roger planchon

ne jouera plus.

Comme Jean Vilar, qui l'accueillit très tôt à Avignon, Roger Planchon était nourri des grandes idées de l'après-guerre. Il défendait un théâtre «service public».

retrospective du Figaro sur ce chef de troupe qui sut recruter Jean Carmet pour Ionesco, Michel Serrault et Annie Girardot pour Molière, Robin Renucci pour Dubillard, Christine Boisson pour Racine.

Citation :

Il avait une dévotion pour Ingmar Bergman, mettait en scène ses pièces, les jouait. Et réalisait des films. Louis, l'enfant roi ou Toulouse-Lautrec, il racontait les grands personnages.

Artiste, il était aussi celui qui accueillit Chéreau, puis Lavaudant, se choisissant des fils qui le pleurent aujourd'hui. On ne peut évoquer son parcours au TNP sans citer également Michel Bataillon, le conseiller artistique du TNP. Villeurbanne fut, des années 1950 à aujourd'hui (Schiaretti lui a succédé, le bâtiment est en travaux), l'un des foyers les plus importants de la création théâtrale en Europe. Il ne cessa là de mettre en scène et d'accueillir les plus grands : Pina Bausch, Bob Wilson, notamment.

patrice chereau rend hommage à Planchon :

Citation :

Il aura été ce lecteur infatigable et constant, follement intelligent, brillant, capable de parler de Freud et de Marx (y compris Groucho, comme il disait alors), de faire découvrir Shakespeare, Marivaux et Brecht, d'aimer la comédie musicale américaine, car il était fou de cinéma comme de philosophie, de me parler de Gene Kelly, de Vincente Minelli et de vouer un culte à Orson Welles.

Capable aussi de monter au pied levé avec ses acteurs enflammés Les Trois Mousquetaires, d'Alexandre Dumas, et tant d'autres oeuvres.

Il est celui qui m'a montré qu'on pouvait et qu'on devait analyser les oeuvres, celles d'hier ou d'aujourd'hui, les passer au filtre de notre intelligence et de nos doutes, et qu'il fallait monter les "classiques" comme des classiques, c'est-à-dire justement des oeuvres qui ont été écrites pour nous, aujourd'hui.

Une disparition qui surprend et qui peine. Planchon avait encore beaucoup de belles choses à faire découvrir à un public qu'il nourrissait avec bonheur, le sien et le nôtre.
Mais quelle belle mort pour un homme de théâtre comme lui...