Antoine Mouton

Bonjour,
je suis nouveau sur ce site, et si je me suis inscrit, c'est pour parler de ce livre que je viens de lire : Où vont ceux qui s'en vont ?, de Antoine Mouton. La question est posée sur la couverture entourée d'une dizaine de ciels. Les poèmes qui composent le recueil dessinent chacun à leur manière cette question. C'est un vrai parcours. Certains textes se répondent, d'autres dévient brutalement. J'ai été très ému par ce livre.
On peut jeter un oeil à cette vidéo, trouvée sur internet, où l'auteur lit un extrait de son texte.

tu ne précises pas l'éditeur ?

A part antoine Mouton, tu lis d'autres auteurs ?

Oui, tu as raison, j'avais oublié. L'éditeur, c'est La Dragonne.
Je lis beaucoup de poésie, Antoine Emaz que j'apprécie particulièrement - on peut dire qu'il fait des livres vraiment ouverts, qu'il y a de la durée qui se glisse entre ses mots, de la durée et du temps. Albane Gellé aussi, Vincent Tholomé, Charles Pennequin, Guy Viarre, Caroline Sagot-Duvauroux, Pascal Leclercq.
Caroline Sagot-Duvauroux, ce sont des poèmes qui tournent au délire lyrique. Ca pourrait se saborder, mais c'est toujours plus malin qu'on ne pourrait le penser. Elle ne se regarde jamais écrire, en fait, et ça fait toute la différence (d'avec d'autres comme Anne Portugal par exemple).
Pascal Leclercq, on est dans quelque chose de plus sombre, plus infime. C'est minimaliste et en même temps surréaliste, il y a beaucoup d'images convoquées en peu d'actions.
Charles Pennequin, c'est sa manière de lire que j'apprécie le plus. Clownesque, il fait de la poésie un jeu.

Un extrait d'Où vont ceux qui s'en vont ? que j'aime particulièrement :

"il aurait pu garder le rêve à part, il aurait eu sa part de ciel, il aurait pu se tenir droit, là, mais il déviait rêveur contre rien retenu, dévalant d'envie ce que les nuits lui laissaient entrevoir

il aurait pu se tenir là, même courbé même tordu, il aurait dû dit-on, mais se tenir à quoi, quelle importance stable, quel tapis, quelle cloison ?

il n'aurait pas pu ne pas se poser la question, et c'est ça qui fait le départ, ça la question de quoi tenir quand rien ne tient

l'importance ne le portait plus, il était devenu pour lui-même rare, il était devenu absent, et s'il a fui dit-on il s'est rejoint dit-il

la part infime du rêve est devenue part d'infini"