Didier Daeninckx

Meurtres pour Mémoire, dessins de Jeanne Puchol, Futuropolis,

J'aimerais bien lire ce livre si je le trouve, l'un d'entre vous l'a-t-il lu ?

Meurtres pour Mémoire, c'est le meilleur livre de Daeninckx à mon avis, bien que lui-même soit fatigué d'en entendre parler au détriment de ses autres romans. Il est chez Folio.

Il a été adapté à l'écran par laurent Heinemann avec christophe Malavoy et Christine Boisson. Mais ce film n'est pas terrible. Il existe en cassette mais pas en dvd.

Disons, le meilleur indépartageable avec Le der des ders.
Je ne savais pas que Daeninckx était "fatigué d'en entendre parler au détriment de ses autres romans", mais c'est vrai que ces deux-là se démarquent très nettement.
J'aime beaucoup aussi la série qui met en scène l'inspecteur Cadin.

je le tiens de lui-même.
Daeninckx excelle à remonter les pistes, et les documents qu'il cite dans meurtres pour memoire sont authentiques. J'ai verifié dans les paris match de l'époque ce qu'il dit d'octobre 61. Il avait eu accès au service de documentation de liberation, et à des tuyaux de la télévision belge. Là où il réussit son coup : il transforme son lecteur en fouineur !

Pour fouiner, rien de tel que les bibliothèques publiques, et avec un fil conducteur on trouve assez vite de quoi se mettre sous la dent. C'est ainsi qu'aiguillonné par meurtres pour mémoire, j'ai mis lamain sur un article qui avait fait date : Papon aide de camps, en date du 6 mai 1981.
Or Meurtres pour mémoire est précisement dédié à Maurice Papon, dont il est interessant de lire des entretiens dans la presse. J'ai ainsi des papiers de la vie catholique où Papon se confie à l'enquêtrice Marie christine Jeannot.

Citation :

-MCJ : Votre sentiment aujourd'hui devant l'affaire Papon ?

M.P : j'entends aller le plus rapidement possible au bout de cette affaire pour me permettre de démontrer d quoi il s'agit. Jusqu'au bout, c'est à dire jusqu'à la juridiction compétente

.

Et Papon de jouer les consciences claires avec un aplomb étourdissant :

Citation :

Je suis très imprègné d'Albert Camus. Ce qui importe c'est une certaine attitud emorale. Même si on en se fait auscune illusion, une certaine conception de la dignité de soi-même

.

j'ai les feuilles sous les yeux, mais il n'y a pas de date, j'avais dû les dechirer en vitesse dans une salle d'attente quelconque...

Lu trois DD :
Métro police, qui ne m'avait pas, mais alors pas du tout accroché...
Nazi dans le métro, un Poulpe. C'était déjà mieux !
Et Meurtres pour mémoire, le livre qui m'a enfin fait comprendre pourquoi on dit autant de bien de DD.

il arrive à Didier Daeninckx de se fourvoyer comme dans 12, rue Meckert, Série noire, où il nous sert l'affaire des disparues de l'Yonne d'Emile Louis. Le plat n'est pas bon.

« Mort au premier tour » Didier Daeninckx, Denoel 1997.

Il s’agit d’élections ! mais les municipales de 1977 à Marcheim dans l’Alsace potassique réservent aussi des surprises. Victoire des Verts contre une municipalité au pouvoir depuis 25 ans. Puis on apprend la mort criminelle d’un Vert, employé à centrale de Marcheim et qui faisait de l’agitation tous azimuths.

L’inspecteur Cadin explore donc toutes les pistes : querelles syndicales ? rivalité amoureuse ? la petite ville bruisse de rumeurs sur une communauté de marginaux qui ont tout pour plaire. Sales, adeptes du joint et de la nourriture végétalienne. Même leurs chiens ont du mal à avaler leur pâtée ! L’auteur nous promène dans un paysage de brume et de boue.

Pas étonnant que Cadin patauge. Il fait appel à ses collègues des renseignements généraux, interroge toujours aussi maladroitement les femmes, et finit par obtenir une promotion ! Daeninckx a plus d’un joker dans son sac. Avec lui on a parfois l’impression de battre la campagne avec un paranoïaque, qui nous ressert dans ses livres une compilation de faits divers d’actualité.

L’humour est rare dans mort au premier tour mais goûtons-le, avec le programme des trois listes.

« La première liste, intitulée « défense des intérêts locaux », était conduite par un homme d’une soixantaine d’années…dont la photo, mâchoire carrée, cheveux rares plaqués, sourire appliqué, donnait une idée du programme : développement dans le respect des valeurs et de la tradition.
L’entente de formations de gauche avait opté pour un titre à rallonge, « programme commun pour l’avenir de Marcheim », et mêlait des objectifs purement communaux aux grandes orientations politiques comme la nationalisation des groupes bancaires ou la réduction du temps de travail.

