Patricio Manns - [Chili]

Cavalier seul
C'est le seul roman de Patricio Manns (Chili) que j'ai lu, mais quel souffle.
C'est brutal, passionné, sauvage et poétique.

L'affrontement entre Julio Popper, le défricheur, avide de puissance et d'espace, et Drimys Winteri, chamane lumineuse et inspirée, qui tente de préserver son peuple, les selk'nams et son pays, la terre de feu.
Tout au long de l'histoire se dessine le récit du génocide des selk'nam à la fin du XIX°.

C'est surtout la superbe histoire d'amour entre Patricio Manns et la terre de feu.

Coloane en a dit

Citation :

Un Stevenson à qui Borges, Faulkner et Freud auraient prêté leurs rêves et leurs obsessions.

Ce livre s'avale, se dévore, s'accroche.
Une écriture maîtrisée cependant, et parmi les plus belles pages écrites sur la Terre de feu.
Une histoire personnelle : celle de deux personnages d'exception et une part de l'Histoire, d'autant que Julio Popper a réellement existé.
Les selk'nams et, en filigrane, leurs pouvoirs étranges, sont voués à disparaître à l'aube de ce vingtième siècle. Autant par le désir de l'homme 'blanc' de s'approprier les confins du monde, que par le refus d'accepter le pouvoir des chamanes.


Bon, Swallow, ce n'est peut-être pas celui par lequel commencer...
Pi je ne sais vraiment pas faire la crtique d'un bouquin...

On a toujours dit que chacun parlait d'un livre comme il l'entendait, et les quatrièmes de couverture ne sont pas à l'abri de quelques reproches :

elles sentent souvent le commerce puisque rédigées par l'editeur -ou par l'auteur, sont parfois inexactes ou trop complètes !

Ici chacun propose sa lecture sans se prendre pour Dieu le Père

Tu as très bien fait ta "critique", Tchipette : la preuve, tu m'as immédiatement donné envie de lire ce livre

Citation :

Brusquement, elle enleva sa cape de guanaco, la plia et la déposa sur les cuisses du cavalier. Elle sauta du cheval et se mit à courir nue à ses côtés, réglant son pas sur celui de l'animal. Au sommet de la falaise noire qui surplombait cette côte sauvage, deux hommes de El Paramo buvaient de la grappa et parlaient de leurs pays respectifs d'où ils n'auraient jamais dû partir. C'est ainsi qu'ils virent Julio Pepper forçant l'allure de sa monture en éperonnant durement ses flancs. Le cheval redoubla de vitesse, enfonçant les sabots dans le sable sombre et soulevant des gerbes de pierres. Souple tige de chair pâle couronnée d'une longue chevelure blanche, Drimys Winteri courait à la même allure que Moloch, sans effort apparent. Le capitaine, courbé sur le garrot de sa monture, fouettant ses flancs, découvrit, les lèvres crispées et les sourcils froncés d'étonnement, que la jeune Selk'nam ne cédait pas un pouce de terrain.

Pour quelqu'un qui ne sait pas faire la critique d'un bouquin ! qu'est ce que cela sera quand tu sauras !!!

Chére amie
Hier j'ai fait le parcours des grandes librairies Patricio Manns il n'est pas connu, sauf pour les chansons, mais le livre Cavalier Seul, pas tróuvé.
Mais comme tu m' avais dit qu'il est sur internet, et je ne connais pas connent y arriver, j'ai eu de la chance. Ici pour le forum grâce a Rotko et hier un employe d'une librairie a éte gentil avec moi et a perdu un bon bout de temps pour m'expliquer et comment chercher et trouver un livre. Bon, on l'a trouvé en PDF mais en espagnol, et grande surprise, il a été édité en français avant qu'en espagnol. "Nul est prophète en sa terre".

Le livre après y avoir jetté un coup d'oeil est fascinant, je dirai même superbe, mais c'est long et je devrai traduire.Vous l'avez en français. J'ai trouvé dans la librairie de "Silvia Iparaguirre" femme de Abelardo Castillo, qui ecrit toujours sur "La Terre de Feu" et les "Confins du fin de monde".
Mais vous les avez tous trauits en français, alors je n'ai pas acheté.

