Ecrivains et protagonisme.

Citation :

Dans un monde où n’importe qui parvient à être célèbre au-delà du quart d’heure warholien considéré désormais comme un minimum syndical, les écrivains devraient être tentés de rechercher l’oubli, voire l’effacement ; or on ne les a jamais autant mis en avant. Ce qui pousse Gabriel Zaïd à trancher d’emblée : « Parler des écrivains intéresse plus que les lire » et à insister une page plus loin : « De nos jours, l’auteur vu comme une œuvre est chose commune : c’est un personnage romanesque créé pour le mythe et le marché ». Les voilà donc sujets au protagonisme, acharnés eux aussi à occuper une première place exhibitionniste au centre de la comédie sociale.

http://passouline.blog.lemonde.fr/

Sartre disait déjà dans Qu'est-ce que la littérature ? qu'après la guerre, le public s'était élargi, mais que loin de lire l'écrivain, les gens s'y intéressaient de manière superficielle. Ils se contentaient de lire leurs noms en couverture des magazines.

Ce qui signifierait donc que, de nos jours, l'offre s'est élargie, mais pas le public des lecteurs ... d'où les opérations marketing pour vendre du Marc Levy, en faisant croire aux lecteurs qu'ils sont entrés en littérature ...

Hum... hum... Je n'ai lu qu'un Marc Levy mais il était très bien écrit... Je ne sais pour les autres...

Par contre, j'imagine que les gens parlent des auteurs avant le contenu de leurs oeuvres par fainéantise d'une part (ils n'ont pas ouvert le livre) mais aussi parce que dans un monde sans modèle (politique corrompu, démystification religieuse, recherche du profit à tout prix), ils se cherchent peut-être des hommes à suivre et écouter...

Merwyn a écrit:

Hum... hum... Je n'ai lu qu'un Marc Levy mais il était très bien écrit... Je ne sais pour les autres...

Par contre, j'imagine que les gens parlent des auteurs avant le contenu de leurs oeuvres par fainéantise d'une part (ils n'ont pas ouvert le livre) mais aussi parce que dans un monde sans modèle (politique corrompu, démystification religieuse, recherche du profit à tout prix), ils se cherchent peut-être des hommes à suivre et écouter...

Pour qui, comme Marc Levy a poursuivi des études supérieures, bien écrire se doit d'être un minimum, afin d'être lisible par le maximum d'acheteurs potentiels ... mais cela en fait-il un écrivain qui apporte un style et un souffle nouveaux ... ? ... Un écrivain porteur d'universalité ?

La deuxième partie de ton propos me fait penser à un texte de Joseph Delteil ... que je m'en vais chercher de ce pas ...


Le voilà !

Citation :

LETTRE AU SUJET D'UNE PHRASE DE JESUS II

Mon cher Pab,

C'est l'histoire d'un fou, ne l'oublions pas, d'un authentique fou (j'appelle fou qui dans ce monde artificiel reste naturel). Les quatre chapitres du livre traduisent à mes yeux les quatre mouvements caractéristiques de tout homme "digne de ce nom.".

Le premier mouvement est l'amour, le pur et simple apostolat : "Homme, réveille-toi !"

Le second mouvement est l'action directe, la jolie croisade. Courir au feu ... sauver un oiseau ... sauver le monde ...

Le troisième, en cas d'échec (évident, hélas!) c'est l'appel à l'Autorité (le Pape?): la Politique.

Le quatrième mouvement enfin (à la réflexion) c'est le recours au Moi, la terre ferme du Moi, la forteresse du Moi ... le suprême recours, le pire, mais le seul ... Le maquis de l'âme. La Mystique.

(Extrait de Jesus II)

Spoiler:

cleo a écrit:

Citation :

Ce qui pousse Gabriel Zaïd à trancher d’emblée : « Parler des écrivains intéresse plus que les lire » et à insister une page plus loin : « De nos jours, l’auteur vu comme une œuvre est chose commune : c’est un personnage romanesque créé pour le mythe et le marché ».

C'est assez réducteur quand même. J'ai justement eu un cours sur l'auteur en début d'année, et la mythologie auctoriale commence au... XVIIIe s. Les premiers écrivains-personnages mythiques ont été Rousseau, Voltaire...

A partir de là, l'auteur se donne bien sûr comme personnage public, sauf quelques uns qui par leur absence sont connus des spécialistes et non du grand public. Les Américains en sont les spécialistes : McCarthy, Salinger, Pynchon...

je pense qu'Assouline situe son propos, à la suite de Zaïd, à l'epoque toute contemporaine, où certains écrivains, bêtes de radio et de télévision, cultivent leur nombrilisme, déja bien présent dans leurs oeuvres où ils n'hesitent pas à parler de leurs ennuis judiciaires par exemple.

Après le "je me regarde" c'est le "regardez-moi"

Citation :

Ils préférent dire du mal d'eux-mêmes plutot que de n'en point parler

La Rochefoucault.

Certains chroniqueurs sont pas mal dans le genre non plus.

Dans l'emission du grain à moudre sur france culture, il était question de l'ecrivain devenu une marque, comme givenchy pour le parfum. On achète du stephen king ou du Marc Levy parce qu'on sait quels ingredients seront servis : un zeste de suspens (parfois plus!), une pincée d'irrationnel, une lucarne vers l'au-delà...

Ainsi, la recette étant bien donnée, l'ecrivain ou l'artisan, comme il vous plaira, peut diriger un "staff de writers", ie une equipe de redacteurs qui pondent les oeuvres comme d'autres font des séries à la télé, avec des histoires de famille etc.

Pierre Nora examine ainsi les contenus des grosses ventes (best sellers) dans le magazine books qui aurait dû s'appeler bouquins !

Constance a écrit:

Citation :

d'où les opérations marketing pour vendre du Marc Levy, en faisant croire aux lecteurs qu'ils sont entrés en littérature ...

Je suis d'accord avec ça. Et pour moi, c'est ça le plus terrible. Que les gens qui lisent Marc Lévy et pas grand chose d'autre croient être des vrais et gros lecteurs.

Citation :

Ainsi, la recette étant bien donnée, l'ecrivain ou l'artisan, comme il vous plaira, peut diriger un "staff de writers", ie une equipe de redacteurs qui pondent les oeuvres comme d'autres font des séries à la télé, avec des histoires de famille etc.

Peut-on encore parler de littérature, dans ces cas.....?