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| | Fernando Pessoa | |
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Auteur | Message |
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Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: pessoa Ven 23 Oct 2009, 15:22 | |
| l'un des plus grands écrivains et poètes Portugais 1888-1935.
Je ne suis rien. Je ne serai jamais rien. Je ne peux vouloir être rien. À part ça, j’ai en moi tous les rêves du monde. Fenêtres de ma chambre, De ma chambre abritant l’un de ces millions au monde dont nul ne sait qui il est. (Et si on le savait, que saurait-on ?), Vous donnez sur le mystère d’une rue constamment remplie de gens qui se croisent, Sur une rue inaccessible à la moindre pensée, Réelle, impossible ment réelle, exacte, inconnaissable ment exacte, Avec le mystère des choses par-dessous les pierres et les êtres, Avec la mort qui met du moisi sur les murs et des cheveux blancs sur les hommes, Avec le Destin conduisant la charrette de tout sur la route de rien.
Derniers poèmes publiés du vivant de Pessoa | |
| | | Nymphéa pilier
Nombre de messages : 1480 Age : 70 Localisation : Nord Date d'inscription : 28/12/2008
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Ven 13 Nov 2009, 10:22 | |
| Poèmes païensEuh...J'ai essayé de lire la présentation générale de l'oeuvre, je n'ai rien compris , j'ai abandonné. Heureusement suivait une présentation des "poèmes d'Alberto Caeiro" qui était instructive et m'a permis de commencer la lecture de quelques uns des premiers poèmes avec plaisir. A suivre... | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Ven 13 Nov 2009, 10:42 | |
| Mieux vaut peut-être découvrir ensemble certains poèmes ? On n’enfile pas les poèmes les uns à la suite des autres comme les grains d’un chapelet, surtout les poèmes païens (sic), et j’ai lu hier soir les joueurs d’échecs p.191 et le poème suivant " Mon amour, je préfère à la patrie, les roses…"( p. 195) J’ai trouvé une certaine similitude dans la fin de ces deux poèmes : - Citation :
- Imitons les Perses en cette histoire, et, tandis qu’au dehors
De près, de loin, la guerre, la patrie, la vie Nous appellent, eh bien, laissons les Nous appeler en vain, et que chacun de nous Sous les ombres amies, poursuive Son rêve, lui les adversaires, et l’échiquier Leur indifférence. (p. 194) *** - Citation :
- Le reste, ces autres choses que les humains
Ajutent à la vie, Que font-elles croître en son âme ?
Rien, sauf le désir d’indifférence Et la créance flegmatique En l’heure fugitive. Trouvez-vous d’autres textes où Pessoa se retire du monde ou du moins le tient à distance ? Cette attitude d’indifférence semble lui tenir à cœur… | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Ven 13 Nov 2009, 18:12 | |
| Si je pouvais croquer la terre entière Et lui trouver du goût, Et si la terre était une chose à croquer, J’en serais plus heureux pour un moment…
Mais moi ce n’est pas toujours que je veux être heureux Il faut bien être de temps en temps malheureux Afin de pouvoir être naturel…
Ce n’est pas tous les jours qu’il fait soleil Et la pluie, quand elle manque terriblement, on la demande, C’est pourquoi je prends le malheur avec le bonheur Naturellement, comme qui ne s’étonne point Qu’il y ait des montagnes et plaines Ainsi qu’herbes et rochers…
Fernando Pessoa, poèmes païens, XXI
p.55 Points, Christian Bourgois. | |
| | | Nymphéa pilier
Nombre de messages : 1480 Age : 70 Localisation : Nord Date d'inscription : 28/12/2008
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mer 18 Nov 2009, 10:36 | |
| Poèmes païens
