Jean Moulin

JE viens de terminer un petit livre qui s'intitule Premier Combat, c'est un journal rédigé par Moulin, voici mon résumé :

Ce journal retrace cinq jours de juin 1940 à Chartres, ville dont Jean Moulin est le préfet. Il retrace la débâcle de l'armée qui se replie plus au sud. Cela malgré le grand dépit des troupes qui se disent prêtes à faire front à l'ennemi. Seulement la hiérarchie en a décidé autrement. Il y a la ruée des populations qui passent par Chartres. La misère, le dépit, l'incertitude et le sentiment d'abandon. Les scènes de déroute sont très marquantes. Tels ces hommes et femmes réfugiés dans une crypte et qui térrorisés, se laissent aller à l'abandon.

Les efforts de Jean Moulin pour trouver un boulanger, pour organiser les secours, remettre en place un semblant de structures administratives sont admirables d'éfforts et d'abnégation. Car Moulin veut, à l'arrivée des Allemands montrer qu'une certaine dignité a été conservée. Car tout le monde a quitté le navire, et Moulin semble être ce commandant de bord qui périt avec son bateau. Puis les Allemands pénétrent dans la ville, mettent à sac, violent, exterminent et veulent que Moulin signe un protocole stipulant que les tirailleurs sénégalais ont perpétré des massacres. Moulin refuse, torturé, il ne signe pas.

Placé dans une geôle, il tentera de se suicider avec des tessons de verres jonchant le sol. Il y réchappera, mais conservera une cicatrice à la gorge qu'il dissimulera avec son écharppe. Jean Moulin dans ce récit parle également des petites gens, les anonymes qui à leur niveau de compétence ont résisté. Il nous montre l'itinéraire d'un homme de conviction, pour qui l'honneur et la France n'était pas des mots vains.

Je ne connaissais pas grand chose de Moulin, sinon sa figure emblématique de résistant. Ce petit livre, suvi de témoignages m'a appris avec peu de mots et d'effets à connaître un homme d'une extrême générosité et d'un courage éblouissant. D'une certaine manière un homme simple dans ses rapports avec les autres, investi de sa mission de fonctionnaire au service des autres. Ces quatre jours ont donné naissance à un grand homme d'état qui devait mourir sous la torture.

Sans doute la France a t-elle perdu un de ses grands hommes, dons les cendres présumées occupent une place au panthéon, ce monument dédié aux grands hommes. Même si certains ont laissé planer des ombres sur l'histoire de Jean Moulin, difficile de ne pas rejeter tout cela d'un revers de la main et de s'incliner respectueusement à la mémoire de ce HEROS.

Je préfère les ouvrages plus objectifs. :hum:

Faites un tour à Caluire, y'a la maison où il s'est fait arrêter

Hope a écrit:

Je préfère les ouvrages plus objectifs. :hum:

Qu'entends-tu par plus objectif ?

Je ne crois pas que l'on puisse nier que Moulin était un grand résistant. Sans doute des zones d'ombre existent-elles, mais n'est-ce pas la période qui veut cela ?

jean moulin, premier combat, aux editions de Minuit.

Il y a eu beaucoup d'acharnement à traquer d'eventuels traîtres dans l'affaire Jean Moulin, jusqu'à accuser Raymond Aubrac à partir d'arguments foireux.

Le traître était tres vraisemblablement René Hardy, je l'ai entendu de la bouche même de Lucie Aubrac, et le sentiment est quasi unanime à ce sujet.

Je ne vois pas en quoi le livre et le résumé qu'en fait Hexagone ne serait pas objectif...

Merci à Rotko pour les précisions : je le lirai si je le trouve en tout cas !

Cette époque m'intéresse beaucoup, j'ai lu (entre autres !!) la quadrilogie de Max Gallo intitulée "les patriotes" qui retrace l'existence d'un couple de résistants pendant toute la guerre. Ils rencontrent Jean Moulin peu avant son arrestation, et Gallo s'est basé sur des sources historiques pour mêler la réalité à la fiction de ses 2 personnages principaux inventés de toutes pièces.

Derrière cette Histoire avec un grand H se pose une question existentielle pour nous. Qu'est-ce qui fait qu'une personne devient résistante ou collabo ? Qu'aurions-nous fait à cette époque, mieux ou pire que nos grands-parents ? Aurions-nous vu venir le danger et serions-nous capables de prendre les armes pour défendre nos libertés ?

Et maintenant, un petit sondage sans prétention scientifique :

Imaginez que l'extrême-droite revienne au pouvoir, vous êtes fonctionnaire dans les finances publiques et au lieu d'obtenir une promotion bien méritée, vous atterrissez sous les ordres d'un chef qui dirige aussi une milice néo-nazie et qui détourne de l'argent vers son immonde mouvement Que faites-vous ?

a) votre promotion avant tout, vous vous adaptez à ce nouveau supérieur hiérarchique et n'hésitez pas à faire de la délation sur les collègues récalcitrants
b) votre tranquillité quotidienne et votre sécurité avant tout, vous continuez de bosser en vous faisant le plus discret possible
c) outré, vous démissionnez et finissez dans la mendicité à cause de la perte de vos droits sociaux
d) vous vous transformez en agent double, fondez un mouvement de résistance et allez demander de l'aide à un pays voisin pendant vos congés d'été
e) autre selon votre imagination !

Dur hein ?

Ton sondage pourrait être intéressant mais il mélange un peu tout et devient historiquement inexact et assez tendancieux. L'extrême droite et le nazisme n'ont rien avoir entre eux ni même le fascisme. " Imaginez que l'extrême droite revienne au pouvoir " à ma connaissance l'extrême droite n'a jamais eu le pouvoir exécutif ni législatif en France, seules quelques communes géographiquement située au sud de la Loire. Ceci dit une chanson de Goldman résume assez bien ma pensée, il s'agit de " Né en 17"; Salutations.

