pierre Louÿs

un petit poeme en prose,

Citation :

La chevelure

Il m’a dit « cette nuit, j’ai rêvé. J’avais ta chevelure autour de mon cou. J’avais tes cheveux comme un collier noir autour de ma nuque et sur ma poitrine

« je les caressais : et c’était les miens et nous étions liés pour toujours ainsi, par la même chevelure, la bouche sur la bouche, ainsi que deux lauriers n’ont souvent qu’une racine.

« Et peu à peu, il m’a semblé, tant nos membres étaient confondus, que je devenais toi-même ou que tu entrais en moi comme mon songe »

Quand il eut achevé, il mit doucement ses mains sur mes épaules, et il me regarda d’un regard si tendre que je baissai les yeux avec un frisson.

C'est très beau, j'aime beaucoup
Bon mon commentaire laisse lui à désirer

ton commentaire est bienvenu, et il est bon de savoir si le texte plaît ou non.

En voici un autre :


Le baiser

Je baiserai d'un bout à l'autre les longues ailes
noires de ta nuque, ô doux oiseau, colombe prise, dont
le coeur bondit sous ma main.

Je prendrai ta bouche dans ma bouche comme un
enfant prend le sein de sa mère. Frissonne !...
car le baiser pénètre pofondément et suffirait à l'amour.

Je promènerai ma langue légère sur tes bras,
autour de ton cou, et je ferai tourner sur tes côtes
chatouilleuses la caresse étirante des ongles.

Ecoute bruire en ton oreille toute la rumeur de la
mer... Mnasidika ! ton regard me fait mal. J'enfermerai
dans mon baiser tes paupières brûlantes comme des lèvres.

Et c'est un brin coquin
Pour la lecture poésie d'avril? Je vote pour.

Nymphéa a écrit:

Et c'est un brin coquin
Pour la lecture poésie d'avril? Je vote pour.

mets-le sur le fil autrement on dira que je dirige trop

c'est d'un érotisme élégant dont je développe les phases successives dans une savante progression

LE BAISER SOUS L’AISSELLE

Plonger, quand ton aisselle est en sueur, ma bouche
Sous ton bras tiède et mou, dans les poils bruns et fins
Et là, gaver à pleines dents toutes mes faims
Du beau corps savoureux sur qui mon corps se couche.

Ah ! le rêve réalisé ! — Ma langue est là,
Dardée à la naissance odorante des touffes
Et ma bouche à baiser pleurant que tu l’étouffes
Lisse aux lèvres les poils que la langue emmêla.

De longs frissonnements te courent, ô peureuse !
Sous la caresse ta haute aisselle se creuse
Et tremble ta mamelle où j’ai les doigts crispés,

Quand je puise, abrité par ton bras, ô clémente !
Dans la coupe de peau nubile aux bords jaspés
Où l’âcre vin de la chair en chaleur fermente.

pour les autres baisers, suivre la flèche.

J'ai feuilleté.

Spoiler:

Et j'ai proposé la poésie commune avec un brin de dirigisme aussi Non mais!

tu as bien fait !

j'avais déjà parlé de pierre louys sur le rayon érotique page 7 je crois : mes textes n'étaient peut-être pas les mieux choisis,
mais faire la fine bouche était à mon sens déplacé.

Les beaux textes se moquent du puritanisme

Les chansons de Bilitis

Publié pour la première fois en 1895, ce livre est un érudit canular, une mystification ; Pierre Louÿs a déjà publié un roman et est déjà connu, bien qu’encore jeune ; il présente ce recueil comme la traduction de poèmes antiques et apporte les preuves à l’appui de cette découverte de textes…Or tous les poèmes sont son œuvre, en imitation des grecs, mais élaborés après de précises recherches et avec un art déjà consommé de l’emploi du mot et de la mélodie des phrases. Des poèmes en prose qui retrace la vie et le parcours de Bilitis.
J’ai lu la première partie qui évoque la jeunesse de Bilitis en l’île de Chypre. Des textes qui allient à une certaine légèreté et à un esprit bucolique, des images teintées d’un érotisme « charmant » sur l’éveil des sens, du désir, de l’amour.
Le premier poème :

Citation :

L’arbre

Je me suis dévêtue pour monter à un arbre ; mes cuisses nues embrasaient l’écorce lisse et humide ; mes sandales marchaient sur les branches.