Je reste perplexe et guère enthousiasmée… Dans ce recueil, devant la difficulté de vivre, le passage et l’aléatoire de toutes choses, et la mort en conclusion, Pessoa préconise de ne vivre que « naturellement », c’est à dire selon les sensations. Il faut se garder des sentiments, repousser la pensée et surtout philosophique, donc être égoïste et laisser le monde à lui-même, tant pis pour les injustices. C’est ce que j’ai cru comprendre et cela me gêne quelque peu. Sinon au niveau de la forme, certains poèmes m’ont plu de par leur musicalité. Dans la première partie, celle d’Alberto Caeiro, les vers sont répétitifs assénant la même idée avec des mots simples et des répétitions successives de la même image, cela donne un rythme incantatoire et lancinant. La deuxième partie, celle de Ricardo Reis, est plus varié dans sa forme et offre quelques vers qui m’ont plu, mais le propos reste le même. Sans doute un beau travail poétique, mais un repli sur soi qui me pose question. | |
| | | Nymphéa pilier
Nombre de messages : 1480 Age : 70 Localisation : Nord Date d'inscription : 28/12/2008
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mer 18 Nov 2009, 10:40 | |
| - rotko a écrit:
-
Trouvez-vous d’autres textes où Pessoa se retire du monde ou du moins le tient à distance ? Cette attitude d’indifférence semble lui tenir à cœur… Ai-je répondu à ta question Rotko? Personnellement cette distanciation me gêne. S'isoler, se retirer est un peu lâche et trop facile...Mais c'est un autre sujet... | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mer 18 Nov 2009, 10:41 | |
| je lis un poeme par-ci par-là, et jusqu'ici je n'ai vu qu'une mise à distance de problèmes exterieurs secondaires et non une apologie egoîste du repli sur soi. Mes lectures sont encore des grappilles. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mer 18 Nov 2009, 10:46 | |
| p.197
Suis ta destinée Arrose tes plantes Aime tes roses. Le reste est l'ombre D'arbres étrangers | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mer 18 Nov 2009, 17:20 | |
| J'ai trouvé éclairante l'analyse faite par Robert Bréchon des Poèmes païens : il explique qu'en endossant la personnalité de Caeiro, le poète refuse tout ce qui fait son lyrisme ailleurs ; païen, "il transfère la part "divine" du monde de la profondeur cachée à la superficie." Il devient le poète de la sensation brute et surtout du regard. Mais, ajoute Bréchon, l'impression de réalité immédiate avec refus du sentiment et encore plus de la métaphysique n'est qu'une lecture au premier degré. Il faut aller chercher derrière le poète naïf en apparence "un intellectuel inquiet qui se trahit en employant sans cesse la tournure négative, forme de la conscience dédoublée. Penser la non-pensée n'est pas simple. Chez cet ennemi de la métaphore, tout est métaphorique." Dans le fond, il est question d'un idéal impossible à atteindre : chaque poème ne traite que du fini mais donne à entendre une fascination pour l'infini. Dans cette perspective, je trouve les poèmes poignants. Quand j'aurai un peu plus de temps, j'en citerai quelques-uns qui, me semble-t-il, sont particulièrement significatifs. Je pense à "De cette façon ou d'une autre", "Quand viendra le printemps", "Il fait nuit"... | |
| | | Nymphéa pilier
Nombre de messages : 1480 Age : 70 Localisation : Nord Date d'inscription : 28/12/2008
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Jeu 19 Nov 2009, 00:40 | |
| « Excusez-moi du peu », je dirai comme dans la chanson, excusez mes faibles connaissances : ayant abordé Pessoa seule j’espérais avoir atteint le degré, ou du moins le demi degré, suivant le premier… Je trouvais à travers ces poèmes que c’est parce qu’il ne peut atteindre à l’infini que l’homme devra se contenter de la sensation première et aborder le monde de par le naturel, que l’homme fini et limité par le temps et l’espace ne pouvant atteindre à l’éternité, tout lui est vain et vidé de sens, excepté s’il accepte de se contenter de la proximité des choses, de les vivre par le contact (regard, goût, senteur…), par les sens. Au risque de la solitude, de l’égoïsme, de l’ignorance de «la marche » du monde. Je n’ai pas voulu dire non plus que Pessoa faisait l’apologie de l’égoïsme, mais que sa façon de raisonner face à l’absurdité et l’impuissance de la condition humaine, le conduisait au repli sur soi et à vouloir ignorer ce qu’il considère comme activités de pensées stériles et vaines. Oui cela est profondément triste, voire déprimant. C’est le regret de l’échec d’une quête mystique qui laisse un sentiment d’échec et d’impuissance que l’auteur cherche à transfigurer d’une autre manière. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Jeu 19 Nov 2009, 09:14 | |
