Gustav Meyrink [Autriche]

Le Golem

Le golem aime jaillir périodiquement à Prague, ville à l’ambiance de soufre et d’occultisme, distillée par les alchimistes et Rodolphe II.

Ce mythe au moins aussi vivace que celui des vampires, a été traité par de grosses pointures littéraires, mais Gustav Meyrink reste la référence classique, un peu le Stoker de la légende.

Je souhaitais donc le lire depuis longtemps.

Très honnêtement, le style décousu et la psychologie ambiguë du personnage principal m’ont désorientée (déçue ?).

« Ni éveillé ni endormi, je glisse dans une sorte de rêve où ce que j’ai vécu se mêle à ce que j’ai lu et entendu, comme se mêlent des courants de teintes et de limpidités différentes. »

Voilà comment se présente le narrateur, héros amené à vivre diverses phases existentielles, dont l’Eveil (rien que ça !) après avoir croisé le taciturne Golem (de type Mongolien, créé par un rabbin, et aimant s’incarner dans la ville tous les 33 ans, pour mieux se volatiliser en un éclair…).

« Peut-être y a t-il là comme une œuvre d’art spirituelle, sans conscience d’elle-même – une œuvre d’art qui naît de l’informe, tel un cristal, selon des lois immuables. »

La trame de l’intrigue est résolument ésotérique et on s’y perd un peu faute d’unité.

Meyrink tente une autopsie de la conscience humaine, toujours fluctuante, incertaine, floue, au seuil de la folie du dédoublement.

On ne sait pas si son héros divague, rêvasse, projette, fantasme, réinvente le monde selon un puzzle personnel et crypté.

Le golem sert de prétexte à un élargissement de vison intérieure.

Si vous ne comprenez rien à ce que j’écris, c’est normal, je crois n’avoir rien capté non plus.

Quelqu’un l’aurait-il lu ?

Je n’ai pas lu le Golem, mais un roman publié deux ans plus tard en 1917 : La nuit de Walpurgis.
Ce livre ne m’avait, moi non plus, pas enthousiasmée ; j’avais trouvé l’histoire confuse et n’avais pas réussi à décrypter le propos de l’auteur ; ses rapports à l’ésotérisme me paraissaient brouillonnes, diffuses, et sans véritable rigueur. Je m’étais maintes fois reporter à la préface pour essayer d’y trouver une analyse plus approfondie et plus pertinente. J’en livre quelques citations ci-dessous ; présentation de Jean-Jacques Pollet.
-« Gustav Meyrink confesse qu’il s’applique dans sa vie mondaine à épater le bourgeois ; sa curiosité pour les choses occultes- fréquentation de séances alors à la mode, expérimentation d’innombrables recettes, manie des rites et sociétés secrètes, etc.- s’inscrit avant tout dans la recherche délibérée et ostentatoire d’excentricité, la pose de dandy. Au fil du temps, l’occultisme meyrikien s’enrichit de multiples sources- de la théosophie de Camille Flammarion, en passant par le Hatha yoga, Swedenborg, Paracelse, Rudolf Steiner,etc. »
-« Comme, avant lui Le Golem et Le rayon vert, ce roman est construit sur le schéma d’une légende réalisée, sur le thème de l’irruption de la fureur dans l’Histoire. Cette loi de l’éternel retour de la violence… »
-« Dans Le Golem, la légende prend corps par le biais d’une expérience individuelle, l’expérience visionnaire prêtée à un personnage prédestiné. »
Se rappeler aussi que Meyrink a eu une existence dissolue et de sérieux ennuis avec la société praguoise, qu’il a été accusé d’escroquerie et incarcéré, et ruiné ; a divorcé et s’est remarié ; que ses premiers écrits ont rencontré de violentes attaques dans la presse et que sa maison fut lapidée . Ce n’est qu’avec la parution du Golem qu’il rencontra le succès.

Merci, Nymphéa, pour toutes ces précisions.
C'est bien ce que j'ai ressenti : un vague fourre-tout de plein d'idées.
Pourquoi a t-il été autant détesté à Prague ?
Pour ses écrits ?

Voici ce que je sais pour répondre à ta question, Arc
A Prague, Meyrink dirigeait sa propre banque et il s’est marié dans la haute société ; mais il menait une vie de dandy et faisait toutes sortes d’extravagances ; une querelle d’honneur sera envenimée d’une violente campagne de diffamation, on jette sur lui le soupçon d’escroquerie ce qui le conduit en prison ; bien que réhabilité, il est obligé de quitter la ville en 1904. Il s’installera à Viennes, puis à Munich à partir de 1906.

Citation :

« Il nourrit un rapport paradoxal à cette ville, une relation passionnée, obsédante, faite d’une rancune tenace, voire de haine, et en même temps de profonde nostalgie…Mais avec le temps, il s’attache à construire une autre image de Prague qu’il érige en lieu clé fantastique. "

Installé à Munich , Meyrink est rattrapé par sa mauvaise réputation ; ses écrits antimilitaristes lui valent une nouvelle campagne de dénigrement menée par la presse nationaliste, il est accusé de défaitisme et d’immoralisme, mis en cause par ses origines juives.

commencé Le Golem de Gustav Meyrink
je m'y perds un peu pour le moment...

J'ai un peu parle de Meyrink sur les lectures de novembre.
Meyrink s'amuse a prendre en permanence le lecteur a contre-pied. La ou l'on attend du fantastique, il offre une sorte de representation theatrale.
La litterature germanophone fantastique de cette epoque ce n'est pas tres amusante. Il faut un peu de recherches sur l'époque et les tendances litteraires.
Pourtant Mayrink ecrit comme un somnambule et cela enchante le lecteur.

Moi j'ai beaucoup aimé, le Rayon vert et l'Ange à la fenêtre d'Occident, j'adore aussi Lovecraft , et j'aimais beaucoup Stephen King avant qu'il ne devienne commercial, peut-être que pour apprécier, il faut avoir soi-même l'esprit un peu tordu