Spojmaï Zariâb - [Afghanistan]

Spojmaï Zariâb, La plaine de Caïn, éditions de l'aube.

L'Afghanistan sous la coupe soviétique.

Deux parties dans ce livre : La femme et la vie (6 nouvelles) et La femme et la mort (7 nouvelles).

Les cinq premières nouvelles sont plutôt des contes oraux, avec des reprises et des situations récurrentes, à quelques variantes près. Elles dressent un tableau sombre de la vie quotidienne. A preuve, ce thème des gémissements non identifiés, basse continue d'une souffrance anonyme généralisée.

Un univers oppressant : invisible bureaucratie, isolement des individus. La réalité est si triste qu'elle génère des cauchemars, avec le sentiment d'agressions et de persécutions.

Nouvelles trés courtes, au maximum 20 pages. Scènes sobres, bien adaptées à une lecture orale.

Spôjmaï Zariâb, Dessine-moi un coq, Editions de l'Aube

Ce coq ne pouvait paraître qu'à l'Aube et les 7 nouvelles enchanteront la famille réunie. Vous pouvez certes, adultes, y trouver un plaisir égoïste, mais je propose de les lire à haute voix à des enfants entre cinq et douze ans. Les thèmes abordés susciteront des étonnements, des questions et des échanges. Voyez donc !

La nouvelle-titre Dessine-moi un coq : une fillette doit pour l'école dessiner un coq. Dans la mémoire de sa mère surgit un souvenir d'enfance. Elle aimait dessiner, et le faisait avec la permission de sa mère. Mais c'était une activité clandestine en Afghanistan. Il suffisait qu'un cousin fondamentaliste passe pour que toute une vie féminine, "normale chez nous", soit remise en cause et les dessins brûlés. Belle occasion, n'est-ce-pas de parler du poids des oppressions de tout poil ?

"Quand les chats deviennent des hommes." Est-ce normal d'enfermer les animaux dans des cages au zoo ? Pourquoi les adultes mentent-ils parfois ? La méchanceté existe-t-elle, sous quelles formes ?

Ce petit livre crée un trait d'union dans la famille et suscite la réflexion. Je suis volontaire pour faire la lecture.

J'ai adoré les livres de cette auteure.
Il se dégage quelque chose de très fort de son style, de ses histoires.

Les demeures sans nom et autres nouvelles 253 p. éditions de l'Aube.

Ces murs qui nous écoutent ; suivi de La carte d'identité ; suivi de La chasse aux anges -- Spôjmaï Zariâb ; trad. du persan (Afghanistan)

un recueil de 100 p. chez inventaire (bilingue).

Est ce bien celui ci ? le titre est différent à la fnac ..."Les bottes du délire et autres nouvelles"

http://livre.fnac.com/a2901625/Spojmai-Zariab-Les-bottes-du-delire-et-autres-nouvelles

vu la couverture, c'est ou ce serait le même recueil...

Dans la postface de ces murs qui nous écoutent, Editions bilingue de L'Inventaire, Michael Barry rappelle les grands épisodes de l’histoire afghane, qu’on connaît aussi par les écrits de Khaled Hosseini.

Il montre aussi l’influence d’écrivains comme Maupassant ou Tchekhov sur les nouvellistes afghans dont le modèle principal reste Kafka.

Ces murs qui nous écoutent présente des vivants en sursis : ils se décharnent, deviennent muets et apeurés sous les portraits du Grand Personnage, omniprésent dans les bureaux, comme sur les murs de la ville. Lui Seul, ce Grand Personnage, matérialise la vie qui se retire des vivants.

La peinture du silence et de la peur, des actions clandestines et des mots chuchotés, marquent cette nouvelle, où les livres, ces premières cibles des régimes autoritaires, ne doivent pas être visibles.

La peur actuelle de l’héroïne rejoint ses frayeurs enfantines, tandis que le cercle des montagnes bouche l’horizon, pesant sur une ville résignée.

Le début de la nouvelle :

Citation :

Notre collègue maigrissait de jour en jour ; tous nos collègues maigrissaient de jour en jour. Il flottait dans ses vêtements ; tous flottaient dans leurs vêtements. Il devenait couleur de cire ; tous devenaient couleur de cire. Il avait les cheveux de plus en plus blancs, ils avaient tous les cheveux de plus en plus blancs.

J'ai attendu 2 mois, mais j'ai tout de même fini par pouvoir me procurer le livre de SPOZMAYI ZARYAB intitulé LES MURS QUI NOUS ECOUTENT

Je viens de le commencer et il s'avère déjà très intéressant. Cette auteure est relativement peu connue et en Belgique ses livres sont difficiles à acquérir .

Résumé :
L'Afghanistan, sous l'occupation soviétique, un monde immense mais, par endroits, tellement étriqué, que la vie en devient impossible.
A l'interdit politique qui pèse sur la parole et sur le livre, répond l'interdit religieux : l'ange de notre épaule gauche dans son Livre des actes consigne jusqu'à nos moindres pensées. Pourtant, Spôjmaï Zariâb nous fait entendre sa voix singulière, contestataire mais non désespérée. Dans une veine proche de Sâdeq Hedâyat, mais plus encore des poèmes d'amour de Râbé'a Balkhi, des chants des femmes pachtounes.
Elle nous dit que toute société contient le ferment de l'oppression individuelle et qu'il appartient, ici, aux femmes, d'opposer au pouvoir et à la guerre - parfois sans espoir de l'emporter - les valeurs plus fortes de l'humain et de l'amour. (Brigitte Ouvry-Vial)