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 Voyage à København (Copenhague)

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Alone
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MessageSujet: Voyage à København (Copenhague)   Voyage à København (Copenhague) EmptyMer 19 Mai 2010, 19:22

Bonsoir,

voici un texte que j'ai rédigé, entre mars-avril 2010, lorsque j'étais de passage à Copenhague (où je suis resté 2 semaines). Je ne sais pas dans quel "genre" on peut classer mes écrits, mais je sais qu'ils ne sont jamais nouvelles ni romans. J'espère que cet "article" vous intéressera ! Smile



Tracé. Récit d'un tracé, d'une empreinte.

26 mars 2010 - 12 avril
[København] Où et quand l'histoire se dispute à la légende. Si Copenhague faisait l'objet d'un journal ou d'un récit, la littérature descriptive serait inapte à traduire « la magie du lieu ». Il faudrait qu'une plume « danoise » se propose de marier l'histoire à la légende ; il faudrait qu'elle compose avec la fable, laquelle traduirait, en toute transparence, l'éternelle brume nordique qui est tout à la fois un état de fait légendaire, et le berceau des contes. Je vous invite donc à regarder Copenhague, et surtout à l'écouter, au travers des vitres de mon langage toujours renouvelé ; au travers des vitres de l'équivoque. Restez donc assis, près de la fenêtre dont les carreaux sont en larme, et dont les failles laissent passer la voix des vents mythiques.

Il y a de ceci quelques années, il m'a été donné de rencontrer, au hasard d'un bouquiniste, les œuvres d'un auteur danois dont le nom demeure gravé dans ma mémoire de marbre. J'ai lu ses œuvres, lesquelles j'ai trouvées intenses et intensément évocatrices. Elles me sont apparues comme des baisers. Des baisers plus doux que le miel, plus amers que le fiel – pourtant. Les œuvres de ce danois se sont souvent présentées à moi comme des ancres, lesquelles, s'inscrivant néanmoins dans le quotidien, me rappelaient à une réalité plus profonde que le « quotidien mécanique ». Il fallait que l'histoire ne soit pas étrangère à la légende, auquel cas elle ne resterait qu'une occasion. Le lisant, j'ai vu, dans le moment présent et dans la vie, autre chose qu'une occasion ou un malheureux accident plus vain que le vent. D'autres penseurs ou d'autres écrivains tels que Joyce ou Cortazar se sont proposés de rendre l'ordinaire extraordinaire, mais cet auteur danois, lui, dérobait plutôt un peu les filaments intriqués de l'ordinaire qui est à lui seul comme une extraordinaire pelote de laine. A la lecture du danois, tout s'est produit comme si l'ordinaire n'était pas à rendre in-ordinaire, que je n'étais pas appelé à travailler l'ordinaire comme pour le transformer, mais plutôt comme si l'ordinaire et l'extraordinaire, l'éternel et le temporel, et tous les « couples » qui se marient sous l'étoile du paradoxe dansaient sur une piste étrange : celle de la vie. J'ai rencontré, dans cette plume, des passants, l'éternel, et il m'a paru quelques fois que je rencontrais l'homme – et si souvent je l'ai croisé, et si toujours différent que je ne l'ai jamais reconnu que de dos. -- Un haut de forme s'éloignait dans la brume. Le chant des mouettes attirait mon regard. Je baissais à nouveau mon regard, et le haut de forme avait disparu.
Je réagissais parfois comme si le fait qu'il se présente à moi sous un visage toujours renouvelé était une forme d'infidélité de sa part à mon égard – si tant est qu'il ne se soit jamais adressé à moi – et je le faisais l'accusé d'un secret procès, je veux dire d'un procès mené « en mon âme et conscience », dans lequel le chef d'accusation pour lequel je plaidais pourrait se résumer ainsi : « Ô, toi, tu as changé ». Cela dit, l'intensité des lectures de ce danois étaient pour moi trop stimulantes, comme elles m'emmenaient singulièrement loin de moi et appelaient mes faculté affectives et intellectuelles à s'exercer toujours un peu plus profondément – vers Dieu. J'ai toujours conservé, pour cet auteur, un respect profond ou un amour profond, mais soutenir sa présence de plus en plus intense – et en un sens de plus en plus vive – était pour moi impossible. Ma conscience m'a commandé d'interrompre mes lectures ou de donner entres elles un espace de deux ou trois éternités. Ces lectures, en effet, ces aventures faisaient la vie se dérouler trop vite en moi, et peut-être en ce sens ai-je vieilli trop vite. Je ne dis pas le nom de cet auteur par peur d'en abuser, mais je vais sous sa fenêtre, dans la bouche de l'ombre à sa fenêtre – et toujours je tourne autour. L'ombre de mes désirs et l'ombre de sa fenêtre m'engloutissent ou m'absorbent toutes deux. Elles me rendent parfois inconsistant, étranger à moi-même, comme si j'allais jusqu'à perdre l'impression même d'être jeté dans le monde. Andersen en tête, je dis qu'une ombre veut usurper mon identité. Le nom de l'auteur dont je parle commence par un E.
Cela dit, il m'a fallut, pourtant, aller sous sa fenêtre vraiment. Il me fallait actualiser la possibilité qui, depuis longtemps, m'était offert. Le Danemark, en effet, se trouve si près de mon pays natal. Pour cela, je devais aller à Copenhague vraiment. Comme il arrive qu'un homme approche la jeune fille qu'il convoite en s'introduisant dans son cercle social et en tissant des liens avec ceux qui ont la chance de connaitre la jeune fille, pour connaître un peu mieux cet auteur – et aussi je dis connaître au sens biblique – ai-je approché son cercle social et, surtout, son cercle géographique, lequel se présente à la frontière du temps et du non-temps. J'ai lu, en effet, des Sagas Islandaise, quelques contes d'Andersen, La Geste des danois de Saxo Grammaticus, quelques ouvrages de Niels Bohr, etc. Et en cela, il m'arrivait d'idéaliser Copenhague. Elle ne pouvait plus demeurer pour moi une ville ordinaire, une ville non-mythique. Comment osais-je confronter alors la réalité à la représentation que je m'étais constituée la ville du veilleur ? Peut-être cet auteur dont justement j'allais voir l'esprit, écouter les murmures et sentir le parfum m'y avait autorisé – et amené. Je l'ignore exactement.