Tout en haut, mais encore sous les feuilles et à l’ombre de la chaleur, je me suis mise à cheval sur une fourche écartée en balançant mes pieds dans le vide.

Il avait plu. Des gouttes tombaient et coulaient sur ma peau. Mes mains étaient tachées de mousse, et mes orteils étaient rouges, à cause des fleurs écrasées.

Je sentais le bel arbre vivre quand le vent passait au travers ; alors je serrais mes jambes davantage et j’appliquais mes lèvres ouvertes sur la nuque chevelue d’un rameau.

Je laisse aux autre lecteurs de cette poésie commune la joie de se délecter de ces petits poèmes.

Debussy les a mis en musique.....sensualité lorsque c'est un groupe de femmes qui interprètent l'oeuvre.

Je crois avoir commis une erreur que je rectifie, puisque c’est en Pamphilye que Bilitis débute sa vie qui est colonie grecque de Turquie.
La deuxième partie se situe à Mytilène, en l’île de Lesbos. Des poèmes érotiques certes, mais aussi beaucoup de tendresse et l’amour

Citation :

L’amour

Hélas ! si je pense à elle, ma gorge se dessèche, ma tête retombe, mes seins durcissent et me font mal, je frisonne et je pleure en marchant.

Si je la vois, mon cœur s’arrête, mes mains tremblent, mes pieds se glacent, une rougeur de feu monte à mes joues, mes tempes battent douloureusement.

Si je la touche, je deviens folle, mes bras se raidissent, mes genoux défaillent. Je tombe devant elle, et je me couche comme une femme qui va mourir.

De tout ce qu’elle me dit je me sens blessée. Son amour est une torture et les passants entendent mes plaintes…Hélas ! Comment puis-je ,l’appeler Bien-Aimée ?

Bilitis trahie, part et devient courtisane à Chypre : troisième partie. Des poèmes décrivant les mœurs et cérémonies antiques de ces courtisanes alternent avec des poèmes franchement érotiques, mais jamais grivois, toujours plaisants et jouissifs. Puis advient la vieillesse, et ainsi la lassitude, l’abandon des dernières illusions, une certaine amertume ; ce que Louÿs rend finement dans quelques jolis poèmes.
Dernière partie à l’imitation de l’antique, avec trois épitaphes sur le tombeau de Bilitis.

J’espère que d’autres Grains auront plaisir à lire ces poèmes…et se joindront à cette poésie commune…

Les seins de Mnasidika

Avec soin, elle ouvrit d'une main sa tunique
et me tendit ses seins tièdes et doux,
ainsi qu'on offre à la déesse
une paire de tourterelles vivantes.

'Aime-les bien', me dit-elle; 'je les aime tant!
Ce sont des chéris, des petits enfants.
Je m'occupe d'eux quand je suis seule.
Je joue avec eux; je leur fais plaisir.

Je les lave avec du lait. Je les poudre
avec des fleurs. Mes cheveux fins qui les
essuient sont chers à leurs petits bouts.
Je les caresse en frissonnant.
Je les couche dans de la laine.

Puisque je n'aurai jamais d'enfants,
sois leur nourrisson, mon amour; et,
puisqu'ils sont si loin de ma bouche,
donne-leur des baisers de ma part.'

rotko a écrit:

Les seins de Mnasidika

Mnasidika, le bel amour de Bilitis ...J'aime beaucoup ce poème aussi.

Genji a écrit:

Debussy les a mis en musique.....sensualité lorsque c'est un groupe de femmes qui interprètent l'oeuvre.

J'ai cherché à la médiathèque et je n'ai trouvé que quatre chants. Peux-tu me donner des références? Merci.

Des références ? Oulaaaa.....va falloir creuser, car je les entends en live mais en CD's là....
Je vais voir.

Sur France Culture, la dernière émission sur l'érotisme qui était aujourd'hui (enfin je crois que c'était la dernière) a entre autres proposé une lecture d'un texte de Louÿs, qui était mon premier texte de lui et qui restera le dernier... C'était d'un autre ressort que ceux présentés sur cette page, mais cela permet en même temps d'ouvrir les yeux sur ces derniers : un érotisme minable, à la provocation de même niveau, tout à fait inintéressant... Je me rappelle quelques phrases:

"Ne faites pas caca dans la mousse au chocolat même si vous savez que vous êtes privée de dessert... Ne dites pas à table, lorsque l'on vous demande votre boisson préférée "Je ne bois que du foutre". Ne prenez pas deux mandarines pour faire des couilles à une banane."

