Le projet de réforme du programme de SES au lycée

Hexagone parlait de l'absence de rapports entre économie et "morale" (cf. https://grain-de-sel.1fr1.net/pratiques-culturelles-f9/pour-un-salaire-maximum-t7519.htm).
Le gouvernement est du même avis, et compte bien le montrer avec cette réforme. J'ai lu un article intéressant dans Politis à ce sujet. Il s'intitule "Sciences éco sans conscience"...

Citation :

En clair, cette matière qui a connu quarante ans de succès dans l'enseignement secondaire, notamment parce qu'elle combine économie, sociologie et politique, est en passe d'être démantelée au profit d'une vision idéologique de l'économie. Le Snes-FSU, principal syndicat des enseignants du second degré, déplore ainsi la disparition des "questions vives" comme le chômage, l'inflation la dette publique, les déficits, l'impôt, le financement des retraites, les crises, la croissance, la culture, etc., "qui donnent du sens aux apprentissages et mobilisent l'intérêt des élèves". Le groupe d'experts "a préféré aborder le programme à partir de l'étude d'une liste interminable de notions plus ou moins abstraites", au nombre de 170 (un record dans les programmes), relève l'Apses, contre 70 auparavant. Et cette lise est "essentiellement inspirée par l'analyse néoclassique", promue notamment par les économistes néolibéraux, souligne le Snes-FSU, qui estime que cette approche "fortement disciplinaire cloisonne les enseignements et conduit à un encyclopédisme sans précédent". La CGT Educ'action y voit de son côté un programme qui "ne répond en rien à la formation de l'élève en tant que citoyen éclairé".

Source : Politis n°1107 (17-23 juin 2010)

Personnellement, je n'ai pas reçu d'enseignement de SES au lycée, car j'avais choisi option grec ancien, mais cela ne m'empêche pas d'être une citoyenne avertie, de m'interesser à la sphère écomonique et sociale de notre pays, de l'Europe, et du monde, d'avoir des opinions politiques défendables...
Il faut arrêter de vouloir créer un enseignement "type" pour tout le monde.
De plus, cela ne ferait qu'accentuer la perdition de la filière littéraire, qui ne est de moins en moins courue par les élèves. Pourquoi? Parce que considérée comme filière "de fille", parce que considérée comme filière sans débouché important, parce que considérée comme filière trop intellectuelle ( 8h de philo en terminale décourage pas mal de lycéens!), parce que dénigrée par certains parents ( et oui, j'ai vu lorsque j'y étais, des enfants rêvant d'aller en L, ce que les parents refusaient), et autres...
Laissez-donc les jeunes décidez de leur sort ( scolaire, bien entendu...)

et d'ailleurs pourquoi ne pas créer une option "initiation à la philosophie" dès la seconde?

une option Philo dès la seconde me paraîtrait prématurée dans la mesure où la connaissance de la langue ne serait pas bien acquise.
Je ne crois pas non plus que ce soit envisagé officiellement ...

Citation :

une option Philo dès la seconde me paraîtrait prématurée dans la mesure où la connaissance de la langue ne serait pas bien acquise

.

Les élèves pourraient travailler sur des notions simples et s'ouvrir à des philosophes accessibles.
J'espère que le français est bien acquis auprès de jeunes de 15 ans! Le programme de français de seconde est ambitieux (d'après mes souvenirs) donc ils ont en théorie le niveau pour une approche de la philosophie.

cleo a écrit:

Les élèves pourraient travailler sur des notions simples et s'ouvrir à des philosophes accessibles.
.

tout à fait, et cela serait plus une "initiation à la philosophie"... qui permettrait d'étudier des philosophes accessibles et d'apporter aux jeunes lycées des outils nécessaires...
Et puis, outre l'apprentissage de la méthode du commentaire, et de la dissertation, le programme de français en seconde ne m'a pas paru plus compliqué que ça...mais peut-être cela a t il changé

Citation :

Et puis, outre l'apprentissage de la méthode du commentaire, et de la dissertation, le programme de français en seconde ne m'a pas paru plus compliqué que ça...mais peut-être cela a t il changé

C'était pour contrer Rotko qui affirme que:

Citation :

Citation:
une option Philo dès la seconde me paraîtrait prématurée dans la mesure où la connaissance de la langue ne serait pas bien acquise

A mon humble avis, un élève de seconde devrait pouvoir comprendre quelques notions de philo. En français, les élèves poursuivent leur apprentissage des figures de styles et apprennent réellement à étudier une oeuvre littéraire......Enfin d'après mes souvenirs qui remontent!
On a bien des cours expérimentaux en maternelle.