Le matin du 26 mars 2010, aux alentours de quatre heures, je sortais de mon appartement, lequel se trouve en Suisse, en vue de me diriger à l'aéroport de Genève, lequel me menait à Copenhague. Je mettais les pieds à Copenhague pour la première fois, mais j'y avais déjà déposé mon esprit – si ce n'est la ville que j'avais déposée dans mon esprit. Il me semblait à moi-même certain que j'avais idéalisé positivement Copenhague, que je l'avais « sur-investie », comme diraient quelques psychanalystes, et une déception me semblait plus que probable, il me semblait qu'elle m'attendait. En effet – et si les sagas islandaises, les berserkers, le vilain petit canard, la petite sirène, le génie de Niels Bohr et les balades de Kierkegaard n'avaient laissé aucune trace dans Copenhague ? Et si ces traces s'étaient toutes effacées avec le temps, les vents et la rosée de la mer Baltique ? Et si, comme il ne demeurait, de ces morceaux d'éternités, aucune trace visible, ou aucune trace vive – et si je devais trouver, à Copenhague, quelques vestiges macabres d'une éternité mythique devenue à présent l'objet de l'Histoire et des boutiques de souvenirs ? Alors tout serait perdu[...] J'arrivais à Copenhague le matin du 21 mars 2010, aux alentours de 8 heures. Le soleil souriait plus qu'aucun des jours qui suivirent. La météo, elle et sa conscience ensoleillée, saluaient mon arrivée.
Face à l'entrée de l'hôtel dans lequel je réside, sur Fuglsang Allé, côté nord-ouest, se trouve un milieu naturel. Ce milieu semble couronné par une lagune de laquelle je fais le tour quelques fois par jour. La vie y est en mouvements, l'air y est naturellement frais, et l'on y sent la terre humide et le bois mourant. Ladite lagune nourrit près d'une vingtaine d'espèces ou de variétés aviaires (18 répertoriées) et autant d'espèce ou de variétés de plantes. Il y a, par exemple, trois variétés de Argus (Argentatus, Cornus, etc), une Gallinula Chloropus aussi connue sous le nom de poule d'eau, etc. La Gallinula C. est omnivore, c'est-à-dire que son régime alimentaire comprend aussi bien les plantes que d'autres organismes animaux tels que les crevettes. Sa distribution est pratiquement mondiale. Je n'ai su identifier qu'une variété de plante avec certitude, laquelle se trouve aussi, sous la même forme et sans variations distinctes à l'œil nu, dans le jardin royal (Kongens Have). Il s'agit d'une Viola Cornuta. J'ai observé, par ailleurs, qu'on ne la trouve qu'à une vingtaine de mètres de la lagune, tout proche des haies. Elle semble donc être domestique, exactement comme la Viola Cornuta que l'on trouve des les jardins royaux. Je n'ai observé l'existence d'aucun thalle. En revanche, j'y ai vu une variété de Halophytes (comme la fougère), dont la répartition, comme elles n'ont ni étamines ni pistils, est généralement limitée à des zones humides, excepté dans quelques cas de domestication. J'ai en outre observé des plantes, que je ne suis pas en mesure d'identifier et dont la tige ne mesure que 2 ou 3 centimètres, dont la fleur est jaune et qui ont en moyenne 28 étamines. La présence d'autant d'étamine chez un individu garanti probablement l'extension de son espèce dans un milieu seulement semi-humide (ce que confirme le fait qu'on ne les voie pas en bord de lagune mais plus éloignés). Il semblerait pourtant que l'absence d'insectes – tout du moins n'en n'ai-je pas observés – ne garantisse pas une telle extension. On ne trouve, en effet, ces « fleurs jaunes » que dans les jardins domestiques et à proximité de ceux-ci. En outre, il est remarquable que le milieu quasi-aquatique en bordure de lagune bénéficie de la lumière directe du soleil, ce qui probablement ne favorise pas non plus l'extension de cette espèce domestique dont les critères de viabilité sembles similaires à ceux de la Viola Cornuta. Parmi les arbres, je n'ai identifiés certainement que des plantes de la famille des bétulacées, plus précisément des bouleaux. Soit qu'il y ait dans ce milieu des bouleaux de plusieurs variétés, soit que le début du printemps ne soit pas propice à leur développement, j'ai observé que quelques individus sont pourvus de chatons et d'autres non – ou tout du moins pas encore. Aussi, il m'a été donné de voir quelques arbres, lesquelles ressemblent à des saules (Salix babylonica). Ils ont de longs embranchements jaunes, tombants, et peuplés de bourgeons.
Avant mi-mars, je n'avais observé que peu d'insectes, lesquelles étaient particulièrement petits ; aucun rongeur, lesquels ruinent certains plants, et dont l'absence assure leur extension. Cependant, le mardi 6 avril, aux alentours de une heure trente du matin, il m'a été donné de voir un chat, lequel passait outre la clôture pour se diriger dans le milieu naturel. Il y suivait un rongeur de l'espèce des écureuils. Les chats, comme ils s'attaquent principalement aux rongeurs, peuvent se présenter comme un facteur indirect de l'expansion géographique des plants (lesquels sont détruits par les rongeurs).
Le milieu est clôturé, d'un côté par un treillis métallique de plusieurs mètres de hauteur, de l'autre par une haie naturelle (mais taillée et domestiquée), laquelle mesure tout au plus 2 mètres de haut et laisserait aisément passer, au printemps tout du moins, chats et rongeurs. Les oiseaux dont les ailes sont atrophiées ne passent naturellement pas la clôture dont il s'approchent parfois très près, bien qu'elle se situe à une centaine de mètres du point d'eau. Cela dit, il semblerait que les ailes de la majorité des oiseaux que l'on trouve dans la lagune ne soient ni atrophiées ni coupées. Pour autant ils survolent la lagune et ne s'en écartent pas. En effet, sorti du milieu naturel, leur nombre diminue considérablement. La lagune est bordée, à environ 10 mètres, par un chemin non-asphalté. Il semblerait que ce chemin, pourtant primitif et en-dehors duquel le gazon s'étend jusqu'à 100 mètres jusqu'à la clôture, circonscrive la vie animale et, dans une certaine mesure, la vie végétale. On ne trouve, en effet, rien de plus que du gazon et quelques fleurs jaunes, et quelques Viola Cornuta domestiques au-delà du chemin. Le chemin qui borde la lagune est emprunté par un petit nombre d'individus humains, souvent accompagnés de chiens domestiques, lesquels sont en particulier des Cockers, des Carlins et des Cavalier King Charles. 4 poubelles bordent la lagune ; les excréments canins, entre autre, y sont jetés ; et un employé du service publique passe, au moins une fois par jour, ramasser les déchets indifféremment laissés par terre par des passants laxistes ou inattentifs.
En l'espace de 2 semaines, la distribution des oiseaux a sensiblement changé : la moitié des individus habitent maintenant la petite « lande » au-delà du sentier de gravier qui borde la lagune.