J'en reviens sur Cavalier Seul, c'est passionnant je ne saurais concurrencer avec vous, mais j'aimerais, le lire. Un ami qui va quelque fois à Paris, qui m'a apporté "les disparus" et cette semaine il m'a fait cadeau "des bienveillantes", je n'aime pas mais "a cheval donné, on ne regarde pas la bride".

S'il retourne à Paris, je vais lui demander de me l'apporter. Petit á Petit je vais le lire sur l'ordinateur, mais j'aime le livre à la main.
Et il me reste à dire que je vais mettre un conte de Sepúlveda, là oú tu m'a dit.

Merci.
Amadak

Amadak a écrit:

Cavalier seul on l'a trouvé en PDF mais en espagnol, [...]c'est long et je devrai traduire.Vous l'avez en français. J'ai trouvé dans la librairie de "Silvia Iparaguirre" femme de Abelardo Castillo, qui ecrit toujours sur "La Terre de Feu" et les "Confins du fin de monde".

je ne comprends pas bien le problème.

Si tu l'as en pdf sur internet et si tu l'as trouvé en espagnol, quel besoin de le traduire ? tu le lis en espagnol, et nous en français,

et on se retrouvera tous pour en parler, en français de préférence

Patricio Manns
Coeur à contre-jour

Un livre superbe, captivant, sur la Patagonie sauvage, inhospitalière, territoire de la Terre de Feu, habitée depuis des milliers d’années par les Selk’nam. L’arrivée à cette région du Roumain Julio Popper, est mystérieuse. Doué d’une intelligence surprenante, polyglotte, ingénieur renommé, il aurait pu se développer dans n’importe quel pays du monde. Pourtant il a quitté le sommet pour descendre à l’abîme.

Un caractère complexe, amer, fuyant patrie et origines, digne, d’une étude psychiatrique, il est devenu maître de la Terre de Feu où il imposa sa loi. Entouré de la canaille du monde entier, chercheurs d’or et coupeurs d’oreilles Selk’nam, il avait inventé une machine á creuser les mines, alors que les autres travaillaient avec leurs mains et des outils rudimentaires.

Comme tous les colonisateurs, il se considérait représentant de la civilisation, avec le droit d’exterminer les « barbares » et s’emparer de leurs terres.

Il y a dans ce livre des aller - retour sur son passé , le parcours qu’il a fait dans le monde entier, sa rencontre avec d’importants personnages, Rimbaud, Verlaine, Pierre Loti, José Martí à Cuba et l’aristocratie russe aussi. Cependant il avait construit, dans un endroit très beau le « Paramo » sa forteresse.

L’irruption de Drymis Winteri, jette un coup de lumière dans l’histoire. Il l’avait capturée, mais qui était-elle ? Une chimère, une sorcière, un mirage ? C’était une chamane aux pouvoirs magiques c’etait la « Magnolia Sauvage » de la Patagonie, elle apportait l’éclat de sa présence au « Paramo »

Elle aimait Juliu Popper et voyait battre son cœur à contre-jour. Lui n’avait jamais aimé et ne pourrait aimer jamais.

Ae travers les personnages le roman explore aussi, au-delà de la violence, des sujets universels : l’amour, La solitude, la mort, et la construction de l’identité.

Popper a été loué et blâmé en même temps. L’Argentine lui était très reconnaissante pour ses exploits. Il était connu à Buenos Aires pour ses conférences et, ,Présidents, ministres, intellectuels, étaient fiers de son amitié : parce que dans ces terres , ,balayées d’indiens , flamboyait ensuite le drapeau argentin.

D’après l’historien Boleslao Lewin, qui a écrit un livre sur Popper, il se demande et c’est un mystère, pourquoi étant juif renégat et raciste il maintenait une correspondance avec Théodor Herzl , le fondateur du sionisme. Est-ce peut-être qu’il convoitait ces terres pour les réfugiés hébreux ?

L’homme qui avait un flair pour détourner le parcours d’une flèche d’après le sens du vent, avait aussi l’intuition de quelque chose de très important, que nul n’avait soupçonné encore et qui plus tard s’est avéré certain.

Pourquoi on l’appelait la « Terre du Feu » ? Il y avait toujours des feux qui brûlaient que l’on croyait allumés par les aborigènes pour se réchauffer, tandis que lui voyait que c’étaient des émanations de gaz qui s’enflammaient et il était sûr que dans les entrailles de ces terres gisait le pétrole.

