Claude Chabrol

L’ivresse du pouvoir, film de Claude Chabrol avec Berleand et Isabelle Huppert.

Revoir les principaux éléments et personnages de l’affaire Elf dans un film de Chabrol, c’est goûter dans un procédé brechtien les charmes de l’ironie mordante sur les puissants . On les reconnaît dans leurs remarques « Savez-vous bien qui je suis ? », remarque- réflexe qui assure en général l’impunité. On la retrouve aussi bien dans les affaires financières que dans de truculentes affaires de mœurs.

On croit à ces intrigues multiples des puissants car les acteurs jouent leur rôle avec un naturel confondant. Chabrol y ajoute des ressemblances physiques, et on les retrouve, avec leurs maîtresses bien entretenues, les logements et cadeaux somptueux…

La juge semble exercer du pouvoir, et on le croyait à lire les journaux. Mais la société qui « peut faire et défaire des gouvernements » a bien des atouts en mains, des possibilités de manoeuvre à tous les étages : politique, administratif, des intimidations de voyous et des moeurs de gangsters.

Alors ? Le rire se fait grinçant, car le spectacle est en continu : les non-lieux de l’affaire des HLM de Paris, les corruptions, les passe-droits, les abus, les enrichissements personnels, les marchés truqués.

Le cynisme est roi, on en voit le film, et on en rit sur le coup, mais l’amertume saisit à voir la longueur des racines.

Comment travaille Chabrol.

Ce réalisateur qui a tourné 8 films avec Isabelle Huppert tire parti des particularités physiques de ses comédien(ne)s. Ainsi la petite moue d’Isabelle Huppert a-t-elle fait sa joie pour donner au personnage du juge un petit air dédaigneux qui « lui va à ravir ».

Chaque jour il écrit : devant la télé allumée. "Ça le concentre", dit-il. Son rythme d’écriture : en général cinq pages, parfois 25 ! Mais il y a des jours sans rien !

Chaque page fait 1 minute 30 de scénario.

Donc s’il écrit cinq pages en moyenne, combien lui faut-il de jours pour un film d’1 heure 50 (durée de « l’ivresse du pouvoir »)

rotko a écrit:

L’ivresse du pouvoir, film de Claude Chabrol avec Berleand et Isabelle Huppert.

Revoir les principaux éléments et personnages de l’affaire Elf dans un film de Chabrol, c’est goûter dans un procédé brechtien les charmes de l’ironie mordante sur les puissants . On les reconnaît dans leurs remarques « Savez-vous bien qui je suis ? », remarque- réflexe qui assure en général l’impunité. On la retrouve aussi bien dans les affaires financières que dans de truculentes affaires de mœurs.

On croit à ces intrigues multiples des puissants car les acteurs jouent leur rôle avec un naturel confondant. Chabrol y ajoute des ressemblances physiques, et on les retrouve, avec leurs maîtresses bien entretenues, les logements et cadeaux somptueux…

La juge semble exercer du pouvoir, et on le croyait à lire les journaux. Mais la société qui « peut faire et défaire des gouvernements » a bien des atouts en mains, des possibilités de manoeuvre à tous les étages : politique, administratif, des intimidations de voyous et des moeurs de gangsters.

Alors ? Le rire se fait grinçant, car le spectacle est en continu : les non-lieux de l’affaire des HLM de Paris, les corruptions, les passe-droits, les abus, les enrichissements personnels, les marchés truqués.

Le cynisme est roi, on en voit le film, et on en rit sur le coup, mais l’amertume saisit à voir la longueur des racines.

Tous les échos que j'ai eu de ce film ne m'ont pas du tout donné envie d'aller le voir...
j'ai entendu que le film était lourd, que l'humour de Chabrol commence a sentir le refermé ....

Wilfrid Alexandre, Claude Chabrol, Le Félin.
2866454596
Un cinéaste polyvalent.

On feuillette le livre - pourvu d'une filmographie complète, et on voit la diversité des oeuvres réalisées. Il débute avec "le beau Serge" 1957,"Les Cousins" 1958, et depuis quelle oeuvre ! "Nada" 1973, "Que la bête meure" 1969, "la cérémonie" 1995, "Merci pour le chocolat" 2000 en passant par "poulet au vinaigre" 1984 et "l'inspecteur Lavardin" 1985.

Des succès et - des échecs, avec pourtant des acteurs prestigieux :"la décade prodigieuse" en 1971 avec Orson Welles et Anthony Perkins.
On voit des affiches, des images de films, et avec Chabrol, une longue période du cinéma francais.

Chacun retrouvera ses films préférés et s'étonnera que ce bonhomme tranquille, fumeur de pipe, gourmet, rigolard, traque avec autant de pénétration la perversité et les masques dans la société bourgeoise.

