Face à un grand auteur

Je n'ai pas accroché au rouge et le noir...
Mais vu ce que tu en dis, rotko, je vais m'y replonger

Et la chartreuse de Parme, vous l'avez lu ?

Marie kiss la joue a écrit:

Et la chartreuse de Parme, vous l'avez lu ?

Je me suis arrêté à la deuxième partie. La langue est soignée, mais le scénario me semblait un peu décousu. Ce n'est pas étonnant, puisque le roman a été dicté en deux mois ! C'était le roman préféré d'André Gide, avec les Liaisons de Laclos.

Yugcib pourra t'en dire plus...

J’ai commencé par aimer le rouge et le noir, puis à lui préférer La chartreuse de Parme. Le Rouge est à l’image de son héros, fruit de l’effort domptant la réalité, tandis que la chartreuse ressemble à Fabrice del Dongo, toute d’aisance, d’inspiration et de poésie.

Les plus belles pages y sont, à mon sens, les attentes de l’amour, et les rêveries qu’il crée chez les beaux personnages de cette histoire : Fabrice, Clélia Conti, le Comte Mosca et la Sansévérina.

Si j’y remets le nez, je m’y replonge aussitôt.

Stendhal est un auteur qui m'impressione et me parait quelque peu inaccessible. Je n'ose pas y plonger. Bizarre non?
Je vais peut-être me lancer avec Le Rouge et le Noir. Marie (Kiss la joue ) on se tient au courant?

A vouloir vivre avec son temps, on meurt avec son époque (Stendhal)

Moon a écrit:

Stendhal est un auteur qui m'impressione et me parait quelque peu inaccessible. Je n'ose pas y plonger. Bizarre non?
Je vais peut-être me lancer avec Le Rouge et le Noir. Marie (Kiss la joue ) on se tient au courant?

Sans problème! Je voudrais aussi réessayer le rouge et le noir . La chartreuse me fait peur, je ne sais pas pourquoi
Décidément, la peur de Stendhal est répandue

Mieux vaut tarder à aborder un auteur que de connaître un échec immédiat. C'est pourquoi je dissuade de lire Proust très tôt.

rotko a écrit:

Mieux vaut tarder à aborder un auteur que de connaître un échec immédiat. C'est pourquoi je dissuade de lire Proust très tôt.

La Chartreuse, c'était il y a quelques mois. Je commence Proust à 65 ans ?

Citation :

La Chartreuse, c'était il y a quelques mois. Je commence Proust à 65 ans ?

je pensais à de jeunes lecteurs.
Si la chartreuse t'ennuie, lis un autre titre comme vanina vanini, nouvelle très courte. Le film de Rossellini que j'ai vu à la télévision m'avait beaucoup plu.
Après tout, le lecteur décide de ses lectures, et des auteurs qui lui conviennent, non ? il n'y a pas de parcours obligatoire, ni de normes à respecter

rotko a écrit:

Mieux vaut tarder à aborder un auteur que de connaître un échec immédiat. C'est pourquoi je dissuade de lire Proust très tôt.

Qu'entends-tu par "très tôt" ? 14/15 ans, je comprends, mais au-delà, pourquoi pas..De toute façon, tout dépend de la capacité à lire la littérature, certains accrocheront au style de Proust très tôt, d'autres, même s'ils persévèrent, n'y arriveront jamais
Mais je suis d'accord que rester sur un échec à cause d'une lecture peut-être trop précoce est dommage...

J'avais lu un extrait (une centaine de pages) Du côté de chez Swann sans trop de problèmes et avec intéret vers 15 ans. Cependant on m'a tellement dit qu'il valait mieux attendre pour le lire que je ne me suis pas procuré le livre (ça m'arrive d'écouter ce qu'on me raconte, et peut-être qu'effectivement j'en profiterai davantage plus tard...). Pour Stendhal ce n'est pas une question d'obligation, c'est uniquement que cet auteur m'intrigue et que j'ai envie de le lire sans cependant oser.

On pourra déplacer ces posts sur un fil spécifique dont l'intitulé pourrait être ; dans quelles conditions aborder un grand auteur ? ou un autre intitulé à votre choix.
Mais j'aime bien ce que vous dîtes

Marie K : il s'agit moins d'âge légal ou d'adaptation à un style que de disponibilité à une façon d'écrire, donc de voir le monde, d'une capacité d'écoute. Pour certains, comprendre les tourments de Swann imaginant Odette sensible à des compliments masculins sera immédiat, d'autres ne se poseront pas la question, de toute leur vie.
Pas plus qu'ils ne réfléchiront à l'élaboration d'une oeuvre d'art, ou aux resonances qu'elle peut avoir en eux.

Pour Moon, j'aime beaucoup cette attitude de respect et de crainte devant une grande oeuvre, mais aussi de l'attirance ressentie.

Marie kiss la joue a écrit:

Mais je suis d'accord que rester sur un échec à cause d'une lecture peut-être trop précoce est dommage...

Les auteurs obligatoires au Collège peuvent parfois dégouter durablement.

On m'avait fait lire Le Colonel Charbert de Balzac à 12/13 ans, j'avais detesté. L'année d'après ma prof de français (la meilleure que je n'ai jamais eu) nous avait demandé de lire Adieu et j'avais beaucoup aimé.
Cependant je garde une certaine réticence à l'égard de Balzac lié à ce mauvais souvenir (pourtant ma signature est de lui ). Et Le Père Goriot poirote toujours sur mes étagères...

rotko a écrit:

cette attitude de respect et de crainte devant une grande oeuvre, mais aussi de l'attirance ressentie.

