Art Spiegelman

Le nouveau Art Spiegelman va paraître.

Le seul auteur de BD à avoir remporté le Pulitzer pour Maus 1978 dévoilera son dernier album le samedi 15 de 16 heures à 18 heures au salon du livre.

Breakdowns, "Portrait de l'artiste en jeune »,

Maus m'avait laissée pantoise, un chef d'oeuvre pour moi. Un grain donc, et largement.

J'avais bien aimé A l'ombre des tours mortes avec ce côté touchant de se raconter avec beaucoup d'humour, de mêler anciennes séries et évènement actuel, lui rendant la distance nécessaire.

Et toujours beaucoup d'humour et d'ironie.




Alors pourquoi ne pas se laisser tenter par le dernier?

Il sera sur france culture le lundi 17 mars : sur "tout arrive" à 12 h 50.

Citation :

Comment devient-on Art Spiegelman, mythique auteur de Maus, célébré par le monde entier ? Breakdowns, le nouvel album d’Art Spiegelman, entreprend ce parcours autobiographique, avec l’acuité, la verve, l’exigence et la profondeur qu’on lui connaît.

Dans la première version de Breakdowns, publié en 1978, par l’artiste « buveur d’encre »« , amateur de Comix underground, - (il se souvient de Robert Crumb).qui a souffert de plus de dépressions qu’Art Speigelman lui-même, et revu par l’auteur contemporain.

Breakdowns, qui paraît en France chez Casterman, 6 semaines avant les Etats-Unis, signifie à la fois dépression et déconstruction.

Speigelman a eu au départ avec ses short stories la volonté de faire une bande dessinée adulte, à caractère autobiographique, qui prend le lecteur à témoin sur des sujets aussi personnels que ses sentiments face au suicide de sa mère. Il parle aussi de la stature paternelle qui lui porte ombrage.

Il adopte une structure de récit qui développe le thème initial par des commentaires successifs.

Avec Maus, il avait adopté un style, mais pour chaque sujet qu’il aborde, il invente un nouveau style . Ce qu’on voit à l’extérieur, vient de son propre intérieur.

Au final, il présente un bel objet qu’on a plaisir à tenir en mains.

Pour en savoir plus sur les domaines abordés par Art Spiegelman, un petit site americain avec des planches sur le 11 septembre, la question palestinienne etc.

Un petit film de benoit peteers : Art spiegelman, bibliotheque du centre Pompidou.

Il dit quel choc fut pour lui le 11 septembre, ce qu'il développa dans in the shadow of no towers.



Il parle de Maus qui lui coûta 13 ans de travail, fut en 86 un succès qu'il supportait mal. En 91, il publia le deuxième tome.

Ce fut alors pendant 10 ans une collaboration régulière avec le New Yorker. Il acceptait difficilement de travailler pour un autrui qui pouvait donner un avis sur ses productions.

Il explique sa methode de travail : parfois c'est un dessin sur papier qu'il scanne et retravaille avec l'ordinateur.

Art Spiegelman pense que la méfiance (ou le mépris) vis-à-vis de la BD a disparu. Elle est actuellement dans toutes les bibliothèques, et constitue pour les enfants une passerelle vers la littérature.

Pour moi, Maus est un chef d'oeuvre. L'avantage de traiter une chose aussi horrible que la shoah en BD, c'est d'ouvrir cette part de l'histoire à un maximum de monde. Les essais sur le génocide juif pullulent, et ce n'est pas forcément évident de se plonger là dedans. En revanche, la BD ouvre à plus de compréhension. Je me cite comme exemple de cela ( ) puisque j'ai lu cette BD au collège, et j'ai pu apprendre beaucoup de choses sur l'histoire. Ainsi, je me suis cultivée, et, à l'âge que j'avais, je n'aurais probablement pas pu lire les ouvrages sur le sujet. Cette BD m'a vraiment fait comprendre des choses importantes. Merci Art !

Bien sûr, Art Spiegelman.

J'ai adoré toutes ses Bd.

Ah, j'ai également adoré l'Intégrale de Maus.
Cette dualité entre l'horreur des camps et le caractère de Vladek, caricatural (il me fait penser à des gens de ma famille ) provoque les pleurs et le rire...idéal, en somme.
Par contre, un des avantages -le côté animaliste- est en même temps un défaut : les Allemands sont tous des chats, les Juifs tous des souris...Hmm...Il y a à dire.

Et les Polonais , des cochons !!!!!

Spiegelman, qui va de Mouseshwitz à Catskills (région des Etats-Unis où le héros retrouve son père aux prises avec son paquet de Special K ).
Le grand Art vient de se relever d'un blocage de l'écrivain monumental qu'il a finit par transcrire en dessin. Ça s'appelle "Be a Nose":

https://www.youtube.com/watch?v=EemERwpa9Zg

Bulma a écrit:

Et les Polonais , des cochons !!!!!

Je pense que pour l'époque décrite, on peut dire que la moitié des polonais étaient de vrais cochons... Et c'est une insulte à cette chère bête... Au moins autant qu'une bonne moitié des français étaient des grenouilles !