Hexagone a écrit:

Ton sondage pourrait être intéressant mais il mélange un peu tout et devient historiquement inexact et assez tendancieux. L'extrême droite et le nazisme n'ont rien avoir entre eux ni même le fascisme. " Imaginez que l'extrême droite revienne au pouvoir " à ma connaissance l'extrême droite n'a jamais eu le pouvoir exécutif ni législatif en France, seules quelques communes géographiquement située au sud de la Loire. Ceci dit une chanson de Goldman résume assez bien ma pensée, il s'agit de " Né en 17"; Salutations.

Ok, c'est limite ... C'est justement cette chanson qui m'inspire ces réflexions existentielles.
L'intro était juste pour nous mettre dans la situation, ç'aurait pu être "imaginez que l'Allemagne remette ça" ou autre chose qui aboutirait au dilemme moral. J'espère que ce genre de chose ne reviendra jamais bien entendu et si d'autres trouvent que c'est de mauvais goût, j'enlèverai cette partie de mon message.

Pas question d'enlever quoi que ce soit. Ce n'est pas un sondage mais des questions qui pourraient se poser dans un contexte donné.
Un des premiers actes de résistance de lucie Aubrac fut de refuser d'emmener ses élèves de Lyon à une exposition sur les caractères raciaux ; Exposition officielle dûe à la collaboration et marquée par l'ideologie nazie.

Quant à la presence de l'extrême droite au gouvernement, Hortefeux, actuellement UMP, ne vient-il pas du front national ?

Marianne, joli prénom républicain, il n'y a aucun problème en ce qui me concerne, je voulais juste rétablir certaines vérités.

Pour Rotko, Hortefeux du front national ? En revanche l'un des conseillers de NS est un ancien journaliste de minute. L'UMP assimile beaucoup de gens du front ou des chapelles soeurs, comme Devedjian qui est un ancien de Occident.

Le fond du problème n'est pas d'être du front ou d'autres, le problème est que ses individus redorent un blason terni médiatiquement et politiquement inutilisable, il vont donc vers un mouvement plus ligth.

Quand on voit la remise en liberté de tous les kurdos syriens débarqués sur nos côtes pour cause d'irrégularités de procédures, je me demande où se trouve le risque démocratique dans notre pays ? N'est-ce pas l'impossibilité d'appliquer des lois complexes qui font des fondations de la liberté, une assise impeccable pour les tyrannies ???

On s'éloigne un peu du sujet de Jean Moulin...

je reponds brievement pour les kurdo-syriens, et là on voit (car GDS* s'interesse aux écrits et au langage) un détournement des mots :
ces réfugiés deviennent des clandestins, non pas libérés, mais mis en centres de détention administrative - euphémisme pour désigner un enfermement, avant une éventuelle reconduite à la frontière, en clair, une expulsion.

Les réfugiés doivent effectivement, selon les textes, bénéficier de procédures particulières.

Pour ma part je clôture ce sujet qui ne fait pas parti de mes préoccupations livresques, mais n'en demeure pas moins intéressant par ailleurs, il y a tant à dire. cordialement.

rotko a écrit:

je l'ai entendu de la bouche même de Lucie Aubrac

Tu as vraiment connu Lucie Aubrac ?
J'éprouve une grande admiration pour tous les résistants, connus comme moins connus, et je farfouille régulièrement le rayon "guerre 40-45" des bouquinistes à la recherche de témoignages.

Le risque de voir revenir une période pareille en France est minime, en effet, mais l'extrême-droite et le nationalisme sont bien présents dans d'autres pays.

La Flandre a le parti d'extrême-droite le plus violent et le mieux organisé d'Europe (ce n'est pas moi qui le dis, mais Jean Quatremer, de Libération !). Sans compter l'ancien parti nationaliste Volksunie, qui en éclatant à donné naissance au NVA et essaimé dans tous les partis classiques. Aujourd'hui, les mandataires de pouvoir de ces partis traditionnels sont quasi tous des anciens de la Volksunie. Tous à droite de la droite ! Et j'oubliais le petit nouveau la "liste Dedecker" du nom de son judoka de président !

Peut-être que personne ne peut répondre parce qu'on ne peut pas savoir ce qu'on ferait dans de telles situations, si différentes de notre vie actuelle.

Et pourtant ...

Spoiler:

Pendant l'hiver 39-40, les gens continuaient à vivre insousciants, alors que la guerre était déclarée, ils pensaient qu'elle n'arriverait jamais puisque les grandes batailles n'avaient pas encore commencé.
En ex-Yougoslavie, personne n'a prédit les atrocités qui allaient suivre quand les Serbes commençaient à insulter les autres ethnies dans les stades de foot.
Peut-on tirer les leçons de l'histoire ou est-elle condamnée à se répéter inlassablement ... ?

Connue, non, mais rencontré, oui.

Une femme qui avait une présence forte, qui n'appréciait pas les contrôles policiers au facies, et qui osait le dire.

Outre les actions "au culot"(1) qu'elle a menées, et dont elle ne tirait pas gloire, j'avais été très sensible à ces actes de résistance au quotidien qui me paraissent indispensables pour garder un certain honneur de soi-même.

(1) pour faire libérer son mari Raymond Aubrac, elle était allée à la Gestapo et, au prix d'un stratagème ingénieux, dit au chef de la gestapo qu'il serait lui-même exécuté si sa libération n'avait pas lieu.
En témoignerait, dit-elle, un slogan de Radio Londres, qu'elle avait annoncé 24 h à l'avance, mais qui concernait un tout autre sujet.