cette plume finement ironique, qui rend d'emblée le lecteur complice de l'auteur.

Car nous voyons les âmes.

Sous les convenances, sous les atours, sous les situations inextricables, Trollope nous mène par la main, pour nous dire "celui-là, c'est un gars bien", "celui-là, un vaurien !".

Il ne ménage pas ses efforts pour mettre en valeur le courage de la gent féminine, qui doit s'affirmer dans ce monde d'hommes fiers comme des coqs, et souvent creux comme des tonneaux.

Je parle bien du 19è siècle, hein (non, je dis ça comme ça ).

En plus, beaucoup d'émotion, car il y a des histoires d'amour tourmentées, entrecroisées et on finit sur le sublime personnage de John, profondément épris de sa cousine qui ne l'aime pas. Il sacrifie son amour, la laisse se marier avec son ami devenu un ennemi, pardonne et se retire.

A défaut d'en faire sa femme, lui dit-il, il en fera sa fille.

"Je léguerai tous mes biens à ton fils, pour qu'il porte mon nom..."


Et là, Crevette a pleuré.

EN UN MOT - ARRETEZ TOUT ! - ALLEZ ACHETER CE LIVRE - LISEZ-LE !

Oeil pour oeil

Je me réjouissais de retrouver Trollope aussi vite. Hélas ! Comme tout le monde, il est inégal dans sa production. Là, on se trouve encore dans la petite aristocratie de terre Anglaise, avec une histoire d'héritage, des mariages de raison et la passion qui doit être étouffée.

Je trouve le livre très faible.

Rien n'est approfondi. Il y a une petite réflexion sur les relations entre l'Irlande et la GB. Sans plus.
Puis entre l'anglicanisme et l'église romaine. Mais ça ne va pas chercher loin. Bizarrement, la psychologie des personnages est sommaire.

Quant au héros, Fred, je ne l'aime pas. Il chasse à chaque page. Un de ces oisifs inutile et riche.

J'en ai lu la moitié, je jette l'éponge.

Je garde néanmoins toute mon admiration pour cet écrivain, qui était sans doute victime de sa prolixité. De mémoire, il a écrit plus de 70 romans !

Il a le droit à la faiblesse...