Karan Johar : My Name Is Khan.

« My Name Is Khan »


avec Shah Rukh Khan, la star de bollywood et Kajol Mukherjee-Devkan

Ce délicieux mélo se déguste comme un loukoum, plaisir coupable et délectable. Si son côté kitsch rappelle ses racines bolly­woodiennes – malgré l'absence totale de numéros musicaux –, sa veine humaniste nous fait vibrer, écrit le Parisien.

Il faut aller voir ce long film, musical, larmoyant, drôle et engagé, ne serait-ce que pour découvrir le Sud profond des Etats-Unis, comme on le voit dans un studio de Bombay : avec des pitons volcaniques, des vaches qui paissent dans des rues boueuses et des Afro-Américains chantant et souriant. dit le Monde dans un article qui détaille l'histoire et les mérites du film.

le site du film

My name is Khan
Un film indien de Karan Johar, avec Shah Rukh Khan et Kajol Mukherjee-Devgan



Synopsis : Rizvan Khan est un enfant musulman qui a grandi avec sa mère dans le Borivali de Mumbai en Inde et qui souffre du syndrome d'Asperger. À l'âge adulte, Rizvan tombe amoureux d'une coiffeuse Mandira avec qui il se marie. Le couple s'installe à San Francisco. Après le 11 septembre 2001, il est pris pour un terroriste car son handicap le rend suspect. Après son arrestation, il essaye de rencontrer le président des États Unis afin de retrouver l'amour de sa femme.

Avis: un film qui combine un solide scénario, une réalisation brillante , et un excellent jeu d'acteurs. La dénonciation de l'islamophobie dans une Amérique traumatisée par l'attentat du 11 septembre est poignante. L'aspect mélodramatique à la manière de Bollywood (excès compris) peut irriter le spectateur occidental habitué à plus de sobriété, mais le sujet - finalement peu traité au cinéma - s'y prête particulièrement. D'autre part, si l'on peut reprocher à la narration quelques longueurs dans la dernière partie (avec l'épisode des inondations en Louisiane - quoi, une petite demie heure sur les 2h40 que dure le film?), ce détour était requis par le scénario pour mettre en parallèle les persécutions des musulmans et la compassion du héros pour les souffrances américaines.
Au final, My name is Khan reste un très très beau film servi par une performance d'acteur stupéfiante: la manière dont Shah Rukh Khan campe les symptômes de l'autisme soutient la comparaison avec celle de Dustin Hoffmann dans Rain Man ou de Tom Hanks dans Forrest Gump).

Il faut s'attendre à tout avec les films bollywood. My name is Khan le confirme, avec des scènes kitsch comme le salon de coiffure qui regroupe des gravures de mode passées sous le casque, des moments de gospels dans une église du sud où toute l'assistance se balance en rythme, des vues de la Louisiane sous les eaux etc.

Oui, on retrouve le duo d'acteurs hyper connu (Shah Rukh Khan, Kajol Mukherjee-Devgan) des comédies musicales indiennes, et l'amour triomphe des difficultés matérielles, psychologiques, politiques et religieuses, amen.

La nouveauté de ce film long - 2 h 40, qui brasse tout et ne sait pas s'achever, c'est l'impact du 11 septembre sur la communauté musulmane.

Là encore tout est mis en vrac sur la scène : le discrédit qui frappe les musulmans, leur véritable attachement à l'Amérique, le haïk comme revendication d'identité, les provocations racistes, la condamnation des fondamentalistes d'Oussama Ben Laden.

Citation :

Celui qui tue un homme innocent tue l’humanité tout entière, et celui qui sauve quelqu’un, sauve l’humanité tout entière.

sourate 5, verset 32.

Film à grand spectacle qui célèbre l'arrivée au pouvoir d'Obama et renvoie Bush aux enfers de l'Histoire, My name is Khan allie, dans une bande son tonitruante et obsessionnelle, de beaux sentiments, une actualité ressentie, et les poncifs du genre.

En prévision JODHAA AKBAR, de Ashutosh Gowariker, fresque indienne de 3h 35 !

L'autre point intéresssant à mes yeux de My name is Khan, le syndrome d'Asperger, sans que pour autant je puisse dire la description réussie. Khan n'aime pas le contact physique, a horreur du jaune, n'exprime pas ses sentiments, et récite par coeur ce qu'il a lu une fois.

C'est aussi le génie du bricolage

Fallait-il le montrer physiquement handicapé par un port de tête révélateur ?

On voit ce qui se profile derrière cette particularité : la différence et son acceptation par autrui.

On rejoint ici le thème des USA après le 11 septembre : une paranoia généralisée qui atteint les sevices de surveillance, mais aussi des "citoyens ordinaires" qui insultent, chassent et tuent.

Khan, parce que différent, se met en Louisiane au service des minorités que le pouvoir ignore, et ne secourt pas dans le désastre.

Qui donc est l'autiste ? l'individu Khan ou le régime Bush ? (mais sans dons exceptionnels !).

Je ne pense pas du tout qu'il faille jeter sur ce film un regard supérieur, sous prétexte qu'il y a une ou deux chansons et des sentiments ouvertement exprimés. Je pose la question: ne sommes-nous pas un peu blasés? Dans les cultures orientales, il n'est pas tabou de manifester ses émotions: tout ce qui est coloré n'est pas nécessairement "kitsch", et tout ce qui est sentimental n'est pas forcément "mélo". En Occident, il est de bon ton de refuser tout cela sous prétexte que jouer sur les émotions est facile - voir la fameuse phrase de Gide: "on ne fait pas de bonne littérature avec avec de bons sentiments" (ni de bon cinéma). Il ne me semble pas que le propos tenu ici soit "facile", au contraire, il va à contre-courant de la plupart des préjugés qui avaient cours au lendemain du 11 septembre (et qui, loin d'avoir disparu avec le reflux de l'événement, se sont fermement ancrés depuis).

Pour moi, la description de l'autisme n'a rien à envier à celle de Rain Man, ni la performance de Shah Rukh Khan à celle de Dustin Hoffmann. D'ailleurs, les films hollywoodiens ne comportent pas moins d'outrances que les films bollywoodiens, mais peut-être sommes nous conditionnés pour accepter les premiers et non les seconds.

A mon sens, la seule faiblesse de ce film est effectivement de ne pas avoir su gérer la durée de l'épisode louisianais, sans doute par souci d'équilibrer le propos du film en souligant la compassion avec les victimes américaines de l'ouragan.

Oh ! mais je me montre réceptif à Bollywood - et à ses actuelles problématiques, qui le font evoluer politiquement et musicalement.

Voir ce fil bollywood que je complèterai avec JODHAA AKBAR, de Ashutosh Gowariker 3h 35