Une troisième liste venait troubler le jeu bipolaire en vogue dans tout le pays. Elle figurait sous l’appellation « Verts Demain » et axait sa campagne sur l’arrêt des travaux de la centrale nucléaire, proposant l’organisation d’un referendum sur la reconversion des gigantesques cheminées de refroidissement en cinémas, patinoires, piscines ou cuves à riesling.

Elle réclamait également la mise a disposition de vélos municipaux gratuits pour enrayer la progression des gaz d’échappement, l’interdiction des pollutions, sauf nocturnes, ainsi que l’installation d’interrupteurs sur les réverbères afin de préserver l’intimité des amoureux.

Didier Daeninckx frappe fort. Il ouvre sur un double meurtre et flash-back… Histoire de taulards, histoire tout court, Paris et sa banlieue défilent à toute allure sur fond de radio militante. C’est le premier volume de la nouvelle collection Suite noire, les numéros 2 et 3 tiennent le pari : des récits rapides, noirs dont les titres reprennent de façon allusive ceux de leur grande sœur la Série noire. Quand la ville mord de Marc Villard suit le trajet de Sara, entre Barbès et les Halles, le chemin du crack et de la prostitution. Ce que veut Sara, c’est peindre, et si son mac va trop loin, tant pis pour lui. Enfin, avec Le débarcadère des anges, Patrick Raynal, nous livre la première enquête de son privé, Corbucci, à Nice bien sûr. Une combine peu ragoûtante dans les cliniques de la ville.


On achève bien les disc-jockeys, Didier Daeninckx, éd. La Branche, coll. Suite noire, 10 euros

on goûte à la fois les jeux de mots, et les clins d'oeil

quand la ville dort est un W.R Burnett adapté au cinema par John huston

la pêche aux anges est un JB Pouy

on achève bien les chevaux est un horace Mac Coy, et un film célèbre.

et les anges, on le sait à Marseille, ne sont pas seulement des créatures asexuées avec des ailes dans le dos

Excusez la pédanterie

rotko a écrit:

on goûte à la fois les jeux de mots, et les clins d'oeil

quand la ville dort est un W.R Burnett adapté au cinema par John huston

la pêche aux anges est un JB Pouy

on achève bien les chevaux est un horace Mac Coy, et un film célèbre.

et les anges, on le sait à Marseille, ne sont pas seulement des créatures asexuées avec des ailes dans le dos

Excusez la pédanterie

Bravo, on sent le spécialiste !

rotko a écrit:

et les anges, on le sait à Marseille, ne sont pas seulement des créatures asexuées avec des ailes dans le dos

Hein?
Mais de quoi parles-tu donc, Rotko?

ekwerkwe a écrit:

rotko a écrit:

et les anges, on le sait à Marseille, ne sont pas seulement des créatures asexuées avec des ailes dans le dos

Hein?
Mais de quoi parles-tu donc, Rotko?

Citation :

La porte

La porte de l'hôtel sourit terriblement
Qu'est-ce que cela peut me faire ô ma maman
D'être cet employé pour qui seul rien n'existe
Pi-mus couples allant dans la profonde eau triste
Anges frais débarqués à Marseille hier matin
J'entends mourir et remourir un chant lointain
Humble comme je suis qui ne suis rien qui vaille
Enfant je t'ai donné ce que j'avais travaille

guillaume Apollinaire

les anges sont des poissons !

Tu es sûr qu'il parle de poisson?


Décidément, la poésie, ce n'est pas pour moi!

oui, l'adjectif frais convient bien, débarqué aussi, et Marseille comme port

ajoute à cela les pi mus du vers précedent : poissons pi-mus : qui n'ont qu'un oeil (aux yeux accouplés) oiseaux pi-his : qui n'ont qu'une aile (aux ailes accouplées). ... belles images du couple complémentaire


Pouy joue sur le même registre avec la pêche aux anges

Je suis du coin, mais je n'avais jamais entendu parler de ces séraphiques poissons...

Missak de Didier Daeninckx, éditions Perrin, collection Singulier

à mettre en rapport avec l'armée des ombres

Citation :

Daeninckx creuse son sujet jusqu’à en extirper la personnalité bien réelle de ses personnages. Missak Manouchian, apatride orphelin depuis le génocide arménien perpétré en Turquie, est un jeune homme engagé pour libérer Paris de la vermine nazi et collabo.

Il est à la tête d’un réseau FTP de la MOI (Main d’œuvre immigré) composé de 22 hommes qui seront fusillés et une femme qui elle sera décapitée. En moyenne, ils opéraient tous les deux jours des attentats, sabotages, poses de bombes et déraillements.

Ils ont abattu le 28 septembre 1943 Julius Ritter général SS, responsable du STO en France et ami intime d’Hitler. Ils seront traqués par les Brigades spéciales enfiévrées formées de bons franchouillards à l’âme bien trempée dans les baignoires, le tri assidu des lettres de dénonciation des citoyens zélés, arrestations, tortures et livraisons aux allemands sur un plateau de leurs prisonniers.

