Lars von trier

Toi-même tu parles peu du film, tu renvoies à d'autres films du réalisateur.

je suis dans le même cas que toi, je n'ai pas lu les critiques sur Melancholia, et je cours le risque de me tromper. Vois sur le fil

Citation :

Par exemple le tableau de Brueghel qui renvoie à Tarkowski. Mais ai-je rêvé ou ne peut-on en voir un autre à la série du Prisonnier: ce véhicule de golf qui parcourt le beau domaine ordonné comme une scène de théâtre à Portmeirion

Intouchables a été descendu par les innrocks, Telerama et le Monde, mais les jounaux ne vont pas ensuite prendre leurs publics à revers...

Citation :

Que tu n'aies pas aimé le film, que tu le trouves chiant aucun problème

je n'ai pas utilisé ces mots, faudra que je (et que tu) me relise(s)

finalement, je donne des arguments sur le film lui-même, j'ecouterai les tiens.

On sent que le film t'a agacé, Rotko : ton billet est à charge.

rotko a écrit:

Evidemment, la versatilité d'humeurs de la mariée, les évenements contraires qui troublent le déroulement des festivités, se rattachent au thème : Justine serait "lunatique"

Évidemment... non. Justine n'est pas lunatique mais bel et bien mélancolique, au sens premier du terme, c'est-à-dire gravement dépressive.

À propos de l'ancêtre de la mélancolie, le taedium vitae (dégoût vital), Sénèque écrit :
« La maladie a pour origine un manque d’équilibre de l’âme et des aspirations timides ou malheureuses, selon que l’on n’ose pas tout de qu’on désire ou que l’on tente en vain de réaliser et qu’on s’épuise à espérer ». (Dialogues)
« Ce tourbillonnement d’une âme qui ne se fixe nulle part, et cette résignation morose et douloureuse […] tenus étroitement enfermés, les désirs, faute d’issue, s’asphyxient d’eux-mêmes ; viennent alors la mélancolie, l’abattement et les innombrables flottements d’un esprit irrésolu » (De la tranquillité de l’âme, II)

rotko a écrit:

On lui a soumis un marché (un "deal) : tout ce falbala, cet argent dépensé, en échange d'un bonheur. Or elle sent bien que ce bonheur est compromis, d'où le rejet de ces cérémonies déplacées à ses yeux.

Justine ne rejette pas ces cérémonies. Bien au contraire, elle tente désespérément de s'y soumettre, de satisfaire aux attentes que les autres ont à son égard. On ne lui vend pas le bonheur : on achète sa bonne volonté. Sauf que la volonté ne guérit pas ce genre de maladie. D'où ses quelques ruades avant de sombrer définitivement.
Si les invités ne partent pas, alors qu'ils s'ennuient ferme, c'est qu'ils ont déjà, eux, accepté le deal à un moment de leur vie.

rotko a écrit:

J'ai entendu des réactions de spectateurs. Je donne les miennes. Aucune mauvaise foi, sinon mon ressenti.

Je trouve que tu fais bien plus que donner ton ressenti : tu sous-entends que le film n'a plu qu'aux "spectateurs des festivals" (pour des raisons de tralala) et qu'il a forcément déplu aux "spectateurs des salles". Je comprends la réaction de Moon : finalement, tu inverses l'acte d'autorité, non ?

L'humour ne m'a pas gêné, il met bien en exergue un certain ridicule sociétal. Les dépressifs ont souvent un humour corrosif (les exemples ne manquent pas dans la littérature, le théâtre, le cinéma).

Citation :

Evidemment, la versatilité d'humeurs de la mariée, les évenements contraires qui troublent le déroulement des festivités, se rattachent au thème : Justine serait "lunatique"

j'ai mis lunatique entre guillemets, ce qui veut dire ici, soumis à un astre, donc à Melancholia. L'idée que nous dépendons, pour nos humeurs, y compris les dépressions, des astres, est une idée ancienne.

La forme en est selon Foucault,

Citation :

l'aemulatio, "une sorte de convenance... qui jouerait, immobile dans la distance".
"De loin, le visage est l'emule du ciel, et tout comme l'intellect de l'homme reflète imparfaitement, la sagesse de Dieu, demême les deux yeux, avec leur clarté bornée, réflechissent la grande illumination que répandent dans le ciel le soleil et la lune ; la bouche est Vénus, puisque parelle passent les baisers et les paroles d'amour, le nez donne la minuscule image du sceptre de Jupiter et du caducée de mercure";

Donc il semble(rait) qu'il y ait correspondance entre Justine et la Melancholia.