Et il n'a pas dit son dernier mot

Bateman a écrit:

Tous les échos que j'ai eu de ce film ne m'ont pas du tout donné envie d'aller le voir...
j'ai entendu que le film était lourd, que l'humour de Chabrol commence a sentir le refermé ....

Héhé ! on n'a pas les mêmes échos ! et pour la fréquentation, le film fait un tabac !

oui le problème c'est que j'ai les echos des journaleux parisiens de Telerama, les Inrocks, Libé ou encore les Cahiers du Cinéma...

quant à mes amis, ils sont parfois influencés par ces critiques-là !!!

rotko a écrit:

pour la fréquentation, le film fait un tabac !

les 10 films les plus vus

Classement My Way Les 10 films les plus vus Distributeur (Box office du) Week-end Brut Cumul Brut Semaines depuis la sortie

1 Les Bronzés 3 amis pour la vie 5 semaines
2 Fauteuils d'orchestre 3 semaines
3 L'Ivresse du pouvoir 2 semaines
4 Mémoires d'une geisha 1 semaines
5 Je vous trouve très beau 8 semaines
6 Réussir ou mourir 2 semaines

rotko a écrit:

rotko a écrit:

pour la fréquentation, le film fait un tabac !

les 10 films les plus vus

Classement My Way Les 10 films les plus vus Distributeur (Box office du) Week-end Brut Cumul Brut Semaines depuis la sortie

1 Les Bronzés 3 amis pour la vie 5 semaines
2 Fauteuils d'orchestre 3 semaines
3 L'Ivresse du pouvoir 2 semaines
4 Mémoires d'une geisha 1 semaines
5 Je vous trouve très beau 8 semaines
6 Réussir ou mourir 2 semaines

Attnetion le nombre de spectateurs est loin d'être gage de qualité... je rappelle que le 5ème élément a connu beaucoup d'entrée.. peut on le qualifier d'un film de qualité ?
Idem pour la plupart des films qui font un carton au box office : Indpendance Day est, reconnaissons-le une daube sans nom

Je ne l'ai pas encore vu. J'ai longtemps aimé Chabrol, mais je garde un souvenir épouvantable de l'avant-dernier (il me semble) qui était La Fleur du mal. J'avais trouvé ça très mauvais. Même Suzanne Flon n'était pas crédible, c'est tout dire ! Scénario tiré par les cheveux, acteurs grandiloquents, bref...

Quant au box-office... Combien de spectateurs pour Les Visiteurs ?
Et combien de lecteurs pour le Da Vinci Code, daube intégrale comme diraient Dona et Alex euh pardon, Bateman
Mais j'attendrai de l'avoir vu pour en parler...

bien sûr que ce n'est pas un gage de qualité cf les bronzés !

Mais moi je vois la tête des gens à la sortie Ceux qui sortaient de l'ivresse du pouvoir avaient de bonnes têtes "intelligentes et tout", et ils étaient contents !

Pour les bronzés, c'etaient d'autre têtes, ou des parents accompagnant leurs enfants, et don ton voyait bien qu'ils n'avaient pas ri ou du moins pas de bon coeur !

Alors Bateman ! c'est pas un argument, ça, peut -être

Heu... ben une tête intelligente... ca ressemble a quoi ? Moi j'aurais un peu de mal a distinguer un visage intelligent d'un visage pas intelligent... donne moi un exemple et je te dirais si je suis convaincu par ton satanique argument

Je suis bien d'accord qu'avant d'aller voir un film il faudrait observer la tête des spectateurs qui viennent de la voir.

Par exemple parmi les derniers que j'ai vus :

- Les bronzés 3, nous sommes tous sortis de la salle vite, avons quitté le cinéma de même. La même sentation en observant les gens autour de s'être faits avoir, un film qui créerait après l'avoir visionné plus de mauvaise humeur ou frustration que la détente attendue.

- Je vous trouve très beau, cela sonnait comme un petit air de printemps. Tête hautes, petits sourires, yeux tournés vers un intérieur séduisant, comme une envie de ne pas vouloir oublier certaines images, répliques... le film. Les gens s'en allaient lentement, prenaient leur temps.

Je suis frappé par l'amabilité des gens au cinéma : je leur pose une question au moment où ils entrent ou sortent de la salle, et ils répondent avec beaucoup de bienveillance à mes reflexions impertinentes

hier soir, j'ai avisé un spectateur en attente de la projection "un monde sans femmes" : je lui ai fait cette reflexion "alors, vous aussi, vous êtes venu pour voir les femmes ?", ce qui était quand même tres inconvenant pour aborder quelqu'un que je ne connaissais pas !!!!

