giuseppe Culicchia, Paso doble

giuseppe Culicchia, Paso doble, chez Rivages.

Ce petit livre de 166 pages a un ton naturel et singulier. Il ne s’embarrasse pas de fioritures pour raconter la vie d’un jeune homme embauché dans une librairie-vidéothèque : les livres intéressant moins les gens, on s’oriente vers les vidéos, puis les magazines et journaux, ce qui contraint à se lever tôt pour satisfaire des clients matinaux et exigeants.

Dans cette histoire se révèle les aspects commerciaux de notre société : recherche à tout prix du rendement, précarité des emplois, chantages divers sur les employés. Et pour ces derniers, voitures d’occase à problèmes, logements miteux excentrés.

Le ton est souvent ironique, avec le jargon anglais du « manager de la shop », et on apprécie le trait satirique, sans surcharge, sur les personnages, telle cette écolo naïve qui partage angéliquement - au moins au début, la vie de l’employé du kiosque.

Je continue ma lecture.

Citation :

« Je travaillais, je travaillais, je n’arrêtais pas de travailler. Je ne pouvais même plus concevoir une vie en dehors du travail. Avec toutes ces heures passées à améliorer l’indice de productivité du secteur, je rentrais chez moi épuisé. Mes yeux se fermaient tout seuls, et la plupart du temps, j’oubliais de manger.
Après un réveil à quatre heures et douze heures de station debout, je ne pensais qu’à mon lit. Il m’arrivait souvent de dormir d’un trait jusqu’au lendemain matin. »

giuseppe Culicchia, Paso doble, chez Rivages.


La galère de cet employé qui ressemble comme un frère à quelque copain, se déroule sur un fond de vide idéologique et de néant politique.

Comment s’étonner alors que notre personnage dont le quotidien est fait de mésaventures, se laisse exploiter jusqu’à envisager le départ : mais pour où ? pour s’enfoncer ou pour en sortir ?

Là est le chic du romancier, il manie la plume avec un humour qui rend ce récit très sympathique.