Quant à l'hôtel dans lequel je réside du 26 mars au 11 avril, il se trouve à Fuglsang Allé, à environ 4 kilomètres du centre de Copenhague. On rejoint le centre-ville, en empruntant le bus et le métro, pour la somme de 23 kroners, c'est-à-dire environ 4.50.- CHF. Un ticket à ce prix couvre 2 zones, c'est-à-dire un rayon d'environ 4[km]. Le trajet demande 20 minutes. L'hôtel est disposé sur trois étages et bénéficie d'une vingtaine de chambres à chaque étage. Il dispose, entre autre les chambres, de 12 petits casiers blancs que le résidant temporaire a la possibilité de louer ; d'une salle de « prémisses », de bicyclettes qu'il loue et d'une buanderie. La porte d'entrée est une porte tournante qui ne s'active, à partir de huit heures du soir, qu'après une identification garantie par une carte magnétique laissée aux résidents par l'hôtel. Au premier étage, auquel se trouve le dortoir dans lequel je suis installé et dans lequel je garde mes quelques affaires, on observe des reproductions de tableaux internationalement connus : Turner, Zorn, Van Gogh, Monet et Dali. La structure ou la charpente de l'immeuble est blanche. Le par-terre partiellement carrelé, partiellement moquetté. Depuis 8 jours que je suis arrivé, je n'ai pas vu deux fois le même personnel à la réception. En revanche, le personnel de ménage est invariable. 3 poubelles sont disposées dans chaque chaque couloir de l'hôtel, que le sol soit carrelé ou moquetté. Une pour le papier (papir), une autre pour le verre, et une « tray » dans laquelle il est d'usage de déposer les déchets qui ne répondent pas aux deux catégories précédentes.
En région urbaine, les voies réservées au passages des bicyclettes surabondent. Parfois ces voies sont-elles plus larges que celles destinées aux piétons. Les cyclistes ont par ailleurs priorité sur les piétons. Les voies pour bicyclettes sont présentes aussi bien en bordure des passages routiers qu'en bordure des zones piétonnières. L'on peut louer une bicyclettes pour la somme d'environ soixante couronnes la journée.

