Kôbô Abé - [Japon]

Kôbô Abé, la face d’un autre, Stock.

Le traducteur nous prévient

Citation :

Ce roman est celui d’un cancéreux de l’âme, . L’ auteur délibérément a refusé de faire ici de la littérature. Il s’est identifié à son personnage et lui a emprunté non seulement son langage intérieur, mais aussi sa manière de penser. Ce sont ceux d’un névrosé.

Le narrateur, victime de l’explosion d’un flacon d’air liquide, consigne à l’intention de son épouse - avec laquelle ses rapports se sont détériorés, ses pensées personnelles depuis qu’il n’a plus de visage.
Malaise physique, désarroi psychologique.

Citation :

Je déteste aller en ville. Dans chaque regard se cache une aiguille empoisonnée,

dit le narrateur, alors qu’il circule avec un visage emmailloté de bandages.

la face d'un autre.

Il relate tous ses efforts pour créer un masque qui lui convienne. Il doit aussi le mettre à l’épreuve des étrangers - comme de ses proches. Ses expériences font penser à un Robinson Crusoë qui se débat dans la solitude, note ses souffrances, et ses essais d’un nouveau visage..

Après avoir étudié les muscles de son visage, cet homme de laboratoire se confectionne un masque auquel il essaie de donner des expressions familières.

Citation :

Le souci anatomique que j’avais eu de superposer des tissus ayant une structure moléculaire orientée, n’avait pas été vain. Encouragé, j’essayai d’esquisser un sourire forcé. Mais le masque ne suivit pas et se déforma tout simplement. La distorsion était telle que je crus d’abord que c’était le miroir qui se déformait. J’avais l’air plus mort encore que lorsque je restais impassible.

A méditer seul sur son sort, des idées folles traversent son esprit : le masque ne lui donnerait-il pas une impunité, ne deviendrait-il pas un personnage double dont le « nouveau » pourrait commettre le Mal ? Ne tombe-t-il pas sous la domination du masque ?

Tanin no kao (1966) de Hiroshi Teshigahara (ou stranger's face).

le visage d'un autre

Citation :

Le film tente d’inspirer de l’horreur, de l’épouvante, alors que le roman, lui ne vise qu’à choquer, qu’à provoquer la réflexion,

précise le traducteur.

Il souligne que d’autres personnages interviennent dans le film et jouent un rôle important- et que la fin a été transformée. Kôbô Abe jouait un petit rôle dans cette transposition à l’écran.

le livre d’Abe Kôbô suscite toute une réflexion sur le visage , et notamment celle-ci qui éveillera l'intérêt des cinéphiles :

le visage du spectateur d’un film est-il dans l’obscurité pour prendre plus facilement les traits de personnages dont il voit le visage en gros plan ?

je cherche un tableau de Paul Klee intitulé faux visage dont paarle souvent le narrateur dans la face d'un autre.

Klee, un visage .

voir aussi la femme des sables .

Voici un recueil de nouvelles,
Kôbô Abé, Mort anonyme, Empreinte, chez Denoêl.

Comment s’en débarrasser ?

Citation :

« Le visiteur était là. Allongé sur le ventre, les deux pieds joints, en direction de la porte. Mort. Bien évidemment. ».

Le narrateur A ne comprend pas, s’affole, regarde, panique, et constate :

Citation :

« Un inconnu était mort chez lui, sans sa permission »

De ce qui pourrait être le début d’un policier classique (la porte est-elle ou non fermée de l’intérieur ? ) l’auteur fait le compte rendu des pensées, hypothèses et agissements de A.

A ceci près que ce qu’il a fait la minute d’avant, il le regrette dans les minutes qui suivent.

Comme on s’en doute, la nouvelle tend vers l’humour noir :

A propos des voisins: Comment savoir s’ils sont là ?
Par le bruit !

Citation :

Son voisin avait l’habitude de faire claquer sa langue si fort qu’on l’entendait à travers le mur […]

[il] rentrait chez lui, souvent en état d’ébriété avancée, ses claquements de langue augmentaient en fonction de son ivresse ;

Et le mort ?