Il m'a repondu fort courtoisement ! je reconnais bien volontiers qu'il aurait pu m'envoyer paître

rotko a écrit:

Je suis frappé par l'amabilité des gens au cinéma : je leur pose une question au moment où ils entrent ou sortent de la salle, et ils répondent avec beaucoup de bienveillance à mes reflexions impertinentes

hier soir, j'ai avisé un spectateur en attente de la projection "un monde sans femmes" : je lui ai fait cette reflexion "alors, vous aussi, vous êtes venu pour voir les femmes ?", ce qui était quand même tres inconvenant pour aborder quelqu'un que je ne connaissais pas !!!!

Il m'a repondu fort courtoisement ! je reconnais bien volontiers qu'il aurait pu m'envoyer paître

C'est donc toi le pervers qui hante les halls de salle de cinéma !!!

oui, là avec ma reflexion, je reconnais que j'ai fait fort !!

Quand on se rencontre dans un hall de cinéma, il existe une chose commune on vient au cinéma, et puis peut-être est-on dans la file pour le même film. Cela aide beaucoup à engager la conversation et répondre.

Essaye la même chose au rayon yaourt de ton supermarché. Quoique... quelquefois.

rotko a écrit:

hier soir, j'ai avisé un spectateur en attente de la projection "un monde sans femmes" : je lui ai fait cette reflexion "alors, vous aussi, vous êtes venu pour voir les femmes ?", ce qui était quand même tres inconvenant pour aborder quelqu'un que je ne connaissais pas !!!!

Ah Rotko, j'aimerais bien aller au cinéma avec toi. Je suis morte de rire devant mon PC !!!

Le titre de ce fil étant L'Ivresse du pouvoir de Chabrol, et non quoi qu'on puisse croire Rotko au cinéma , je vais donc parler du dernier Chabrol dont on cause dans les milieux branchés.

J'en sors.

Bof. Pas convaincue. Si ça se veut un Chabrol qui déménage, c'est raté. La colère, on l'a ressentie d'une manière beaucoup plus directe en suivant l'affaire dans les colonnes du Canard enchaîné.
Si ça se veut parodique, si c'est une comédie... je n'ai pas ri. En fait, les dialogues sonnent tellement faux, Huppert en fait tellement des tonnes dans le "regardez comme je suis une bosseuse sans état d'âme, mais géniale", les acteurs se caricaturent tant pour ressembler aux modèles de la vie réelle, que tout finit par sonner faux, mais sans grincer vraiment. Et je vous épargne Bruel... aussi mauvais que d'habitude Le personnage du neveu jouant le rôle de la confidente au théâtre et qui a l'air de se demander ce qu'il fout là, le suicide raté du mari (c'est censé être drôle ?) n'ajoutent au scénario que lourdeur et artificialité.
L'ai-je bien descendu ?

D'accord pour le personnage du neveu.
Moi, je n'ai pas suivi l'affaire dans le "canard enchaîné", et Isabelle Huppert en personnage de comédie caricaturale, je trouve normale qu'elle en fasse beaucoup, les faits étant encore plus caricaturaux que les personnages et la "fiction" ! cf l'histoire des bottines, les coups de colère d'un président du conseil constitutionnel, etc..
.pas question d'attaquer patrick Bruel, ça ne me rapporterait rien !
Au passage : j'ai seulement lu quelques pages des ouvrages d'Eva Joly : Notre affaire à tous, Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ? et j'ai de l'admiration pour son courage et son habileté. "C'est pas dans le film", mais je dépose mon grain-de-sel.

Quant aux protagonistes "puissants" mis en cause, je leur ai trouvé de la présence et une "vérité" (si l'on peut dire !), une vraisemblance dans le langage et les attitudes.

le mari - Renucci, d'Isabelle Huppert ? mais on s'en fout ! Il est malade à chaque fois que sa femme occupe le devant de la scène ! beaucoup d'hommes sont comme ça
Maia,t'es peut-être mieux tombée que les autres (femmes !), mais à ta place.... je ne le dirais pas....

Point de vue
Claude Chabrol a rétréci l'affaire Elf, par Eva Joly

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-751396,0.html

Claude chabrol recoit un sacré savon

[chabrol]

Citation :

réduit cette enquête à une suite de clichés : "politiciens florentins", "patron marron", "tireur de ficelles"... Les stéréotypes sont comme les rumeurs : ils fleurissent lorsque la raison peine à nommer une situation anormale. Vu par Claude Chabrol, le juge d'instruction est un être solitaire, dangereux et liberticide. Perquisitions, interrogatoires, confrontations, incarcérations, ne sont pour lui que des prétextes afin de montrer un juge qui se délecte de son pouvoir. Il se trompe de cible

.

encore plus fort !