Le Mague

J'ai lu de lui le recueil de nouvelles Main courante et j'ai beaucoup apprécié son style. Bien sûr les histoires sont assez terribles, j'en garde un excellent souvenir.

Merci de faire remonter ce fil.

Daeninckx, toujours bien documenté, sait faire reposer ses histoires sur un bon socle.

Je connais mal ses dernières productions, mais j'aimerais bien lire ses nouvelles.

1/4 Missak de Didier Daeninckx, éditions Perrin, collection Singulier

un journaliste de l'humanité qui enquêtait sur les groupes d'ados en 1955 (petit retour historique) se voit chargé par jacques Duclos, ou du moins son secrétaire, d'une enquête sur Manouchian, l'Armenien de "l'affiche rouge".

L'enquêteur fouine un peu partout : chez Aragon, et dans les minorités armeniennes ; Il ressuscite un tableau de l'époque pré-guerre, avec le génocide et la diapora armenienne.

Il veut savoir qui a trahi Manouchian et vendu son groupe de résistants.

le récit est intéressant par les contextes qu'il aborde, plus que par le style contraint de Daeninckx, amha.

rotko a écrit:

Meurtres pour Mémoire, c'est le meilleur livre de Daenickx à mon avis, bien que lui-même soit fatigué d'en entendre parler au détriment de ses autres romans. Il est chez Folio.

Il a été adapté à l'écran par laurent Heinemann avec christophe Malavoy et Christine Boisson. Mais ce film n'est pas terrible. Il existe en cassette mais pas en dvd.

Je n'ai vu que le film et te trouve sévère sur ce dernier.
C'est un bon film policier avec un ton non dénué d'humour.
Le suspense fonctionne, même si vers la fin il s'effiloche un peu, l'intrigue n'est pas sacrifiée à la vie personnelle des enquêteurs qui ne sont pas pour autant réduits à de simples silhouettes.
Et le couple Boisson/ Malavoy est excellent.

Citation :

Je n'ai vu que le film et te trouve sévère sur ce dernier.

Pourtant mon appréciation "pas terrible" était un euphémisme je l'ai vu en cassette pré-enregistrée, que je possède et que je pourrais même t'envoyer si tu voulais.

Je ne nie pas le bon jeu des acteurs, mais je visais la mise en scène. Le récit de meurtres pour mémoires dépasse l'intrigue policière pour mettre à jour la manifestation du 17 octobre 1961 et sa cruelle répression.

Comme je le dis au début de ce fil, j'apprécie beaucoup la documentation de qualité de Daeninckx, et son art de mettre les pieds dans le plat. Pour son style, je suis plus réservé.

2/4 Dans Missak il ne cite pas ses sources, j'aurais aimé des précisions.

Là encore il déterre, par l'entremise d'un journaliste de L'humanité, des mensonges courants sur le prétendu bonheur des Armeniens réfugiés en Armenie soviétique - mensonges dont des intellectuels prestigieux s'étaient fait le relais.

Mais j'aurais voulu des noms ! je pense qu'Aragon ne sera pas épargné...

Lis "meurtres pour mémoire", ce livre a joué le rôle d'un brulôt

(1 ère suite du précédent)
3/4 Missak de Didier Daeninckx, éditions Perrin, collection Singulier.

Daeninckx me surprendra toujours ! il donne le contexte des années 55 - et des années de guerre, dans les moindres détails (films à l'affiche) et fait intervenir des personnages de l'epoque : Aznavour -on saura tout sur le milieu arménien, Ernest Pignon le peintre, l'appareil du parti communiste, Duclos et Cie, et Charles Tillon.

C'est surtout cet aspect historique de la politique du parti communiste face à Manouchian, et aux procès de Prague qui me colle au livre, vu que j'ai entendu parler de cette période et notamment de Charles Tillon, et d'Arthur London.

Avec un narrateur journaliste à l'huma, et qui découvre sur le terrain ce qu'il ne soupçonnait pas !, Daeninckx rappelle à quel point la politique du "parti des travailleurs" était infeodée à une vision stalinienne, mensongère et criminelle.

4/4 Missak, 2e suite.

La fin du livre est dynamique. A croire que l’auteur qui vasouillait pendant l’enquête avec son détective, reprend avec lui du tonus dans la dernière ligne droite.

j’ai donc bien aimé ce roman/enquête qui fait pénétrer au cœur de l’appareil du PC. On y retrouve même Henri Krasucki.

Les deux pages de bibliographie attestent le sérieux de la documentation de Daeninckx (une petite erreur sur le député Albert- et non andré, Serol).
Pour le reste, tout paraît rigoureux comme l’indique cet article de libération, journal où Didier Daeninckx a ses entrées aux archives)

J’ai eu du plaisir à y rencontrer Charles Tillon dont j’ai entendu parler par des proches, et jean Epstein pour lequel Pascal Convert a fait une oeuvre commémorative dont je comprends mieux le contexte.