...Non mais, arrêtez d'insulter les animaux !!!
*derrière Alli, Brigitte Bardot passe avec sa pancarte, les yeux mi-clos.*

Alli a écrit:

Ah, j'ai également adoré l'Intégrale de Maus.
Cette dualité entre l'horreur des camps et le caractère de Vladek, caricatural (il me fait penser à des gens de ma famille ) provoque les pleurs et le rire...idéal, en somme.

Oui c'est aussi pour cela que l'oeuvre m'a plu. Une très bonne BD, plutôt hors du commun, que j'ai bien du lire 3 fois.

Citation :

Par contre, un des avantages -le côté animaliste- est en même temps un défaut : les Allemands sont tous des chats, les Juifs tous des souris...Hmm...Il y a à dire.

Cela ne m'a pas dérangé, et cela facilite la compréhension même s'il y a un petit côté manichéen.

300 p. chez Flammarion

Vingt-cinq ans après la publication de MAUS (prix Pulitzer 1992), Art Spiegelman revient sur le chef-d'oeuvre qui a changé à jamais notre vision de la littérature, de la bande-dessinée et de l'Holocauste. Art Spiegelman explore les questions cruciales soulevées par MAUS (Pourquoi l'Holocauste? Pourquoi les souris? Pourquoi la BD?) et propose une oeuvre essentielle sur le processus de création. METAMAUS est accompagné d'un DVD comprenant la version numérisée de L'intégrale MAUS

Citation :

Dès le début des années 1970, Spiegelman publie dans des magazines américains underground, comme le célèbre Zap Comix, dans lequel dessinait également Crumb. Les « travaux de jeunesse » qu'il y réalise sont compilés, en 1978, dans Breakdowns (édité par Casterman en version française trente ans plus tard).

retrospective sur la carrière de Spiegelman, qui préside le 39e festival international de la BD d'Angoulême.

Spiegelman revendique certaines influences

"Krazy Kat est la meilleure bédé de toute l'Histoire. George Herriman, son auteur, a créé en 1913 un dessin et une langue libres. Les pages ressemblent à un mélange de cubisme et de tapis navajos. On y parle le yiddish, l'espagnol, l'anglais shakespearien, l'argot du jazz."

J'apprécie beaucoup les nouveaux objectivistes, les artistes allemands comme Max Beckmann, qui exacerbent la réalité en la tirant vers le grotesque, le moche, le laid. Et j'aime par-dessus tout Maurice Utrillo pour son dessin et son utilisation de la perspective. Les peintres qui m'ont interpellé sont ceux qui se rapprochent de la bédé. Picasso, ce grand cartoonist, Georges Seurat, pour cet art accompli du pointillisme."

il n'oublie pas Philip K.Dick et s'en explique dans cet article.

Exposition très complète à la bibliothèque du centre Pompidou : quelques esquisses, et des planches qui couvrent les murs. d'autres endroits sont consacrés aux affiches, aux Unes du New-Yorker (10 ans de contributions) qui parfois avaient causé de l'emoi (un juif hassidique étreignat une noire pour la saint Valentin, tandis que new-york était secoué par des emeutes raciales.

Il ne faut pas réduire Spiegelman à Maus ;



Il a aussi illustré Boris Vian, Paul Auster, la sulfureuse nuit d'enfer de Joseph Moncure etc.

Sur Joseph Moncure, et les illustrations de spiegelman, voir ce lien.

Maus : on ne peut l'evoquer que sous différents aspects, tellement l'oeuvre me paraît riche.

Dans le premier tome, l'auteur demande à son père de raconter son histoire. Ce n'est pas rien, car le père aime les digressions, se plaint de son actuelle femme, se montre envahissant : le fils doit accepter les vêtements que le père lui donne (il vient demettre la veste de son fils à la poubelle !), bricoler avec le père sur le toît de la maison, il est épouvantable !

Son histoire ne l'est pas moins qui démarre en douceur, si on peut dire, avec ses aventures sentimentales, puis la situation des Juifs qui se déteriore rapidement


On l'apprend par bribes, et le graphisme change : ainsi les traits deviennent très noirs et l'univers très sombre quand le fils découvre que sa mère s'est suicidée.

Citation :

J'avais accepté de vivre chez mes parents àprès ma sortie de l'hopital psychiatrique trois mois auparavant. Mon père a trouvé [ma mère] en rentrant du travail...les poignets tailladés et àcôté d'elle une boite de cachets vide...

Drôle de milieu où le père découvre par hasard une BD de son fils racontant le suicide de la mère.

On découvre des détresses racontées sur un ton anodin, et des malheurs présentés avec un humour noir, qui correspond à la grande naïveté des victimes (comment auraient-elle pu imaginer ce qu'on leur réservait ?)

rassemblement des Juifs, sur ordre administratif :

Citation :

Bien habillés, ils sont tous venus. ils voulaient avoir l'air jeunes et capables de travailler pour obtenir le bon tampon sur leur passeport.

Quand on a tous été dedans, la Gestapo a entouré le stade, avec des mitrailleuses.

Demain paraît,


Apparemment, ces petits personnages ne plaisent pas aux parents (à voir les images, on peut comprendre pourquoi!)


Un film d'animation est en cours de réalisation, mais aucune date de sortie n'est prévue.