Fritz Lang

Deux sorties DVD sont consacrées cette semaine à des films noirs de la période américaine du maître de l'expressionnisme allemand : La Rue rouge (Scarlet Street, 1945) et, surtout, Les bourreaux meurent aussi (1943), chef-d'oeuvre antinazi présenté en version courte et en version longue sur deux disques.

C'est en collaboration avec Bertolt Brecht (dont le prénom est anglicisé en « Bert » au générique) que Fritz Lang a écrit ce suspense sur fond d'attentat, de résistance et d'exécutions d'otages dans le Prague de 1942. Le réalisateur de M le maudit avait favorisé la fuite du dramaturge réfugié aux Etats-Unis dès 1941. Un bonus révèle les détails de la collaboration difficile entre ces deux génies au caractère entier et le scénariste américain John Wexley, auteur des Anges aux figures sales, de Michael Curtiz.

J'ai beaucoup aimé les contrebandiers de moonfleet 1955
récemment repassé à la télé :

1757 en Angleterre. Le jeune orphelin John Mohune arrive à Moonfleet, petit port isolé, pour retrouver un ami de sa mère, Jeremy Fox, flibustier notoire. Jeremy Fox l'envoie au collège mais John s'échappe et retourne au chateau de Mohune



les hesitations d'un gamin entre l'adulation sans réserves d'un adulte séduisant et le "sens moral" , son obstination à trouver lui-même sa voie m'ont plu.

En revanche j'ai eu du mal à reconnaître Lang dans l'un de ces deux films, et je crois même avoir abandonné en route :

1958 : Le Tigre du Bengale (Der Tiger von Eschnapur)
1958 : Le Tombeau hindou (Das Indishe Grabmal)

Synopsis :

M le Maudit : on en parle partout. Dans la presse, dans les chaumières, dans les commissariats, dans les bars enfumés... Un tueur d'enfants rôde en ville. Tout le monde en parle, mais aucune piste en vue. La pègre, dont les affaires sont compromises par la trop grande présence policière, décide alors de prendre l'affaire en main, de mettre la main sur le coupable et de lui faire subir la justice du "peuple"...



Ma véritable expérience Fritz Lang... Un pur chef d'oeuvre et d'une actualité déroutante malgré ses 77 ans... Du cinéma de grand art !

un excellent dossir sur Arte Tv !

Etonnante la fin de M le maudit, cette reflexion sur "celui qui tuera vos enfants".
On voit déja la petite moustache de Hitler.(1931)

en 1933, Fritz Lang réalise son dernier film en Allemagne avec « le testament du Dr Mabuse ». Le réalisateur profite de ce film pour placer dans la bouche des criminels fous des slogans nazis. Cela vaudra au film d'être interdit par Goebbels.

Metropolis ne s'oublie pas, avec cette société a deux étages, ceux qui triment dans les soutes et ceux qui se pavanent sur le pont.

Une image frappante de l'exploitation des hommes.

Et cette thematique du robot, d'un homme mécanisé, reduit à une fonction industrielle - ou economique !

il y a une sacrée force dans ces images

Metropolis sur YouTube, cela donne ça !

Un film qui ne s'oublie pas et qui plusieurs décennies après montre le coté visionnaire de Fritz Lang qui a réussi à capter l'image de notre société contemporaine. Je pense que nous ne sommes ps très loin de cette image-là...



Mais Metropolis, version manga de Osamu Tezuka, est également un chef d'oeuvre... un indispensable et culte de l'animation japonaise !

Je n'ai vu que M le maudit, en VO; très impressionnant...

on vient de retrouver, chez un particulier à Buenos Aires, une version quasi complète de METROPOLIS (1927), le film mythique du cinéaste américain d'origine allemande Fritz Lang. Version qui comporte les nombreuses scènes
que l'on croyait perdues à jamais (près de 25 minutes inédites).

verifiez-le en anglais si vous ne me croyez pas

=> http://www.zeit.de/online/2008/27/metropolis-vorab-englisch?page=1

si, si on te croit...

