Thib pilier
Nombre de messages : 46 Localisation : La Romancie. Date d'inscription : 18/07/2010
| Sujet: Tibor Déry [Hongrie] Sam 09 Avr 2011, 14:01 | |
| Tibor Déry est né en 1892 et mort en 1977. Il a passé 9 ans de sa vie dans les geôles d'un communisme totalitaire pour avoir participé à la tentative de révolution démocratique de 1956. Niki, L'histoire d'un chien (1955), [Circé / Poche] est un livre exceptionnel. Un roman qui relate la vie d'une chienne très attachante aux côtés de ses maîtres, dont elle partage la vie à la campagne, d'abord, dans un univers à la fois modeste et idyllique, à Csobanka, puis dans l'atmosphère de plus en plus confinée, irrespirable, d'un appartement de la capitale, Budapest, dont seul le Danube compense, à peine, l'absence d'espace vital. Parallèlement, le couple des Ancsa subit, et leur animal avec eux, les vicissitudes d'une Hongrie mise au secret par un régime totalitaire sous lequel on risque quotidiennement de perdre son humanité. C'est paradoxalement Niki qui permet à ce couple menacé de garder la sienne, plus précisément celle de l'épouse Ancsa. Car c'est après avoir perdu leur enfant que les Ancsa adoptent (ou plutôt sont adoptés par) l'adorable petit être qu'est Niki. De même, c'est par un va et vient du même type (que je m'en voudrais de dévoiler) que se termine cette poignante petite histoire. Quand on a refermé le livre, on a l'impression, malgré la simplicité de l'histoire, qu'on a lu en fait un véritable récit allégorique à la résonnance philosophique et politique. Le narrateur nous livre une histoire teintée de poésie (les descriptions de la nature sont merveilleuses) et d'humour: ses interventions, parfois sentencieuses comme un rapport de congrès du parti, avec d'ironiques et pourtant judicieuses tentatives d'objectivité philosophique, ne sont jamais ennuyeuses mais au contraire savoureuses. Elles établissent entre le lecteur et lui une connivence sympathique. Il réussit ainsi à faire prévaloir le point de vue de Niki sans sensiblerie, sans puérilité, sans invraisemblance, rendant justice à l'humanité de cette bête. Puissions-nous en déduire ce que nous devons à nos compagnons quadrupèdes! Ames délicates: ne pas s'abstenir, bien au contraire! | |
|