Xi Yang [Chine], La rêveuse et la dragueuse.

La couverture est un tableau de Feng Zhenjie présent sur GDS*

La rêveuse et la dragueuse est paru chez Bleu de Chine



Ce petit livre de 91 pages est traduit par Françoise Naour qui note une parenté avec Alain Robbe-Grillet.
Qui aurait cru que le pape du nouveau roman aurait fait école en Chine ?
et pourtant on a déjà parlé de lui à propos de Yu Hua.

Pour donner une idée du caractère transgressif du récit, le texte en exergue est instructif.

Il s'agit d'une définition de amour/aimer de 1979, répétée en 1990 et 2001 dans le Xiandaï hanyu cidian

Citation :

amour/ aimer : sentiment très profond pour quelqu'un ou quelque chose : aimer la Patrie, aimer le peuple, aimer le travail.

l'édition 2001 ose un exemple inattendu "il est tombé amoureux d'une jeune fille". !!

j’aime bien le titre inattendu « la rêveuse et la dragueuse », la couverture provocante, ce qui secoue une torpeur chinoise ambiante.

Pour la ressemblance avec Robbe-Grillet, en particulier avec « dans le labyrinthe », on peut voir des tableaux « mentaux », c’est-à-dire suspendus dans le temps, et qui par moments prennent forme, s’actualisent dans un récit.

De même, on y trouve une atmosphère érotique bien en décalage avec la définition du dictionnaire cité en exergue,(l'amour de la patrie, du peuple et du travail !) on frôle sans cesse l’érotisme avec des jeux amoureux dans des endroits mythiques, comme la douche et le lit.

On peut voir dans la « rêveuse et la dragueuse » sinon un exercice à contraintes, du moins un récit qui relèverait du « cubisme littéraire » - expression de Robbe-Grillet :

au début un couple de jeunes garçons (A1 + A2) regarde danser un couple de jeunes filles (B1 et B2). Le récit consiste à jouer sur les échanges, notamment de couples : d’où des scènes entre les deux filles (A1 et A2), entre les deux garçons (B1 et B2), un garçon avec une fille, A1 avec B1, l’autre garçon B2 avec A2, etc. toutes les figures sont inventoriées.

La rêveuse et la dragueuse.

Comme l’indique le titre, symétrie et contrastes jouent leur rôle en permanence : l’opposition des caractères, il y a un rêveur/se et un dragueur/se dans chaque sexe, donc une diversité dans l’unité,

les semblables se rejoignent, les dissemblables se séparent, pour bientôt se rejoindre. Belle chorégraphie ! .

Autre point : on assiste à des fragments de discours amoureux par différents canaux :

- la chorégraphie initiale des deux filles intéresse et séduit les deux garçons,
- c’est aussi le rôle de la gestuelle entre les deux partenaires plus délurés,
- et celui de la parole notamment au téléphone par les deux couples, puis par la Rêveuse et le Rêveur..

Enfin, ces scènes décrites en phrases courtes dessinent une vraie topographie des lieux qu’on verrait bien au cinéma :

de la piste de danse ( sous–sol) aux chambres contiguës (8e étage), de la gargote dans la rue au toit de l’immeuble du Rêveur. etc.

Chaque couple dragueur/dragueuse, rêveur/rêveuse, joue sa partition, on danse sur le thème de l’amour avec ses variantes,

c’est le nouveau style d’existence.des enfants de Mao.

A suivre, c'est vraiment grâce à tes commentaires car je n'aime pas vraiment les couvertures, c'est bête comme elles peuvent inciter ou non selon nos goûts. Bon les éditeurs le savent bien !

Citation :

au début un couple de jeunes garçons (A1 + A2) regarde danser un couple de jeunes filles (B1 et B2). Le récit consiste à jouer sur les échanges, notamment de couples : d’où des scènes entre les deux filles (A1 et A2), entre les deux garçons (B1 et B2), un garçon avec une fille, A1 avec B1, l’autre garçon B2 avec A2, etc. toutes les figures sont inventoriées.

Enfin un peu de mathématique ! X étant l'inconnu...

Je me demandais si ce livre pourrait avoir plutôt un public adolescent ?

Le thème m'y fait penser mais ...

La couverture est faite par un peintre chinois de renom feng zengjie qui chahute l'ordre puritain établi. Après tout, on peut y retrouver la série marylin d'Andy Warhol

je ne pense pas que ce soit un livre pour adolescents, même avides de sensations, car dans ce livre d'érotisme omniprésent mais implicite, la construction demande un regard analytique.

Si le livre est lu par un(e) ado en lien avec un(e) adulte, on y verra une conception de l'amour, le choix par les partenaires de l'amour libertin ou sentimental, voire platonique.

je pense que le diable au corps interesserait davantage les ados français.

Autre roman, la shampouineuse, toujours chez bleu de Chine


Traduit du chinois par Caroline Grillot
Couverture de Feng Zhengjie

Citation :

On verra passer dans le récit une petite prostituée, un vieux cadre libidineux, un étrange artiste-peintre-businessman, un Chinois de l'étranger, etc. Il sera aussi question d'un lointain Ailleurs doré, les Etats-Unis, où la lune, en fin de compte et de conte, n'est pas plus ronde qu'au pays natal.

présentation par l'éditeur

rotko a écrit:

La couverture est faite par un peintre chinois de renom feng zengjie qui chahute l'ordre puritain établi. Après tout, on peut y retrouver la série marylin d'Andy Warhol

Je comprends mais ce n'est pas parce que des artistes chahutent les idées reçues ou ont une histoire bouleversante (je pense à Emil Nolde) que leurs oeuvres doivent être appréciées de tous.