Citation :

J'espère que le français est bien acquis auprès de jeunes de 15 ans!

Euh, quand je vois bien des terminales qui peinent à former une phrase syntaxiquement correcte, tu sais...
Bien sûr, il faudrait que le français soit bien acquis auprès de jeunes de 15 ans ; seulement, dans les faits, c'est différent, en raison d'un certain laxisme, qui commence dès la primaire... En raison, aussi, du fait que l'on concentre dans des établissements des "derniers de la classe", pour paraphraser Jamel :

Citation :

Dans ma classe, y avait que des derniers de la classe. A la fin, on était tous derniers, ex aecquo !

Je me rappelle ma primaire. S'ils avaient fait les choses correctement, en CM2 par exemple, on aurait été 3 à passer au collège (je caricature un peu, mais pas tant que ça). Mais où voulez-vous qu'ils mettent tous les redoublants ? Alors, on envoie les petits au collège. Et au collège, y a le même souci. Alors, les élèves arrivent au lycée. Et au lycée, les élèves ne savent toujours pas écrire français.

Je sais bien Kervinia mais ne faut-il pas remonter le niveau plutôt que de toujours niveler par le bas?
Sinon, on aura bientôt une dictée au BAC.

Après, évidemment pour certains élèves ils vaudraient mieux revoir les bases du français. Dans mon lycée, nous avions des cours de remise à niveau en français et en math (j'avais droit au math).

Citation :

Personnellement, je n'ai pas reçu d'enseignement de SES au lycée, car j'avais choisi option grec ancien, mais cela ne m'empêche pas d'être une citoyenne avertie, de m'interesser à la sphère écomonique et sociale de notre pays, de l'Europe, et du monde, d'avoir des opinions politiques défendables...

Ce n'est pas la question, d'autant plus que chaque matière est censée participer à sa manière à la constitution du citoyen ; ce n'est pas l'apanage de l'SES.
Ce que je veux dire, et ce que veut dire l'article, c'est que la vision de l'économie imposée par la réforme est une vision 100% néolibérale, qui vise l'encyclopédisme et l'abstraction, et non le développement de la réflexion critique. Selon des experts et au moins la moitié des profs français c'est une régression d'un demi-siècle.

Citation :

et d'ailleurs pourquoi ne pas créer une option "initiation à la philosophie" dès la seconde?

Ce qu'on appelle "philosophie" en terminale n'est jamais qu'une "initiation à la philosophie"... Donc, en seconde... ^^'

cleo a écrit:

Je sais bien Kervinia mais ne faut-il pas remonter le niveau plutôt que de toujours niveler par le bas?
Sinon, on aura bientôt une dictée au BAC.

Après, évidemment pour certains élèves ils vaudraient mieux revoir les bases du français. Dans mon lycée, nous avions des cours de remise à niveau en français et en math (j'avais droit au math).

Dans le lycée où je travaille, il faudrait que tous les élèves, BTS compris, à quelques exception près, participent à ces cours de remise à niveau... ptete que c'est pour ça qu'il n'y en a pas, d'ailleurs. ^^' Entre ceux qui font une faute à chaque mot, ceux qui ne savent pas écrire une phrase correcte et ceux qui utilisent des mots compliqués à mauvais escient pour essayer de faire genre... =S

Je ne dis pas de niveler par le bas ; mais il ne faut pas non plus trop élever le niveau ; ça risque de creuser encore plus le fossé qu'autre chose.

Bon, je n'ai pas de solution, je le reconnais ; je pense que c'est à chacun d'apporter sa pierre à l'édifice et d'arranger les choses à sa manière ; le niveau global ne peut que remonter de cette manière. Petit à petit, mais sûrement. Seulement, pas la peine de se leurrer, le jour où tout le monde fera son boulot correctement - profs, administration, parents, blabla - la terre risque d'avoir une syncope sous le choc.