Citation :

C’est l’un des grands classiques du cinéma allemand. Et le premier film à figurer au patrimoine culturel protégé par l’Unesco. Pourtant, le Metropolis que connaît le public n’est pas du tout le film conçu par Fritz Lang. La copie restaurée, qui circule dans les cinémathèques depuis 2001, mentionne d’ailleurs qu’«un quart du film est considéré comme perdu»… Environ 30 minutes, soit 700 mètres du long métrage muet de 210 minutes présenté par Fritz Lang le 10 janvier 1927 au cinéma Ufa de Berlin, coupé ensuite pour des raisons commerciales par la Paramount.

«Perdu… et retrouvé» : la quasi-totalité des scènes coupées viennent de ressurgir, à Buenos Aires. «Une découverte sensationnelle», ...

la suite ici... et en français.

L'Ange des Maudits ou Rancho Notorious
(1952)

avec : Marlene Dietrich (Altar Keane), Arthur Kennedy (Vern Haskell), Mel Ferrer (Frenchy Fairmont).

Pour venger le viol et le meurtre de sa fiancée, un cow-boy, Vern Haskell, traverse les États-Unis à la recherche de son assassin. [...]celui-ci se trouve dans un ranch tenu par une aventurière, Altar Keane. Ce ranch appelé " Chuck-a-Luck " (" Coup de Chance ") accueille et héberge les bandits en fuite.

L'aventurière, c'est Marlène Dietrich, l'ancienne "ange bleu", devenue plus autoritaire que séduisante, encore que...
le film, vu en ciné-club, commence par une ballade sorte de voix off chantée, qui raconte une "geste d'amitié, de haine et de vengeance."
Le western est modernisé : les intérieurs, moins frustes que dans l'Ouest, les exterieurs, essentiellement des décors de toile peinte, et les chevaux restent ce qu'ils sont

La tenancière est une entraîneuse sur le retour qui pousse parfois la chansonnette, en robe de soirée ; son coeur racorni se met à battre pour le jeune cow-boy vengeur. Mais il reste fidèle à la vengeance de son premier amour. Il apprend le métier de hors-la-loi à des fins de vengeance privée. Sa stratégie est au point, et les armes font le travail.

Une curiosité, à mon sens. Dietrich a une tête de chrysanthème un jour de Toussaint, et le vengeur, un regard expressionniste qui promet l'enfer à qui lui fait du tort.

une analyse détaillée

Metropolis

Il fait l'objet d'une exposition à la Cinémathèque française, et il ressort dans sa version originelle de cent cinquante-trois minutes, en salle et en DVD chez MK2.

Tout l'article.

tout sur l'exposition du 19 octobre au 22 janvier : c'est là.

Die Nibelungen (1924)

Découvert la semaine dernière sur le site de rediffusion d'arte juste avant qu'il ne soit plus visionnable.
La rediffusion est liée à un immense travail de plusieurs années de restauration à l'issue desquelles un concert et une projection ont eu lieu le 21 septembre à Strasbourg. Un DVD devrait également paraître.

Plus d'infos sur le site d'Arte

Je n'ai pu voir que la seconde partie que j'ai trouvé sublime, les costumes, les décors, le jeu des acteurs et plus particulièrement l'interprétation du personnage de Kriemhild par l'actrice Margarete Schön dont l'intensité du regard reflète avec force la folie qui la traverse.


