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| | Catherine Pozzi | |
| | Auteur | Message |
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soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
| Sujet: Catherine Pozzi Dim 26 Sep 2010, 11:10 | |
| - Spoiler:
Née en plein cœur de Paris, morte dans le même lieu, la même chambre, au numéro 10 de la place Vendôme, elle n'aurait pu n'être qu'une grande bourgeoise cultivée brillant par son élégance et sa culture dans les beaux salons du beau Paris. Mais elle sera cette assoiffée d'absolu nommée Catherine Pozzi, l'ami de Rilke, l'amante torturée de Paul Valéry pendant huit ans d'amour passion, d'amour douleur, d'amour fou. Un journal intime commencé très tôt à dix ans décrit ses stations successives de crises, de doutes, de passion mystique, de découragement, de recherche d'identité.
Rongée d'infini et de béances, elle sera écartelée entre la douleur de sa tuberculose et sa douleur de vivre. Morphine, laudanum, opium seront ses adjuvants pour tenir debout. L'amour sera sa plus forte drogue.
Mariée par lassitude au dramaturge de boulevard, Edouard Bourdet en 1908, vite désillusionnée sur les amours de convention, elle ne revivra par les étincelles des autres que par sa rencontre en 1920 avec Paul Valéry. Jusqu'en 1928, elle mettra l'exigence de son amour absolue au cœur de sa relation. Elle demandait l'impossible pour elle et pour les autres, sa morale exaltée de pureté lui servait de colonne vertébrale. Là où l'on croyait voir une dame du monde en liaison avec un écrivain réputé, il y avait un mélange de Louise Labbé et de Thérèse d'Avila.
Elle ne supportait pas les femmes impures et la cruauté de Dieu. Mais elle adorait la haute couture et l'élégance de luxe : « Il n’y a plus que deux choses qui m’intéressent : le catholicisme et les robes. ».
Atteinte sans doute du syndrome Camille Claudel, elle ne voulait pas signer ses œuvres (Agnès), ni encore moins les publier. « J'ai écrit ce livre pour tous, sachant que nul ne le lirait. Des vers que j'ai fait [Ave] vont paraître dans la Nouvelle Revue Française. Et tous ils croiront que ce sont des vers à quelqu'un. ».
Cette liaison si longue avec le grand monsieur des lettres françaises que Rilke passa tant de temps à traduire, il fallait la cacher, il fallait la taire. Ce sera son paradis et son enfer. « Venus tout entière à sa proie attachée », elle ne pouvait posséder son amant fuyant. Elle l'orgueilleuse, ne pouvait être que la maîtresse que l'on cèle, que l'on scelle, que l'on dissimule. Après la rupture, elle ne voudra que d'une solitude fiévreuse, totale, noire. « Le prince des poètes » avait la lâcheté des hommes. Il n'en sortira pas indemne lui aussi. Les disputes incessantes, les séparations mille fois consommées, les retrouvailles en pleurs les auront tous les deux dévastés. Car il s'agit plus d'une union mystique que d'une union physique.
« Je ne sais plus si ton bras est autour de mon esprit ou ta pensée appuyée à mon corps qui te cède ».
Tout était déchirure, tout était communion spirituelle. Elle restait lucide face au « diamant » et qui était aussi « petit monsieur sec, informé de partout ». Valéry précautionneux au bord de l'amour comme un héron au bord de l'eau sera pusillanime. Et cette passion ne pourra être qu'un adultère bourgeois.Gil Pressnitzer La grande amour que vous m'aviez donnée
Le vent des jours a rompu ses rayons
Où fut la flamme, où fut la destinée
Où nous étions, où par la main serrés
Nous nous tenions.
Mais le futur que vous attendez vivre
Est moins présent que le bien disparu
Toute vendange à la fin qu'il vous livre
Vous la boirez sans pouvoir être qu'ivre
Du vin perdu. | |
| | | Andree habitué(e)
Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 12/08/2010
| Sujet: Re: Catherine Pozzi Mar 26 Oct 2010, 12:06 | |
| AVE
Très haut amour, s'il se peut que je meure Sans avoir su d'où je vous possédais, En quel soleil était votre demeure En quel passé votre temps, en quelle heure Je vous aimais,
Très haut amour qui passez la mémoire, Feu sans foyer dont j'ai fait tout mon jour, En quel destin vous traciez mon histoire, En quel sommeil se voyait votre gloire, O mon séjour...
Quand je serai pour moi-même perdue Et divisée à l'abîme infini, Infiniment, quand je serai rompue, Quand le présent dont je suis revêtue Aura trahi,
Par l'univers en mille corps brisée, De mille instants non rassemblés encor, De cendre aux cieux jusqu'au néant vannée, Vous referez pour une étrange année Un seul trésor
Vous referez mon nom et mon image De mille corps emportés par le jour, Vive unité sans nom et sans visage, Cœur de l'esprit, ô centre du mirage Très haut amour.
Cette découverte m'a donné envie de mieux connaître cette artiste. Merci. | |
| | | | Catherine Pozzi | |
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