Michel de Saint-Pierre

Viens de terminer Les Écrivains de Michel de Saint-Pierre paru en 1957 chez Calmann-Lévy et dans Le livre de Poche en 1960. Ce qui veut dire que l’édition que je termine à l’instant a 50 ans ce qui rend possible que certains des LDP auront 100 ans un jour. Toute une partie de ma jeunesse est dans cette collection. Un collectionneur qui lirait chacune des éditions LDP en les collectionnant aurait là un bien beau loisir.

Michel de Saint-Pierre (1916-1987) est un écrivain peu réédité depuis sa mort malgré le fait que ses livres eurent un réel succès, il subit le même sort que les Henri Bordeaux, Roger Peyrefitte ou Gilbert Cesbron et bien d'autres qui eurent un immense succès et qui sont partiellement ou totalement oubliés aujourd’hui. Ce qui devrait faire penser aux écrivains de l’heure de rester modestes.

C’est l’histoire d’un grand écrivain, Alexandre Damville, le plus grand de son siècle et de son fils Georges. Un, le père, est discipliné dans son travail et sa vie, ayant tout sacrifié à la littérature et un fils surdoué mais anarchiste. Voilà nos deux écrivains.

Des héros presque caricaturés, comme il serait impossible d’en produire aujourd’hui, une littérature d’une autre époque mais pas pour autant inintéressante. Ce livre se veut-il inspiré des Mauriac, François et Claude ? Je sais pas, le père contrairement à Mauriac père, est de tendance athée mais à l’écoute.

Les écrivains de cette époque avait moins de connaissances mais plus de culture que ceux d’aujourd’hui, plus près des classiques. Les personnages y sont totalement entiers, bornés, géants.

J’en cite ici quelques extraits retenus.

Citation :

Un écrivain est un homme traqué, mademoiselle. Vous le constaterez par vous-même. Il y a deux sortes d’humains : les créateurs et les impuissants. Or, tout se passe comme si les seconds rendaient en haine ce que les premiers leur donnent en mépris. Vous verrez ; il existe par le monde une extraordinaire conspiration des imbéciles et des incapables, ligués contre ce qui est fécond, indépendant et fier. Ils sont puissamment organisés. À côté d’eux, les agents de l’Intelligence Service et les Jésuites eux-mêmes sont des enfants.

Citation :

Pour en terminer avec ce discours, vous saurez bien vite que le pire ennemi de l’écrivain, c’est la femme ! Depuis un million d’années environ, la femme croit avoir le privilège de la fécondité. Elle n'entend le partager ce privilège, avec personne. Donc, elle hait instinctivement l’écrivain. Et croyez-moi, le moyen pour elle de nous haïr le plus efficacement du monde, c’est encore de nous aimer. En sorte que nous sommes, que je suis en proie à l'amour des femmes, sous ses formes les plus indiscrètes et les plus rebutantes. Il me faut lutter contre des gamines à nattes, plus ou moins bien lavées qui ont l'intention de faire carrière dans le journalisme-contre les femmes collectionneuse-contre des sensuelles expérimentatrices-contre des intellectuelles possessives qui veulent prendre mon œuvre en main, sinon ma personne-ou même contre des « fiancées » qui seraient prêtes à tout pour que je recommande à un éditeur le manuscrit de leur petit ami…

Citation :

Vous m’invitez à donner mon opinion sur les témoins-c'est-à-dire, bien entendu, sur la race inférieure. Qu’il soit donc selon votre désir…

Mon sentiment est celui-ci : en littérature les témoins sont généralement destructeurs. Ils tiennent du vautour et du dynamitero. Persuadés que le monde se désagrège, ils ont la prétention de faire table rase, de nettoyer l’univers. Les plus « engagés » d’entre eux sont les plus misérables quant à leur valeur littéraire ; ils sont aussi les plus dangereux-car ils ont moins de prise sur eux-mêmes que sur le monde. On invoque des témoins qui se feraient égorger. Les témoins d’aujourd’hui seraient plutôt égorgeurs. Il faut que ce qui les gêne et les embarrasse ne soit plus, pour qu’ils commencent d’être. Je parlais de vautours et c’est bien un peu cela : je les vois déployer sur nos débris avec impudence, comme un charognard étend ses ailes sur une pourriture choisie…