Citation :

Justine ne rejette pas ces cérémonies. Bien au contraire, elle tente désespérément de s'y soumettre, de satisfaire aux attentes que les autres ont à son égard. On ne lui vend pas le bonheur : on achète sa bonne volonté

oui, je suis d'accord, c'est l'objet du "deal".

L'électricité, l'énergie, les pulsions... on en revient toujours à Freud, s'pas ?

J'ai écrit très récemment un truc sur la porosité et j'ai reçu ceci en récompense : « Que faire ? on ne peut être que poreux, comme une étoile de mer que la mer traverse, que la mer nourrit. » (Max-Pol Fouchet) La mer, le ciel...

là on est bien avant freud, avec la sympathie.

Citation :

"La sympathie joue à l'état libre dans les profondeurs du monde. Elle parcourt en un instant les espaces lesplus vastes : de la planète à l'homme qu'elle régit, la sympathie tombe deloin comme la foudre etc."

"elle est compensée par sa figure jumelle l'antipathie"

telles sont les explications avancées - au Moyen-âge, selon Foucault, les mots et les choses pp 32>40

Là-dessus je suis ravi qu'on discute du film - et des théories qu'il sous-tend. Je n'ai nulle autorité, rotko n'est même pas gradé

Les Sages d'autrefois, qui valaient bien ceux-ci,
Crurent, et c'est un point encor mal éclairci,
Lire au ciel les bonheurs ainsi que les désastres,
Et que chaque âme était liée à l'un des astres.
(On a beaucoup raillé, sans penser que souvent
Le rire est ridicule autant que décevant,
Cette explication du mystère nocturne.)
Or ceux-là qui sont nés sous le signe SATURNE,
Fauve planète, chère aux nécromanciens,
Ont entre tous, d'après les grimoires anciens,
Bonne part de malheur et bonne part de bile.
L'Imagination, inquiète et débile,
Vient rendre nul en eux l'effort de la Raison.
Dans leurs veines le sang, subtil comme un poison,
Brûlant comme une lave, et rare, coule et roule
En grésillant leur triste Idéal qui s'écroule.
Tels les Saturniens doivent souffrir et tels
Mourir, — en admettant que nous soyons mortels, —
Leur plan de vie étant dessiné ligne à ligne
Par la logique d'une Influence maligne.

Verlaine.

prochain film : Charlotte Gainsbourg dans un long métrage intitulé «The Nymphomaniac»(sic !)

Deux versions du film seront tournées – la première sans scène de sexe non simulée, la seconde avec des scènes hardcore, qui devraient être doublées comme dans «Les Idiots» et «Antichrist» par des professionnels du cinéma X.

Cet automne : Nymphomaniac avec Diane Kruger.

le parcours sexuel sur 50 ans d’une femme nymphomane, interprétée par Charlotte Gainsbourg.

L’acteur suédois Stellan Skarsgard, fidèle parmi les fidèles du cinéaste, tiendra le rôle d’un célibataire endurci à qui l’héroïne raconte ses frasques.

Charlotte Gainsbourg retrouve donc le réalisateur pour la troisième fois, après « Antichrist » et « Melancholia ».

rotko a écrit:

Cet automne : Nymphomaniac avec Diane Kruger.

le parcours sexuel sur 50 ans d’une femme nymphomane, interprétée par Charlotte Gainsbourg.

L’acteur suédois Stellan Skarsgard, fidèle parmi les fidèles du cinéaste, tiendra le rôle d’un célibataire endurci à qui l’héroïne raconte ses frasques.

Charlotte Gainsbourg retrouve donc le réalisateur pour la troisième fois, après « Antichrist » et « Melancholia ».

Vivement l'automne ! Pour le nouveau Van Trier et pour la fraîcheur !!!

Citation :

rotko n'est même pas gradé

dit icelui.
mais si, il est gradé ! je l'appelle bien, mon Excellence ! c'est un super grade, non ?

Je retiens Nymphomaniac , Lars Von Triers est l'un de mes grands préférés ...

la première bande annonce et quelques mises en scène dans les inrocks. L'orgie se profile à l'horizon... orchestrée par la pub.

