Russel Banks

rotko a écrit:

443 p. déviance sexuelle et exclusion sociale.

le Kid, vingt et un ans, bracelet électronique à la cheville, a pour quartier général le viaduc Claybourne qui relie le centre-ville de Calusa, Floride, à son luxueux front de mer., le Kid s'est enivré de sexe virtuel jusqu'au jour où sa naïveté l'a jeté dans un des
pièges où la police épingle les putatifs délinquants sexuels.
Stigmatisé par une société devenue, jusqu'à l'hystérie, adepte du "surveiller et punir", ce jeune homme en rupture suscite l'intérêt d'un certain "Professeur", universitaire à la curiosité dévorante,

Encore un excellent roman de Russell Banks.

C'est bien plus qu'un roman sur la délinquance sexuelle et l'exclusion ; c'est un roman sur l'hypocrisie, la perte d'identité. A travers l'histoire de Kid, Russell Banks déroule devant nous un univers sans pitié, misérable, et méprisant, un monde fait de culpabilisation , de fausse pudibonderie, de perte de soi.
Kid, avec son bracelet electronique à la cheville ne comprendra qu'en toute fin de roman qu'il lui reste malgré tout encore 10 ans à vivre ainsi dans l'exclusion, ces 10 années de mise à l'épreuve pendant lesquelles il n'aura pas accès à un logement car il ne doit pas résider près des écoles ou lieu public, et de plus n'importe qui : futur employeur ou bailleur peut connaitre en un clic son passé et sa condamnation. Kid a grandi quasiment seul avec pour compagnie un iguane ( d'où la photo de couverture) Sa mère ne se préoccupant guère de lui, il a commencé à traîner sur le net et e de fil en aiguille sur les sites pornographiques, sa condamnation a trois mois de prison il la doit à un traquenard suite à un chat avec une jeune fille. Rien n'était prémédité, il ne pensait même pas réellement à ce qu'il pourrait faire si l'occasion de présentait de perdre sa virginité. Le vice est là, dans ce piège qu'on lui a tendu. Kid m'a énormément touchée, attendrie et attristée
A sa sortie de prison Kid n'a pas la choix, il va rejoindre la cohorte des laissés pour compte sous le viaduc. C'est là qu'un professeur de sociologie, énorme qui prend toute la place, va aller à sa rencontre pour l'interviewer . Qui est Kid aujourd'hui ? pourquoi a t il été condamné ? Mais Alamasse comme kid surnomme le prof est il vraiment ici dans ce seul but ? N'a t il pas lui aussi un secret, une maladie ?
C'est tout au long du roman aussi l'occasion de s'interroger sur la place que prennent les nouvelles technologies, sur la place que l'individu puni peut encore trouver dans un monde déshumanisé et hypocrite.

Un très bon roman, je me demande où Spritz en est de sa lecture, si elle a pu l'entamer. Ce sera sympa d'avoir un autre regard sur ce roman.
Un livre épais mais si passionnant qu'il ne faut pas se décourager. Lisez-le

rotko a écrit:

Il reste à lire :

A cinquante-neuf ans, Hannah Musgrave revient sur sa vie de jeune bourgeoise américaine contrainte par son engagement révolutionnaire à prendre la fuite vers l'Afrique au début des années 1970. Ayant tenté sa chance au Libéria, elle s'y est mariée à un bureaucrate local appartenant à une tribu puissante et promis à une brillante carrière politique. Quelques années plus tard, elle a, en catastrophe, repris le chemin de l'Amérique, laissant là leurs trois enfants, fuyant la guerre civile qui enflammait le pays

American Darling Russell Banks



D’abord, c’est publié par Actes Sud, gage de qualité en soi…

Ensuite c’est de Russell Banks, l’auteur de l’Amérique d’en bas (rurale) dont «Affliction» et «De beaux lendemains» qui ont donné lieu à d’excellentes adaptations à l’écran sans oublier "Sous le règne de Bone" saisissant parcours initiatique qui mériterait lui aussi une chronique...

Ici, on est pas dans le rural mais dans les souvenirs d’une bobo ex militante gauchiste (les amerloques disent « a radical ») des années 70, c’est pile poil pour les mecs de mon âge ai-je pensé mais c’est bien plus que cela parce que, oui, Hannah (elle s’appelle Hannah en avez-vous déduit fort à propos) parle bien de ces années là mais en miroir avec aujourd’hui, ; elle vous évoque à vous les jeunots une époque où tout le monde se sentait engagé, où le blasé n’était pas cool mais elle dévoile aussi les dérives qui existaient en filigrane et qui sont devenues plus prégnantes avec le temps.

Et qu’est-ce que ça vaut ? Superbement raconté, Hannah qui vous parle de sa vie est ce genre de personnage qu’on rencontre parfois : le conteur, celui qui vous ravirait en vous parlant de cosmogonie, de théorie et praxis de l’inflation ou de tarte à la rhubarbe… Fabuleux.