Citation :

Ce type stupide qui causait du tort à des gens qu’il ne connaissait même pas, l’exaspérait au plus haut point. Quel raseur !

Le moins étonnant n’est pas la façon dont l’auteur escamote le cadavre !

Le mot de l’éditeur présente les choses différemment :

il souligne le thème de

Citation :

l’angoisse de l’homme moderne face à un monde qui peut l’écraser à tout moment. Il suffit d’un léger dérapage pour que tout bascule et, pour que la réalité la plus terre à terre se transforme en cauchemar.

Difficile de prendre au sérieux - l'angoisse de l'homme moderne, dit l'éditeur- Envoyé spécial ou les déboires d’un conférencier mis de mauvaise humeur par le retard imposé à sa conférence.

Son thème : les perspectives de l’ère spatiale devant des étudiants du département des sports plus intéressés par le film d’anticipation que par l’exposé.

Citation :

« les jeunes gens, qui par sens du devoir avaient déployé au début tous leurs efforts pour bien l’accueillir, s’effrayèrent peu à peu et s’enfuirent un par un, puis par deux. Dix minutes plus tard il ne restait plus personne dans la salle »

C’est alors que survient un personnage peu banal.

Il se présente :

Citation :

« Trente-huit martiens ont visité la terre, sept d’entre eux ont manqué leur atterrissage et ont été désintégrés […] les autres ont finalement été traînés à la police et internés dans des hôpitaux psychiatriques.

Je suis le trente-deuxième envoyé spécial »

La femme des sables

Un maître d'école, collectionneur d'insectes, profite d'un congé pour partir à la recherche d'un insecte inconnu. Le nom de l'insecte découvert et son nom indissociables pour de nombreuses années dans les livres, voilà son rêve.
Pour cela il part dans le désert et se retrouve dans un hameau, un village de pêcheurs dont les maisons sont étrangement situées dans des fosses creusées dans le sable.

Il sera hébergé par une jeune veuve dans une de ces maisons.
Ce n'est pas dans ces plans mais pour une nuit, cela lui permettrait d'étudier dans quel milieu évolue l'insecte qu'il découvrira très certainement.

Avec la nuit, une activité surprenante se met en place, il sera d'abord observateur, puis participera par politesse et décidera enfin d'aller se reposer.

Au réveil, bon nombre de surprises l'attendent dont il ne perçoit pas toutes les conséquences.
Je n'ai pas tout à fait fini le livre mais il m'a vraiment enchanté !

Trop de virgules tuent la virgule, question que je me suis posée au début de ma lecture "La femme des sables", cela n'a été que sur les premières pages, cette gêne à la lecture. Alors votre avis

"Un après-midi d'août, une grande boîte en bois et d'un bidon d'eau potablelui tombant, croisés, des épaules, tout comme s'il partait pour une ascension, le bas du pantalon rentré dans les chaussettes, coiffé d'un chapeau en piqué gris, un homme était, à la gare S.. ., descendu du train."

Autre passage :

"Dans les parties basses, des rizières aux compartiments étroits, avec, dans les intervalles, ça et là, quelque peu surélevés en manière d'îlots, des champs etc."

Sur ce livre que j'ai vraiment beaucoup apprécié, c'est la seule gêne, peut-être infondée, que j'ai éprouvée durant les dix premières pages...

Je peux comprendre, l'esprit, quand on lit, est formaté, pour s'arrêter, faire une pause, se reposer, après chaque virgule. Mais, dis-en nous, plus !

La femme des sables

Dans la fosse, l'homme se trouve dans une situation qui va lui permettre de remettre en cause beaucoup d'acquis, il réfléchit sur sa vie, se pose des questions existentielles et ses réflexions sont intéressantes, parfois profondes, certaines sont plus légères, évocations de son vécu, souvent pleines d'humour.

