Le Comte de Lautréamont

Je ne pense pas être spécialement "qualifié" pour t'initier à Lautréamont, mais je ne vais pas bouder mon plaisir, et me pencherai sur la question, car c'est un auteur qu'il m'est très agréable de faire découvrir, pour beaucoup de raisons. Quelque uns n'ont pas lu les "Poésies I et II" qui se trouvent souvent après "Les chants de Maldoror", formant ainsi ce qu'il est convenu d'appeler ses "Oeuvres complètes". Elles sont très intéressantes car on y découvre l'esprit particulièrement joueur de Ducasse qui n'hésite pas à se contredire ouvertement dans les directions qu'il donne à ce qu'il considère devoir être les "règles" de la poésie de son temps (ex: "la poésie doit avoir pour but la vérité pratique...", alors qu'il est assez difficile de concevoir que Maldoror comme une notice à portée pyschologique; quoique, quoique... au fond je ne suis pas loin de le penser, mais c'est un peu tiré par les cheveux de défendre cette position). Bref, oui je tenterai l'excercie, après les fêtes sûrement, et je mettrai les références, les pages etc.

Juste un mot, à la limite du sujet.

Lautreamont : l'occasion de me le faire découvrir, c'est toi qui me tends la perche.

Les ajoûts au texte :
dans une adaptation du malade imaginaire de Molière, je verrais bien des publicités - ou des videos, sur certains médicaments controversés, comme le Mediator ou d'autres. La pièce a une portée polemique à mettre en relief - et à jour

J'y travaille, j'y travaille, mais j'hésite encore en une sorte d'exposé assez scolaire (et donc qui m'emmerde et que je trouve vite pédant) ou quelque chose de plus sympa, plus drôle, à la manière des articles que je faisais il y a quelques mois, genre celui sur Tool par exemple. Bref, je n'ai pas oublié.

Bien plus encore à la limite que Rotko; je sais que vous aurez la classe de me pardonner ma gainsboroughphilie:

Cher HonoredB j'en suis à 1 ùn 47 et je ne vois toujours pas le rapport avec Lautréamont, attention, je vais sévir.

ok ok ok ok. référence tenue mais référence quand meme. C'est bon, je ne te jetterai pas du haut de la falaise ce soir HdB

ignatius a écrit:

Cher HonoredB j'en suis à 1 ùn 47 et je ne vois toujours pas le rapport avec Lautréamont, attention, je vais sévir.

Une réécoute attentive vous donnera la réponse, très cher Vingtième seconde, de mémoire Bon, le rapport est... bon.

HonorédB a écrit:

ignatius a écrit:

Cher HonoredB j'en suis à 1 ùn 47 et je ne vois toujours pas le rapport avec Lautréamont, attention, je vais sévir.

Une réécoute attentive vous donnera la réponse, très cher Vingtième seconde, de mémoire Bon, le rapport est... bon.

oui oui j'ai corrigé. à 0.59 en fait. lol. cela dit le top selon moi c'est ça:

https://www.youtube.com/watch?v=G3cFkaqhD0I

sinon y'a "à l'arriere des taxis" de Noir Desir qui va tres bien aussi...

Y'a une constante dans ma relation avec Noir Désir : j'aime bien leurs musiques et leurs prosodies, mais je comprends pas leurs paroles
Mais le rapport avec Lautréamont, là, c'est moi qui bugue...

C'est normal, j'ai dit n'importe quoi, c'est dans " Les écorchés"

(...)
Moi j'ai pas allumé la mèche
C'est Lautréamont
Qui me presse
Dans les déserts
Là ou il prêche
Ou devant rien
On donne la messe
(...)

Quant à la chanson "les dingues et les paumés", il y est question de ceux qui "ont cru s'enivrer des Chants de Maldoror", cette dernière est un bijou romantique et symboliste...

