Joncour : "combien de fois..."

« Combien de fois je t’aime » de Serge Joncour, chez Flammarion,

dix huit nouvelles sur "l'amour moderne" comme le titre la première nouvelle qui ouvre heureusement le recueil.

Chacun y attend quelque chose, mais les attentes convergent-elles ?

Citation :

"Le dimanche, je le voyais comme la souveraine éclaircie, c'était une montre oubliée, pas l'ombre d'un devoir [...] ça m'allait bien de ne rien faire, ça ne gênait pas. Pour elle par contre, les dimanches passaient mal. Pour qui ne travaille pas, le dimanche ça a des allures de mauvaises blagues".

Sans appuyer, Serge Joncour met le doigt sur le petit point douloureux : l'amant culpabilisé par la présence du petit dans la chambre à côté qui "fait ses dents"- et dont la mère n'est, forcément, pas disponible.

Il y a aussi ceux qui se rencontrent après des échanges virtuels, et dont les profils réels sont "un peu" différents, ce qui génère un léger malaise ou une sorte de comprehension résignée :

Citation :

Ce qu'on veut c'est expier le sentiment d'abandon, aimer pour se sentire moins seul.
...Mais de là à repartir au bras de quelqu'un qui ne nous plaît pas ! parce que tout de même, on peut bien se l'avouer, elle et moi, là, en ce moment même, on est en train de ne pas se plaire, ça saute aux yeux...

J'aime bien cette attitude de Joncour, qui n'accable pas ceux dont il parle, qui évite les clichés dans l'ecriture, qui reflète des situations contemporaines.

J le préfère de beaucoup à Régis Jauffret - dont je n'entends plus parler, et dont je n'appréciais pas les coups de marteau sur les personnages, ni les situations extravagantes.

Mais chacun voit midi à sa porte.