Dans ce délire de pouvoir il se voyait déjà roi de « Terre de Feu », comblé de fortune et d’hommages .

Après avoir trahi Drymis Winteri dans un acte révélateur d’une lâcheté ou d’une faiblesse impardonnable, en la livrant à un répugnant personnage, le rapport entre eux s’est brisé.
Avec son pouvoir magique, elle lui annonça le jour de sa mort, avant la lettre et plus tard elle a dit qu’il était mort de remords.
Sa fin á 37 ans, couché par terre, nu, sur une peau de « guanaco » avait l’apparence d’une étreinte d’amour. Une fin très émouvante.
Son cercueil enterré à Recoleta a disparu. Il a été cherché partout dans le monde, sauf en « Terre de Feu » où il y est probablement.

Citations .

Drymis l’aimait et il se demandait pourquoi il ne lui avait pas donné l’occasion de le délivrer de l’enfer où il se trouvait engouffré. Les larmes qui coulaient sur ses joues étaient d’humiliation ou des larmes sur sa vie orageuse, arrêtée brusquement, c’était fini à jamais, il ne serait jamais plus le même homme
puisque une défaite honteuse a plus de poids que cent victoires.

Il l’a attendue trois jours et trois nuits.
Quand il la voit apparaître sur un canot au milieu de la mer, les habits fanés, les cheveux en désordre, le regard égaré, l’ombrelle orange fermée comme un soleil qui a baissé ses paupières, aucun sourire ne peut briller déjà, aucune bouche ne crie, l’instant est un autre instant, c’est un instant trop tard.

Elle semble ne pas le voir, et c’est vrai qu’elle ne le voit pas, et lui il ne la reconnaît pas dans cette autre ébouriffée, troublée, mortifiée en excès par l’instinct bestial, d’un homme sans morale et sans pitié.
Ils ne se parlent pas, ils ne peuvent plus parler, toutes les paroles sont de trop ; et lui abattu et découragé lui demande un mot de consolation, et elle le lui refuse.
Après elle dira : »de tout ce qui existe, a existé, et existera sur la terre,
Moi seule je t’ai aimé, Juliu Popper. »

Les critiques les plus élogieuses vous les avez toutes en français, ce qui me reste à dire, que comme j’en ai l’habitude, je le lirai de nouveau de temps en temps, puisqu’ il parle de mon pays, de cette région inconnue de moi, où le climat est sans miséricorde, où le magique et l’historique forment un tout.

Je me promène tous les jours dans des rues, sur des avenues qui portent les noms des anciens notables de cette époque infâme, de grands propriétaires fonciers , héritiers des acheteurs d’oreilles et qui représentent aujourd’hui la haute société argentine.
Nb
Je suis allé voir la maison qu’il habitait à Buenos Aires, elle n’existe plus, mais le restaurant qu’il fréquentait « el Pulpo »est là encore, mais il est devenu un très chic restaurant français le « Bouchon » ou l’on y trouve de la bonne cuisine française
Amadak.

Superbe, Amadak !

et on a en plus des renseignements supplementaires sur les personnages ! il me reste une centaine de pages à lire.

Citation :

brutal, passionné, sauvage et poétique.

oh que oui !
avec un humour auquel j'ai pardonné le cynisme tellement il était surprenant, inventif

roman-récit un peu trop décousu à mon goût mais c'est secondaire...

Tout au long du livre je me suis demandée où et à quelle époque j'étais !
un dépaysement total, une bourrasque d'aventure

Merci au Grain qui a proposé ce livre

Je trouve que pour ce volume, la collection Phébus a présenté un texte trop compact.

A lire Cavalier seul on se dit que Patricio Mann écoute l'histoire par le tunnel de la légende, ce qui donne des personnages fabuleux et des épisodes inoubliables, tels que le naufrage sous les yeux des Selk'nam.

Citation :

A cet instant, une vague se détacha des flots, gonfla et se rua par bâbord sur les hommes. Le bateau résista quelques secondes et chavira, précipitant dans l'eau les tonnelets de grappas et de bière, les remingtons, les gaffes, lalongue vue, et bientôt il ne resta à la surface que dix rames et dix sombres peurs.