Je me suis très peu dirigé à l'ouest ou au nord-ouest de l'hôtel. J'ai plutôt marché entre l'immense jardin de Frederiskberg, celui de Tivoli, le jardin royal et la librairie royale. La zone dans laquelle j'allais quotidiennement se trouve autour du canal de Nyhavn, c'est-à-dire près de la sortie du métro de Kongens Nytorv. On y trouve des immeubles particulièrement colorés, lesquels relèvent, pour la plupart, du domaine de la restauration ; on y trouve une statue du David de Michel Ange, laquelle doit bien mesurer une dizaine de mètres de hauts ; un château en bordure d'une presque-île miniature, laquelle est à une centaine de mètres à l'ouest de la Petite Sirène – qui est, pour l'heure, exposée à Shanghai.
Un peu à l'Ouest de Kongens Nytorv & du canal, se situe la librairie royale et ses jardins dans lesquels on trouve la statue de Soren Kierkegaard. Plus au nord, sur la même latitude que Norreport, se trouve la statue du conteur ou de l'écrivain j'ai nommé Hans Christian Andersen. Les genoux de la statue, sur lesquels les touristes ont coutume de s'asseoir, sont « polis » par eux et rendu plus brillants que le reste. Au nord-est de Norreport, vers les jardins et le château de Kongens Have, une librairie, laquelle a Niels Bohr à l'affiche. Je n'ai pas visité une librairie qui ne propose pas des livres à la fois en danois et à la fois en anglais. Un peu au Sud-Est de Falkoner Allé (bien au nord du très-fameux canal), le cimetière (Assissent Kierkegard) lequel est connu pour sa grandeur, sa beauté naturelle – là ou le chant des oiseaux nous fait presque oublier que nous sommes au royaume des morts – et le fait qu'il accueil les dépouilles de H. C. Andersen et de Soren Kierkegaard. L'entrée s'étend sous la forme d'une immense allée bordée d'arbres très hauts. J'y ai observé, non des oiseaux, mais des écureuils, lesquels j'ai photographié « sur le vif ».