C'est pour les mêmes raisons que j'avais piqué dans la bibliothèque de mon Oncle Du Côté de chez Swann et dans ce même état d'esprit que j'ai abordé Madame Bovary.

rotko a écrit:

Après tout, le lecteur décide de ses lectures, et des auteurs qui lui conviennent, non ? il n'y a pas de parcours obligatoire, ni de normes à respecter

En effet. Je crois que ce qui m'avait ennuyé dans La Chartreuse, c'était que j'avais plus l'impression de lire une série de rebondissements qu'un tout. Mais comme je ne l'ai pas terminé, je n'ai pas pu juger de l'intégralité - et j'en ai bien apprécié le style. On m'a fait lire Salammbô à 13-14 ans en latin et je l'ai lu d'une traite. Je ne sais pas si il y a vraiment un âge. Peut-être que si je le lisais aujourd'hui, je ne terminerais pas le bouquin ?

Mmm...
C'est sans doute exact parce que tu as complètement oublié tes règles de grammaire latine et impardonnable parce qu'on ne peut laisser cette dame se languir sans savoir ce qui va lui arriver. ( à moins que tu sois curé ou prof de latin ) Et donc, il existe de forts bonnes traductions aux PUF ou ailleurs et quelques auteurs français, anglais ou allemand qui ont repris le personnage - si l'on peut dire.

Pour certaines oeuvres il faut pratiquer un certain rythme de lecture sinon on risque de perdre le fil. Si l'intrigue est compliquée ou se developpe avec des points d'ancrage ou des echos dans la suite du livre, les avoir en mémoire guide le lecteur comme des petits cailloux blancs.

Au XIXé siecle on avait le temps de lire de gros volumes, faute d'autres sollicitations. Ce n'est plus le cas aujourd'hui en particulier pour ceux qui travaillent et doivent assurer sur plusieurs fronts.

Wou, je suis à l'initiative d'un sujet sans le savoir, dites donc

Les grands auteurs ne me font pas peur, disons que grâce à mes études, je les apprivoise petit à petit . Mais j'ai toujours été curieuse de les lire...ça a commencé par Zola, puis Balzac et Flaubert, puis Diderot...
Par contre j'ai attendu un peu avant de lire Proust, je n'en avais pas spécialement envie, et puis on ne cessait de me répéter que c'était difficile, etc etc.
Bien d'accord avec toi, rotko, quand tu parles de "rythme de lecture".

Je dois attendre la maturité ... :face:

Sinon, je ressens plutôt une sorte d'appréhension !

Au collège, on nous a fait lire Les chouans... pas fini et pas eu envie d'y replonger.

Au lycée, j'ai eu un professeur extra, il nous a fait découvrir plein d'auteurs soi-disant hors programmes (dixit examinateurs bac), il nous a donné envie de lire, d'écrire, de réfléchir. (St John Perse, Yourcenar, René Char, St Pol Roux, Poe, Lautréamont, ...)
J'aimerais bien le contacter mais comment ... au moins pour lui dire merci.

Utopie a écrit:

Au lycée, j'ai eu un professeur extra[...]
J'aimerais bien le contacter mais comment ... au moins pour lui dire merci.

Idem, je me souviens notamment de Paul Auster. On devait aussi choisir un livre et le présenter devant la classe.

Je n'ai pas eu cette chance, mais il contactait aussi des auteurs pour les faire venir en classe (Jacqueline Harpman, Francis Dannemark).

Moi, c'était ma prof de troisième. Elle m'a fait découvrir Eluard, Verlaine, Chateaubriand ou Zola (on avait uniquement étudié l'incipit).

Ou encore un peintre comme Magritte, je me souviens d'avoir étudié ce tableau :



Je crois que je n'aurais jamais osé aborder Zola si tôt sans elle!

Moon a écrit:

Moi, c'était ma prof de troisième. Elle m'a fait découvrir Eluard, Verlaine, Chateaubriand ou Zola (on avait uniquement étudié l'incipit).
Ou encore un peintre comme Magritte, je me souviens d'avoir étudié ce tableau :
Je crois que je n'aurais jamais osé aborder Zola si tôt sans elle!

Tu devrais l'inviter à venir sur GDS*, au moins pour lire le bien que tu dis d'elle, ce serait une prime morale car de prime financière, elle peut se brosser

Zola a cette particularité qu'on peut le lire à plusieurs niveaux, et toujours avec plaisir.
Même ses détracteurs sont intéressants à consulter.

Moi j'ai lu Zola a 16 ans (en cachette) je l'ai relu vers 40 ans et je le relirais bien maintenant comme quoi des auteurs ne vieillissent jamais si on les aime

. . A ceux qui souhaitent lire un grand auteur d'abord facile je conseille vivement Kawabata Yasunari.

S'il y un auteur qui m'impressione et m'intrigue c'est bien James Joyce!
Son livre est pour moi entouré d'un nuage de brume. A chaque fois qu'on m'en a parlé c'est sur un ton un peu plus bas et à chaque fois que j'ai demandé de quoi ça parlait, on m'a répondu qu'on ne pouvait pas l'expliquer.
Le fait que Marilyn soit entrain de le lire sur certains photos joue aussi (Que cela soit vrai ou pas, ne change rien!).

C'est comme pour Proust, on m'a tellement dit qu'il fallait avoir un minimum de temps derrière soi pour le savourer, que je préfère attendre de peur de passer à côté de quelque chose!