Bref, magnifique... Autant vous dire que les lectures de Georges Bataille qui succédait à celle-ci furent d'un autre ton.


édit : voilà, j'ai retrouvé le texte en question :
http://xmoun.fr/manuel.html

tu n'es pas tombée sur les bonnes pièces et il est certain que l'accumulation de grossièretés produit un effet de loupe dérangeant.

J'ai pourtant trouvé dans l' Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses, Pybrac, la femme, édition La musardine , quelques passages assez drôles, même si bien grivois.

vois donc les poèmes de bilitis, ils sont mieux inspirés

Je regarderai, tantôt, parce qu'il ne faut pas fermer son esprit et surtout pas aux propos de rotko.

Je n'ai pas trouvé l'érotisme de Bilitis ni graveleux ni grossier; plutôt discret et léger, à propos et juste. Tu devrais y regarder Firenze...

La femme et le pantin (publication : 1898)


Que de sensations fortes avec ce fabuleux petit livre !

3 personnages.

Un parisien se trouve à Séville pendant le carnaval. Il repère une femme et en tombe amoureux sur le champ.

« Comme la vie est facile ! répéta t-il en souriant. Hier, à cette heure-ci, j’étais seul, sans but, sans pensée. Il a suffi d’une promenade, et ce matin me voilà deux. »

Un ami, Mateo. Ami à qui il raconte sa mésaventure et le rendez-vous qu’il a obtenu de la belle.

La femme : Concha.

Il se trouve que Mateo la connaît, l’aime au-delà de la folie. Et il raconte...


« L’histoire est bien simple, vraiment, presque banale (...) : mais elle m’a tué »

Il s’ensuit une narration échevelée, tumultueuse et passionnelle de leurs rapports presque sado-masochistes (d’abord, psychologiquement puis physiquement), rapports tendus autour d’un enjeu de taille : la virginité de la jeune femme.

Elle est mozita.

Elle se promet à lui, mais ne se donne jamais...

L’asservissement le plus voluptueusement horrible pour un homme...

Un tableau résume tout : celui de ces femmes hilares jouant avec leur victime masculine : le « pantin », de Goya.

http://www.grandspeintres.com/tableaux/goya/high/pantin.jpg



Il y aurait beaucoup à dire sur cette ogresse manipulatrice, menteuse, dont la sensualité dégouline à chaque page et pourtant impénétrable (sans mauvais jeu de mot !) dans ses desseins.

C’est rythmé et incandescent.

Je ne veux rien dévoiler.

Sauf deux choses : la figure de Casanova apparaît en filigrane dans tout le récit. Doublée d’une métaphore étonnante : celle de Moïse ! Ce Moïse qui eut la révélation de Dieu (buisson ardent !), mais n’entrevit jamais la Terre promise (il meurt avant...).

Louÿs a de l’humour, ou du culot, ou le sens du blasphème...ou les 3 à la fois !


Savoureux...


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Casanova eut à subir le même genre de péripéties avec Mlle Charpillon, qui le rançonna, l’excita et ne lui donna...rien ! On dit que ce fut sa seule défaire amoureuse.

« C’était vers la fin de septembre 1763 que je fis la connaissance de la Charpillon et c’est de ce jour que j’ai commencé à mourir. »




Félicien Rops – La dame au pantin - 1877

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e8/F%C3%A9licien_Rops_-_La_Dame_au_pantin_et_%C3%A0_l%27%C3%A9ventail.jpg

Il connut le succès avec des romans qui scandalisèrent, «Aphrodite», «les Aventures du roi Pausole».

Correspondance, par Pierre Louÿs et Henri de Régnier, Bartillat, 400 p.,

Oeuvre érotique, par Pierre Louÿs,
Bouquins-Laffont, 1088 p

Citation :

un millier de pages qui sont presque autant de chefs-d'oeuvre, d'un comique profond, d'un plaisir raffiné de lecture, du grand art

dit bibliobs.

j'avais lu la femme et le pantin et puis j'ai vu le film.... surprise ! Bardot incarnait à la perfection le personnage de la femme, du moins, tel que je me l'étais imaginé. Je ne me souviens pas avoir lu autre chose de Pierre Louys. Il faudrait bien que j'en lise un autre.