[[damned, j'ai l'impression de parler pour ne rien dire enfin bon... c'est tout moi... mais ça me fait penser à des profs assez extrémistes... tu parles de ne pas niveler par le bas, eh bien je dois dire qu'il y en a qui abusent de ce point de vue là ; des fois, quand je voyais le devoir que devaient faire des élèves, ça sortait tout seul : "Mais c'est stupide, comme devoir ; inutile et inintéressant" - et je gardais dans ma tite cervelle l'idée qu'il les prenait vraiment pour des analphabètes... Et à l'opposé, une prof, notamment, qui donnait des textes beaucoup trop durs pour ses élèves ; résultat, ils ne comprenaient rien du tout ; ça va être joyeux s'ils doivent expliquer ça au bac oral... =_=]]

cleo a écrit:

C'était pour contrer Rotko qui affirme que

:

le vilain rotko a écrit:

une option Philo dès la seconde me paraîtrait prématurée dans la mesure où la connaissance de la langue ne serait pas bien acquise

cleo a écrit:

A mon humble avis, un élève de seconde devrait pouvoir comprendre quelques notions de philo.

Il y a sans doute moyen de s'entendre

Le tout est de trouver le support :

je propose donc le théâtre d'Alain Badiou chez Babel Actes Sud

La tétralogie d'Ahmed : Ahmed le subtil ; Ahmed philosophe ; Ahmed se fâche ; Les citrouilles

[Ahmed] démontre brillamment que maîtriser le langage, donc la pensée, c'est maîtriser le réel.

Ce cycle de farces philosophiques, qui doit autant à Molière et Aristophane qu'à Platon ou Rousseau, parle ainsi, mine de rien, du hasard et de l'infini, de la morale et de l'événement, de la cause et de l'effet, de la poésie, du théâtre, du multiple et du sujet, de Dieu, de la nation, du pouvoir... entre deux éclats de rire.

Eh bien, Cleo, nous y sommes

A mon avis, un apprentissage de la philosophie banalisé serait bon pour moi dès la primaire. (Ou au plus tard en 5ème)

Simplement pour aider l'élève à avoir une idée, pour qu'il se familiarise avec cette matière. Simplement, il n'y a evidemment pas les compo' et les dissert' simplement des discussions ouverte. Et puis cela ne dois pas être simplement en terminal que la matière se corse revienne au niveau normal. Il dois y avoir une difficulté qui augmente graduellement. Simplement, à l'ébauche de cette matière il faut pas dégoûter l'élève. Il faut au début banaliser ces cours, et tout innocemment, tenter d'aboutir à une réflexion personnel de la part de l'élève. (Ne riez pas, je pense que c'est possible. Au moins au collège, la jeunesse, ça me connait encore.)

Grrrr', l'ordi a déconné, mon message s'est effacé. ><

Citation :

Simplement pour aider l'élève à avoir une idée, pour qu'il se familiarise avec cette matière. Simplement, il n'y a evidemment pas les compo' et les dissert' simplement des discussions ouverte.

Moi, je dis "bonne chance" aux instits.
Les mômes, en primaire, ne savent pas ce que c'est qu'un débat. Ils ne savent pas encore écouter et intervenir à bon escient.
Ce serait l'anarchie, le bordel total... avec des degrés divers selon les classes, évidemment.
L'apprentissage de l'oral ne se fait pas en un claquement de doigts.

oui, mais avec les farces philosophiques d'Alain Badiou, on rigole et on discute. Il a beaucoup retenu du Scapin, de Molière. Les enfants sont vite interpellés par les spectacles qui leur plaisent, et ils disent facilment leur mot. Ensuite, avec les adolescents, la réserve est plus grande, la moquerie facile.

Donc, après avoir fait ma mauvaise tête, je m'assieds à côté de Cleo et on scande :

BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU !BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU !

C'est ferry qui en fera une jaunisse !

Tout dépend de comment on s'y prend en effet. (Je caricature et je suis surréaliste, mais que dirais les élèves si on commençait l'étude des maths en 1ère Littéraire ?)

Et si les ados s'en moquent, je dirais que y en a qui se moquent des maths, de l'histoire ou de la littérature. C'est pas le monopole de la philosophie. Si certains font les interessants en philo en se croyant plus malin, ce n'est parfois qu'une apparence. Et puis c'est à eux que reviennent les résultats. On ne peux les forcer à aimer une matière.

Citation :

Donc, après avoir fait ma mauvaise tête, je m'assieds à côté de Cleo et on scande :

BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU !BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU ! BA-DIOU !

Ok, Rotko!

et demain, je chanterai:
un train, un train, un train
et après en desespoir un bus, un bus
pour finir par compassion pour mes amis les pieds: rentrons à la casa et puis basta.
(rien à voir avec le sujet mais j'assume! Là, c'est sûr que Nestor ne sera pas content mais Rotko chante avec moi.......Je suis sauvée!)