Au bord du canal, lequel est représenté sur la plupart des photos qui représentent elles-mêmes Copenhague, je me suis jeté sur les quais mouillés. Quotidiennement. J'ai caressé les pavés. Et l'eau. J'ai vu, dans chacune d'elle, l'univers entier. Et les dieux, les Sagas Islandaise, les Contes d'Andersen. Comme alors j'ai fermé les yeux, mes tympans tout contre la poitrine des pavés en larmes, j'ai entendu chaque goutte d'eau chanter de la voix d'Ariel. Elles chantaient la terre, en effet, et pas une d'elles ne rapportait le bruit sourd des battements de cœur d'une pauvre terre que l'on foule sans y penser, sans s'attacher.
Sur la place, entre Norreport et Kongens Nytorv, laquelle a une fontaine vide et inopérante en son centre, j'ai observé une variété très particulière de pigeon. Cette variété ou variation se reconnaît notamment à son ramage dominé par le blanc. Il ressemble au Damascene, lequel est un pigeon domestique et se présente comme une variété du plus connu Columbia Livia.

Tout, dans la ville de Copenhague, m'interpelle joyeusement. Je ne vais pas dans un lieu sans border les alentours à pieds ; et ainsi parcours-je, quotidiennement, une quinzaine de kilomètres à pieds. Parfois moins. Mon corps fatigue de tant d'exercice excité. Pour le reste des heures, je me pose et me repose, et je me repose de ma pensée qui semble, cette fois-ci, arrachée à elle-même, arrachée au-dehors, interpelée justement par une ville qui sait si aimablement accueillir la rêverie, l'éternité et les esprits – et qui sait si bien leur donner corps ou les honorer, en silence, comme on agit envers un dormeur que l'on n'ose pas réveiller. Comme j'ai perdu L'Origine des espèces, un livre de Darwin que j'emmène toujours avec moi et que je garde contre mon coeur et en mon esprit, j'ai fait l'acquisition de Darwin's Notebook. Je le lis pour me reposer, et y trouver de la vie comme j'en trouve aussi à Copenhague, pourvu que j'ose y être attentif. Et comme j'y suis attentif, et comme j'y vis vraiment, ceci me met en quelque état d'excitation – quand je séjourne dans une ville dont j'ai peine à croire qu'elle puisse exister vraiment.
Je rêve d'un philosophe qui « fasse de la philosophie » de la manière dont Rubens « faisait de la peinture ». Il peindrait d'abord, puis il creuserait dans la peinture, caresserait la peinture, sculpterait dans la chair même de la philosophie. Copenhague, elle, sculpte dans la chair même de la vie ; elle donne forme à la vie. Et la fait danser, enfin. L'on n'a jamais vu ici aucun pantin. Et l'ordinaire danois est un cargo qui tangue sur un océan mythique et qui, l'esprit vif d'un mort à sa proue, fait naufrage. Eh ! Maintenant – à l'aube de l'extraordinaire qui est, pour l'ordinaire, une aurore, la ville entend la voix des sirènes, et elle danse comme une princesse orientale. La main dans la poche, une écharpe autour du coup, une cigarette au bec, je la regarde et je danse avec elle. Non ! Je ne pleurerai guère pour feu l'ordinaire comme il vient d'expirer. Non ! Les embruns de la mer sont déjà trop de larmes versées. Et comme je m'en vas goûter ces larmes : elles ont un goût de Baltique.
La lune est en argent et la terre émeraude. D'où je suis, je vois un doigt de mer. La mer, « notre douce mère grise » ainsi que le disait Joyce. La langue de la mer, que l'on appelle canal, (y) lèche les rêves des hommes.