N'oublie pas de donner des références précises quand tu parles de Lautreamont : je l'ai sur mon bureau, mais j'ai plus envie de le picorer que d'en faire une lecture suivie.

sous formes de scènes chronologiques ce livre raconte la vie fulgurante (Lautréamont meurt à l’âge de 24 ans), toute empreinte de mystère, d’un jeune homme du XIXème siècle. Une enfance à Montevideo où l’absence de la mère, le contexte historique et l’autorité rigoureuse du père enveloppent un être effrayé, sous-tendent une violence constante que même Mana (la nourrice) ne saurait calmer. « Mana, promets-moi que papa ne me donnera jamais aux chiens pour que je le laisse lire tranquillement ».

La mort rôde, oppressante et immonde sous forme d’épidémie (vomito negro), image cauchemardesque pour un enfant déjà inquiet. Aussi le voyage qu’il entreprend vers la France en 1859, séparé du père et de l’horreur devient « bonheur éternel »etc...

source Actualitté.

quelques emprunts classiques avec variantes :

Le premier type de plagiat supposé se trouve dans Les Chants de Maldoror, lorsque Lautréamont, au milieu de ses visions fantasmatiques peuplées de monstres, de sexe, de sang, insère quelques pages recopiées sur Buffon et/ou sur quelque traité d’histoire naturelle du XVIIe. L’effet est saisissant, qui marie et fond ensemble la prose outrancièrement romantique de Lautréamont avec le discours scientifique des naturalistes classiques.

Ce faisant, Lautréamont se livre à un collage avant-gardiste

chez Lautréamont

Heu, j'ai peut-être lu trop hâtivement ta réponse dans un autre fil, mais je ne vois pas de critique de Lautréamont. Bon, je vais sur son fil.

Si tu veux, rotko, je défends mon affirmation ici, bien que le fil "quel est le plus beau roman d'amour" me semble plus approprié (ou au moins autant).

Déjà, on m'opposera: mais Les chants de Maldoror n'est pas un roman, c'est un poème en prose, comme L'Odyssée. Vrai. Et faux. Le chant VI est un vrai roman, comme annoncé par Lautréamont lui-même dans la première strophe de ce chant ultime. Comme il reprend les mêmes personnages que ceux des Chants précédents, il va de soi que l'on peut considérer l'ensemble des Chants comme un roman.

Pourquoi un roman d'amour? Les chants semblent plus un roman de haine, de destruction, un appel au meurtre lancé contre Dieu d'abord et les hommes ensuite. Vrai, mais ce n'est qu'une apparence. Le pivot des Chants de Maldoror est l'amour qui relie le héros (et donc Lautréamont, tellement son oeuvre est autobiographique) à un jeune homme: l'adolescent aux cheveux blonds, aux yeux si doux, le poulpe au regard de soie; bref Dazet dans la réalité. Il l'aime. Mais Dazet n'est peut-être pas homo, et en tous cas, cette relation même si elle était consentie par l'intéressé, ne serait certainement appréciée des parents et de la société.

Voilà pourquoi Maldoror doit montrer jusqu'où peut aller son amour: jusqu'à défier Dieu (l'autorité) et les hommes (la société) qui sont de toutes manières des menteurs, des assassins, des vertueux du dimanche et n'ont de ce fait pas de leçon à donner. Il dit à Dazet: vois ce dont je suis capable pour ton amour, vois si je le mérite, si je te mérite; rien ne me fait peur, je suis comme toi, la pureté, le romantisme absolu.

Le style de Lautréamont. Pompeux? grandiloquent? Bien sûr. Et plus que ça. Il plagie en faisant plus fort encore. La aussi on peut dire que le style sert le fond, que le style est une preuve d'amour. Tout est risible, faux et décevant (Dieu est retrouvé ivre dans un caniveau, ou ayant passé par un bordel). Tout est mystagogie (comme il le dit je crois dans les "Poésies"). Il pousse la langue romantique dans ses derniers retranchements, les comparaisons à leur paroxisme:

un seul exemple, au Chant VI (où il sur-abuse, volontairement, de sa trouvaille stylistique de "beau comme", qui fera tant se pâmer Breton et d'autres):

Spoiler:

Je maintiens donc que les Chants de Maldoror ne sont qu'une lettre d'amour qui contient en abîme un combat contre Dieu, les hommes et la littérature. Si l'on était certains qu'Isidore Ducasse se fût suicidé, je dirais que sa lettre d'amour a été un échec quant a son objet initial, mais un succès inimaginable dans la résolution de ses buts secondaires, au premier rang desquels foutre un gros coup de pied dans la fourmilière littéraire de son temps. Il serait mort phtisique, mais on sait pas bien, laissez-moi me dire qu'il s'est suicidé, et là, même Roméo et Juliette sont enfoncés.

ignatius a écrit:

Heu, j'ai peut-être lu trop hâtivement ta réponse dans un autre fil, mais je ne vois pas de critique de Lautréamont. Bon, je vais sur son fil.

Les chants de Maldoror me tombent des mains. C'est le grief, un peu court sans doute, que lui fais. je n'arrive même pas à lire un chant en entier. Ces grandes tirades verbeuses ne sont pas de mon registre.

Je vais sortir une enormité : je préfère lire Gaston Leroux dans Fantomas. J'y trouve le style pompeux amusant.

Mais si je t écoutais le lire, je surveillerais ta cage thoracique pour voir comment tu viens à bout de ces grandes tirades

(peut-être déplaceras-tu ce commentaire sur le fil consacré à Lautréamont)

Oui, rotko, c'est une énormité. Rarement nos jugements littéraires sont si vite accordés. Sourire.

Il faut déjà imaginer (pour celui qui a du mal) Lautréamont scander ses strophes en plaquant des accords au piano (ça peut aider...). Sinon pour répondre brièvement à ta question "comment ma poitrine se soulève à la lecture" -ou à la diction puisque je transpose cette oeuvre pour le théâtre-? je te dirai qu'elle se soulève peu, vu que j'en veux une mise en scène et une direction d'acteur à l'opposé de ce que le feu d'artifice verbeux de Lautréamont invite à imaginer. Je vois un Maldoror humain, qui parle, pense, et non hurle "le vers qu'il faut laisser s'envoler". Les deux mises en scène que j'ai vues de Maldoror prenaient au pied de la lettre son explosion d'images et d'émotions; je travaille à un total contre-pied: minimaliste, chuchoté, intimiste et pourquoi pas DROLE (je me plais à jouer une strophe à la Desproges)...

ignatius a écrit:

je travaille à un total contre-pied: minimaliste, chuchoté, intimiste et pourquoi pas DROLE (je me plais à jouer une strophe à la Desproges)...

Tu nous mets l'eau à la bouche !

c'est vrai que sur cet auteur, je t'écoute, dans tous les sens du mot.

Bah, vous avez qu'à venir en Avignon pour les représentations...

Nous savons donc où. Mais quand ?

C'est un projet pour le festival, mais il y aura des représentations avant, au centre de la poésie (ils ont une scène sympa).

J'ai adoré Lautréamont. Son jeune âge et sa personnalité lui ont permis d'entrer dans une écriture formidable, il fallait l'oser ! Cru, dérangeant, fascinant. Il crée des images épouvantables dont l'esthétique me semble parfaite !!

J'ai lu les deux premiers chants. C'est une petite merveille. C'est une écriture qui me parle, qui me touche. Le chant sur l'Océan.est un de mes préférés et j'ai hâte de lire la suite. C'est un des mes poètes favoris.

Layla Monroc a écrit:

J'ai lu les deux premiers chants. C'est une petite merveille. C'est une écriture qui me parle, qui me touche. Le chant sur l'Océan.est un de mes préférés et j'ai hâte de lire la suite. C'est un des mes poètes favoris.

Voilà qui fait plaisir à lire... si tu n'en es qu'au Chant II il te reste d'autres merveilles et atrocités à lire... au plaisir d'en parler avec toi si le coeur t'en dit.

Ps: j'ajoute qu'il est possible que je fasse des répétitions publiques à Paris entre mai et juin... je vous tiendrai au courant.

Je vais essayer de me les procurer. J'ai eu les deux premiers version illustrée à noël en fait.