J'en profite pour signaler la couverture en poche qui est tout à fait adaptée au récit. Un homme dans une situation renversante qui bousculera ses idées.

Seuguh a écrit:

Je peux comprendre, l'esprit, quand on lit, est formaté, pour s'arrêter, faire une pause, se reposer, après chaque virgule. Mais, dis-en nous, plus !

Sur les virgules ? bien je ne sais pas, je pose la question, car, je trouve, mais sait-on, peut-être jamais, qu'il y en a, ou qu'il y en aurait, un peu trop, à moins, je ne ne sais pas, que ce soit un exercice, voire, un style....

Mais, j'insiste, ce n'est que sur les premières pages ! Ouffffff l'histoire est très belle et très intéressante ! A lire !!!

La femme des sables

L'homme ayant eu une blennoragie par le passé, même guéri il reste persuadé qu'il est toujours malade. Il ne peut plus avoir de rapport sans préservatif et sa compagne lui reprochait l'utilisation due à sa névrose et son hypocondrie.

- Eh bien, vrai, ce machin en caoutchouc, c'est tout juste ce qu'il nous faut, tu ne trouves pas ?
- Ce qui se passe entre toi et moi, vois-tu, ça revient tout à fait à des échanges d'achats dans un grand magasin :
"D'ailleurs, madame, si cet article ne vous plaisait pas, nous vous le reprendrions à votre convenance !" ...

Alors, sans rompre la fermeture du sac en plastique, on examine, en transparence, l'article offert, on le regarde d'un seul oeil, puis on le regarde en louchant, on essaie de voir si c'est du bon.

Et l'on hésite : "Que vais-je faire ? ... Puis-je vraiment avoir confiance ? Et si j'achète en étourdie, n'aurai-je pas à m'en repentir ?" Voilà mon ami c'est tout à fait ça !

- Et si tout de même, dis-moi, de temps à l'autre, nous nous sentions tous d'eux d'humeur à ouvrir le sac, à conclure, à forcer la vente... ne crois-tu pas que ça serait agréable ? "

Lui reste encore perplexe : " ... des rapports qu'elle venait de comparer à un échange d'achats sous sacs transparents.. Vrai, cette comparaison !"

...

Une note de l'éditeur (Stock) pour vous inciter à découvrir ce livre !

Un livre que j'ai trouvé en médiathèque mais que je souhaiterais conserver et relire ! Un grain !!!

Citation :

Roman insolite d'une extraordinaire richesse, dur et angoissant, qui, sous l'exactitude et la précision des détails d'une fiction réaliste, retrouve la dimension des mythes éternels.

Il ne s'agit de rien d'autre que de la condition humaine avec ses limites désespérantes, ses illusions et ses espoirs.

Utopie a écrit:

Une note de l'éditeur (Stock) pour vous inciter à découvrir ce livre !

Un livre que j'ai trouvé en médiathèque mais que je souhaiterais conserver et relire ! Un grain !!!

Citation :

Roman insolite d'une extraordinaire richesse, dur et angoissant, qui, sous l'exactitude et la précision des détails d'une fiction réaliste, retrouve la dimension des mythes éternels.

Il ne s'agit de rien d'autre que de la condition humaine avec ses limites désespérantes, ses illusions et ses espoirs.

Je vais essayer de le trouver à ma biblio

Le problème, peut-être, dans les bibliotheques pour ce titre est qu'il s'agit d'un livre relativement ancien et qu'il a souvent été mis au rebut sans être acheté à nouveau.

En revanche tu trouveras des titres plus récents. Le mieux est de s'inscrire à plusieurs bibliothèques...

rotko a écrit:

En revanche tu trouveras des titres plus récents. Le mieux est de s'inscrire à plusieurs bibliothèques...

Rhaaaaaaaa bien voilà !!! Berne allait me suivre et plouf !!! T'es vilain, vilain et vilain ! bouh !:cherry:

Utopie a écrit:

rotko a écrit:

En revanche tu trouveras des titres plus récents. Le mieux est de s'inscrire à plusieurs bibliothèques...