Citation :

Au passage, Claude Chabrol a choisi de violer l'intimité de ma vie privée. Il n'a cessé lors des interviews pour la promotion du film d'ajouter des détails sordides et erronés sur ma vie personnelle, dont il ne sait rien, et sans aucun rapport avec l'instruction

et le coup de grâce

Citation :

En transformant un scandale d'Etat en comédie du pouvoir, en renvoyant dos à dos juge et délinquants, en mettant en scène d'obscurs tireurs de ficelles et une juge vengeresse, il a du coup réalisé exactement le film qu'une partie du pouvoir politique et médiatique français avait envie de voir. L'affaire Elf, ce n'était donc que ça ! Un petit théâtre de moeurs, qui conforte chacun dans l'immobilisme.

J'attendais beaucoup du dernier opus de Claude Chabrol, et j'avoue
que je suis resté sur ma faim. On n'en saura guère plus, après ce
film, sur l'affaire Elf qui a inspiré "L'ivresse du pouvoir" et qui a
défrayé la chronique ces 10 dernières années. Le dossier n'est hélas
qu'effleuré et on voit défiler dans le bureau de la terrible juge
Jeanne Charmant Killman (quel nom !) que des zombies, des ombres et
aucune révélation n'est faite. Ce qui intéresse le plus Claude
Chabrol, c'est le portrait de son impitoyable juge, incarnée par une
Isabelle Huppert qui broie littéralement tout son entourage. Elle est
redoutable et terrifiante, et écrase tout ce qui l'entoure. C'est une
sorte de vampyre et le film se déplace lentement vers le fantastique.
Elle est sublime. A tel point que son mari dans le film, Philippe
(Robin Renucci), le seul personnage un peu humain, se voit contrait
de s'éloigner d'elle. Son personnage est directement inspiré de la
juge Eva Joly qui a réussi à ébranler les dirigeants de Elf, une des
plus grandes entreprises françaises.

C'est la 7ème collaboration entre Isabelle Hupert et Claude Chabrol
et celui-ci est tellement fasciné par sa star qu'il en oublie un peu
le reste de la distribution (hélas). Fraçois Berléan (qui joue Le
Floq Prigean) est abattu, Patick Bruel complètement effacé (je n'ai
même pas pu lui donner une place dans mon résumé !), Jacques Boudet
(qui fait partie de la troupe marseillaise des fidèles de Robert
Guédiguian) est savoureux dans un clône de Charles Pasqua, Pierre
Vermier ne sait pas comment gèrer sa fougueuse juge, etc.

La seule vraie révélation est Marilyne Canto qui s'avère une juge
aussi obstinée et forte que sa collègue Jeanne Charmant Killman. On
l'a nommée là pour que les deux femmes s'anhillent. C'est raté ! Le
machisme politico-affairiste n'a pas marché.

Claude Chabrol signe là donc un très beau portrait d'un duo de femme,
heureusement moins meurtrier que dans "La cérémonie", son film le
plus puissant jusqu'à ce jour.

Barbu sportif, bonjour à toi et sois le bienvenu !
tu as donc eu raison de dire :

Citation :

On n'en saura guère plus, après ce film, sur l'affaire Elf qui a inspiré "L'ivresse du pouvoir" et qui a
défrayé la chronique ces 10 dernières années

tu rejoins ainsi l'appréciation portée par Eva Joly.

Chabrol dit que c'est son huitième film avec Isabelle Huppert.

Dans ce film, je n'ai pas vu de "côté fantastique" ni de "vampire"

Le mari de la juge n'est pas à mes yeux "humain" mais plutôt une "chiffe un peu molle", pour parler brutalement.

Maryline Canto ? je l'aime bien mais elle ne paraît pas assez fatiguée dans ce film qui a dû stresser les juges en charge du dossier. Chabrol aurait pu insister davantage sur les pressions politiques officilelles qui se sont exercées sur les juges, surchargées de travail, et qui n'ont pas été secondées dans leur travail.

Moi j'aimerais bien que Chabrol soit piqué au vif et récidive avec un film qui traiterait du dossier des HLM de Paris, affaire sensible et grotesque où les non-lieux sont un scandale.

J'ai dit plus haut combien j'avais été déçue par ce film, et pourquoi. je n'y reviens pas.
Mais je voudrais que barbusportif nous en dise plus sur ce qu'il a vu de "fantastique" à la fin du film. Ça m'intéresse. D'autant plus que justement je n'ai rien vu de tel et que je suis très curieuse des interprétations d'autres spectateurs.
Merci d'avance de me répondre, cher nouveau venu