Le Nibelungen est une légende allemande du 13éme racontant l'histoire de Siegfried.
Résumé de l'histoire découpée dans les deux parties du film (Source)

Citation :

Partie 1 : la mort de Siegfried (Siegfried tod). Siegfried, fils unique du roi Siegmund, quitte son pays pour la Cour des Burgondes à Worms. En chemin, il tue le dragon Lindwurm dont le sang, dans lequel il se baigne, lui confère une quasi invulnérabilité, mais une feuille reste collée à son épaule... À Worms, Siegfried demande la main de Kriemhild, la fille de la reine. Pour cela, il doit ramener de la lointaine Islande la farouche Brünhild et obtenir pour Gunther, frère de Kriemhild, la main de la guerrière. Mais Brünhild n'épousera que celui qui triomphera d'elle en combat singulier. Prenant les traits de Gunther, Siegfried vainc Brünhild et la ramène à Worms, où est célébré la double union de Brünhild avec Gunther et Siegfried avec Kriemhild. Apprenant le stratagème, Brünhild, furieuse, exige la mort de Siegfried. Hagen, vassal de Gunther, découvrant le seul endroit où Siegfried est vulnérable, l'exécute.


Partie 2 : la vengeance de Kriemhilde (Kriemhilds Rache ) Poussée par le désir de vengeance, Kriemhild quitte Worms et épouse Etzel, le roi des Huns. À l'occasion de la fête du soleil, elle fait inviter Gunther et Hagen. Au cours du banquet les Huns massacrent les Burgondes. Mis au courant, Hagen assassine le jeune fils de Etzel. Commence alors une effroyable tuerie. Les Huns incendient la salle du banquet; Gunther et Hagen périssent des mains de Kriemhild, qui meurt tuée par un vieux serviteur burgonde. Etzel, portant le corps de son épouse, se précipite avec elle dans les flammes.

Vu Métropolis très récemment, vraiment un chef d’œuvre du cinéma muet.

Dans les "bonus" on y trouve un élément marquant de ses films : sa manière très sérieuse de travailler avec les acteurs, avec de nombreuses prises de vues, et ceci jusqu'à l'hypnose. Et en effet, on y retrouve une intensité du regard sans commune mesure.
D'autres cinéastes se sont inspirés de son travail notamment au niveau architectural, la nouvelle tour de Babel, les ponts suspendus, les machines volantes se retrouvent presque à l'identique dans Blade Runner ou encore Le Cinquième Elément.

A noter aussi que le scénario initial était issu d'un livre écrit par sa femme avec qui il travaillait en étroite collaboration pour le scénario.
D'où aussi le côté un peu kitsch et parfois gentillet de la trame

Je reviens du Tombeau hindou (1959, en DVD)
et bien c'est étrange de voir un Fritz Lang en couleur et avec des dialogues.

L'intrigue peut paraître un "peu" à l'eau de rose, un scénario d'aventure mêlant amour, passion, haine écrit par sa femme et destinée à un publique que Fritz Lang voulait large et populaire.
Cependant il y a une ambivalence dans les personnages qui n'est pas inintéressante - on sort du manichéisme : l'amoureux architecte allemand est égoïste, irrespectueux des croyances et il méconnaît la situation de sa dulcinée dans l'ordre social indien (qui figure bien le colonialisme), tandis qu'elle est dépassée par les événements et d'une naïveté, spontanéité presque un peu crétine (elle est danseuse et désirée par un maharadja dont elle ne veut pas).

On retrouve une danse hypnotique, la folie des grandeurs de décors ainsi qu'un culte à la mythologie/déesse/légende qui signe bien la patte de Fritz, à mon sens.

Citation :

En France, Godard, Chabrol et d'autres purent parler d'un aboutissement de toute l’œuvre de Lang et d’œuvre d'une perfection absolue

Citation :

De retour en Allemagne après 20 ans d'absence - son exil américain - Lang réalise enfin ces deux films qu'il avait écrits plus jeune en compagnie de Thea Von Harbou mais dont le producteur, Joe May, lui avait, à l'époque retiré la réalisation, en 1921.
Lang concrétisait enfin son rêve, et bouclait la boucle réalisant enfin un film d'aventures populaire, qui lui tenait à coeur, éclatant de couleurs, à regarder avec des yeux d'enfants, comme un conte de fées.