C’est vrai que ces discours sont pour illustrer la nature des personnages mais n’empêche que, comme je vous disais, on n’oserait pas écrire ainsi aujourd’hui. Un très bon livre. J’avais lu une ou deux autres choses de Michel de Saint-Pierre, peut-être : Les Nouveaux Aristocrates, 1961, Calmann-Lévy et Dieu vous garde des femmes, 1961, Denoël (Grand prix de la Nouvelle) dont je ne garde aucun souvenir.

Citation :

Durant les années 1950, il collabore à La Nation française de Pierre Boutang et Michel Vivier. Très antigaulliste, il manifeste à plusieurs reprises son intérêt pour l'action politique, en apportant publiquement son soutien par exemple à Tixier-Vignancour ou au Parti des forces nouvelles.

Aux éditions de la Table ronde, il assure aussi les fonctions d'agent littéraire, de directeur de collection, de conseiller et aussi d'administrateur. Au sein des éditions France-Empire, il crée et dirige une collection appelée « Catholique ». Il fait partie des fondateurs du journal Présent en 1981.

Royaliste et catholique, défenseur de la messe traditionnelle, il se lance avec vigueur dans les grands débats qui agitent une société française en pleine transformation. En 1964, en pleine période conciliaire, son roman Les Nouveaux prêtres, met ainsi en scène le désarroi de certains catholiques surpris par les réformes liturgiques et pastorales de Vatican II.

Selon Wikipedia.

ton deuxième extrait : le pire ennemi de l’écrivain, c’est la femme ! montre un homme misogyne, arc-bouté sur des positions traditionnelles ou traditionnalistes, livrant des combats d'arrière-garde.

rotko a écrit:

Citation :

Durant les années 1950, il collabore à La Nation française de Pierre Boutang et Michel Vivier. Très antigaulliste, il manifeste à plusieurs reprises son intérêt pour l'action politique, en apportant publiquement son soutien par exemple à Tixier-Vignancour ou au Parti des forces nouvelles.

Aux éditions de la Table ronde, il assure aussi les fonctions d'agent littéraire, de directeur de collection, de conseiller et aussi d'administrateur. Au sein des éditions France-Empire, il crée et dirige une collection appelée « Catholique ». Il fait partie des fondateurs du journal Présent en 1981.

Royaliste et catholique, défenseur de la messe traditionnelle, il se lance avec vigueur dans les grands débats qui agitent une société française en pleine transformation. En 1964, en pleine période conciliaire, son roman Les Nouveaux prêtres, met ainsi en scène le désarroi de certains catholiques surpris par les réformes liturgiques et pastorales de Vatican II.

Selon Wikipedia.

ton deuxième extrait : le pire ennemi de l’écrivain, c’est la femme ! montre un homme misogyne, arc-bouté sur des positions traditionnelles ou traditionnalistes, livrant des combats d'arrière-garde.

C'est son personnage qui dit ça, pas lui.

Le style général de cet écrivain t-a-t-il paru guindé ou violent ?

il me donne l'impression d'un polémiste de la droite dure (sa filiation avec Tixier Vignancourt l'indiquerait) qui n'hesite pas à être brutal dans ses formules : qui parlerait de "race inférieure" actuellement, et de "gamines à nattes mal lavées" ? derrière cette expression ne s'agirait-il pas des féministes ?

rotko a écrit:

Le style général de cet écrivain t-a-t-il paru guindé ou violent ?

il me donne l'impression d'un polémiste de la droite dure (sa filiation avec Tixier Vignancourt l'indiquerait) qui n'hesite pas à être brutal dans ses formules : qui parlerait de "race inférieure" actuellement, et de "gamines à nattes mal lavées" ? derrière cette expression ne s'agirait-il pas des féministes ?

Si ça peut te faire plaisir, il fut quand même résistant, décoré de la Croix de Guerre. C'est certain ce serait plus "avant-gardiste" si il était moins catho, un peu pédé et communiste mais c'est pas donné à tous.