Le dimanche 4 avril, j'ai rencontré, au hasard d'un chemin de traverse, un natif du Danemark, lequel étudie la théologie protestante. Il se nomme Simon Schmidt. A 26 ans révolus. Il semblerait que, moi allant-errant les rues de Copenhague Ulysses dans les mains – ou Darwin, je ne sais plus – Simon ait été interpelé. Aussi m'a-t-il apostrophé, interpelé moi-même. Ensemble, nous avons visité la faculté de théologie de Copenhague ainsi que la bibliothèque exclusivement constituée de livres à teneur religieuse. En se quittant, nous nous sommes donné rendez-vous le lendemain, dans un café. Nous avons effectivement chacun honoré le rendez-vous et nous sommes retrouvé, ainsi que nous l'avions convenu, accompagnés de trois de ses amis eux-même aussi natifs du Danemark. Contrairement à Victoria (côte ouest du Canada), les bars danois disposent de tous types de cafés – dont l'arôme aussi me rappelle les plantations de cacao. Nous avons discuté, une tasse à la main, quelques « theological concerns » indistinctement rapportés à Luther, Calvin et Kierkegaard. Le 6 avril, j'étais supposé rencontrer l'un des trois amis de Simon, lequel s'appelle Bjerke, histoire que nous allions au centre d'études de Kierkegaard dans lequel il travaille. Le trafic étant sclérosé ce jour-ci, nous avons ajourné. Enfin, le 8 avril, nous nous sommes rencontrés à nouveau – Bjerke et moi-même – et sommes allé au centre de recherche. Nous y avons parlé, durant quelques heures, d'histoire de la philosophie, et comparé quelque peu le tracé danois et le tracé franco-suisse. Avant de nous quitter, nous avons échangé nos adresses e-mail respectives histoire de « rester en contact ». Le même jour, dans l'après-midi, il m'a été donné de rencontrer Ruben à nouveau. Nous avons marché, dégusté une bière blonde danoise, au soleil, dans un parc bétonné, lequel se trouve en face du grand jardin de Tivioli. Puis nous sommes allé dans quelques cafés et avons écumé, bien plus que les cafés et les tasses blanches en céramique, quelques sujets plus solides. Il est engagé dans une communauté religieuse : ceci a été l'assise de notre conversation, laquelle, plus chaleureuse que le climat néanmoins agréable, se présentait plutôt comme une demande réciproques de conseils, et quelques esquisses de réponses.

Au matin du 11 avril, je me suis levé à 9 heures, comme j'étais supposé embarquer dans l'avion d'une compagnie lowcost aux alentours de 11h. L'avion, toutefois, victimes de « petits problèmes techniques », a eu quelques retards. Ce temps de latence m'a permis de plonger dans la lecture de Darwin à nouveau.
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MessageSujet: Re: Voyage à København (Copenhague)   Voyage à København (Copenhague) EmptyMer 19 Mai 2010, 19:54

Alone a écrit:
Bonsoir,

voici un texte que j'ai rédigé, entre mars-avril 2010, lorsque j'étais de passage à Copenhague (où je suis resté 2 semaines). Je ne sais pas dans quel "genre" on peut classer mes écrits, mais je sais qu'ils ne sont jamais nouvelles ni romans. J'espère que cet "article" vous intéressera ! Smile

J'habite à Copenhague, alors le titre du fil m'a interpellé. C'est d'ailleurs agréable de retrouver certaines de mes impressions dans ton texte, même si je ne perçois pas du tout la ville de la même manière que toi. Je suppose que je l'idéalise beaucoup moins. Pour passer au texte à proprement parler, je vais me permettre d'y aller franco (on est toujours plus vif avec ce qui nous touche de près).

Au-delà de quelques fautes sur les noms (oui oui un peu maniaque Embarassed), j'ai un peu de mal avec ton style. Le côté hybride du journal est intéressant, mais je pense que tu tires un peu trop sur la corde en jouant à ce point là sur les contrastes. Les brusques changement de genre : guide touristique / énumérations zoologiques / états d'âme... sont à mon avis peu harmonieux. C'est ce qui m'a le plus choqué. On perd le rythme et du coup on a du mal à se couler dans le récit.

Par ailleurs, je me demandais: le mystère autour de l'auteur que tu as découvert est fortement appuyé au début du récit (un peu artificiellement d'ailleurs) et après complètement occulté... pourquoi ?

