Antonio Machado

Jamais je n'ai cherché la gloire
Ni voulu dans la mémoire
des hommes
Laisser mes chansons
Mais j'aime les mondes subtils
Aériens et délicats
Comme des bulles de savon.

J'aime les voir s'envoler,
Se colorer de soleil et de pourpre,
Voler sous le ciel bleu, subitement trembler,
Puis éclater.

A demander ce que tu sais
Tu ne dois pas perdre ton temps
Et à des questions sans réponse
Qui donc pourrait te répondre?

Chantez en coeur avec moi:
Savoir? Nous ne savons rien
Venus d'une mer de mystère
Vers une mer inconnue nous allons
Et entre les deux mystères
Règne la grave énigme
Une clef inconnue ferme les trois coffres
Le savant n'enseigne rien, lumière n'éclaire pas
Que disent les mots?
Et que dit l'eau du rocher?

Voyageur, le chemin
C'est les traces de tes pas
C'est tout; voyageur,
il n'y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant
Le chemin se fait en marchant
Et quand tu regardes en arrière
Tu vois le sentier que jamais
Tu ne dois à nouveau fouler
Voyageur! Il n'y a pas de chemins
Rien que des sillages sur la mer.

Tout passe et tout demeure
Mais notre affaire est de passer
De passer en traçant
Des chemins
Des chemins sur la mer


Antonio Machado (1875/1939)

Voilà il y a des textes qui peuvent me toucher, celui-là m'a bouleversée, un peu comme une "révélation" enfin de ma part ce n'est pas le bon mot.

Je n'ai pas retrouvé le même texte que lorsque je l'avais découvert, question de traduction, je l'avais également en espagnol, je l'ai gardé si précieusement que pour le moment je ne le retrouve pas ... (comme si je ne voulais pas le partager ? tsss)
Je me suis permise de mettre en gras les mots qui me touchent en espérant que cela ne déformera pas trop le texte pour la lecture, que je vous souhaite agréable !

J'hésite depuis plusieurs jours à mettre ce texte dans le fil sur la mer... je pourrai le mettre aussi si cela ne fait pas trop répétition...

Merci ...Je n'ai que ce tout petit bout...Cadeau pour toi...

Nunca perseguí la gloria
ni dejar en la memoria
de los hombres mi canción;
yo amo los mundos sutiles,
ingrávidos y gentiles
como pompas de jabón.
Me gusta verlos pintarse
de sol y grana, volar
bajo el cielo azul, temblar
súbitamente y quebrarse

Le texte placé en introduction de ce fil est une "compilation" aléatoire de "Proverbes et chansons", extraits de "Champs de Castille" ... ainsi, on peut y retrouver la chanson I, accolée à la chanson XV, ainsi qu'à la chanson XXIX, et à la XLIV, alors que Machado en a écrit LIV ... à mon sens, (pardonnez à l'humble puriste de l'oeuvre de ce poète), ce "saucissonnage" de l'oeuvre de Machado me paraît relever de la trahison de l'esprit de son auteur.

Puisque j'ai commencé sur cette voie, je poursuis le "chemin" en "Chansons et proverbes" ...

Suite ...

...

...

...

on te lit, on suit strophe à strophe

As-tu remarqué ma constance, Rotko ?

c'est marqué sur le personnage.

Remarque, je n'attends pas non plus des encouragements ou des acquiescements à tout ce que je dis

Ma réponse n'était qu'autodérision; autodérision qui manque cruellement en ces temps où tout un chacun se prend au sérieux ... certains se cherchent des maîtres, ou des faire-valoir, ce qui n'est pas mon cas ...

beaucoup de ses poèmes se sont tranformés en chansons merveilleuses, la plupart chantées par Joan Serrat, "voyageur le chemin se fait en marchant"est une des plus connues et je l'ai dans mes oreilles toujours
merci

je lis ces vers et j'entends la musique, comme si tu la chanterais.

Ce n'est pas sans raison que Machado a intitulé ces compositions "Chansons et proverbes", Amadak ...