Rhaaaaaaaa bien voilà !!! Berne allait me suivre et plouf !!! T'es vilain, vilain et vilain ! bouh !:cherry:

Ne t'inquiète pas Utopie (Rotko je l'écoute d'une oreille ) mais il a raison
Il est ds une Bib à l'autre bout de la ville j'adore me ballader Il faut attendre une semaine no problem

La femme des sables

L'homme se trouve dans une situation peu ordinaire et est contraint de travailler, pendant celui-ci, il s'interroge sur le fait de travailler :

"... du travail qu'il fait de ses mains, vient à l'homme comme un appui, un secours dans sa lutte contre la fuite du temps : cette fuite qui, privée de tout sens et de toute fin, pèse insupportablement sur celui qui refuse l'action ..."

Il se souvient aussi d'une conférence sur le sujet, avant dans son autre vie :

Le conférencier :

Aller, disait-il , aller au-delà du travail que l'homme fait de ses mains, oui, bien sur. Mais pour accomplir ce chemin-là, il n'est pas d'autre voie que le travail lui-même. Non, certes, que ce travail ait en soi une valeur quelconque ; mais ce n'est que par le travail qu'il est possible de dépasser, de surmonter le travail. Et je veux dire, en somme, que donner à l'homme l'énergie nécessaire, pour atteindre au renoncement de soi, c'est cela, la vraie vertu du travail ! ..."

Sur ce, il arrête son travail forcé et fait une pause.

La femme des sables (suite)

Un autre passage intéressant, sur une histoire d'aller simple :

"J'ai le cafard pour un billet,
"Un aller sans Retour, wouh, wouh ...

Oui, ce sont bien celles-là, les tristes paroles du Blues de l'Aller Simple.
Chantez ça si ça vous chante. Mais, en vrai, regardez-les, les pauvres diables qui n'ont en main qu'un Aller Simple : et dîtes-moi si vous les avez jamais entendus chanter de cette manière !

Les humains qui ne possèdent qu'un Aller Simple.
Mais regardez-les donc, les talons éculés de leurs chaussures, et écoutez-moi le bruit que ça fait dès que vient à fouler ne fût-ce que de tout petits cailloux : pauvres talons qui n'en peuvent plus !

Vrai, s'il y avait là blues à changer, ne pensez-vous pas que ça serait plutôt un Blues de l'Aller et Retour ?

à suivre ... sinon c'est trop long

L'image qui m'est venue, nos vies ne sont que des allers simples !

Ils y en a qui se battent d'une manière ou une autre pour avoir le retour.

J'espère que Berne et Mona l'ont fini pour avoir leurs avis !

Utopie a écrit:

L'image qui m'est venue, nos vies ne sont que des allers simples !

Ils y en a qui se battent d'une manière ou une autre pour avoir le retour.

J'espère que Berne et Mona l'ont fini pour avoir leurs avis !

Je ne l'ai pas encore commencé . J'ai pu avoir " Mort anonyme" c'est plusieurs nouvelles mais des vrais cauchemars je n'aime pas trop frémir mais je poursuis ,,,,,,,,,,,,,,,

je dois être à la moitié du livre et mon intéret fléchit un peu.... à suivre....

Mona... j'espère que tu n'es pas enfouie sous le sable ? sinon j'arrive

Raconte ...

Un peu déçue par la fin du livre.... je la trouve trop elliptique...

Ce ne sont pas les virgules qui m'ont agacée mais les points d'interrogation...L'homme (le héros est ainsi dénommé et l'héroïne: La femme) prend trop souvent le lecteur à témoin...

Il s'interroge c'est sûr....mais cette façon trop directe a fini par m'énerver, heureusement le livre est court....et les interrogations moins nombreuses vers la fin..

En revanche le théme est universel et intemporel : j'ai eu l'impression d'être au théatre tout au long du livre et c'est ce que j'ai le plus apprécié...