La Vie mentie chez Fayard.
Au centre du récit se tient Salvador Portal, un Français d’origine espagnole. Cet ancien soixante-huitard passé par une école de commerce gagne très confortablement sa vie, sans apparents états d’âme, en tant que cadre d’une agence de communication spécialisée dans le coaching des hommes d’affaires. Son itinéraire est celui de nombreux anciens contestataires ralliés aux séductions de l’ultralibéralisme.
On le paie, et fort bien, pour fabriquer des images avec des hommes de chair et de sang qui, par ailleurs, se veulent des responsables. Tant qu’il vend des chaussures, des aspirateurs, des voitures, la séparation entre l’humanité et les objets lui permet de garder une certaine distance intérieure. Il y a les choses et il y a les gens. Depuis la création de la société Agi Média, il a le sentiment que ce qu’il appelait son « travail » avait changé de nature. Maintenant, il vend non des objets, mais des personnalités fantomatiques, réduites à une ou deux formules, à leur apparence, à leur sourire. En réduisant des hommes à des ombres télévisuelles, il joue avec ce qu’il y a en chacun de plus intime, sa vérité intérieure.
Salvador est le fils de Gonzalo, un père distant, mal dans sa peau, attaché au passé avec une curiosité malsaine, lui-même fils de Rafael, le héros de la famille, qui aima passionnément Véra, l’admirable grand-mère, née en Allemagne issue de juifs assimilés. Elle échappa aux nazis en suivant son compagnon à qui elle vouait un amour total de l’autre côté des Pyrénées qui sera fusillé en 1936 pour « Activités antinationalistes ». Véra, c’est l’Espagne, pudique, excessive, avec ses emportements, ses contradictions.
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