Ma Xiaoquan [Chine]

Citation :

Je m’appelle Chu Xialong, Chu petit dragon, et je suis un hors la loi. Dans le milieu, je me suis fait une certaine réputation : question férocité, aucun des jeunes de ma génération ne m’arrive à la cheville. Tu as un ennemi, tu ne supportes pas la vue d’Untel ? Tu m’appelles et je te règle le problème Crever l’œil d’un mec ou lui trancher les cinq doigts de la main gauche pour les jeter ensuite dans les eaux puantes de la rivière Chuancheng ; je suis les instructions à la lettre.

Ma Xiaoquan, confessions d’un tueur à gages, éditions de l’olivier

Notre tueur va au restaurant : le menu indiquait « couinements » :

Citation :

Dans la soupe flottait une souris blanche comme neige à l’exception de ses yeux noirs révulsés. J’ai manqué refermer le couvercle de peur qu’elle ne saute hors de la boîte.

[…] Avais-je dépensé plus de cent yuans pour voir une souris complètement à poil ? Noir de colère, j’ai rappelé la serveuse. Le sourire aux lèvres, elle m’a expliqué, dans une version très personnelle de notre langue commune, que cette variété de souris était très riche du point de vue nutritif et qu’il convenait de la manger vivante.

J’aurais pu deviner tout seul : il s’agissait de piquer avec la fourchette dans la chair de l’animal qui, immédiatement, allait se mettre à
« couiner »

Ma Xiaoquan, confessions d’un tueur à gages, éditions de l’olivier.

Le premier roman de Ma Xiaoquan met en scène un ado turbulent : il quitte l ‘école et sa grand-mère, son seul lien familial. Il trace son itinéraire de voyou et de tueur, rebelle à tout , avec des déclarations qui relèvent du « pragmatisme revendicatif. »

Citation :

Je suis quelqu'un de vénal, je risque ma vie pour de l’argent et, même si Su Li n’est pas vraiment une prostituée, cela revient pratiquement au même ; pourtant nous sommes capables d’être romantiques. Le romantisme est un sentiment extrêmement raffiné, mais il n’est pas réservé aux hautes sphères de la société. »

L’insolent se veut indépendant et subversif :

Citation :

« Finalement, j’ai de la chance de ne pas avoir pu continuer mes études ; au moins mon cerveau n’est pas devenu cet esclave minable et soumis, toujours à la merci des vexations et des contraintes ; de même le bonheur et l’insouciance de ma jeunesse ne se sont pas transformées en souffrances insupportables ».

L’histoire ne manque pas de situations à la fois loufoques, et dramatiques. Ma Xiaoquan, comme son protagoniste, lance un pied de nez au puritanisme,- on peut même dire que certains « supplices chinois » sentent le soufre !, et il refuse idées admises et convenances. Tel un adolescent fier de sa force physique et de sa virilité, il affiche une solide attitude machiste,

«

Citation :

A mes yeux, il y a simplement les filles de mauvaise vie et les autres, les filles qui te plaisent et celles qui ne te plaisent pas. Certaines sont, dès leur naissance, destinées à être des catins ; si tu te comportes avec elles de façon un tant soit peu correcte, étrangement, elles se sentent mal à l’aise et ça peut même les étonner au point de te regarder de travers. Si tu les foules aux pieds, elles te traitent avec le sourire et te servent humblement sans hausser la voix. »

Mais cette façade cache ses faiblesses et il sait aussi émouvoir :

Citation :

« A l’heure qu’il est, j’aimerais avoir une main dans la mienne même toute petite, une main fragile, faible, pour me protéger de la noirceur du froid glacial. Si ce froid-là a une couleur, c’est le noir. Je parle du froid que je ressens dans mon âme. L’autre, celui qui affecte le corps ne m’effraie pas, il est blanc, il me stimule et m’exalte. »

je ne connais pas du tout cet auteur, même pas de nom.
c'est étrange son style, on a l'impression d'une écriture de l'instant, piqué à vif. Une langue presqu'orale. et on sent pas mal de violence contenue non ?

J'ai modifié un peu le billet ci-dessus car j'avais égaré mon post original et j'avais donc improvisé

Pour le style, le narrateur dit ce qu'il pense, et laisse les autres personnages à l'arrière -plan, ce qui peut expliquer que certains critiques aient trouvé que ces "autres personnages manquaient de nuances".

Je ne partage pas ce point de vue, vu que le narrateur ne compte que sur lui-même. Les autres ne l'interessent pas sauf s'ils peuvent lui rendre service, mais il ne veut surtout pas dépendre d'eux.

Il se vante - défaut courant chez les hommes, à mon sens. Pour la violence, elle n'est pas choquante car on ne la prend pas au sérieux. Pour dissuader une femme d'être insatiable sexuellement, il use à la requête du mari, de remèdes si horribles qu'on pense à un canular d'étudiant, ainsi que dans une autre scène que je qualifiais de "supplice chinois"

Ce premier roman d'un trentenaire a donc de belles qualités, et son piment a séduit, paraît-il, beaucoup de lecteurs chinois.

je remets ma conclusion, vu que j'ai retrouvé mon papier :

Peu respectueux des lois officielles et des lois du milieu, dans un monde où les politiques et la pègre font bon ménage, Il nourrit son ressentiment social de ce qu’il découvre sur l’histoire de ses parents. Ricanant devant les puissants du jour, il jette sur la Chine, celle de la révolution culturelle et celle de l’actuelle corruption, un regard caustique - et sans illusions.

Le petit côté canular était à mon avis visible dans le menu "couinements"