Drimys appartient à l'épopée primitive et à la civilisation, courant plus vite qu'un cheval, et douée de pouvoirs étonnants. Cette stature la range dans le domaine du merveilleux car on comprend mal, sur le plan humain, comment elle peut parler calmement avec l'assassin de son frère.

J'avais remarqué comme Amadak, mais moins concerné, la localisation précise de la maison de Popper p. 135 , avec "son balcon à la balustrade en fer forgé et et ses fenêtres également protégées de grilles", demeure dont on voit le passé et le présent.

Si certains passages appartiennent à l'épopée, d'autres m'ont paru relever du Quizz, p 59 et 60, avec une avalanche de faits, qu'il s'agisse en musique du groupe des Cinq, des travaux de Bertillon pour la photographie légale ou des voyages de Rimbaud à Java.

L'éloge funèbre a raison :

Citation :

Popper ressemblait aux héros des récits extraordinaires de Jules Verne et de Marryat [...] un personnage quasi légendaire

et controversé !

J'ai également apprécié cette lecture que Grain de Sel m'a fait découvrir et merci à vous !
Cependant, tout comme Mona j'étais un peu perdue par moments avec les aller-retours que faisait l'auteur. Mis à part ça, j'ai vraiment aimé lire ce roman et j'espère découvrir d'autres livres de cet auteur.

Une très belle écriture et une histoire qui m'a fascinée. Je ne sais plus qui avait parlé de ce roman comme d'une histoire d'amour. Je ne m'attendais donc pas précisément à une telle histoire d'amour .
Pas envie d'en écrire plus sur cette lecture. De toute façon d'autres l'ont déjà très bien fait ! J'y reviendrai peut être plus tard.

Je l'ai lu mais je m'y suis perdue. Tchipette le sait, je lui ai dis, pourtant quand je lis son commentaire, j'avais vraiment envie d'aimer le livre.

Je n'ai pas aimé les allers-retours dans l'Histoire, le thème me faisait froid dans le dos, coloniser, tuer, éliminer. Je n'aime pas beaucoup les épopées historiques à cause de ça, brutalité, esprit conquérant, pouvoir, massacres "héroïques" et Popper m'a été vraiment antipathique.
Je pensais naïvement que Popper était un personnage de fiction qu'il soit réel ne me réconforte guère.

Je l'ai fini en sautant des passages, intriguée par l'histoire entre Drimys et lui, elle ne m'a pas vraiment enthousiasmée.

Hors contexte, j'ai trouvé des passages très sensuels, très beaux, l'écriture et l'imaginaire riche, très imagés qui pourraient me donner envie de lire d'autres livres de l'auteur si le sujet varie, mais la beauté des mots ne m'a pas éloignée du fond ... des oreilles jusqu'aux peaux de guanacos J'ai appris un peu de l'histoire de ce coin de terre et c'était une découverte.

Utopie a écrit:

Je l'ai lu mais je m'y suis perdue. (...) Je n'ai pas aimé les allers-retours dans l'Histoire, (...) Je pensais naïvement que Popper était un personnage de fiction (...) l'histoire entre Drimys et lui, elle ne m'a pas vraiment enthousiasmée.

Hors contexte, j'ai trouvé des passages très sensuels, très beaux, l'écriture et l'imaginaire riche, très imagés (...) J'ai appris un peu de l'histoire de ce coin de terre et c'était une découverte.

Je pense exactement comme toi sur ces points de vue. Pour ce qui est de Popper, je pensais aussi que c'était un personnage de fiction (ce qui rendait ma lecture moins difficile sur les brutalités infligées aux indigènes). Mais quand j'ai vu après recherches qu'il avait bel et bien existé, j'ai lu le livre d'une façon très différente. Quant à l'histoire entre Drimys et Popper c'est sûr que ce n'est pas une histoire "d'amour" banale mais c'était assez plaisant. Dans tous les cas, c'est un excellent livre sur le point de vue de l'écriture. Manns écrit d'une façon remarquable et c'est ça que me donne envie de lire d'autres oeuvres de cet auteur.

Je suis dans la Terre de Feu avec ce Cavalier seul, et j'écoute Patricio Manns chanter.

Je crois que je me souviendrai longtemps des paysages de la Terre de Feu et de Drimys Winteri.