Citation :

Le film découpé en deux parties sortira en France fin décembre 2013 et début janvier 2014. Stacy Martin qui prête ses traits à l’héroïne durant les chapitres de son adolescence, passera ensuite le relais à Charlotte Gainsbourg, une fois la maturité atteinte. A ses côté, on retrouve Willem Dafoe, l’acteur fétiche du Danois, Uma Thurman et Shia LaBeouf.

"Nymphomaniac", le sulfureux film de Lars von Trier, ne sortira probablement pas en Italie. Motif : le long métrage a été refusé par tous les distributeurs locaux.

les bandes annonces se sont succédées, de façon à nourrir l'attente et alimenter le scandale. J'ai l'impression que lars von Trier vise carrément au-dessous de la ceinture? Cette stratégie ne le grandit pas et il semble mépriser le spectateur qu'il allume régulièrement.

Le film de Lars von Trier, qui suscite la controverse depuis de longs mois, n'a pas déchaîné les passions mercredi dans les salles.

Sans doute à cause d'un abus de bandes annonces prometteuses ? A trop lancer d'hameçons, on éloigne le poisson, fût il lubrique comme un lézard...

"Nymphomaniac",Volume 1 sur les écrans.

La maestria formelle du cinéaste atteint avec ce demi-film des sommets parfois inouïs. Le chapitre sur la polyphonie en est le meilleur exemple, donnant lieu à des compositions d'une beauté saisissante (l'image divisée en trois cadres avec trois amants de Joe).

Partout, le film rayonne de cette santé esthétique, des balades au vert de l'héroïne aux jeux de multiplication et de collage qui alimentent la mise en scène (nombres plaqués sur l'écran, photos, changements de tons, démultiplication des cadres) : c'est une véritable fête visuelle à laquelle la musicalité du montage donne un souffle extraordinaire.

la critique du Nouvel Obs et celle du Monde lui sont favorables.

d'abord interdit aux moins de 12 ans, Nymph()maniac, volume 1 a vu cette interdiction étendue jusqu'à 16 ans, mardi 28 janvier.

Citation :

« Le juge [des référés] a estimé que le grand nombre de scènes de sexe non simulées, s'il n'impliquait pas une interdiction aux mineurs de 18 ans eu égard à la nature du thème traité et du parti-pris esthétique, devait conduire à une interdiction aux mineurs de 16 ans. Cette décision n'a donc pas pour effet de faire obstacle à la poursuite de l'exploitation du film en salle mais étend seulement aux mineurs de 16 ans l'interdiction aux mineurs de 12 ans dont le visa d'exploitation était assorti. »

source, le Monde.

J'ai vu les deux et j'ai préféré le premier (je me demandais un peu pourquoi il n'était pas également interdit aux moins de 16, mais en fait, si on compare avec le deuxième, le premier est soft ). Dans le deuxième volet, Lars Van Trier s'enfonce dans un trip SM qui donne quelques nausées...

Après, il est indéniable que la performance de Charlotte Gainsbourg est remarquable, mais bon je suis un peu perplexe. Seuls les échanges entre son personnage et celui de l'homme qui la recueille sont vraiment intéressants, ainsi que le mode narratif, oui, j'ai bien aimé ces aspects. Et l'esthétique du film, vraiment belle.

Le Monde culture et idées propose des articles sur "comment fait-on l'amour au cinéma", il parle de doublures avec des acteurs du porno, du recours à des prothèses, des actes simulés ou non simulés, ce qui devient complexe, puisque le cinéma ne laisse bien voir que ce qu'il veut, en "abusant" parfois le spectateur.

Deux films sont cités : la vie d'Adèle et l'inconnu du lac, deux films que j'ai vus, avec des scènes explicites, jusqu'à l'indiscrétion. Mais c'est mon avis; j'ai vu dela complaisance dans la vie d'Adèle, ça durait longtemps, quitte à mettre mal à l'aise. Quant à l'inconnu du lac, le comportement de certains voyeurs qui tiraient un plaisir solitaire d'accouplements dans la nature relève de pratiques dont je ne raffole pas.

Ce qui ne veut pas dire que les films n'avaient pas de grandes qualités, en dehors de ces "complaisances", parfois légitimées par les sujets traités.