| Je comprends bien qu’on puisse trouver les Poèmes païens « tristes, voire déprimants ». Pessoa est difficile d’accès, à la fois parce qu’il a pris la personnalité de poètes radicalement différents et, paradoxalement, parce qu’ainsi il a reconstruit une unité complexe. C’est pourquoi, d’ailleurs, j’ai personnellement préféré commencer par une anthologie. Je n'ai certainement pas compris toutes les subtilités d'une oeuvre aussi riche et diversifiée mais j'ai été touchée par l'homme autant que par le poète. D’autre part, ce n’est pas faire injure à Pessoa que de rappeler qu’il était un névrosé, certes génial, mais pas facile du tout à suivre dans les arcanes de sa pensée ! A-t-il trouvé un sens à l’existence humaine ? En tout cas, il l’a cherché obstinément... | |
| | | soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Sam 13 Mar 2010, 16:24 | |
| Sois le fanal, sois la lumière au creux du verre,
Mais garde ta chaleur. Les vents ne pourront pas te harceler au point D'éteindre ta lumière, Et ta chaleur ne viendra pas, se dispersant, à être Un froid de par l'inutile infini.FERNANDO PESSOA . | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Sam 13 Mar 2010, 16:26 | |
| Très beaux : la photo et le poème. Merci Soussou | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: Pessoa Jeu 25 Mar 2010, 16:36 | |
| Saudade J’ai passé loin le long du monde, Je suis tel et quel il m’a fait, Mais je garde en l’âme de l’âme Mon âme vraie de Portugais. Et le Portugais c’est : saudades. Parce que seul les ressent bien Celui qui de ce mot dispose Afin de dire qu’il en a... . | |
| | | Luca pilier
Nombre de messages : 2880 Age : 112 Date d'inscription : 15/06/2011
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Jeu 23 Fév 2012, 18:51 | |
| Même en prose...
Supposons que je voie devant moi une jeune fille à l’allure masculine. Un être humain ordinaire dira simplement : « Cette jeune fille a l’air d’un garçon. » Un autre être humain , tout aussi ordinaire, mais déjà plus conscient du fait de parler, c’est dire, dira d’elle : « Cette jeune fille est un garçon. » Un autre encore, tout aussi conscient des devoirs de l’expression, mais poussé davantage encore par l’amour de la concision, ce luxe de la pensée, dira d’elle : « Ce garçon. ». Quant à moi, je dirai : « Cette garçon », violant la règle de grammaire la plus élémentaire, qui exige que s’accorde en genre et en nombre le substantif et l’adjectif. Et j’aurai fort bien dit ; j’aurai parlé dans l’absolu, photographiquement, loin de la platitude, de la norme, du quotidien. Ainsi n’aurai-je pas parlé : j’aurai dit. La grammaire, qui définit l’usage, établit des divisions légitimes mais erronées. Elle distingue, par exemple, les verbes transitifs et intransitifs ; cependant, l’homme sachant lire devra, bien souvent, transformer un verbe transitif en verbe intransitif pour photographier ce qu’il ressent, et non, comme le commun des animaux-hommes, pour se contenter de voir dans le noir. Si je veux dire que j’existe, je dirai « je suis ». Si je veux exprimer que j’existe en tant qu’âme individualisée, je dirai « je suis moi ». Mais si je veux dire que j’existe comme entité, qui se dirige et se forme elle-même, et qui exerce de la façon la plus directe cette fonction divine de se créer soi-même, comment donc emploierai-je le verbe être, sinon en le transformant tout d’un coup en verbe transitif ? Alors, promu triomphalement, antigrammaticalement être suprême, je dirai « je me suis ». J’aurai exprimé une philosophie entière en trois petits mots. N’est-ce pas infiniment préférable à quarante phrases pour ne rien dire ? Que peut-on demander de plus à la philosophie et à l’expression verbale ? (…) Tout homme sachant dire ce qu’il dit est, à sa façon, roi de Rome. Le titre est royal, et la raison en est de savoir s’être.