J'espère que tu prendras mes critiques avec bonne humeur... elles n'engagent que moi. Wink

Ps : Kan du tale (lidt) dansk ?
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MessageSujet: Re: Voyage à København (Copenhague)   Voyage à København (Copenhague) EmptyMer 19 Mai 2010, 20:35

Eh bien, merci d'avoir commenté. Tu me fais prendre conscience de choses qui m'étaient encore obscurs.

L'auteur sur lequel je fais mystère (je peux le dire tant que ça n'est pas publié) est Kierkegaard. Ceci répond sans doute à bien des choses concernant ce texte, à commencer par la sentence "Je l'ignore exactement" que je constate à la re-lecture, et qui n'était pas une figure de style volontaire et consciente. Le mélange des genres, lesquelles je ne parviens pas à synthétiser, à unifier ou à "résoudre" relèvent probablement aussi de ma relation à K. Pourquoi est-il occulté ensuite ? Je l'ignore.

Ps : tu as de la chance d'habiter à Copenhague !
Ps2: non, je ne parle malheureusement pas danois.
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MessageSujet: Re: Voyage à København (Copenhague)   Voyage à København (Copenhague) EmptyMer 19 Mai 2010, 20:43

J'ai pas mal travaillé sur Kierkegaard, c'était mon cours principal au premier semestre. Tu as lu quels livres de lui ?

Citation :
Le nom de l'auteur dont je parle commence par un E.

Il faudra que tu m'expliques cette phrase alors ?

Je laisserai aux autres le soin de te donner d'autres conseils, mais je pense que tu devrais ton simplement alléger ton texte pour commencer.
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MessageSujet: Re: Voyage à København (Copenhague)   Voyage à København (Copenhague) EmptyMer 19 Mai 2010, 20:49

Moon a écrit:
J'ai pas mal travaillé sur Kierkegaard, c'était mon cours principal au premier semestre. Tu as lu quels livres de lui ?
Craintes et Tremblements
Le concept d'angoisse
Concept d'ironie constamment rapporté à Socrate
L'alternative
Miettes philosophiques
Traité du désespoir
etc.

Moon a écrit:
Citation :
Le nom de l'auteur dont je parle commence par un E.
Il faudra que tu m'expliques cette phrase alors ?
Parce que j'adopte souvent cette posture : parce que tu l’aimes, ne dis jamais son nom par peur d’en abuser. Tourne autour, tourne et tourne, perds-en le nord, évanouis-toi, saoule-toi sur l’orchestre de ton coeur folle. Quand les ombres s’étirent, au soir, va dans la bouche de l’ombre sous sa fenêtre...

Moon a écrit:
Je laisserai aux autres le soin de te donner d'autres conseils, mais je pense que tu devrais ton simplement alléger ton texte pour commencer.
Merci, mais je ne pense pas le retrvailler. Je suis incapable de retravailler un texte. Dans la plupart des cas, je suis même incapable de l'achever.
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MessageSujet: Re: Voyage à København (Copenhague)   Voyage à København (Copenhague) EmptyJeu 20 Mai 2010, 12:15

J'ai complètement décroché vers le milieu du premier paragraphe... pale

Il faudrait essayer de retenir l'intérêt du lecteur plutôt que de le noyer dans un labyrinthe qui part dans tous les sens bof

Désolée d'être un peu brutale, mais mon commentaire aura au moins le mérite de la franchise.

Maintenant, si tu ne retravailles jamais tes textes... je ne lirais sans doute pas les suivants non plus.

study
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MessageSujet: Re: Voyage à København (Copenhague)   Voyage à København (Copenhague) EmptyJeu 20 Mai 2010, 15:00

Tous ne sont pas comme celui-ci.

Non seulement, les autres sont beaucoup plus courts, mais aussi plus abstraits (sans focalisation zéro, descriptions).
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rotko
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MessageSujet: Re: Voyage à København (Copenhague)   Voyage à København (Copenhague) EmptyJeu 20 Mai 2010, 18:35

c'est vrai que retravailler un texte permet de le peaufiner, de le faire sortir de sa gangue.

Or si tu as passé du temps à faire le premier jet, c'est parce que tu voulais exprimer quelque chose, il faut le mettre au jour, pour toi et pour autrui.
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