(Le Livre de l'intranquillité II, 5) | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mar 26 Juin 2012, 05:52 | |
| Ce qu'il faut c'est être naturel et calme
Dans le bonheur comme dans le malheur...
Penser comme l'on marche,
Et lorsqu'on va mourir, se rappeler que le jour meurt,
Et que le couchant est beau et belle la nuit qui se fait...
Et que si ainsi sont les choses, c'est que les choses sont ainsi. | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: fernando Pessoa Ven 29 Juin 2012, 23:26 | |
| pour Rotko:
tu avais passé un beau poème, je ne me souviens pas lequel et tu as mis, traduction sur le net; j'aimerais savoir où trouver des traductions, sans gâcher mes yeux et les faibles neurones de mon cerveau, Traduire poésie, sans perdre la musicalité et l'esprit de l'auteur est difficile si tu peux m'envoyer ce site, un grand merci. | |
| | | ishya neophyte
Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 23/01/2012
| Sujet: Article sur Pessoa Lun 06 Aoû 2012, 15:45 | |
| Je suis agréablement surpris de voir tant d'"amis" de Pessoa ici. Pour moi aussi c'est un poète qui compte. Je vous donne un lien pour un article que j'ai écris sur notre blog collaboratif : N'hésitez pas à m'adresser vos retours :-) | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: fernando Pessoa Lun 06 Aoû 2012, 21:03 | |
| pou ishya: magnifique le poème en Français que tu as mis sur ton blog, pourquoi ne pas l'envoyer sur GDS. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mar 07 Aoû 2012, 05:10 | |
| Lorsque viendra le printemps, si je suis déjà mort, les fleurs fleuriront de la même manière et les arbres ne seront pas moins verts qu’au printemps passé. La réalité n’a pas besoin de moi. J’éprouve une joie énorme à la pensée que ma mort n’a aucune importance. Si je savais que demain je dois mourir et que le printemps est pour après-demain, je serais content de ce qu’il soit pour après-demain. Si c’est là son temps, quand viendrait-il sinon en son temps ? J’aime que tout soit réel et que tout soit précis ; et je l’aime parce qu’il en serait ainsi, même si je ne l’aimais pas. C’est pourquoi, si je meurs sur-le-champ, je meurs content, parce que tout est réel et tout est précis. On peut, si l’on veut, prier en latin sur mon cercueil. On peut, si l’on veut, danser et chanter tout autour. Je n’ai pas de préférences pour un temps où je ne pourrai plus avoir de préférences. Ce qui sera, quand cela sera, c’est cela qui sera ce qui est. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Fernando Pessoa Mar 07 Aoû 2012, 05:16 | |
| Dizem? Esquecem. Não dizem ? Disseram. Fazem? Fatal. Não fazem? Igual. Por quê Esperar ? Tudo é Sonhar. - Spoiler:
On le dit ? On l’oublie. Ne le dit ? L’aurait dit.
On le fait ? C’est fatal Ne le fait ? C’est égal.
Pourquoi donc Espérer ? Car tout n’est Que rêver.
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| Sujet: Re: Fernando Pessoa | |
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